Titre japonais : 華麗なる一族
Nombre d’épisodes : 10
Diffusé en : Hiver 2007
Chaîne de diffusion : TBS
Fiche : DramaWiki
J’ai vu pour la première fois Karei naru ichizoku au printemps 2009, et le drama m’a tellement impressionnée par son histoire, ses personnages, son ambiance d’époque et sa musique qu’il était évident que je le reverrai un jour. La nécessité d’un second visionnage s’est de plus en plus imposée après avoir vu d’autres adaptations de romans de Yamazaki Toyoko (Unmei no hito, Fumo chitai, Shiroi kyoto). Le fait de déjà savoir comment l’histoire se terminait ne m’a pas gênée, bien au contraire : comme je connaissais mieux l’univers de l’auteur, j’ai pu apprécier davantage encore la construction du scénario et les interactions entre les personnages en ayant davantage de recul et en pouvant cerner mieux certains détails vu que le type d’univers présenté m’était plus familier. Et je le dis tout de suite car c’est déjà prévisible : Karei naru ichizoku reste pour moi un drama superbe et incontournable.
A Kôbe, dans les années 60, les Manpyô sont une des plus importantes familles dans le milieu financier et industriel du Kansai. Le père, Daisuke, est président de la banque Hanshin. Le fils aîné, Teppei, a repris la direction de l’aciérie fondée par son grand-père. Le premier va devoir faire face à la menace d’une fusion suite à une réforme du système bancaire, et le deuxième va vouloir donner un nouvel élan à son activité en s’opposant au géant du secteur par l’innovation. Les actions menées par le père et le fils vont s’avérer incompatibles avec la gestion du groupe familial et vont révéler une profonde discorde entre les deux hommes. La façade de la prestigieuse famille va bientôt se craqueler et révéler des relations compètement viciées par l’obsession de continuer de mener le groupe Hanshin vers la prospérité.
Nous voici donc transportés dans un Japon en pleine croissance, au coeur des intrigues du monde financier, industriel et politique. Influence, alliances, corruption, chacun joue des coudes pour garder sa place ou en obtenir une meilleure. Seule une minorité a vraiment en tête le développement économique et la compétitivité internationale du pays. L’allié d’hier est vite oublié quand il perd sa place et n’est plus utile ou quand il est victime d’un scandale.
Comme quoi cela a parfois du bon de mettre des semaines à écrire un billet, il se trouve qu’après avoir terminé Karei naru ichizoku, j’ai regardé un drama historique qui se passe à l’époque féodale. Et au moment de prendre des captures d’écran et de me remémorer les étapes du scénario pour écrire ces lignes, les similitudes me sautent aux yeux. Les armes ne sont plus là, mais tout le reste est demeuré ! Les familles sont des clans, un industriel marie sa fille à un futur ministre comme un guerrier la mariait à l’héritier d’une prestigieuse famille noble de la cour. On s’allie, on se trahit, on garde des secrets. On défend son entreprise comme on défendait son fief. Vu sous cet angle, l’univers et les personnages dépeints par Yamazaki Toyoko sont encore plus passionnants !
Dans l’oeuvre originale ainsi que dans les adaptations qui ont été faites avant cette série de 2007, c’est le père, Daisuke, qui est le personnage principal, et non le fils. Ce changement de point de vue ne me choque pas du tout : je ne sais pas si je changerais d’avis en ayant lu le roman, mais cela doit apporter quelque chose de différent par rapport aux versions précédentes. On sent malgré tout l’importance du chef de la famille Manpyô : tout tourne autour de lui, autour de ses actions et de sa relation avec son fils.
Alors qu’on pourrait le voir comme un simple méchant, Daisuke se révèle beaucoup plus complexe. Il a un comportement affreux envers les différents membres de sa famille : il ignore complètement sa femme et impose la présence de sa maîtresse, il se montre d’une dureté d’abord inexplicable avec son fils aîné Teppei, il se moque du bonheur de ses enfants et les utilise comme des pions pour asseoir son pouvoir en les mariant à des personnes de familles influentes dans le milieu politique. C’est lui le chef, les liens de sang justifient tout, et personne ne bronche ou presque. Mais malgré tout ça, on ne peut pas le détester. Même si cela n’excuserait pas ses actions, on se doute qu’il y a quand même des raisons. Et on découvre qu’au bout du compte, Daisuke est en quelque sorte victime d’un système, et qu’il ne sait pas faire autre chose que le reproduire. Il semble sincèrement penser que ce qu’il fait est pour le bien de sa famille, pour assurer son avenir à travers le groupe, mais pourtant c’est elle qu’il sacrifie.
C’est le premier rôle dans lequel j’ai vu Kitaoji Kinya et je n’ai pas changé d’avis depuis : il est absolument parfait. Il a une telle présence qu’on comprend tout de suite pourquoi il est comme un roi face à ses employés comme face à sa famille.
L’histoire de Karei naru ichizoku est donc contée du point de vue de Teppei, le fils ainé de la famille. Plutôt que de succéder à son père à la tête de la banque, il a choisi la voie de son grand père et s’est orientée vers l’industrie plutôt que les finances. C’est là l’origine de la discorde entre les deux hommes. Humaniste , rêveur, véritable entrepreneur, il est plus souvent aux côtés de ses employés dans l’usine que caché dans son bureau de directeur. Le petit reproche qu’on pourrait faire de vouloir trop nous le représenter comme un héros sur ce point est contrebalancé par un fait en particulier qui montre qu’il fait quand même partie du système dans lequel sa famille évolue même s’il cherche à s’en démarquer : il s’insurge quand son père dénonce une personne ayant touché des pots de vin, mais les pots de vins en eux-mêmes ne semblent pas lui poser de problème ^^.
Dans tous les cas, le dynamisme et la volonté du jeune homme sont communicatives : on est à une époque où tout semble encore possible, où la croissance économique fait croire à une prospérité éternelle, à des progrès industriels pour tous. Le Japon est parvenu à se relever de la guerre et poursuit son chemin dans un monde en pleine mutation. Certes, la réalité à l’époque n’était peut-être pas déjà aussi rose, mais près d’un demi-siècle plus tard, la situation est clairement différente. Et ça serait la même chose si ça se passait en France plutôt qu’au Japon !
Le rôle de Teppei reste pour moi le meilleur de ceux dans lesquels j’ai vu Kimura Takuya. On peut vraiment dire qu’il n’est pas là que pour son physique, et c’est même bien vu de se servir de lui comme produit d’appel pour attirer un public qui ne regarderait peut-être pas ce genre de drama. Ses rôles les plus récents paraissent bien fades à côté ! Comme quoi, l’écriture d’un personnage et la direction, ça compte ^^.
Keisuke, le père de Daisuke et grand-père de Teppei, n’apparaît pas réellement dans le drama car il est déjà mort depuis plus de dix ans. Pourtant, c’est presque lui le troisième personnage le plus important ! Il est comme un véritable spectre dont la présence est matérialisée par le tableau accroché dans une des pièces de la riche demeure des Manpyô. Idéalisé par son petit-fils et diabolisé par son fils, quel genre d’homme pouvait-il vraiment être ?
Le deuxième fils Manpyô, Ginpei, travaille à la banque avec son père et est destiné à lui succéder à la présidence. C’est lui qui est considéré comme le véritable héritier étant donné que Teppei a choisi une autre voie. Le jeune homme est complètement oppressé par les attentes paternelles et ne semble avoir aucune passion réelle pour les finances. Il admire son frère, et pourtant c’est à cause de lui s’il se retrouve dans cette situation. Lorsque la situation va empirer entre Daisuke et Teppei, il ne va pas savoir dans quel camp se ranger. Yamamoto Kôji incarne parfaitement le désarroi du jeune homme qui se retrouve prisonnier d’une vie qu’il n’a pas choisie.
Le dernier homme de la famille est une « pièce rapportée » mais c’est certainement lui qui a le plus de points communs et d’affinités avec le chef des Manpyô. Mima est le mari d’Ichiko, la plus âgée des filles de Daisuke. Fonctionnaire au ministère de l’économie et de l’industrie, il est un élément essentiel des relations de Daisuke et va se retrouver au coeur des manoeuvres que celui-ci va entreprendre pour empêcher que sa banques soit absorbée par une autre. Il sait très bien pourquoi il est là, et semble avoir compris que la réussite de son beau-père pouvait lui être bénéfique. Il agit donc sans état d’âme envers les autres membres de la famille. Nakamura Toru est méconnaissable par rapport aux rôles dans lesquels je l’ai vu. Tellement qu’en fait je ne me souvenais plus du tout qu’il était là ! ^^
Dans ce monde où le pouvoir appartient aux hommes comme du temps où ils portaient des sabres, les femmes n’ont la plupart du temps pas leur mot à dire. Aux côtés de Daisuke se trouvent deux femmes aux caractères et à la situation complètement différents : sa femme et sa maitresse.
Yasuko (Harada Mieko) est la fille d’une famille d’anciens nobles qui n’avaient certainement plus beaucoup d’autre prestige que leur nom et voyaient dans une alliance avec une famille de riches industriels un bon placement. Elle n’a pas son mot à dire sur les décisions prises par son mari pour leurs enfants, et bien sûr encore moins sur les affaires. Elle subit en silence. Son éducation et son caractère la laissent sans défense contre son destin. Bien sûr, on la plaint. Mais son manque de réaction est aussi réellement agaçant car elle ne semble pas non plus faire partie de celles qui ont essayé et se sont résignées.
Aiko, la maîtresse de Daisuke, est elle toute puissante. Elle est au courant des affaires de la banque, on lui confie le soin de chercher des bons partis pour ceux de la fratrie qui ne sont pas encore mariés. Sûre de sa position, elle se montre arrogante envers Teppei et sa femme, et cruelle envers Yasuko. Aiko, qui a pris son destin en main et est arrivée où elle est par ses actions et non par son nom. Elle doit donc mépriser celles qui subissent leur destin sans réagir, et ses réflexions envers la mère de la famille peuvent aussi êtres vues parfois comme des incitations à sortir de sa torpeur. Aiko est détestable, mais tout autant passionnante car elle dit ce qu’elle pense et n’est pas dupe. Suzuki Kyôka est brillante dans ce rôle.
Tsugiko (Aibu Saki) est la petite dernière de la famille. Elle est en admiration devant Teppei et incarne l’espoir de voir les choses changer un peu puisqu’elle semble déterminée à refuser un mariage arrangé. Ichiko (Fukiishi Kazue), son aînée, est moins présente. Si elle semble résignée sur son propre sort, elle ne semble pas non plus cautionner les actions de son père et de son mari. Enfin, Makiko (Yamada Yu) va rejoindre la brillante famille Manpyô pleine d’optimisme mais va rapidement déchanter.
Je n’oublie bien sûr pas Sanae (Hasegawa Kyôko), l’épouse de Teppei et mère de leur jeune fils. Si l’union du couple a été arrangée, une affection réelle semble les unir et Sanae fait ce qu’elle peut pour soutenir son mari dans ce qu’il entreprend. Elle est très proche de son père, Ôkawa, ancien ministre et toujours actif dans le domaine politique. Ôkawa est tout sauf un homme méchant. Cependant, il fait « comme tout le monde » et participe au petit jeu des copinages entre groupes politiques ou avec les industriels, surtout si cela peut aider sa famille. Et qui mieux que Nishida Toshiyuki pouvait incarner un tel bonhomme ? ^^
Teppei et Daisuke Manpyô sont entourés d’une multitude d’autres personnages dans leur quotidien, de leurs employés aux dirigeants des autres banques et entreprises en passant par les décideurs des ministères. Il serait fastidieux de tous les détailler, car au bout du compte le drama bénéficie à l’instar des autres adaptations de romans de Yamazaki Toyoko d’un casting très riche qui n’a pas grand chose à envier aux drama historiques de la NHK.
Du côté de l’aciérie, Hiraizumi Sei est Ichinose, le directeur de la production. Son fils Yoshihiko (Narimiya Hiroki) travaille lui aussi dans l’usine. Nishimura Masahiko est Zenidaka, le direction de la gestion. Les trois hommes vont jouer un rôle important dans le conflit qui va éclater au sein de la famille Manpyô.
Mikumo (Yanagiba Toshiro) est un ami de longue date de Teppei qui préside la banque Daidô. Teppei va se tourner vers lui quand il aura besoin de fonds pour développer son activité et Mikumo fera son possible pour le soutenir, mais les rivalités au sein de sa banque avec notamment son directeur Watanuki (Shôfukutei Tsurube) vont compliquer la situation
Du côté de la banque Hanshin, Takeda Tetsuya est Ôgame, directeur de la gestion et fidèle bras droit du président Manpyô. Enfin, du côté des ministères, outre Ôkawa on trouve entre autres Nagata (Tsugawa Masahiko), ministre des finances. On peut citer aussi l’apparition de Hagiwara Masato dans un contexte que je ne préciserait pas mais que l’on retrouve dans Unmei no hito comme dans Shiroi kyoto.
Enfin, l’entourage de Teppei compte un personnage un peu à part, Fusako. La jeune femme travaille dans le restaurant de sa mère adoptive où ont lieu de nombreux dîner d’affaire des industriels et financiers du Kansai dont font partie les Manpyô. Je ne me souvenais pas du tout de ce personnage et je me demande encore comment j’ai pu faire car non seulement il est important dans l’histoire, mais en plus il est interprété par Inamori Izumi.
Pour que le spectateur ne soit pas perdu face à tant de personnages et tant d’interactions, les réalisateurs ont pris soin de rappeler le nom et la fonction de chacun régulièrement. De plus, une narratrice commente les différentes étapes de l’histoire.
Karei naru ichizoku dispose d’une réalisation très efficace qui passe d’abord par une ambiance visuelle soignée. La reconstitution d’époque est dans l’ensemble réussie, que ce soit pour les décors intérieurs qui dominent que pour les costumes ou les quelques scène d’extérieur à Kôbe ou Tokyo.
Mais ce qui marque surtout, ce sont certains plans entre les scène : le ciel couleur de feu au-dessus de l’usine, la nature froide et hostile des montagnes où les Manpyô vont faire des parties de chasse, le parc de la propriété familiale dominant la ville… Chaque élément apparait plusieurs fois et compose comme un motif. Une petite étincelle m’a fait faire le rapprochement entre Karei naru ichozoku et un autre drama utilisant le même type de plans : Suna no utsuwa. Mon intuition était juste : les deux drama ont le même réalisateur principal, Fukuzawa Katsuo (qui est également producteur de Karei naru ichizoku).
Et si j’ai pu si facilement penser à Suna no utsuwa, c’est parce que j’avais déjà fait le rapprochement au point de vue de la musique : non pas qu’il s’agisse du même compositeur, mais la musique, c’est simplement que les deux drama disposent d’un thème principal très présent et obsédant.
C’est Hattori Takayuki qui signe l’OST de Karei naru ichizoku, et son thème principal, présent à chaque épisode et utilisé également dans une version abrégée et un peu plus rapide pour le générique de fin d’épisode, ne peut laisser indifférent. Je comprends qu’on puisse le trouver trop lourd et dramatique, mais il m’a toujours pris aux tripes et me donne des frissons à chaque fois, surtout quand les choeurs s’y mettent dans le dernier mouvement. Il parvient à traduire aussi bien la fatalité des destins des membres de la famille Manpyô que l’inexorabilité de la lutte pour le pouvoir dans laquelle sont engagés les grands financiers, politiques et industriels.
A côté d’un titre si imposant, les autres pistes de l’OST se font discrètes, et même l’insert song, bien qu’elle soit d’une ambiance bien différente : Desperado des Eagles ne m’a pas particulièrement touchée, mais pas non plus dérangée du tout.
Servi par un casting sans faille et une réalisation maîtrisée, Karei naru ichizoku est une fresque familiale poignante et cruelle qui nous transporte dans un passé tout récent mais pourtant très prenant. Je suis plus que jamais fascinée par les univers dépeints par Yamazaki Toyoko et la manière dont l’auteur met en scène les rapport de force dans le milieu économique et politique, tout en nous livrant une histoire de famille poignante avec des personnages complexes et profondément humains. A voir, à revoir, à re-revoir !
Salut, je me permets de revenir vers toi pour te conseiller un autre drama historique qui m’a beaucoup rappelé celui-ci et qui est très beau, c’est Nankyoku Tairiku. Je te le recommande vivement, il y a de nouveau Kimura Takuya et c’est un chef d’oeuvre.
C’est gentil d’avoir pensé à moi ! J’avais regardé le premier épisode de Nankyoku Tairiku au moment de sa diffusion mais je n’avais pas continué car j’avais donné la priorité à d’autres drama cette saison-là. Et aussi parce que j’avais peur que ça soit un peu trop ouin ouin avec les pauvres chiens, et un peu trop vive le Japon :D. Mais si tu dis que ça vaut le détour il va falloir que je me repenche dessus ! Du coup, ça fait une paie que je n’ai pas vu Kimu. Et puis si je me souviens bien, c’est un peu la même équipe que JIN qui a bossé sur cette série :).
Maintenant que tu le dis… x)
C’est vrai que ça peut paraître ouin ouin et vive le Japon donc…
🙂 On va dire qu’il doit faire partie des drama où il faut une prédisposition particulière pour se décider à regarder ! Si un jour je me lance un défi comme voir tous les drama de KimuTaku il finira par y passer 😀