[Drama] Saikou no rikon

Titre japonais : 最高の離婚
Nombre d’épisodes : 11
Diffusé en : Hiver 2013
Chaîne de diffusion : Fuji TV
Fiche : DramaWiki

Repéré dès sa diffusion sur Fuji TV début 2013, le drama Saikou no rikon avait déjà tout pour me plaire : un créneau horaire de diffusion (jeudi 22h) qui à lui seul présageait du bon, quatre acteurs que j’aime beaucoup das les rôles principaux, et une thématique principale autour du divorce qui semblait changer des comédies romantiques centrées sur la rencontre et la formation d’un couple. Comme si ça ne suffisait pas, j’ai pu lire sur des blogs de sériphiles avertis (Cinédramas et My tele is rich pour ne pas les citer ^^) de quoi confirmer qu’on avait affaire à un drama de qualité. Qu’es-ce qui peut achever de convaincre si on ne l’est pas déjà ? Savoir que le scénario est signé Sakamoto Yûji, qui avait écrit l’année précédente le superbe Soredemo, ikite yuku.

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Après deux ans de mariage à peine, Mitsuo et Yuka ne se comprennent plus et passent leur temps à se disputer, se reprochant l’un à l’autre une multitude de défauts devenus insupportables. Alors qu’ils décident de divorcer, Mitsuo retrouve par hasard celle avec qui il était sorti quand il était étudiant, Akari. La jeune femme vient de se marier et d’emménager dans le quartier, et semble former avec son époux un couple idéal où personne n’élève jamais la voix.

Les circonstances vont faire que Yuka, qui pensait retourner chez ses parents en province, va devoir continuer à cohabiter quelque temps avec son ex-mari. Chacun va commencer à chercher à refaire sa vie avec quelqu’un d’autre, et en attendant les disputes vont continuer bon train. Akari et Ryô vont se trouver mêlés à toute cette affaire, et l’on va vite se rendre compte que leur couple n’est pas du tout aussi idéal et solide qu’il parait. A tel point qu’on va finir par se dire que le titre de la série (littéralement, Un divorce génial) ne s’applique peut-être pas seulement à Mitsuo et Yuka…

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Mitsuo est un jeune homme tout à fait banal si on lui passe son côté maniaque qui fait qu’il reprend sans cesse les gens sur la prononciation de son nom de famille, qu’il coupe son bonsai au poil et qu’il est exaspéré par le côté bordélique de sa femme. Il adore les animaux, et semble parfois avoir plus d’empathie pour eux que pour ses congénères humains, avec qui il a tendance à se montrer parfois un peu trop direct. Il n’est pas du tout méchant, mais a simplement du mal à se mettre à la place des autres et ne se rend pas compte quand il les blesse. Maladroit avec les gens, il l’est aussi avec son corps et trouve toujours moyen de s’estropier.
Eita montre avec ce rôle, s’il avait encore quelque chose à prouver, qu’il a un talent énorme et incarne Mitsuo avec un naturel époustouflant.

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Yuka est le genre de personne qui s’emballe vite, qui voudrait faire beaucoup de choses mais qui au final ne fait rien car elle procrastine ou se lasse vite. Quand on la voit trainer en pyjama chez elle ou s’empiffrer un ramen en racontant sa vie, elle tranche clairement avec les jolies héroïnes de romances bien maquillées, en jupe et talons hauts. Elle n’a pas sa langue dans sa poche, s’amuse de pas grand chose et peut être très chiante. Une fille tout ce qu’il y a de plus normal, au bout du compte :).
Ono Machiko donne admirablement la réplique à Eita et fait preuve elle aussi d’une grande spontanéité. Les scènes de ménage entre Mitsuo et Yuka sont absolument croustillantes, c’est à qui fera le plus preuve de mauvaise foi et ira le plus chercher un détail insignifiant pour avoir le dernier mot.

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A côté de ces deux grands bavards, Akari et Ryô semblent d’abord bien calmes, et leur couple fonctionne d’une manière totalement différente. Toujours souriante, n’ayant jamais un mot plus haut que l’autre, Akari semble concilier parfaitement sa vie de couple avec sa vie professionnelle. Comme on n’a rien à dire sur les gens heureux et parfaits, le spectateur ne s’étonne pas de découvrir que la jeune femme garde bien des choses pour elles, et les événements vont faire que cette état ne va plus pouvoir durer.
Maki Yôko a toujours autant de charme et tire très bien son épingle du jeu dans ce rôle.

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Ryô est un jeune homme aussi charmant que détestable. Très charmeur, il est apprécié de toute la gent féminine où qu’il aille, et cela sans même le faire exprès, si on peut dire. A part ça, Il semble vivre un peu dans une autre dimension et il peut s’avérer assez fastidieux d’avoir une conversation normale avec lui. C’est un être à la fois très social et pas du tout social, car s’il n’a pas peur d’aller vers les autres, il laisse toujours une barrière.
Ayano Go est lui aussi parfait dans ce rôle (et il est toujours aussi craquant ^^). Après Mother, du même scénariste, et Carnation, c’était le troisième drama dans lequel je le voyais aux côtés d’Ono Machiko.

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Saikou no rikon est très centré sur son carré de personnages principaux, ce qui n’est pas du tout une mauvaise chose vu leur qualité, tant au niveau de l’écriture que de l’interprétation. Les personnages secondaires récurrents y sont donc relativement peu nombreux par rapport à d’autres drama. Ceux qu’on voit le plus souvent sont dans l’entourage de Mitsuo : Yachigusa Kaoru, toujours aussi sympathique, est Aiko, la grand-mère du jeune homme. Aiko étant très proche de Yuka, le divorce du couple va être une annonce particulièrement délicate à lui faire, même si elle est une grand-mère « moderne » elle-même divorcée depuis longtemps.
Tomoyo (Ichikawa Miwako), la soeur de Mitsuo, a repris avec son mari les rênes du petit restaurant d’Aiko qui est le cadre de nombreuses scènes du drama. Elle est aussi très attachée à Yuka, et n’est jamais la dernière à se moquer de son frère et à le chambrer sur son caractère.

Hatsushima est un garçon dont Yuka va faire la connaissance dans le cadre de son travail au pressing du quartier. Toujours de bonne humeur et serviable, sensible à la spontanéité de Yuka, il va un peu mettre en relief tous les défauts de Mitsuo aux yeux de la jeune femme et incarner la possibilité d’une nouvelle relation après son divorce. J’ai pu retrouver dans ce rôle Kubota Masataka, découvert tout récemment dans Hanako to Anne.
Mitsuo va lui aussi faire de nouvelles rencontres : à force de raconter sa vie à Nana (Serina), l’assistante lors de ses fréquentes séances chez le dentiste, il va finir par lier connaissance avec elle.
Le drama compte enfin deux personnages particuliers mais essentiels : Hassaku et Matilda, les chats de Mitsuo et Yuka. Les deux boules de poil, toujours présentes dans leur appartement, sont un des croustillants éléments récurrents dans les interactions de nos deux divorcés.

Est-ce que Yuka et Mitsuo vont se remettre ensemble ? Est-ce qu’ils vont finir avec quelqu’un d’autre, et si oui, qui ? Et qu’en est-il d’Akari et Ryô ? Vont-ils pouvoir continuer à vivre ensemble comme avant à la suite des événements qui vont survenir ? Le maniaque asocial et la bordélique bruyante qui se chamaillent tout le temps ou le beau couple modèle qui vit silencieusement dans son coquet appartement, lesquels ont vraiment un avenir ?
Saikou no rikon regorge de questionnements sur le couple, sur la raison qui nous pousse à être avec quelqu’un, à se marier, à rester avec quelqu’un, à se séparer. Des quasi-monologues au hammam ou chez le dentiste aux discussions animées à quatre, chaque personnage livre ses impressions, ses attentes, ses reproches, ses aspirations, ses doutes. Chacun apprend en fait à se connaitre dans ses relations et ses conflits avec les autres.
Si certains éléments sont typiquement japonais (on met bien l’accent sur certains côtés aberrants du système de mariage du pays), on est forcément touché par telle ou telle situation, par tel ou tel trait de caractère d’un des personnages. Au-delà des aspects culturels, il y a bel et bien des éléments qui sont universels quand on parle de ce sacro-saint sujet qui est à la base de tant de fictions et s’il est comme toutes les productions nationales destinés à un public japonais, le drama parle tout à fait au spectateur occidental.

Le génie du scénariste de Saikou no rikon est de parvenir à intégrer ses dialogues denses et  savoureux dans une succession de scènes dont chacune constitue une rencontre, une interaction, une combinaison des personnages principaux. Les deux couples, les deux filles, les deux garçons, l’un avec la femme de l’autre, l’autre avec l’ex de l’un, et bien sûr les quatre ensemble. Tous les cas de figure sont utilisés, les occasions et les prétextes sont habilement créés pour que l’un croise l’autre, ou qu’un troisième arrive, pour qu’un élément complètement anodin mène à une discussion essentielle. Ce chassé-croisé créé une véritable dynamique dans les épisodes. La spontanéité des acteurs et la mise en scène fluide font que tout s’enchaîne impeccablement.

Le fait que les rencontres aient souvent lieu dans les mêmes endroits met admirablement en valeur le cadre où se déroule l’histoire et créé une ambiance de quotidien authentique. Malgré la grisaille de l’hiver, les rues du quartier de Meguro et les abords de la rivière avec leurs cerisiers nus, paysage urbain tokyoïte si ordinaire, sont véritablement rendus beaux par la caméra, de jour comme de nuit.

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Saikou no rikon s’ancre aussi dans la réalité par les activités professionnelles de ses protagonistes : Mitsuo travaille pour une entreprise de distributeurs de boissons et on le voit à maintes reprises s’occuper de ravitailler les machines dans différents lieux.
Les personnages du drama se dévoilent tels qu’ils sont à travers leurs paroles, mais aussi à travers leur apparence. Yuka est certainement le meilleur exemple : on la voit en pyjama, coiffée n’importe comment, avec un bouton sur le visage. Je ne veux pas dire que tous les autres drama nous montrent toujours des filles sur leur 31 avec dix couches de maquillage, mais là, cela s’ajoute à plein d’autres détails et c’est encore plus efficace. Et ce sont bien tous ces détails, les vêtements, les chats, le petit restaurant, qui nous donnent cette impression de vrai, ce sentiment de proximité avec les personnages.
Les nombreuses scènes tournées dans l’appartement de Mitsuo et Yuka prennent même des airs d’émission de télé-réalité avec les plans fixes d’une caméra installée au fond de la cuisine.

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Saikou no rikon est aussi soigné au niveau sonore qu’il l’est au niveau visuel : l’OST signé Segawa Eishi  est un véritable régal. J’ai adoré les deux mélodies qu’on entend le plus souvent : la première (piste 1 dans la vidéo ci-dessous), enjouée à souhait, a des airs à la fois rétro et frenchy avec ses violons et souligne parfaitement le quotidien léger et les moments comiques. Plusieurs autres morceaux dans la même veine (pistes 2,3, 5) ainsi que des déclinaisons avec d’autres instruments (piste 3) sont également présents. La seconde mélodie (piste 4), au piano, empreinte de tristesse et extrêmement émouvante, rend encore plus poignantes les scènes sérieuses.

Le générique de fin du drama est une véritable cerise sur le gâteau qui achève de montrer que rien n’a été laissé au hasard : les quatre personnages, tous en tenue de soirée, se livrent à une véritable petite mise en scène avec chorégraphie différente à chaque épisode. La chanson thème Ying Yang de Kuwata Keisuke reste tout de suite dans la tête est est absolument parfaite dans le contexte.

Au final, le seul reproche que j’ai à faire à Saikou no Rikon est d’être un drama si réussi et si riche que j’ai vraiment du mal à en vanter tous les mérites sans utiliser trop de superlatifs et sans trop révéler son scénario. Des histoires de couple, de la comédie, on en a vu et revu, mais le drama se démarque aussi bien sur le fond que sur la forme. Et si je ne vais pas renier tous les drama que j’ai vus avant ni citer de noms en particulier, c’est certain qu’il y en a beaucoup qui ont de quoi pâlir à côté car tout y est : le scénario, l’interprétation et même l’emballage, plus soigné que dans bien des séries japonaises du genre.

Sakamoto Yûji nous montre qu’il est aussi doué pour écrire de formidables dialogues sur les petits drames du quotidien que pour un grand drame de toute une vie comme dans Soredemo, ikite yuku. Sa fine analyse des relations humaines, l’accumulation de détails qui forment le caractère de ses personnages comme les situations comiques, son art de créer des scènes où les sentiments prennent la forme de mots, tous ces éléments font qu’il est devenu pour moi un incontournable du petit écran japonais au même titre que Kudô Kankurô, avec pour point commun d’avoir ses acteurs fétiches. Réussir à mettre tant d’authenticité et d’émotion et en plus tant d’humour dans une histoire, c’est vraiment fort. Qu’est-ce que j’ai pu rire ! J’ai déjà envie de revoir le drama, car il est tellement truffé le détails que j’ai forcément loupé des choses à travers le foisonnement des dialogues. Si vous ne voulez pas le voir, ce n’est plus la peine de regarder des drama !

2 Commentaires

  1. Très belle critique !
    Elle me donne envie de me remettre à cette série. J’ai bêtement bloqué à l’épisode 9 alors que j’adorais.
    Ce que j’en retiens aujourd’hui ce sont surtout ses magnifiques et riches dialogues comme rarement j’en ai vu dans des dramas.
    J’approuve pour Kuwata Keisuke ; il y a son générique de « Control » que j’adore aussi.

    • En effet, c’est pas bien du tout ça ! Il faut que tu finisses ! Et que tu regardes le SP après, parce qu’il est excellent aussi :).
      C’est vrai, tu m’avais déjà parlé de Control, et il est toujours sur ma liste ! J’y ai fait un peu de tri récemment, mais elle reste bien longue…. ^^

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