Titre japonais : 99年の愛~JAPANESE AMERICANS~
Nombre d’épisodes : 5 de 2h environ
Diffusé en : Automne 2010
Chaîne de diffusion : TBS
Fiche : DramaWiki
Il y a quelque temps, j’ai découvert grâce au roman Quand l’empereur était un dieu de Julie Otsuka une des nombreuses facettes méconnues de la deuxième guerre mondiale, avec la situation des immigrés japonais aux Etats-Unis après l’attaque de Pearl Harbour. Le sujet m’a beaucoup intéressée, et je n’ai donc pas hésité une seconde à mettre ce drama spécial de TBS sur ma liste quand je l’ai découvert grâce à son casting.
99 nen no ai nous raconte l’histoire d’une famille japonaise émigrée aux Etats-Unis à travers plusieurs générations, de l’arrivée de l’arrière-grand père dans les années 1910 jusqu’à l’après-guerre. La narration s’ancre dans le présent avec les deux dernières générations, les arrière-petits enfants étant encore tout jeunes. Le grand-père, Hiramatsu Chôkichi, deuxième fils d’une famille de paysans très pauvre de Shimane, décide d’aller tenter sa chance en Amérique. Après plusieurs années passées à travailler de ferme en ferme, payé bien moins cher que les Américains, il parviendra enfin à s’établir et à fonder une famille. Ses enfants, la deuxième génération, auront eux la nationalité américaine.
La vie de la famille dans la région de Seattle va être totalement bouleversée avec l’arrivée de la deuxième guerre : l’hostilité de la population américaine envers les Japs grandit sans cesse et qu’elles aient un passeport américain ou pas, les personnes d’origine japonaise vont bientôt être considérées comme des ennemis de la nation. Au coeur du conflit, la famille Hiramatsu va se trouver séparée et subir de grands drames. Que ce soit en revivant le passé ou dans le présent, le spectateur va être aux côtés de la famille Hiramatsu pendant tous ces moments, apprendre toute l’histoire de la famille en même temps que la plus jeune génération, et découvrir des faits que certains membres de la famille eux-mêmes ont ignoré pendant des décennies.
J’ai commencé à regarder 99 nen no ai alors que j’étais encore en train de me débattre avec Saka no ue no kumo, et bien qu’ils traitent de périodes différentes d’une manière très différente, je n’ai pu m’empêcher de comparer les deux drama. 99 nen no ai m’a permis de comprendre en grande partie ce qu’il manquait à Saka no ue pour que je l’apprécie : un côté véritablement humain qui passe avant les événements historiques, bien que ceux-ci gardent une place très importante, et pas seulement des héros qui subissent les événements.
Le fait qu’elle ait été vécue par tant de gens ordinaires, c’est ce qui donne sa vraie valeur à l’Histoire, je trouve. Et l’on retrouve cela dans la fresque familiale des Hiramatsu, qui peut être vue comme un condensé des familles d’origine japonaise aux États-Unis. Je ne peux pas prétendre que les différents personnages soient énormément développés, car bien que les épisodes durent longtemps, il n’y en a que cinq. Pourtant, on parvient à s’attacher à chacun des membres d’une manière ou d’une autre, on ressent leurs liens et on se sent impliqué dans ce qui leur arrive.
Kusanagi Tsuyoshi incarne non pas un rôle mais deux : celui de Chôkichi jeune, puis celui d’Ichirô, le fils aîné de Chôkichi. L’acteur s’en sort vraiment bien, et cela m’a donné envie de le voir dans d’autres rôles importants. Nakai Kiichi prend le relais en jouant Chôkichi plus âgé, en père de famille, à partir de la fin des années 30. C’est toujours un plaisir de le voir à l’écran. Izumi Pinko incarne Tomo, femme de Chôkichi et mère de leurs quatre enfants.
Nakama Yukie est Shinobu, une jeune femme qui va faire la connaissance d’Ichirô à l’université. Si j’ai un peu de mal avec la manière un peu affectée que l’actrice a pour parler, ce n’était pas non plus rébarbatif. Dans le présent, elle laisse sa place à Yachigusa Kaoru.
Le deuxième fils de Chôkichi a hérité de son père l’amour de la terre et la cultive avec ferveur alors que son frère aîné se consacre à ses études supérieures. Si je n’ai pas adhéré à tous les comportements du personnage, j’ai revu avec grand plaisir Matsuyama Kenichi, qui n’a pas son rôle le plus intéressant mais qui est tout de même brillant. C’est Kamijo Tsunehiko qui joue Jirô âgé, dans le présent.
Chôkichi a donc deux fils, mais aussi deux filles. La plus âgée, Shizu, est incarnée par Terashima Saki, que je ne connaissais pas mais que j’ai trouvé très sympathique, contrairement à Kawashima Umika, qui joue la benjamine, Sachie, et dont les regards de chien battu m’ont un peu agacée. Le bon point quand on a un contexte historique et que ce qui arrive à un personnage est inspiré d’un fait réeel ou aurait très bien pu se produire, c’est qu’on peut sympathiser encore plus facilement et qu’on oublie un peu les défauts d’interprétation. Cela vaut également pour Kishi Keiko, qui joue Sachie dans le présent et qui a l’air un peu trop détachée des événements tragiques du passé qu’elle raconte.
Je terminerai ce petit tour d’horizon des personnages en en citant un qui ne fait pas du tout partie de la famille Hiramatsu : Ôizumi Yo joue Yamagishi, un homme qui va se faire le représentant des Japonais internés dans le camp du désert californien où certains membres de la famille Hiramatsu vont se retrouver. Accusé d’être à la solde des Américains, Yamagishi est dans une situation délicate mais semble sincérement faire de son mieux pour négocier et améliorer le sort de ceux qui partagent les mêmes origines que lui.
La majorité de l’histoire se déroulant aux États-Unis, on trouve évidemment un certain nombre de personnages blancs américains. Et la façon dont ils sont représentés et interprétés est sans aucun doute le plus gros point faible du drama. Il est évident qu’il était essentiel de nous montrer la discrimination et l’intolérance dont sont victimes les personnes d’origine japonaise aux États-Unis avant et pendant la deuxième guerre mondiale. Mais cela est fait de façon trop stéréotypée : les Américains sont soit (bêtes et) méchants, en grosse majorité, soit très très gentils. Il n’y a pas de juste milieu, pas de personnes indifférentes ou qui changeraient leur point de vue, pas de comportement nuancé en fonction d’intérêts personnels ou que sais-je encore. Juste des gens qui disent des injures et des « Japs! » sur un ton totalement surjoué.
Si j’ai trouvé que le mode de narration de l’histoire des Hiramatsu était efficace, avec la réunion dans le présent de plusieurs membres de la famille qui reparlent du passé et apprennent beaucoup de choses aux deux jeunes garçons de la dernière génération, les deux jeunes garçons en question ne sont pas très crédibles, aussi bien du point de vue de leurs répliques et de leurs réflexions un peu trop matures que dans leur jeu. Après, ce sont des passages assez ponctuels, donc cela n’est pas non plus super gênant.
La réalisation de 99 nen no ai est dans l’ensemble très réussie : la reconstitution est convaincante, et surtout on a le droit à des images magnifiques, principalement de la campagne de l’état de Washington (c’est un peu le bonheur est dans pré des fois ^^), mais aussi du désert californien, ou encore du Japon, car l’histoire se déroule aussi en partie là-bas. L’ambiance et l’aspect des camps sont exactement ceux que j’avais imaginés en lisant le roman mentionné au début de ce billet.
Outre les camps, plusieurs autres aspects du conflit mondial concernant les Japonais soit sur leur propre territoire, soit ailleurs dans le monde, sont évoqués. J’ai ainsi pu apprendre l’existence de l’unité 442 de l’armée américaine. Les scènes de combat que l’on voit pour l’occasion sont convaincantes (et pas interminables ^^).
L’OST de ce drama spécial est signée Senju Akira, à qui l’on doit entre autres la superbe musique de Suna no utsuwa. Les mélodies orchestrales du compositeur sont certainement imposantes, mais elles traduisent bien le côté dramatique et historique de la série. Elles sont très présentes, mais pas non plus trop. Donc dans l’ensemble j’ai trouvé que la partie musicale était très réussie. Malheureusement, pas de morceau en streaming à se mettre sous le tympan -_-.
Chacun des 5 épisodes dure au moins deux heures, mais contrairement à d’habitude (et contrairement à Saka no ue no kumo et ses épisodes de 90 minutes), cela ne m’a pas dérangée du tout. Le drama est très abordable, la narration est fluide, on s’immerge facilement et on ne voit pas du tout le temps passer. Vu que j’ai regardé la série à un moment où j’avais beaucoup de temps libre, j’ai dû la terminer en quatre jours maximum.
Malgré ses défauts évidents, 99 nen no ai est un drama qui m’a captivée. S’il est évident qu’on ne nous montre que des morceaux choisis de l’Histoire pour jouer dans le registre dramatique, on ne cherche pas non plus à trop en faire, et le parcours de la famille Hiramatsu est au bout du compte crédible et poignant. La question de la nationalité, de la naissance et du pays d’origine sont bien mises en évidence au coeur d’un conflit mondial où des décisions douloureuses et irrémédiables sont prises par certains membres de la famille. Une belle fresque familiale et historique qui m’a extrêmement divertie et dont l’ambiance a su me marquer durablement.
Commentaires laissés sur l’ancienne version du blog
Allez, tope-là! C’est noté sur ma liste! Tu as été convaincante. Alors, c’était donc ça, ce fameux drama avec Tsuyoshi Kusanagi dont tu parlais récemment? Bon, alors c’est pas celui que j’avais en tête, mais c’est pas grave. (^^) Je ne connaissais pas du tout ce drama. C’est donc une agréable surprise. J’adore Tsuyoshi Kusanagi, c’est l’un de mes acteurs japonais favoris et je ne rate aucune occasion pour le clamer haut et fort! (^^) Je me permets de te conseiller ses dramas, il a un bel éventail de personnages différents.
L’histoire a l’air bien intéressante, même si tu a mis le doigt sur quelques limites. Ce n’est pas rédhibitoire pour moi.
Merci pour cette bonne surprise à découvrir.
Écrit par : Dramafana | 01.03.2013
J’ai bien envie de continuer à explorer la dramagraphie de Kusanagi en effet, surtout que dernièrement je me suis pas mal lassée de Kimu même s’il me reste quelques uns de ses vieux drama en stock. Faudra que je finisse par voir Ninkyo Helper, mais avec ma liste longue comme deux bras -___-.
Écrit par : Katzina | 22.03.2013
C’est le gros problème des fictions asiatiques, la représentation de l’occidental. C’est dommage parce qu’un tel sujet méritait de la nuance.
Mais ce que tu en dis a tout de même l’air alléchant.
Merci beaucoup !
Écrit par : Eclair | 01.03.2013
En effet même si j’ai déploré ce traitement des Occidentaux je n’étais pas du tout étonnée. On dirait qu’il n’y a que dans les productions de la NHK qu’on peut trouver de bons acteurs présentés de façon plus normale. Contente que ce billet ait attiré ton attention sur le drama en tout cas ! 🙂
Écrit par : Katzina | 22.03.2013
Le sujet m’intéresse beaucoup et suivre une famille à travers différentes époques me fait penser au style de narration des Asadora que j’aime maintenant beaucoup… même si il n’y a que 5 épisodes. Ça ne m’étonne pas trop que le principal défaut soit au niveau des personnages occidentaux… lorsqu’on voit un personnage occidental dans un drama, vu que ça arrive parfois… il est souvent un peu (beaucoup) tourné en ridicule mais bon là c’est pas encore la même chose vu que ça fait vraiment partie de l’histoire.
Est-ce que ce drama est dispo en vosta? j’aimerais bien le voir.
Écrit par : Ageha | 14.03.2013
En effet, si le format est différent, on pense forcément à des asadora avec une dimension historique comme Ohisama ou Carnation :).
Même si ça ne va peut-être plus durer, tous les drama dont je parle sont disponibles en VOSTA. Sauf exceptions je vais chercher les sous-titres sur d-addicts. Comme pour les raw. Enfin, quand je suis en France :p
Écrit par : Katzina | 22.03.2013