Titre japonais : 恋文
Nombre d’épisodes : 10
Diffusé en : Automne 2003
Chaîne de diffusion : TBS
Fiche : DramaWiki
Etant grande fan de Watabe Atsurô, je m’intéresse de près à sa dramagraphie et j’ai vite repéré ce drama de 2003 où on le retrouve avec Mizuno Miki, aux côtés de qui il avait joué deux ans auparavant dans l’excellent Koi ga shitai x3. L’idée de revoir le duo me tentait vraiment, et le thème du drama, qui s’annonçait comme une romance peu classique, m’intriguait pas mal. J’ai donc mis Koibumi dans ma super liste méga secrète de drama à voir.
Shôichi, professeur d’arts plastiques assez excentrique et pas très responsable, vit heureux avec sa femme Kyôko et leur fils de neuf ans Suguru. Un beau jour, Etsuko, une ex-petite amie, débarque et lui annonce qu’elle est atteinte d’une grave maladie qui ne lui laisse que six mois à vivre et qu’elle n’a ni famille, ni amis pour l’accompagner. Du jour au lendemain, Shôichi va abandonner travail et famille pour rester auprès d’Etsuko jusqu’à la fin.
Pourquoi Shôichi sacrifie-t-il ainsi son avenir professionnel et personnel pour une femme qui avait complètement disparu de sa vie ? Pourquoi aller si loin alors qu’il pourrait se contenter d’aller la voir le plus souvent possible en conservant son poste et en restant auprès de sa famille ? Est-ce que cela veut dire qu’il n’était au bout du compte pas satisfait de sa vie ? Est-ce qu’il aime encore Etsuko ? Voilà toutes les questions que l’on se pose en essayant de cerner Shôichi, personnage hautement énigmatique qui est au centre de l’histoire.
Shôichi a oublié de grandir et a gardé un côté très enfantin. Cela n’est évidemment pas sans conséquences au quotidien, et son irresponsabilité ainsi que sa manière de toujours s’excuser au lieu de réfléchir avant de faire quelque chose sont vraiment exaspérantes. Mais la naiveté du personnage a aussi quelque chose d’attachant, et son sourire si franc et charmant fait le reste. J’ai compris pourquoi sa femme Kyôko ainsi qu’Etsuko pouvaient être amoureuses de lui, et c’est très important pour apprécier l’histoire. Le rôle convient à merveille à Watabe Atsurô, et si je conçois qu’on puisse avoir du mal à comprendre le personnage, il n’y a rien à redire pour l’interprétation (mais comment pourrais-je dire du mal de cet acteur ? ^^).
La femme de Shôichi a une patience en or et donne parfois l’impression d’être plutôt sa mère ou son instit. Mais elle savait dès le départ comment il est son mari, c’est aussi pour ça qu’elle l’aime, et jusqu’à ce qu’Etsuko surgisse, elle était très heureuse. Il est difficile d’en dire plus sur Kyôko sans en dévoiler trop, mais les réactions et les réflexions de ce personnage sont vraiment intéressantes et jouent aussi un rôle clé dans l’histoire. Kyôko est tout sauf une femme qui s’appitoie sur son sort et ne fait que pleurer parce que son mari l’a abandonnée. Elle veut comprendre, et elle veut le récupérer, mais pas en utilisant des coups bas et sans tomber dans la facilité de toujours accuser et jalouser sa rivale. Cette fois encore, Mizuno Miki nous livre une interprétation sincère et sobre.
S’il serait aussi facile pour le spectateur que pour Kyôko de détester Etsuko parce que Shôichi abandonne sa famille pour elle, il n’en est rien. Déjà, parce qu’au départ Shôichi lui fait croire qu’il est célibataire et n’a donc pas d’enfant. Et au-delà de ça, ce n’est pas simplement de la pitié qu’on éprouve envers elle à cause de sa maladie ou de sa solitude. Il ne s’agit pas d’exaucer les dernières volontés d’une mourrante. Etsuko est encore bien vivante, et elle veut en profiter à tout prix. Comment peut-on lui reprocher cela ? Le rôle de Wakui Emi va un peu plus loin que celui de la simple gentille et jolie fille malade, et je n’ai rien eu à reprocher à l’interprétation de l’actrice.
Suguru, le fils de Shôichi et Kyôko, est un petit garçon très mature qui semble souvent beaucoup plus adulte que son père. Comme il est en âge de comprendre suffisamment la situation, sa mère ne va rien lui cacher mais ce n’est pas pour autant que cela va être évident pour lui. Alors qu’il veut montrer qu’il n’est plus un bébé, Suguru va d’abord prétendre que l’absence de son père le laisse indifférent, ce qui n’est bien sûr pas le cas. Le jeune Izumisawa Yûki est encore une fois extrêmement convaincant, et on nous montre une relation père-fils vraiment touchante.
Mikiko, elle aussi atteinte d’une maladie qui la condamne, partage la chambre d’hôpital d’Etsuko. Malgré leur différence d’âge, leur situation commune rapproche les deux femmes, et elles vont rapidement commencer à se confier l’une à l’autre. Quand Shôichi vient rendre visite à Etsuko, Mikiko est toujours là sauf si elle est partie faire des examens. Elle n’hésite pas à mettre son grain de sel dans la conversation et réclame même des cadeaux. Derrière sa bonne humeur, on sent une grande tristesse. Mikiko semble attendre quelqu’un et regretter son passé. Ishida Ayumi nous livre comme d’habitude une interprétation efficace.
Après avoir quitté son poste de professeur, Shôichi va aller travailler dans un port de pêche. Il va y faire la connaissance de Keisaku, un homme plus âgé qui semble se reconnaître en lui et qui va le prendre sous son aile. Il va tenter de le raisonner à plusieurs reprises, espérant l’empêcher de faire quelque chose d’irréparable. J’ai apprécié de retrouver Terao Akira, que j’ai peu vu à l’écran mais que j’aime beaucoup.
Le drama se centrant sur un nombre restreint de personnages (mais ceci n’est pas du tout un handicap), on trouve très peu d’autres rôles plus secondaires dans Koibumi. Le seul que je peux citer est celui de Kaname Jun, qui incarne Makoto, un jeune collègue de Kyôko à qui celle-ci va se confier. Le personnage n’est pas vraiment particulier, mais il a bien sa place dans l’histoire dans le sens où il permet de voir un avis extérieur sur la situation de Kyôko.
Vous avez bien deviné que vu ses thèmes, Koibumi n’est pas une comédie romantique légère. Cependant, si la question de la maladie est bien présente à travers deux personnages et va conduire, on s’en doute dès le départ, à de tristes événements, le drama ne peut pas vraiment se classer dans la catégorie maladie et/ou tire-larmes. Ce qui est vraiment au centre de l’histoire, c’est le triangle entre Shôichi, Kyôko et Etsuko. De par le caractère de Shôichi ou encre de Mikiko, le drama comporte de nombreux passages légers.
Le titre du drama (qui siginifie lettre d’amour, la série étant également connue sous le titre anglais Love letter) fait référence à la lettre qu’Etsuko écrit à Shôichi quand elle le retrouve. Il y a par la suite d’autres lettres écrites et destinées à différentes personnages, qui plutôt que des déclarations d’amour constituent des preuves d’amour. Plutôt que de se concentrer sur la formation d’un couple comme dans les romances classiques, on nous parle cette fois de ce qui unit un couple, de ce qui fait qu’il dure ou pas. J’ai bien aimé cette manière de voir et de présenter les choses.
Sans surprise, le rythme du drama est relativement lent, même si je n’aime jamais utiliser ce mot car il sonne tout de suite négatif. Mais je n’ai ressenti aucun vide dans l’histoire, aucune impression d’événements superflus juste pour remplir les dix épisodes. La seule chose que j’ai regrettée, c’est qu’on reste dans le vague concernant la nature de la maladie d’Estuko. Je ne demandais pas que le drama prenne une tournure médicale, mais ça donne un côté plus réaliste d’avoir des noms et des symptômes.
Koibumi est basé sur le roman du même nom écrit par Renjô Mikihiko et paru au Japon en 1984. C’est Okada Yoshikazu qui s’est occupé de l’écriture du scénario et j’ai trouvé qu’on retrouvait le même type d’émotions que dans Home drama ou Yume no california : il s’est passé ou va se passer des trucs pas drôles du tout, mais malgré cela on a une certaine douceur et un certain optimisme.
J’ai bien accroché à l’ambiance paisible du drama, qui passe bien sûr d’abord par son OST, signé REMEDIOS (Mother) et où le piano domine. La musique est assez présente, mais pour ma part je l’ai bien aimée et je ne me suis pas lassée des thèmes principaux. C’est dur à expliquer pourquoi, mais j’ai trouvé qu’elle avait un peu un côté rétro et musique d’anime.
La bande sonore du drama comporte aussi deux chansons. La première, que l’on entend pendant le bref opening et régulièrement pendant les épisodes, est In my life des Beattles, et la chanson se classe définitivement parmi les titres occidentaux qui créeent une ambiance réussie dans un drama. L’utilisation d’une « vieille chanson » donne le même effet nostalgique que dans Home drama ou Yume no california.
L’ending est plus contemporain et signé par un groupe japonais, mais il s’intègre tout aussi bien : il s’agit de Hiiragi, de Do As Inifnity. Je connais bien cette chanson et je l’ai retrouvée avec grand plaisir. On peut retrouver des versions instrumentales de chacune des deux chansons pendant les épisodes, et elles complètent bien les pistes originales.
Si la réalisation n’a comme la plupart du temps rien de particulier, le cadre choisi contribue lui aussi à donner à Koibumi son ambiance paisible : l’histoire se déroule à Kamakura, et les paysages de bord de mer sont donc très présents. La caméra les souligne bien dès qu’une scène se déroule à l’extérieur. Les images sont particulièrement jolies quand on voit Shôichi travailler sur le port de pêche, ou bien Kyôko arpenter la route côtière à vélo.
L’histoire de Koibumi repose sur un personnage et une situation vraiment particuliers qu’il faut parvenir à accepter, et je pense que le drama ne pourra pas plaire à tout le monde. Pourtant, sans qu’il soit une véritable révélation, j’ai beaucoup apprécié le drama pour ses thématiques, ses personnages travaillés et son ambiance unique en son genre. C’est une histoire triste, mais belle, et pas déprimante. Ceux qui apprécient les scénarios d’Okada Yoshikazu ou les acteurs présents devraient je pense donner sa chance à la série. Pour ça, il faut se motiver et passer outre la piètre qualité vidéo (le pire étant 2 épisodes où son et image sont désynchronisés -_-), mais peut-être existe-t-il une autre version que celle que j’ai trouvée ^^.
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