[Drama] Massan

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Titre japonais : マッサン
Nombre d’épisodes : 150
Diffusé en : Automne 2014 – Hiver 2015
Chaîne de diffusion : NHK
Fiche : DramaWiki

S’il est bien sûr habituel d’entendre parler d’un asadora plusieurs mois avant le début de sa diffusion pour annoncer le casting et les grandes lignes de l’histoire, Massan a certainement fait plus parler de lui que les autres. Et ça n’est pas du tout parce qu’il se proposait d’explorer un genre nouveau étant donné qu’il reprend le contexte historique de première moitié du 20ème siècle qui est le cadre de tant de feuilletons du matin, à commencer par les deux qui l’ont directement précédé, Gochisôsan et Hanako to Anne. Si Massan a fait parlé de lui, c’est d’abord en raison de son titre, qui fait directement référence à un personnage masculin, ce qui est extrêmement rare pour un asadora, le type de série mettant toujours au premier plan depuis ses débuts un personnage féminin. Mais rassurez-vous, la vraie héroïne de Massan est en fait bien une femme, et c’est justement le deuxième point qui a fait parler : pour la toute première fois, une actrice non japonaise allait avoir le premier rôle. Du coup, on a pu voir plusieurs articles évoquant directement le casting organisé par la NHK pour trouver la perle rare ! Avant d’aller plus loin, un petit résumé de l’histoire permettra d’y voir plus clair ^^.

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Hiroshima, années 1920. Kameyama Masaharu est de retour au pays après deux ans passés en Ecosse, où il a été envoyé par son patron pour étudier de près le procédé de fabrication du whisky. A la grande surprise de sa famille, le jeune homme ramène avec lui Ellie, une blonde écossaise qu’il vient d’épouser et avec qui il compte vivre au Japon. Un double défi attend la jeune Occidentale : se faire accepter dans son pays d’accueil où les étrangers sont si rares, et soutenir son mari dans la réalisation de son rêve, produire un whisky japonais capable de rivaliser avec son modèle écossais. Un long et difficile parcours s’annonce pour notre couple mixte !

Massan s’inspire directement de la vie de Taketsuru Masataka, considéré comme le père du whisky japonais, et de sa femme Rita. Plusieurs autres personnages du drama ont eux aussi pour modèles des personnes ayant réellement existé. L’histoire débute d’une manière qui diffère de la plupart des asadora puisque les personnages sont déjà adultes, et le couple vedette est déjà formé. Le spectateur a le droit à quelques flash-back sur la rencontre de Masaharu et Eri en Ecosse, on aperçoit la famille d’Eri, mais pas grand chose de plus. On entre directement dans le vif du sujet : l’installation du couple au Japon et la quête du whisky.

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Commençons par présenter notre maniaque d’orge et de tourbe, puisqu’il a le privilège de donner son nom à la série (Massan est une contraction de Masaharu-san qu’Ellie se met rapidement à utiliser). Il en faut de la détermination et de la ténacité pour pouvoir réaliser un rêve comme celui du jeune homme, et il en a. Il se montre même parfois très têtu, et quand un moment l’un des personnages du drama évoque l’image du sanglier, il a bien raison. Il ne voit que son objectif et veut foncer sans écouter ce qu’on lui dit. Mais ce côté borné fait aussi que des fois, quand il a décidé que ça n’était pas possible, il se dégonfle d’un coup ! C’est aussi un grand rêveur, et c’est bien son enthousiasme qui vont amener sa femme et d’autres personnes à le suivre dans ses projets. Tamayama Tetsuji est vraiment sympa dans ce rôle et sait rendre le personnage attachant malgré ses défauts.

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Ellie a décidé de suivre Massan malgré l’opposition de sa famille. Elle a quitté l’Ecosse en étant brouillée avec sa mère, qu’elle ne reverra sans doute jamais. De la détermination, la jeune femme en a à revendre et heureusement car elle en aura besoin sur le long terme pour surmonter pas mal d’épreuves et soutenir son homme quand il flanchera. Car elle y croit fort à son rêve, et heureusement, elle a raison ! Si elle n’est pas du genre à se laisser faire, Ellie sait se montrer plus tempérée que Massan. Ses qualités sociales et sa gentillesse vont beaucoup l’aider à s’intégrer, et comme toute bonne héroïne d’asadora elle jouera souvent un rôle important dans la résolution des problèmes de son entourage (avec toujours cette légère impression de mettre toujours son nez dans les affaires des autres, certes ^^).

J’appréhendais beaucoup la manière dont le personnage serait écrit et joué. Même si c’est dans les drama de la NHK que les étrangers sont représentés de la manière la moins caricaturale, il s’agissait cette fois du rôle principal. Mais franchement, même si comme je le dirai plus loin la présence d’un personnage non-japonais entraîne en effet la présence de pas mal de points discutables, pour ce qui est d’Ellie elle-même, il n’y a pas grand chose à reprocher. Les Japonais ont peut-être un autre avis, mais je trouve que ça se voir à peine que Charlotte Kate Fox comprenait pas ou peu le japonais, et c’est une vraie performance de se souvenir des répliques et de jouer dans ces conditions. Je l’ai trouvée vraiment juste dans l’expression de toutes les émotions, on sent le côté occidental de son jeu mais il s’intègre quand même bien avec celui de tous les acteurs japonais qui l’entourent. Je ne pense pas qu’elle pouvait faire mieux étant donné les choix faits au niveau de la réalisation et du scénario.

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Kameyama Sanae, la mère de Massan, est une femme méchante et détestable. Voilà, c’est dit. Elle va catégoriquement s’opposer au mariage de son fils avec une étrangère, refuser de considérer Ellie comme un membre de la famille et lui répéter sans cesse de rentrer chez elle. Alors oui, évidemment, vu l’époque, tout ça, c’est surtout par ignorance et par soucis excessif de l’image donnée aux autres. C’est bien normal qu’elle ait des appréhensions, mais elle ne cherche pas du tout à accepter. On sait d’où vient le côté têtu de Massan en tout cas ! C’est soi-disant pour le bonheur de son fils qu’elle ne veut pas entendre parler de l’Écossaise, mais c’est surtout sa vision à elle de ce que devrait être le bonheur. En fait, elle ne supporte pas de toute façon que Massan ait décidé de se lancer dans la production de whisky alors qu’il devait succéder à son père dans l’entreprise familiale de production de saké. Et elle se sent doublement obligée de faire respecter la tradition car l’entreprise vient de sa famille à elle, et pas de celle de son mari. Au bout d’un moment, j’ai décidé que même si elle finissait par changer d’avis, je n’aurai aucune sympathie pour elle ! Je sais que ce type de personnage méchant est souvent de mise dans les asadora historiques, mais là c’est trop, du coup il n’y a plus d’intérêt. Izumi Pinko a des regards et des intonations de dédain qui sont vraiment admirables, mais à double tranchant. Elle rend le personnage à la fois plus crédible et plus détestable !

Masashi (Maeda Gin), le père de Massan, va mieux accepter le fait que son fils ne compte pas lui succéder, même s’il ne connaît rien au whisky. Si la soeur cadette de la famille va rapidement se prendre d’affection pour sa blonde belle-soeur, l’aînée (Nishida Naomi) va se montrer en revanche plus réservée. Mais son comportement semble plutôt dû à son côté terre à terre et elle est loin d’être aussi méchante que sa mère.

Après avoir passé quelque temps auprès de sa famille à Hiroshima suite à son retour d’Ecosse, Massan décide rapidement d’aller à Osaka, où se trouve l’entreprise de celui qui l’avait envoyé s’instruire à l’étranger. Le couple a bien sûr l’occasion de revenir à Hiroshima par la suite, mais au final on ne voit pas tant que ça la famille Kameyama.

Tanaka Daisaku (Nishikawa Kiyoshi), le patron de Massan, place beaucoup d’espoirs dans son jeune employé, qu’il considère un peu comme un fils. A son arrivée à Osaka, Ellie va faire la connaissance de sa fille unique, Yûko (Aibu Saki). Celle-ci a des raisons de détester notre héroïne, et on ne lui en veut pas trop car elle se retrouve dans une situation peu enviable. A travers son comportement, on nous montre à quel point il est facile d’utiliser les différences d’une personne pour la blesser et tenter de l’humilier.

Eri va également faire la connaissance très rapidement d’une femme au caractère assez original qui, bien que japonaise, se fait communément appeler Catherine. Elle est mariée avec un Anglais (qu’on ne voit pas une seule fois il me semble), et est donc la plus à même de comprendre Eri et de lui donner des conseils. Grâce à elle, notre Écossaise va pouvoir s’intégrer dans son nouveau quartier. J’aime beaucoup Hamada Mari et je l’ai trouvée vraiment amusante dans ce rôle un peu décalé.

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En poursuivant sa quête, Massan va faire la connaissance de Kamoi Kinjirô, surnommé Taishô, directeur de l’entreprise de production de boissons Kamoi, représentant ce qui est en réalité l’ancêtre du géant Suntory. Tsutsumi Shinichi est parfait dans le rôle de cet homme énergique, original et intransigeant qui tente d’innover sur le marché des boissons en proposant de nouveaux produits et en utilisant de nouvelles techniques de vente. D’un caractère très différent de Massan, il va souvent être en conflit avec lui, mais il va s’avérer que les deux hommes ont une certaine complémentarité. La relation d’amitié que Kamoi va lier avec Ellie est très sympathique.

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Notre couple vedette va rencontrer également le fils de Kamoi, Eiichirô (Asaka Kôdai). La relation entre le jeune homme et son père est très conflictuelle. Il reproche à ce dernier son manque de présence pour sa famille et son insensibilité. Il y a vraisemblablement des non-dits qui remontent à loin chez les Kamoi ! Les rapports compliqués entre père et fils sont souvent illustrés dans les drama en général et dans les asadora en particulier (par exemple, le frère et le père de Hana dans Hanako to Anne), et généralement je trouve ça intéressant. C’est encore le cas cette fois.

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Toshio, alias Toshi-nii, a quelques années de plus que Massan et travaille depuis longtemps dans la fabrique de saké du père de ce dernier. S’il ne jure d’abord que par le riz et ne veut pas entendre parler de l’orge, Massan va le convaincre de quitter Hiroshima et de le suivre dans son aventure. Yashima Norito fait partie de ces acteurs que je vois toujours dans des rôles secondaires pas vraiment différents les uns des autres mais dont je ne me lasse pas. Un peu râleur, un peu de mauvaise fois, un peu maladroit, le personnage est forcément sympathique !

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Après Osaka, la carrière de Massan va l’amener à s’installer à Hokkaido. A ce moment de l’histoire, les personnages qui entourent notre couple pionnier du whisky vont donc presque tous changer. Ellie et Massan vont devenir très proche de la famille Morino. Le père, Kumatora, est un ancien pêcheur au caractère explosif interprété par Kazama Morio, le père du mangaka de Gegege no Nyôbo.

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Son fils Kazuma (Horii Arata) ne s’entend pas du tout bien avec lui. On a donc une autre relation père / fils conflictuelle qui prend directement suite à celle des Kamoi. S’il y a des points communs au départ (le conflit prend ses sources au moment de la mort de la mère pendant l’enfance), les événements qui vont accompagner l’évolution et la réconciliation sont bien différents et évitent un sentiment de répétition. La soeur aînée de Kazuma, Hana (la toujours très sympathique Koike Eiko) tente toujours avec sa franchise et sa bonne humeur de tempérer l’ambiance du foyer. Je n’en dirai pas plus sur les Morino car il ne faut quand même pas que je dévoile tout le parcours de Massan ! ^^

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On ne peut pas dire que je garde le meilleur pour la fin car le dernier personnage que j’évoque est celui qui m’a sans doute le plus énervée. Je ne dirai pas qui exactement est Ema et à quel moment elle apparaît, mais que ça soit dans sa version enfant (Sumida Moeno, pas du tout mignonne) ou dans sa version ado (Yûki Mio, dont l’apparence squelettique ne m’est pas du tout revenue), je n’ai pas du tout accroché au personnage. Son caractère puant à l’adolescence est digne d’un shôjo contemporain raté et n’a pas du tout sa place dans l’histoire. Je dis pas que les ados faisaient pas leur crise dans la première partie du 20ème siècle, mais là il y a vraiment un gros décalage.

Ce décalage, qui tient presque de l’anachronisme parfois, est également visible dans la manière de voir les relations entre les Japonais et les étrangers. Il semble évident que le point de vue est contemporain et ne se base pas vraiment sur des sources historiques. On a un peu l’impression que l’équipe de production a fait un micro-trottoir pour demander aux gens ce qui leur venait à l’esprit quand on évoquait des étrangers au Japon, et on a donc le droit à tous les clichés. Bien sûr, Ellie ne sait pas tenir des baguettes et c’est la honte. Bien sûr, Ellie est une grosse crado qui ne se déchausse pas pour rentrer dans une maison. Bien sûr, Ellie est prête à prendre dans ses bras n’importe qui pour le saluer, car c’est évident que c’est ce que faisaient tous les Écossais dans les années 20 ! Et bien sûr, Ellie est blond platine, des fois qu’on finisse par la prendre pour une autochtone. Au bout du compte, le public japonais a ce qu’il attendait et ne risque pas de sortir de ces lieux communs. La ménagère japonaise a juste dû se dire en voyant Ellie si sympathique que les étrangers étaient pas si méchants que ça :D.

Ellie râle parce que son mari ne pense qu’à son boulot et rentre tard sans la prévenir. Il aurait pu envoyer un SMS quoi ! XD Elle se révolte contre le mariage arrangé d’une personne de son entourage. C’est bien connu, toutes les Occidentales se mariaient par amour dans l’entre-deux guerres ! Même si la première guerre mondiale était passée par là et avait permis aux Européennes de s’émanciper dans une certaine mesure, il me semble clair que ces réactions ne sont pas appropriées. Mais avec ce genre de questions sur la place de la femme et les réactions machistes de Massan, on a l’impression, tout ça parce qu’on a affaire à une Occidentale, qu’on devrait plus se sentir outrés que pour toutes les scènes similaires vues dans des drama d’époque mettant en scène des couples 100 % japonais. Mais au bout du compte, il n’y a aucune raison. L’idée de mettre en scène un couple mixte est loin d’être mauvaise, mais à ce moment-là pourquoi ne pas l’exploiter à fond dans une série avec un contexte contemporain et la traiter comme une vraie question de société ? Pourquoi devoir attendre de mettre en scène une femme occidentale pour traiter de la place de la femme dans le couple et la famille alors qu’il y a tant d’occasions de le faire à chaque saison ?

Un dernier point par rapport au traitement de la question de l’intégration d’une étrangère et des différences culturelles : pour tenter d’être acceptée par sa belle-mère, Ellie lui promet qu’elle va devenir japonaise. Qu’est-ce que ça veut dire exactement ? Juste qu’elle compte maîtriser les tâches ménagère pour devenir une aussi bonne épouse qu’une autochtone pour que la vieille n’ait rien à y redire, au bout du compte. Mais pourquoi devenir japonaise ? Qu’est-ce que ça veut dire dans un pays où aujourd’hui encore quand on est caucasien ou noir cela nous colle automatiquement l’étiquette d’étranger (et de touriste en même temps…) ? Devenir japonaise, est-ce ne plus être écossaise ? Ellie peut-être renier et oublier toute sa culture, a-t-elle une raison valable de le faire ? Bref, vu qu’il ne s’agissait sûrement pas de parler simplement de nationalité, j’ai trouvé cette manière de dire les choses vraiment tordue. Ca me fait penser que pour ce qui est du point de vue légal, je me demande quelles étaient les conditions de séjour pour les étrangers au Japon à l’époque. On n’entend pas Ellie dire qu’elle doit retourner au bureau de l’immigration pour renouveler son visa d’épouse XD.

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 Je ne prétends pas que tout est à jeter dans la manière dont l’intégration d’Ellie et sa relation avec son mari sont traitées. Je n’ai pas trouvé plus de points communs entre le couple de Massan et Ellie et le mien qu’avec n’importe quel autre couple, tout simplement car je n’ai pas vraiment le même caractère qu’elle et mon mari n’a pas vraiment le même caractère que Massan. Ce que je veux dire, c’est que je ne nie pas l’influence qu’a la différence de culture, mais qu’elle ne conditionne pas non plus tout, même si la limite n’est pas toujours très claire. Ceux qui veulent en savoir plus sur les réactions des étrangères au Japon et la manière dont les relations de couple bi-nationales ont été pensées dans le drama pourront lire cet article du Japan Times.

Le moment où le fait d’avoir une héroïne étrangère prend vraiment son intérêt, c’est quand la grande Histoire vient influencer le quotidien de notre couple. Ellie est citoyenne d’un pays qui se retrouve dans le camp opposé au Japon pendant la deuxième guerre mondiale, elle parle la même langue que le grand ennemi américain. Comment va-t-elle percevoir le conflit ? Comment va-t-elle être considérée par son entourage ? Va-t-elle même pouvoir rester au Japon ? Si la période de la guerre est traitée dans tous les asadora d’époque, le contexte de Massan permet d’avoir encore une approche un peu différente, également grâce au lieu où se trouvent les personnages principaux pendant le conflit et à l’activité exercée par Massan.

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Si j’ai admiré la performance de Charlotte Kate Fox en japonais, j’ai regretté que la NHK choisisse la solution de facilité et privilégie le confort du spectateur par rapport au réalisme de l’apprentissage d’une langue et au naturel d’une communication impliquant deux langues différentes. Si bien sûr Ellie bute sur certains mots de vocabulaire, elle parvient en un rien de temps à construire des phrases super idiomatiques et à comprendre ses interlocuteurs japonais même quand ils parlent super vite et/ou n’articulent pas. Dans des moments d’émotion forte, sa langue maternelle reprend quelquefois le dessus, sur ce point c’est très crédible. Mais pourquoi, surtout dans la première partie du drama, ne parle-t-elle quasiment pas en anglais avec son mari alors que celui-ci connait beaucoup mieux cette langue qu’elle ne connait le japonais ? Tout simplement parce que ça serait trop fatigant pour le spectateur d’avoir des sous-titres, voyons ! Les cours de langue, la NHK en diffuse certains soirs de semaine, on va pas non plus embêter les gens avec ça le matin de bonne heure ! ^^. Pourtant, ça serait très esprit Tokyo 2020, non ? 😀 Ce que j’ai trouvé encore plus ridicule, et heureusement que ces scènes étaient rares, c’était les doublages en japonais affreux de la famille d’Ellie dans les flash-back, qui se superposaient aux vraies voix en anglais des acteurs. Les intonations sonnaient faux et cassaient complètement l’ambiance !

Ce que j’ai le plus apprécié dans le drama, c’est en fait tout l’aspect concernant le whisky. J’ai toujours détesté le whisky, et je n’ai pas eu de soudaine révélation en entendant Massan vanter les merveilles de cette boisson et en le voyant s’en délecter. Par contre, ça a dû être le cas de certaines personnes, car le whisky a apparemment connu un regain d’intérêt grâce à la série, et les ventes des plus grandes marques japonaises ont grimpé. En plus, c’est en pleine diffusion du drama qu’il a été annoncé que le whisky Suntory avait été élu meilleur whisky du monde, devançant entre autres ses concurrents écossais. Cela fait écho à quelque chose que j’ai trouvé judicieusement mis en avant : Massan doit faire face à de nombreux Japonais qui disent que le whisky ne se vendra jamais car il n’est pas au goût des autochtones, mais aussi à des Écossais qui le prennent de haut et pensent qu’un petit jaune ne sera jamais capable de fabriquer du vrai whisky. Dans les dents, on peut dire ! ^^. En tout cas, que ça soit du côté du procédé de fabrication lui-même ou bien tout ce qui concerne les problématiques de la vente du produit et de son adaptation au public ciblé, le drama se montre très instructif.

https://www.youtube.com/watch?v=4MPbK_gph_4

Si j’ai trouvé que la mélodie du thème principal de Massan ressemblait un peu trop à celle de la partie instrumentale du célèbre My heart will go on de Titanic, la bande sonore du drama est dans l’ensemble agréable, mais pas non plus inoubliable. On nous sort bien sûr de temps en temps la cornemuse et les violons (ces derniers pour le coup font plutôt irlandais je trouve), et on entend régulièrement la mélodie de la chanson traditionnelle Auld Lang Syne, plus connue dans les contrées francophones sous le titre Ce n’est qu’un au revoir. Elle fait partie des chansons que l’héroïne fredonne régulièrement.
La chanson du générique de début est signée Nakajima Miyuki et créé je trouve une ambiance réussie. La chanteuse a une voix et un univers sonore particulier, mais pour un générique ça fonctionne vraiment bien et c’est toujours mieux que de se coltiner du SMAP par exemple, surtout pour un drama d’époque (je fais allusion à Umechan-sensei, que je n’ai même pas vu ^^).

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En mettant en avant à la fois les défauts et les qualités du drama, j’en suis venue à la conclusion que l’histoire de Massan n’aurait pas dû faire l’objet d’un asadora, mais aurait dû être adaptée dans un autre format. Un drama spécial en deux ou trois parties, par exemple. D’abord, on a le whisky, thème très intéressant comme je viens de le dire, mais qui ne peut pas occuper 150 épisodes de 15 minutes. Ensuite, on a cette héroïne atypique car étrangère, mais tout ce qui tourne autour de cette originalité est globalement maladroit car trop peu ancré sur des faits historiques, contrairement à l’histoire du whisky japonais. Il nous reste un dernier tiers à remplir, on fait quoi ? Mais ce qu’on fait dans tous les asadora, des petites histoires impliquant tel ou tel personnage secondaire qui relance chaque semaine l’intrigue. Et sur ce point, hormis au moment de la guerre, le drama n’apporte absolument rien de nouveau, et sans même parler d’originalité, rien qui soit plus touchant que d’autres asadora d’époque. C’est du pur remplissage qui a tendance à atténuer l’attrait du sujet principal en le faisant traîner en longueur.

Au final, c’est bien ça : on pense que Massan est un drama à part à cause de son héroïne, mais on se rend compte qu’il est aussi classique que n’importe quel asadora du genre. Mais en fait, je ne peux même pas dire que j’ai été déçue : j’étais curieuse de voir ce que ça donnerait, c’est certain, mais dans le fond je savais peut-être déjà que le format conditionnerait trop l’histoire et l’approche des thèmes choisis. Massan était sympa à suivre au quotidien, mais je n’ai pas non plus regretté que la série se termine, et je ne pense pas que je l’aurais dévorée si tous les épisodes avaient été à ma disposition dès le départ. Même si on y trouve un bon nombre de personnages sympathiques, je ne peux pas le recommander chaudement. Mais ceux qui apprécient vraiment le genre asadora ainsi qu’une thématique un peu économique et industrielle pourront y trouver leur compte.

3 Comments

  1. Tu rigoles mais moi n’étant pas fan de whisky bah j’adhère totalement au whisky japonais. Et Nikka fait du très bon avec un petit goût de pomme et j’ai adoré ^^

    Bref, j’ai pas vu le drama mais j’ai visité la distillerie en question et là le mélange des genres écossais et japonais se voit beaucoup mieux. L’intérieur de Massan et Rita était bien plus européen que japonais par exemple. Donc j’ai pas l’impression que le drama soit vraiment une bonne reconstitution historique.

  2. Tant qu’il y a cette forte odeur de tourbe ça me donne la nausée quel que soit le whisky ! Jamais essayé le Nikka mais le Suntory, pas senti la différence avec les autres XD. De toute façon, les aliments ou les boissons qui ont un goût et une odeur aussi prononcée, la plupart du temps soit on adore soit on déteste !
    La partie du drama qui se passe à Yoichi a vraiment été tournée là-bas, et en effet l’intérieur de la maison est très occidental. Déjà quand ils sont à Osaka ils font des travaux et leur salon s’occidentalise. Ils ont des lits même si la chambre reste une pièce japonaise. Donc pour moi le problème de reconstitution historique n’est pas à ce niveau-là mais plutôt pour les vêtements d’Ellie, qui mélangent un peu trop d’époques !

  3. Je le regardais le matin, c’était bien. J’avais rigole car je l’avais retrouvé lorsque j’étais à Kyoto à l’hôtel caspsule, je pouvais donC regarder la bas.

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