[Film d’animation] Tatsumi

tatsumi

J’ai eu connaissance de ce film pour la première fois lors de l’annonce de son avant-première à l’Omnia, le cinéma qui avait eu le bon goût de diffuser Colorful à la fin de l’année dernière. Je me suis renseignée sur le film et j’ai tout de suite été attirée par son design et son animation hors du commun, et le fait que son réalisateur ne soit pas japonais alors qu’il s’agit d’un film sur un personnage japonais doublé en japonais. 

Comme dans tant d’autres domaines, mes connaissances en manga antérieurs aux années 1990 et 2000 sont très peu développées. J’ai lu quelques oeuvres de Tezuka Osamu (AyakoBarbara) et je ne compte pas m’arrêter là, mais autrement, pas grand chose malheureusement. J’avais quand même une idée de ce qu’est le gekiga, et j’ai forcément croisé le nom de Tatsumi Yoshihiro dans un des ouvrages sur l’histoire du manga que j’ai lus, mais tout ça, ça remonte un peu.

Je me suis donc demandé si c’était judicieux d’aller voir un film parlant d’un mangaka que je ne connais pas vraiment, mais j’en ai conclus que ça devait être une bonne façon de le découvrir, surtout que le réalisateur singapourien Eric Khoo s’est basé sur l’autobiographie de Tatsumi, parue chez nous sous le titre Une vie dans les marges chez Cornélius. Le livre a tout récemment reçu le prix Regards sur le monde au festival d’Angoulême, et a reçu en 2009 lors de sa publication au Japon le grand prix Tezuka Osamu (à égalité avec Le pavillon des hommes de Yoshinaga Fumi).

Le film est bien plus qu’une biographie du mangaka : on apprend à le connaître autant par ses oeuvres que par sa vie. Les scènes illustrant sa jeunesse dans l’immédiat après-guerre (Tatsumi est né en 1935), sa rencontre avec Tezuka, la publication de ses premières planches, dotées d’un narrateur qui n’est autre que le dessinateur lui-même, alternent avec la transposition à l’écran de plusieurs de ses oeuvres.

Les transitions entre « fiction » et « réalité » sont habilement faites et l’ensemble est très fluide. Suivant le types de scène, les couleurs utilisées varient beaucoup : cela va du noir et blanc aux couleurs plus vives, en passant par des tons marron. On a vraiment l’impression que les planches de l’auteur prennent vie sous nos yeux avec le mouvement et le son. Oui, je sais, c’est le but de l’animation, mais là cela prend vraiment un aspect particulier. J’ai beaucoup aimé la bande sonore, majoritairement composée de morceaux au piano assez mélancoliques. La musique utilisée dans les moments les plus intenses et tragiques des histoires est très classique dans le genre, mais non moins efficace.

Les histoires de Tatsumi Yoshihiro ne sont jamais très gaies, on peut dire que certaines sont même franchement tragiques, mais les thèmes abordés, entre histoire et société (Hiroshima, l’occupation américaine, le travail abrutissant des ouvriers…), sont passionnants, et bien que le support soit différent j’ai trouvé que sa manière de raconter était semblable à celles des auteurs japonais écrivant des nouvelles, pour le peu que j’en ai lu.

Il n’est donc vraiment pas nécessaire de connaître Tatsumi Yoshihiro et ses gekiga pour apprécier le film  d’Eric Khoo. Par contre, cela donne diablement envie de connaître davantage le monsieur, c’est certain ! Tatsumi est un film original par sa construction et son aspect visuel, passionnant et riche en émotions. Même si sa diffusion est très limitée (18 salles à l’heure où j’écris ces lignes…), je suis vraiment contente qu’il soit arrivé jusqu’en France, et surtout qu’un cinéma rouennais ait pris l’initiative de le passer (séance privée pour moi un lundi à 14h ! :p). N »hésitez pas à aller le voir si par chance il passe près de chez vous !

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*