[Drama] Mondai no aru restaurant

mondai no aru restaurant

Titre japonais : 問題のあるレストラン
Nombre d’épisodes : 10
Diffusé en : Hiver 2015
Chaîne de diffusion : Fuji TV
Fiche : DramaWiki

 

Après avoir adoré Soredemo ikite yuku et Saikou no rikon, j’ai bien évidemment tout de suite repéré et mis sur ma liste dès sa diffusion en hiver 2015 ce qui était à ce moment le nouveau drama de Sakamoto Yûji pour Fuji TV. Il se trouve que, du coup, j’ai d’abord regardé celui qu’il a fait un an après, ItsuKoi. Ayant il y a quelques mois décidé de donner un peu la priorité à mes scénaristes préférés, j’ai enfin entamé le visionnage de Mondai no aru restaurant. Ca, c’était fin 2016. Et si j’ai laissé passer plusieurs mois avant d’écrire sur le drama, c’est parce que comme toujours ou presque je suis à la traîne dans la rédaction de mes billets, mais aussi parce que je savais qu’il serait difficile d’en parler en lui rendant justice mais sans trop gâcher le plaisir de la découverte. Parce qu’autant le dire tout de suite, même si Mondai no aru restaurant a des défauts, il balance du lourd, et confirme si besoin était que son scénariste a énormément de choses à dire sur la société japonaise et qu’il le fait très bien.

L’histoire de Mondai no aru restaurant débute sur le toit encombré d’un immeuble d’une petite rue proche d’Omotesandô. Plusieurs personnes, en grande majorité des femmes, s’y retrouvent. Une certaine Tamako leur a donné rendez-vous dans ce lieu incongru. Le point commun de ces personnes, outre le fait qu’elles connaissent toutes Tamako, est d’être victimes à des degrés divers et de manières variées du sexisme et du patriarcat très prégnants dans la société japonaise. Enfin, Tamako se montre et propose à la petite bande d’ouvrir un restaurant à l’endroit même où elle leur a donné rendez-vous. De l’autre côté de la rue, au rez-de-chaussée, se trouve un chic restaurant géré par l’entreprise que Tamako vient de quitter, qui est au coeur des problèmes qui vont être abordés dans le drama. La guerre est déclarée, il n’est plus question d’endurer en silence.

Nitta Yumi est diplômée de la prestigieuse université de Tôdai. Pensant qu’une brillante carrière l’attend chez Like Dining Service, elle va vite déchanter quand elle va voir le traitement réservé aux femmes dans l’entreprise. Même avec un parcours scolaire et universitaire brillant, on ne peut pas s’en tirer face à des hommes dont le mépris est encore grandi par la peur de voir une femme plus capable qu’eux tenter d’être leur égal professionnellement. Nitta, à qui sa formation a inculqué qu’elle ferait partie de l’élite, est arrogante, mais cela va au moins lui servir à ne pas accepter les moqueries et les tâches dégradantes et à décider de se barrer.  Je connaissais Nikaido Fumi de nom mais je ne l’avais jamais vraiment vue. Sa prestation donne clairement envie de la voir dans d’autres rôles !mondai no aru restaurant

Morimura Kyôko est une mère au foyer qui n’en peut plus d’être la bonne d’un mari (Maruyama Tomomi) jamais satisfait qui pense qu’il est tout naturel qu’une femme se sacrifie pour son époux. Kyôko est d’abord un peu agaçante, à toujours s’excuser et être indécise. On se rend compte qu’à être sans cesse rabaissée, elle n’a aucune confiance ni estime d’elle-même. Elle va cependant trouver la force d’essayer de changer sa vie grâce à son fils et faire à son mari une déclaration lourde de sens : Je veux l’élever moi-même car je ne veux pas qu’il devienne comme toi. Deuxième personnage présenté, deuxième actrice que je ne connaissais pas vraiment, Usuda Asami, elle aussi très convaincante. 

mondai no aru restaurant

Chika, la benjamine du groupe, souffre d’une forme de phobie sociale. Elle ne quitte jamais sa veste à capuche et porte même un masque chirurgical au début de l’histoire. L’origine de ses troubles explique aussi pourquoi elle est extrêmement douée pour cuisiner, et c’est elle qui va devenir la chef du restaurant. J’ai adoré Matsuoka Mayu, elle aussi découverte avec ce drama. Son naturel et la manière dont elle exprime l’évolution de son personnage sont bluffants. 

mondai no aru restaurant

Kawana Airi est employée chez Like Dining Service et fait partie du personnel du Symphonic, le restaurant chic avec lequel l’équipe de choc de Tamako va tenter de rivaliser. Résignée, elle subit les remarques graveleuses et les attouchements de ses supérieurs en serrant les dents et en gardant le sourire. Elle est persuadée que protester ne donnera rien de bon et préfère passer pour la nunuche de service et flatter ces messieurs. Ce personnage m’a pas mal rappelé Fukushima dans Kimi wa pet. C’était un plaisir de revoir Takahata Mitsuki, qui joue les greluches à merveille (et bien sûr, son personnage va bien au-delà).

mondai no aru restaurant

La doyenne du groupe, Karasumori Nanami (YOU), a travaillé avec Tamako avant que cette dernière ne rejoigne Like Dining Service. C’est celle qui va être le moins présente mais cela ne va pas l’empêcher de jouer un rôle clé dans l’histoire. 

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Oshimazuki Haiji est un talentueux pâtissier qui a été se former à Paris. Mais comme il est gay et qu’il s’habille en femme, il n’arrive pas à trouver de travail. On apprend plus tard qu’il a aussi été rejeté par une partie de sa famille. C’est lui qui va assurer la cohésion du groupe en essayant de pondérer un peu les caractères assez explosifs de certains de ses membres. Avec ses gestes et sa manière de parler efféminés, le personnage de Haiji ne révolutionne pas la manière dont les gays sont présentés dans les fictions japonaises mais on évite la grosse caricature. Et puis Haiji précise bien qu’il n’est pas trans, ce qui évite le genre d’amalgame qui se fait facilement quand on aborde le sujet des LGBT pas assez franchement. Last but not least, Yasuda Ken est tout simplement adorable dans ce rôle !

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Et Tamako dans tout ça ? Tamako, elle en a vu des vertes et des pas mûres aussi à Like Dining Service. En gros, se coltiner tout le boulot et voir les mâles endosser tout le mérite. Mais ce qui va la faire sortir de ses gonds, c’est ce que les femmes de son entourage subissent, et surtout son ancienne camarade de classe Satsuki. Ce rôle de femme battante et optimiste est assez différent de ceux que Maki Yôko joue d’habitude, et même si ce n’est pas forcément son meilleur rôle, le changement est toujours appréciable. 

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Satsuki ne fait pas partie de la bande officielle, mais son rôle est primordial dans l’histoire. On va apprendre comment sa conscience professionnelle l’a amenée à être victime des pires humiliations. Kikuchi Akiko, quatrième et dernière découverte féminine du drama, a une douceur et une présence qui m’ont beaucoup plu.

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Monji Makoto est le jeune chef du Symphonic. C’est grâce à Tamako qu’il a obtenu ce poste, et on apprend vite qu’il y a eu quelque chose entre eux. Monji est égocentrique et très sûr de lui. Il va se faire un plaisir de rivaliser avec le Bistro Fou de Tamako, mais est trop occupé avec ses casseroles pour se soucier de ce qui se passe dans l’entreprise qui l’emploie. C’est dur d’en dire plus sur le personnage, mais j’ai été très agréablement surprise par Higashide Masahiro. Jusqu’ici, je le trouvais sympa mais plutôt pour sa tête que pour ses talents d’acteur, mais là son rôle est franchement intéressant. 

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Hoshino Daichi est le cuisto du Symphonic, et sous ses airs de gars sympa un peu bête et maladroit c’est un peu un petit con profiteur qui a du mal à assumer ses actes. J’avais croisé plusieurs fois le nom de Suda Masaki, il est effectivement convaincant mais il faudrait que je le voie dans un rôle moins tête à claques pour me faire vraiment une idée :D.

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Ameki Tarô, le directeur de Like Dining Service, est le gros connard par excellence que ce soit au travail ou en privé. Il est tellement sûr de son pouvoir qu’il n’écoute même pas ce que quelqu’un qu’il juge inférieur (donc, toutes les femmes au cas où ça ne serait pas clair) a à dire et ne se remet pas une seconde en question. Sugimoto Tetta a un paquet de rôles secondaires à son actif, en général il joue plutôt des types sympa, mais là il fait aussi très bien le connard. On peut dire la même chose de Fukikoshi Mitsuru et Tayama Ryôsei, qui incarnent respectivement Tsuchida et Nishiwaki, les supérieurs très délicats de Kawana. Évidemment, les personnages ne sont pas forcément intéressants en soi, ils sont là pour illustrer le propos du drama. Il n’y a qu’à les voir faire des blagues sur le harcèlement sexuel car ils savent que c’est répréhensible légalement mais ne voient pas du tout où est le problème vu qu’ils ont toujours vu faire comme ça et qu’ils sont incapables de se mettre à la place de celles qui en sont victimes.  

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Alors, les hommes, tous des connards, ennemis des femmes pour toujours ? Vu comment les choses sont présentées, ça serait facile de tomber dans ce travers. Mais non, ce n’est pas ce que nous dit Mondai no aru restaurant malgré la sacrée brochette de harcèlements, agressions et comportements sexistes du quotidien qu’il nous présente. Déjà, il ne faut pas oublier que le scénariste est un homme. Et puis il y a la présence de Haiji dans la bande. C’est un homme, mais comme il ne répond pas aux critères de ce que doit être un homme aux yeux de certains (hétéro et viril pour ne pas entrer dans les détails), il est aussi discriminé. Enfin, il y a aussi cette phrase que Tamako dit dans le premier épisode : Si les femmes étaient heureuses, les hommes le seraient aussi. Parce que oui, les hommes ont le pouvoir, mais ils doivent aussi s’enfermer dans le modèle exigé par la société (le père de famille qui se tue au travail) et ça, en effet, il y a peu de probabilité que ça soit compatible avec le bonheur. Donc ce n’est pas qu’une affaire de femmes, mais comment faire entendre ça quand on ne prend pas la peine de nous écouter ? 

Est-ce que le drama en fait trop ? Est-ce que les situations présentées ne sont pas exagérées ? Oui et non. Certes, ce n’est peut-être pas dans toutes les entreprises que toutes les femmes ont à subir la même chose que Satsuki ou Kawana. Mais parfois il faut arrêter un peu de ménager les gens et utiliser un peu un traitement de choc. Surtout que la société japonaise favorise le sexisme de bien des manières. La résistance au changement, le fait de ne jamais se plaindre, de toujours devoir endurer, de ne pas s’opposer à un groupe en tant qu’individu sous peine d’être accusé(e) de briser l’harmonie, de ne pas  se déclarer victime sous peine d’apporter la honte sur sa famille, le respect de l’autorité et des personnes plus âgées qui peut mener à tant de dérives, le fait de ne jamais pouvoir dire franchement non (le concept de consentement en prend un bon coup dans la gueule), le fait que si on est témoin de quelque chose, mieux vaut faire semblant de ne rien voir car ça ne se fait pas de se mêler des affaires des autres, le fait que tant qu’on ne dit rien, on peut faire comme s’il n’y avait pas de problème. Et tout ça, Mondai no aru restaurant le montre. Et nous dit à quel point c’est dur mais important de parler et de montrer l’exemple. 

En fait, je crois que c’est le seul vrai problème du drama : il se lance dans plein de directions différentes et veut dire beaucoup de choses, mais malgré l’audace du scénariste, en dix épisodes on ne peut pas dire tout. Mais il y a déjà tellement de choses balancées qu’on pardonne tout. Surtout que Sakamoto prend la peine de nous servir tout ça en suivant un schéma bien connu mais non moins efficace : la formation d’un groupe pour atteindre un objectif commun, avec tout ce que cela implique : convaincre les membres au départ, gérer les conflits, faire revenir ceux qui lâchent le groupe. Dans ce cas comme souvent, l’objectif déclaré au départ est au bout du compte plus un prétexte, le véritable but étant pour chacun des membres de pouvoir avancer en faisant un bout de chemin avec les autres.   

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J’ai été assez déstabilisée par le début du dixième et dernier épisode de Mondai no aru restaurant. On attend le dénouement d’un événement important, même deux, et il y a une sorte d’ellipse qui fait que tout semble être un peu passé rapidement à la trappe. Un moment, je me suis demandé si je n’avais pas loupé un épisode. Avec le recul, j’ai quand même un doute sur le fait que ça soit la tournure que le scénariste envisageait (les drama écourtés ou dont les scénarios de départ ont été modifiés en cours de route suite aux réactions des spectateurs par exemple, il y en a beaucoup). Mais en fait, tout ça a du sens par rapport à la construction de l’histoire et le fait qu’il ne restait plus qu’un épisode pour conclure. Au bout du compte c’est un peu : Hé, mais qu’est-ce que vous croyiez qu’il allait se passer !? Évidemment, ce n’est pas une compétition inégale entre deux restaurants qui allait effacer des décennies de comportements sexistes, évidemment, rien n’est réglé, mais on a au moins un peu parlé. Et si le constat est plus que triste, on nous laisse une note d’espoir avec une scène impliquant un petit garçon qui fait en quelque sorte écho à la déclaration de Kyôko à propos de son fils au début. Le changement peut venir des prochaines générations. 

Il ne faudrait quand même pas que j’oublie de dire que Mondai no aru restaurant sait aussi se montrer très drôle, sans décrédibiliser un instant les sujets sérieux qu’il aborde. L’humour à la fois subtile et un peu absurde de Sakamoto Yûji surgit au détour de nombreuses répliques et fait toujours mouche. Les caractères très différents des employés du Bistro fou donnent toujours lieu à des situations drôles et on peut aussi rire de la manière dont les hommes dont le comportement est pointé du doigt sont ridiculisés parfois. 

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La dernière chose que j’ai apprécié dans le drama, c’est son univers professionnel. Car même si la nourriture n’est pas le principal sujet comme dans d’autres productions, on nous montre quand même quel rôle peut jouer la nourriture dans la vie des gens et ce que peut signifier cuisiner pour les autres. Et puis on a un petit aperçu du fonctionnement du secteur de la restauration qui est hyper-concurrentiel au Japon, et dominé par des grosses boîtes comme Like Dining Service même quand il ne s’agit pas de chaînes. 

L’OST du drama ne fait pas forcément partie de celles dont on se souvient longtemps après mais elle n’en est pas moins efficace. Et puis le générique de fin, lui, on s’en souvient ! Il s’agit de la chanson Mondai Girl de Kyari Pamyu Pamyu (en regardant le clip officiel je me suis encore demandé à quoi elle carburait cette petite :D). On voit la chanteuse dans les images du générique (quand il n’est pas zappé), et surtout Maki Yôko en mode je fais n’importe quoi et je vous emmerde, et j’ai beaucoup aimé l’ambiance créée par la chanson. Il y a aussi le générique différent de l’épisode 4 où l’on voit le petit groupe du Bistro fou faire sa chorégraphie dans la cuisine en tapant des mains et en utilisant des verres ou autres récipients, j’ai trouvé ça assez marrant.

Mondai no restaurant c’est donc mille fois oui ! Avec sa qualité d’écriture habituelle, Sakamoto Yûji nous prouve qu’il est possible de mettre les pieds dans le plat pour de bon avec un drama d’une grande chaîne de télé (certes, pas au créneau horaire avec le plus d’audience, mais quand même !). Du coup, ça va être plus dur maintenant de trouver des excuses aux séries qui arrondissent trop les angles ou se dégonflent trop en cours de route. Avec tout ce qui est si habilement dénoncé, on ne peut que pardonner les défauts qu’on pourrait trouver au drama.  A voir d’urgence pour tous ceux et celles qui s’intéressent de près aux question de société. Je compte sur Sakamoto pour continuer à nous servir ce genre de scénarios !

5 Comments

  1. Effectivement, le générique est bien barré…
    Ah, j’aime bien les dramas qui traitent de faits de société, entre une comédie bien déjantée et une comédie romantique.
    Sinon, question casting féminin, je ne connais que YOU, que j’adore!
    J’ajoute ce titre à ma liste, parce que ce que tu en dis me parle (très fort).
    Merci pour cet article bien convaincant.

    • Elle est chouette YOU hein ?! Chaque fois que je la revois je me dis : roh, sa voix est quand même trop spéciale ! Et puis non, en fait, elle est chouette 😀
      J’espère que tu seras comme moi sensible à l’humour et que tu apprécieras l’effort pour faire bouger la situation 🙂

  2. Bonjour,

    est ce que quelqu’un pourrait m’envoyer un mail pour me dire ou je peux trouver les épisodes 6 à 10 en vostFR s’il vous plait ?
    Par avance, un infiniment grand merci !

    • Es-tu sûr qu’ils existent déjà ? Si ce n’est pas déjà fait, vérifie auprès des personnes qui ont traduit la première moitié de la série, peut-être n’ont-elles pas encore terminé ou ont-elles abandonné ? En tout cas, pour la VOSTFR je ne pourrai pas t’aider car ça fait des années que je ne prends que la VOSTA 🙂

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