[Drama] Saka no ue no kumo

saka no ue no kumo

Titre japonais :  坂の上の雲
Nombre d’épisodes : 13 d’environ 1h30
Diffusé en : Automne 2009 (1-5), Automne 2010 (6-9), Automne 2011 (10-13)
Chaîne de diffusion : NHK
Fiche : DramaWiki

Lorsque j’ai entendu parler pour la première fois de Saka no ue no kumo, durant l’été 2009 peut-être, j’ai tout de suite été enthousiasmée par le thème et le casting de ce grand drama historique de la NHK au format et au rythme de diffusion si particuliers. Vu l’importance de la série, je pensais qu’on aurait le droit à des sous-titres dès la diffusion des premiers épisodes à l’automne 2009. Mais non. Pas plus à l’automne de l’année suivante pour la diffusion de la deuxième partie. Faudrait-il attendre que le drama soit terminé pour avoir une VOSTA ?

Et oui, c’était bien ça ! J’ai quand même cru pendant un bon moment que je devrais me contenter de la VO, mais quelques semaines après la diffusion de la troisième et dernière partie de la série à la fin de l’automne 2011, des sous-titres anglais (ainsi que des vidéos d’un poids plus raisonnable, ce qui m’arrangeait bien !) ont fait leur apparition. Lorsque la série a commencé fin 2009, ça paraissait bien loin d’attendre fin 2011 pour en voir la fin. Mais du coup, c’est bien vite arrivé, et le temps que je me décide à commencer le drama, que je le termine, et que la période de gros ralentissement de publication sur mon blog passe, nous voilà déjà début 2013 !

Saka no ue no kumo se penche sur le destin de trois hommes originaires de Matsuyama, à Shikoku, lors de la période charnière de l’histoire du Japon qu’est l’ère Meiji. Nous suivons au fil des années deux frère destinés à intégrer l’armée japonaise et à y accomplir des exploits, ainsi que leur ami de toujours qui va s’illustrer dans un tout autre domaine, celui des lettres, et être à l’origine du renouveau du haiku. Comme nous le rappelle le narrateur à chaque début d’épisode, le Japon est un petit pays qui va devenir grand, notamment à travers deux conflits qui sont au coeur de l’histoire du drama : la guerre sino-japonaise (1894-1895) et surtout la guerre russo-japonaise (1904-1905).saka no ue no kumoComme je l’ai déjà sous-entendu au début de ce billet, le drama dispose d’un casting aussi imposant en qualité qu’en quantité, et je vais donc pouvoir citer beaucoup de noms d’acteurs et d’actrices. Mais pour la majorité d’entre eux, je vais avoir bien du mal à faire un commentaire sur leur personnage car ils sont vraiment peu développés. Les véritables personnages de Saka no ue no kumo, ce ne sont pas les hommes et les femmes, ce sont les événements, et avant tout le conflit avec la Russie, qui prend une place que j’ai trouvée démesurée. Ce n’est pas comme si on n’était pas prévenu, vu le métier des personnages principaux. Mais je ne m’attendais pas quand même à ça.

Montrant régulièrement des images d’époque, le drama a un côté documentaire qui est d’un sens très intéressant et qui lui donne une crédibilité. Mais ce n’était pas la peine pour autant de passer des heures à montrer le conflit et à nous en parler, alors qu’on aurait envie de voir les relations entre les personnages être plus approfondies, et qu’il y a tant d’autres aspects de la période historique qui auraient pu être développés. Et puis j’ai trouvé que le message transmis à propos des conflits japonais et de la guerre en général n’était pas du tout clair : parfois c’était plutôt ah oui c’est pas beau de perdre tant de vies, parfois c’était plutôt du patriotisme à deux balles genre mourrons tous pour notre pays, c’est beau.saka no ue no kumosaka no ue no kumo

Abe Hiroshi et Motoki Masahiro incarnent les deux frères Akiyama. Le grand (en âge et en taille ^^), Yoshifuru, va officier dans la cavalerie. Le petit, Saneyuki, va entrer dans la marine et y devenir un fin stratège. Les deux acteurs ont beaucoup de présence et sont tous les deux très classes dans leurs uniformes. Si le scénario s’arrête sur leur enfance et leur jeunesse, tout va ensuite trop vite et bien qu’ils soient très présents, on a l’impression de ne pas vraiment les connaître. Leur vie personnelle est bien là, mais généralement trop en pointillés. Ils sont là pour la guerre, pour être des héros, point barre.saka no ue no kumosaka no ue no kumosaka no ue no kumo

Le personnage de Masaoka Noboru, que l’on connaît mieux sous son nom de plume Masaoka Shiki, est logiquement à part et un peu en retrait dans l’histoire. Mais heureusement qu’il est là ! Je connaissais les grandes lignes de la vie du poète pour l’avoir étudié un peu en cours de littérature japonaise, mais quand il s’agit de personnages réels, c’est dur de parler de spoil ^^. L’amitié entre Saneyuki et Shiki est vraiment touchante et est très certainement l’un des aspects humains les plus intéressants du drama. Kagawa Teruyuki se montre aussi brillant qu’il l’est dans Ryômaden dans cet autre rôle de personnage historique pourtant très différent.

Kanno Miho incarne Ritsu, la soeur de Masaoka. Bien que plus jeune que lui, elle a un petit côté garçon manqué  et va protéger son frère, timide et fragile, pendant leur enfance. Ils resteront proches à l’âge adulte, et cette protection prendra une dimension particulière. Ritsu est également proche de Saneyuki, on nous montre que dès son adolescence qu’elle est amoureuse de lui et qu’l ne semble pas être indifférent non plus. Mais, mais… évidemment je ne suis pas là pour dire les détails ! Sans surprise, l’actrice fait encore des merveilles dans ce rôle de femme au destin pas si commun, autour de qui s’articulent tous les aspects les plus émotionnels de Saka no ue no kumo.saka no ue no kumosaka no ue no kumo

Parallèlement à la carrière des frères Akiyama, on a l’occasion de suivre de près ou de loin plusieurs autres figures de l’armée, et en premier lieu Hirose Takeo (Fujimoto Takahiro), camarade de l’école navale de Saneyuki qui va lui aussi être envoyé à l’étranger pour étudier le fonctionnement de l’armée des grandes puissances.  On voit Yoshifuru en France et Saneyuki aux États-Unis puis au Royaume-Uni. Pour Hirose, ça sera la Russie. Dès son arrivée, on sait pertinement que le conflit qui aura lieu entre l’immense pays et l’archipel aura des conséquences aussi bien sur sa carrière que sur sa vie personnelle, où la belle Ariadna (Marina Aleksandrova) joue un rôle essentiel.

Moi qui suis complètement ignorante sur l’histoire de la Russie quelle que soit l’épopque, j’ai trouvé cette dimension du scénario intéressante. Le côté romance dans la neige avec un bel étranger, ça passe aussi bien. Le côté nos pays vont se taper sur la gueule mais on reste potes et on se battra vaillement même si c’est l’un contre l’autre, quand Hirose quitte ses connaissances de l’armée russe, un peu moins. Les sentiments d’honneur à la con alors qu’il s’agit juste d’horrible boucherie, ça me dépasse un peu…saka no ue no kumosaka no ue no kumo

Je ne peux et ne veux pas faire une revue intégrale des personnages, qui sont évidemment très nombreux, donc je passerai rapidement sur quelques rôles supplémentaires. Du côté des femmes, au final peu nombreuses vu la prépondérance de l’armée et toutes ou presque liées à des histoires de coeur et/ou de mariage, on retrouve Matsu Takako ainsi qu’Ishihara Satomi, dont le personnage apparaît assez tardivement. Vu que j’ai décidé que la tête de l’actrice me revenait pas, j’ai eu beaucoup de mal à avoir une quelconque sympathie pour la jeune femme qu’elle incarne. On peut noter aussi la présence de Harada Mieko dans le rôle de maman Masaoka.

Du côté de l’armée, nous avons en vrac Kunimura Jun, Osugi Ren et surtout Emoto Akira  dans le rôle du trop ambigü général Nogi. On ne sait pas si on doit le considérer comme un héros national ou comme le boucher de sa propre armée. Je sais bien que la stratégie militaire n’est pas une science exacte et c’est bien là le problème qu’on essaie de nous montrer, mais je n’ai pas du tout adhéré à la manière dont les choses étaient présentées.

Du côté des civils, Takenaka Naoto est Komura Jûtarô, diplomate peu pris au sérieux par les puissances étrangères qui va jouer un rôle clé. Ozawa Yukiyoshi incarne un Natsume Sôseki dont j’avais une image différente mais que j’aurais quand même aimé voir davantage aux côté de Shiki et Saneyuki en tant que figure littéraire clé de l’ère Meiji. Nishida Toshiyuki incarne Takahashi Korekiyo, professeur d’anglais de Saneyuki, Shiki et Sôseki qui va ensuite avoir une fonction assez différente mais on ne peut plus importante. Enfin, Itô Shiro est le vieux papa Akiyama.saka no ue no kumosaka no ue no kumo

Saka no ue no kumo a du budget, et on le sent bien : reconstitution détaillée fort convaincante que ce soit à la ville ou au front, tournage dans différents pays, costumes, tout y est. Ca renforce bien l’impression de gâchis que l’on a devant les scènes de combat interminables et le rythme bancal de la série. Contrairement à la grande majorité des drama « classiques », le cast occidental, assez conséquent, est dans l’ensemble très convaincant. La NHK sait y faire avec les gaijin ^^. Par contre, il ne faut pas espérer avoir une image positive de la Chine. On peut dire facilement que ça n’est pas étonnant venant des Japonais, mais j’ai quand même l’impression que cela reflète une vision assez universelle à cette époque.

Les épisodes de la série durent donc en moyenne 1h30, et c’est complètement imbuvable. Est-ce juste pour souligner le caractère spécial du drama que ce format a été choisi ? Personnellement, je trouve que c’est une grosse erreur et que la structure narrative ne justifie en rien ce découpage. À part peut-être le premier, j’ai été incapable de visionner un seul des épisode en une seule fois. Le rythme est mal fichu, le manque d’implication personnelle des personnages empêche l’immersion… c’est juste un film interminable découpé en morceaux de 90 minutes qu’on avale difficilement 30 minutes par 30 minutes, avec un narrateur externe qui peine à nous captiver malgré sa voix qui se veut sympathique.

J’étais heureuse d’apprendre que Joe Hisaishi était aux commandes de l’OST de Saka no ue no kumo, mais je dois dire que j’ai été très déçue. Si je vénère le compositeur pour ses thèmes du Château dans le ciel, c’est vrai qu’on peut déjà sentir dans les films Ghibli qu’il se répète. Là le registre est bien différent évidemment, mais je n’ai globalement pas adhéré à ses compositions, qu’elles soient du style marche militaire ou plus « sentimentales ». J’ai fini par relativement apprécier la chanson de fin, également composée  par Hisaishi et déclinée en trois versions, mais ça ne casse pas non plus trois pattes à un canard.

En fait, Saka no ue no kumo a beau nous parler à fond d’histoire japonaise, d’une période clé dans la construction du pays et de personnages clé, le drama est dans sa conception et sa réalisation pas du tout japonais. J’ai l’impression qu’Hisaishi a été choisi parce qu’il était connu à l’étranger, que tous les aspects du drama, que ce soit le documentaire, le militaire ou le sentimental, sont hyper internationalisés. Et du coup, aseptisés. Il est à noter que la série a été nominée deux fois aux International Emmy Awards, je n’ai pas enquêté en détail mais je pense ne pas me tromper en disant que ça n’arrive pas souvent à une série japonaise. Je pense que ce côté internationalisé n’y est pas pour rien, car il rend la série plus abordable. On a vraiment l’impression que le scénario (tiré d’un roman du célèbre Shiba Ryôtarô) a été écrit en ayant en tête qu’on s’adressait éventuellement à un public étranger. Ben je préfère quand les scénaristes japonais ne s’adressent qu’à leurs compatriotes !saka no ue no kumo

Avoir de grandes attentes, c’est le meilleur moyen d’être déçu, et cela a vraiment été le cas avec Saka no ue no kumo. J’ai vraiment eu du mal à le reconnaître, et même si dès le début je n’étais clairement pas emballée, j’ai ardemment espéré que cela s’arrange, mais rien n’y a fait, et le constat final est là. Je me suis ennuyée, et le drama m’a laissé un goût amer de gâchis. On a beau avoir un cast d’enfer, un compositeur célèbre, un gros budget pour la reconstitution, faire quelque chose de beau visuellement, quand on ne sait pas gérer ses personnages, on ne peut pas faire une série télé captivante. Hésitant trop entre documentaire et histoire romancée, le scénario se retrouve le cul entre deux chaises et ne tire aucun parti de ces deux aspects. Il m’est difficile de recommander le drama alors que je pensais qu’il serait dans mon top de l’année et que je vous tannerais avec comme pour Ryômaden  Mais je suis peut-être passée à côté de tout, alors essayez de voir vous-mêmes. Mais si vous trouvez le premier épisode lent, vous êtes mal partis… 

1 Commentaire

  1. Commentaires laissés sur l’ancienne version du blog

    L’affiche de ce drama m’est familière, mais je ne me suis jamais penchée sur la chose. Il faut dire aussi que je ne suis pas non plus spécialement attirée par les dramas historiques… pas parce que je n’aime pas, mais plutôt parce que si je repère une comédie… elle sera forcément prioritaire. Et comme ça arrive souvent… En plus, ton avis refroidit plus qu’autre chose, donc je ne pense pas que je l’ajouterai à ma liste. Néanmoins, merci pour cet avis intéressant et pour la mise en garde.

    Écrit par : Dramafana | 17.02.2013

    Ca me parait assez évident qu’il ne s’agit pas de ton genre de prédiction. Si tu cherches un peu d’historique, je crois que quelque chose comme Wagaya no rekishi te conviendra mieux ^^. Il vaudra mieux que tu lises quand même d’autres avis, mais par rapport à ce que tu attends habituellement d’un drama, je pense que tu ne loupes rien !

    Écrit par : Katzina | 27.02.2013

    À l’inverse, ton avis a suscité mon intérêt. XD
    Portant un grand intérêt sur cette phase de l’histoire du Japon (entre ~1867 et la Première Guerre Mondiale), il ne peut que m’intéresser. Tu m’as d’ailleurs pas mal influencé pour commencer « Ryômaden » (j’ai regardé la première saison). ^^
    Puis les dramas sont une bonne manière pour voir comment les Japonais essayent de comprendre, d’expliquer et de se réapproprier leur propre histoire (c’est ce qui m’intrigue en ce moment notamment à travers l’histoire de « Nankyoku Tairiku » et son aspect nationaliste très développé).

    Merci pour cet avis !

    Écrit par : ZGMF Balmung | 17.02.2013

    Bon, au moins, j’ai pas souffert pour rien ! :p
    Très heureuse de savoir que tu t’es lancé dans Ryômaden !
    Dans une perspective d’analyse de traitement de l’histoire, c’est sûr que Saka no ue est intéressant, mais vu la longueur du drama, on ne peut pas le regarder que pour ça, contrairement à d’autres séries. J’ai hâte de lire ton avis sur Nankyoku tairiku car moi j’ai toujours pas réussi à me motiver pour continuer après avoir tant peiné sur le pilote !

    Écrit par : Katzina | 27.02.2013

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*