Titre japonais : カルテット
Nombre d’épisodes : 10
Diffusé en : Hiver 2017
Chaîne de diffusion : TBS
Fiche : DramaWiki
Sakamoto Yûji faisant partie depuis quelque temps déjà de mon panthéon de scénaristes du petit écran japonais, il était évident que parmi les drama diffusés durant l’hiver 2017, son nouveau drama serait celui que je regarderais en priorité. C’est ce que j’ai fait début 2018, quelques mois après avoir vu Mondai no aru restaurant et alors qu’une nouvelle série écrite par le monsieur était déjà en cours de diffusion. Des fois que le nom du scénariste n’aurait pas suffit à me convaincre, Quartet avait pour lui un casting fort alléchant et des thèmes qui ne pouvaient qu’éveiller ma curiosité.
Deux hommes et deux femmes autour de la trentaine se réunissent le weekend dans une résidence secondaire de Karuizawa pour jouer de la musique. Ils se connaissent depuis peu, mais ont en commun pour trois d’entre eux le fait de ne pas avoir pu faire de leur passion leur métier. Au fil des répétitions et des représentations, chacun va se dévoiler aux autres sur fond d’amitié, d’amour, d’humour et de pas mal de mystères.
Matsu Takako joue le rôle de Maki Maki, l’une des deux violonistes du quartet. C’est la seule à avoir joué au niveau professionnel, et aussi la seule à être en couple. Et non, je n’ai pas fait d’erreur dans son nom, on a bien sûr une explication et ces nom et prénom homophones sont sans surprise sujet à plaisanteries dans le petit groupe. Je n’avais pas vu l’actrice depuis longtemps, en fait je ne l’avais pas vue dans beaucoup de rôles au final mais elle m’a toujours été sympathique. Je l’ai trouvée très juste et très classe dans ce rôle de femme sage qui s’avère rapidement un poil ambiguë.
Ce n’était pas une surprise de voir Mitsushima Hikari dans un drama scénarisé par Sakamoto. Je réalise que ce n’était en fait que la deuxième fois que je la voyais dans un rôle important. On est immédiatement sous le charme du personnage de Suzume, qui exploite juste ce qu’il faut le côté gamine de son interprète, et qui semble bel et bien aussi frêle qu’un moineau quand elle porte sur le dos son imposant violoncelle. Elle joue toujours pieds nus, et est capable de s’endormir à peu près n’importe où.
Au moment de découvrir le casting du drama avant sa diffusion, je ne connaissais pas du tout Takahashi Issei, qui incarne le personnage d’Iemori. Du coup, j’ai eu l’occasion de le voir avant de commencer mon visionnage mais même si je l’avais découvert avec ce rôle je pense que j’aurais été autant sous le charme. Outre le fait d’être harcelé par des recouvreurs de dettes, le joueur d’alto, a la particularité de ne pas porter de caleçon et surtout de pinailler et avoir de grandes théories sur des faits a priori insignifiants. J’ai adoré la manière dont le personnage criait OUAH ! OUAH ! quand il était dans une situation délicate.
Le dernier membre du quartet, qui est donc aussi violoniste, est Beppu. Il est issu d’une riche famille, à qui appartient la résidence de Karuizawa où les musiciens vont loger et faire leurs répétitions. A l’instar des trois autres acteurs avec qui il partage l’affiche, Matsuda Ryûhei fait partie de ceux qu’on n’a pas besoin de voir 36 fois pour se rendre compte qu’ils se démarquent dans le vaste monde du petit écran japonais. A l’inverse d’Ieomori qui est plutôt séducteur, Beppu est plutôt le bon copain qui n’a pas trop confiance en lui.
Vous me pardonnerez l’absence de détails supplémentaires sur les quatre personnages principaux, c’est un peu obligé. Leur passé tout comme leurs motivations actuelles forment les intrigues du drama et il n’est pas question de vous gâcher une miette du plaisir de la découverte. Déjà, rien que le fait de dire que l’histoire prend à plusieurs reprises une tournure totalement imprévue c’est presque trop en dire. L’ambiance de Quartet est très changeante, on passe du dramatique à l’absurde en un claquement de doigts, et si des sujets très sérieux sont abordés, la comédie et la romance ne sont jamais loin. Le côté suspense aurait de quoi surprendre venant de Sakamoto Yûji si l’on considère simplement ses derniers scénarios, mais si on remonte un peu plus loin on trouve Anata no tonari ni dareka iru, qui avait déjà une ambiance particulière qui n’est pas sans points communs. Après les deux couples de Saikou no rikon, le scénariste a donc choisi à nouveau de centrer son histoire sur un groupe de deux hommes et deux femmes. Si la dynamique est différente puisqu’il n’y a pas de couples formés ou sur le point de se séparer, l’occasion d’aborder des questions autour du mariage et de la famille est quand même là. Et avec le passé de certains protagonistes, Sakamoto évoque des sujets qui sont centraux dans d’autres de ses drama, en particulier Soredemo, ikite yuku.
Je ne peux pas m’empêcher de dire quelques mots sur une des scènes du premier épisode tellement elle reflète tout ce que j’aime chez le scénariste : nos quatre musiciens partagent leur dîner, et la conversation en vient sur le fait de mettre ou pas du jus de citrons sur les karaage de poulet. Sur un truc anodin à la limite de l’absurde, le scénariste créé une conversation qui met le doigts sur ces habitudes du quotidien, sur le fait de connaître la ou les personnes avec qui on vit, sur ce qui est important ou pas. C’est profond, et c’est en plus très drôle. Chaque personnage par ses petites habitudes et ses traits de caractère devient rapidement attachant, et si le comique se base souvent sur la répétition ça fait toujours mouche car c’est toujours dans un contexte subtile.
Il ne faut quand même pas que j’oublie de citer quelques personnages secondaires car même si le drama prend parfois presque des airs de huis clos (j’y reviens après), il y a bien sûrs quelques interventions et apparitions nécessaires au déroulement de l’histoire. Arisu (Yoshioka Riho) est la serveuse du restaurant de Karuizawa où le quartet se produit. Elle est…bizarre ? Louche ? Elle en a un grain ? Un peu de tout ça à la fois. On peut retrouver aussi Motai Masako, dans un rôle de belle-mère très suspicieuse qui lui va très bien. J’ai eu aussi le plaisir de retrouver Kikuchi Akiko, que j’ai découverte dans Mondai no aru restaurant. Là encore on ne la voit pas tant que ça, mais décidément cette actrice a vraiment un truc, j’espère bien qu’on lui confiera des rôles plus importants à l’avenir. Et puis on peut même retrouver un moment Kudô Kankurô (car oui, de temps en temps il joue aussi) ! Déjà que j’ai pensé à fond à Manhattan Love Story à cause de Karuizawa, c’était vraiment le ponpon :D.
Donc oui, Karuizawa, cette célèbre ville balnéaire dans les montagnes de Nagano où les résidences secondaires doivent coûter une blinde. Ca change bien de la capitale, surtout que l’histoire se déroule principalement en hiver. Et puis du coup, vu son côté mystérieux et décalé, Quartet a fini par me faire penser à Atami no sôsakan. Le style reste différent, mais y’a un truc avec les villes balnéaires japonaises je crois.
Lors de l’annonce du drama, j’ai tout de suite remarqué que Quartet était diffusé sur TBS alors que ces dernières années, Sakamoto a alterné entre Fuji TV et NTV. C’est en effet le premier drama du scénariste pour TBS, comme quoi il semble convoité ! Alors j’attends maintenant un asadora sur la NHK ! ^^ Quand on va voir du côté du staff, on voit que le producteur en chef de Quartet est Doi Nobuhiro, qui s’est occupé de… Manhattan Love Story et Unubore deka et aussi de pas mal d’autres drama de TBS que j’ai beaucoup appréciés. Et puis la page Wikipedia japonaise du drama comporte une anecdote intéressante quand à la présence de Matsu Takako : c’est Sano Ayumi membre de l’équipe de production ayant travaillé sur Unmei no hito (Doi était lui à la réalisation cette fois), qui souhaitait faire un drama où l’actrice aurait de nouveau un rôle dans le registre dramatique, cette fois plus en tête d’affiche.
Bon, depuis tout à l’heure je vous parle d’une série télé dont les quatre personnages principaux sont musiciens et je n’ai encore rien dit sur la musique ? Bien sûr, la passion pour leurs instruments respectifs des membres du très spécial quartet est l’un des thèmes du drama. Réussir à passer pro n’est pas qu’une question de talent et l’univers des musiciens professionnels est impitoyable. Est-ce que ne pas vouloir se résigner et vivre de petits boulots est simplement une preuve d’immaturité ou de naïveté ? J’ai aimé la manière dont la musique participait à la structure des épisodes du drama, surtout les premiers : les épisodes s’achèvent par la représentation du quartet, et le morceau interprété est en rapport avec le thème central de l’épisode en question. J’ai beaucoup aimé le choix des morceaux, la plupart du temps bien connus. J’ai eu notamment le plaisir de pouvoir entendre une de mes oeuvres classiques préférées. Mais on va au-delà aussi du répertoire auquel on s’attend pour un quartet, avec un morceau d’un certain compositeur français contemporain. Comme pour le reste, je vous laisse découvrir ).
L’OST du drama est composé par le groupe fox capture plan et est dans l’ensemble très sympa, un poil différent que ce qu’on entend le plus souvent. Je dois quand même avoué qu’avec les mois ayant passé depuis que j’ai terminé Quartet, je ne me souvenais pas vraiment des mélodies car l’OST a tendance à être éclipsé par le spectaculaire générique de fin. Comme dans Saikou no rikon, on retrouve une véritable mise en scène des quatre personnages principaux dans une ambiance chic et feutrée où ils ont tous la grande classe. Mais cette fois, en plus, ce sont eux qui chantent ! En fait, j’avais déjà entendu la chanson une ou deux fois chez mon primeur (sponsor officiel de mon actualité musicale japonaise since 2015) et je m’étais dit : oh mais le style de cette chanson, je crois bien savoir qui l’a composée ! Et effectivement, c’est bien Shiina Ringo, qui a sorti par la suite deux versions de la chanson où elle chante elle-même, dont celle-ci. Mais en fait c’est vraiment cette version Quartet Doughuts Hole (oui, c’est leur nom dans la série !) que je préfère. Matsu Takako et Mitsushima Hikari étant à la base chanteuses, évidemment il n’y a rien à redire. Et ces deux messieurs qui font les choeurs, c’est absolument génial. Vraiment, ce générique, c’est le clou du spectacle, pour rien au monde on n’éteindrait son écran avant !
Mission plus qu’accomplie pour Quartet ! Même en connaissant déjà pas mal Sakamoto, il a réussi à me surprendre en choisissant un registre encore un peu différent mais où ses dialogues riches, son humour et sa manière de mettre le doigt sur de multiples questions autour des relations aux autres et de la société japonaise fonctionnent parfaitement. Chacun des quatre acteurs principaux rendent parfaitement hommage à l’écriture des personnages, et le petit groupe est inoubliable. J’espère bien que Sakamoto resignera avec TBS, et de toute façon quelle que soit la chaîne il reste clairement l’un des scénaristes du petit écran japonais à suivre. Si ce n’est pas déjà fait, ne ratez pas cette occasion de découvrir ce qu’il fait !
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