Titre japonais : ゴーイング マイ ホーム
Nombre d’épisodes : 10
Diffusé en : Automne 2012
Chaîne de diffusion : Fuji TV
Fiche : DramaWiki
Ce drama avait fait partie de ceux que j’avais le plus attendus pour la saison de l’automne 2012, et j’avais suivi les 2 ou 3 premiers épisodes lors de leur diffusion sur Fuji TV. Malgré mon enthousiasme, j’avais renoncé à aller plus loin face aux contraintes des horaires et des pubs, mais aussi parce que je sentais que je passais à côté de trop de choses sans sous-titres dans une autre langue que le japonais, les dialogues étant denses et particulièrement importants. Les aléas de ma consommation dramatesque ont fait que j’ai mis la série de côté pas mal de temps, mais je ne l’ai pas du tout oubliée, et j’ai enfin repris mon visionnage depuis le début au printemps de cette année.
Le printemps, c’est déjà loin, oui, mais ce n’est pas uniquement pour ça que c’est compliqué pour moi d’écrire sur Going my home (ça fait pas mal de temps maintenant que j’ai pris l’habitude de prendre des notes en cours de visionnage vu que je sais que des mois vont passer avant que je commence la rédaction de mes billets ^^). Le drama est en fait si particulier qu’il est difficile de lui rendre justice en suivant le format de rédaction qui s’est formé de lui-même au fur et à mesure de mes billets drama et duquel il m’est maintenant difficile de sortir au bout de tant d’années, surtout maintenant que mon rythme d’écriture est moins intensif. Je vais faire quand même ce que je peux, ma maniaquerie m’interdisant d’envisager de ne pas parler d’un drama que j’ai regardé entièrement surtout si je l’ai beaucoup apprécié (ça c’est dit déjà ! ^^). Il ne faudra pas vous arrêter là et lire les excellents articles que Livia a consacrés au drama, qui vous donneront certainement une meilleure idée sur lui ^^.
Tsuboi Ryôta travaille dans la réalisation de spots publicitaires et semble mener une vie heureuse avec sa femme et leur fille à Tokyo. Un jour, sa mère lui annonce que son père, Eisuke, a eu une attaque et est hospitalisé. Fait étrange, l’accident a eu lieu dans la campagne de Nagano dont Eisuke est originaire mais où il ne semblait plus se rendre depuis qu’il habitait la capitale. Alors que Ryôta se rend à son chevet, il aperçoit une mystérieuse inconnue lui rendre aussi visite. Ryôta n’est pas au bout de ses surprises : il va découvrir que son père, qu’il pensait très terre à terre, croit à l’existence de petites créatures forestières nommées Kuna.
Et voilà, on ne peut pas dire que mon résumé n’est pas juste, mais pourtant il est assez trompeur ! Il donne l’impression que le drama se base sur le suspense et le surnaturel, mais en fait pas du tout ! Ces éléments ne sont en fait qu’un prétexte pour mettre en valeur le véritable thème de Going my home, les relations familiales. Avant de continuer, il est plus que temps de rappeler que si la série est si particulière, c’est parce qu’elle a été écrite et réalisée par Kore-eda Hirokazu, dont les films trouvent apparemment plus d’écho en Occident qu’au Japon. Je suis loin de maîtriser sa filmographie, mais j’ai été marquée d’abord par Nobody knows puis Still Waking et I wish. Je n’ai toujours pas vu ses deux dernières réalisations, ce qui n’est pas si étonnant vu ma consommation quasi nulle de longs métrages (il aurait fallu qu’elles fassent partie du programme la dernière fois que j’ai pris un vol long courrier, en gros :D).
Kore-eda s’approprie très bien le format classique pour le petit écran d’une dizaine d’épisodes de 45 minutes et sa patte est immédiatement visible aussi bien dans les dialogues que dans la manière de filmer. Le spectateur est complètement immergé dans le quotidien des Tsuboi et de leur entourage, a l’impression d’être dans les mêmes lieux qu’eux à écouter leurs conversations du quotidien. La série comporte mille petits détails au niveau des dialogues ou du comportement des personnages qu’il serait complètement futile d’énumérer mais qui font tout son charme. Episode après épisode, on est invité à réfléchir sur les liens qui nous unissent à nos parents, à nos enfants, à notre conjoint. Nous sommes à leurs côtés tous les jours, depuis des années ou même depuis toujours, mais les connaissons-nous véritablement ?
Going my home comporte aussi en pointillés une réflexion sur le décalage entre le mode de vie urbain des grandes villes et celui de la campagne. La différence entre les grands immeubles de Tokyo et le village de Nagano entouré de montagnes et de forêts qui se dépeuple est flagrante. Il n’est pas question de donner de grandes leçons de démographie ou d’écologie, juste de mettre en parallèle ce phénomène à celui des liens familiaux pour montrer que dans les deux cas, il ne faut pas perdre de vue l’essentiel, et que les petites choses du quotidien auprès des gens qui nous sont chers sont les plus importantes.
J’ai beaucoup apprécié les deux domaines professionnels exposés à travers Ryôta et sa femme Sae. Les pubs télé et l’univers de la communication en général sont un peu tournés en dérision et l’on a un bon petit aperçu de la relation client-fournisseur à la japonaise. Sae travaille dans le domaine culinaire, et la cuisine familiale se transforme souvent en studio photo pour immortaliser les plats qu’elle prépare. La manière dont la caméra filme ses gestes lorsqu’elle cuisine résume à elle seule l’approche faite de tous ces petits détails, faits et gestes qui peuvent prendre tant d’importance quand ils sont vus dans leur ensemble.
Le casting du drama est excellent, que ce soit pour les rôles principaux ou secondaires. Abe Hiroshi, qui avait déjà tourné avec Kore-eda pour Still walking, tient sans surprise parfaitement le rôle de Ryôta. YOU, qui fait également partie de ceux que l’on retrouve dans la filmo du réalisateur scénariste, est sa soeur cadette Takiko. Yoshiyuki Kazuko est leur mère, Toshiko, pas toujours tendre au sujet de son mari (Natsuyagi Isao) malgré son état de santé. Viennent ensuite une poignée d’acteurs que j’ai pour certains souvent vus dans des drama : Yasuda Ken est le mari de Takiko, Nishida Toshiyuki est un ami d’enfance d’Eisuke resté à Nagano où il tient un petit cabinet de dentiste.
La jeune Makita Anju est adorable de naturel dans le rôle de Moe, la fille des Tsuboi. J’ai eu un petit coup de coeur pour Yamaguchi Tomoko, si pétillante est spontanée dans le rôle de Sae. J’ai enfin pu découvrir Miyazaki Aoi (Naho, la mystérieuse visiteuse), que je connaissais de nom depuis longtemps mais que je n’avais jamais vraiment vue dans une série. Abe Sadao incarne un chauffeur de taxi de Nagano un peu spécial qui va suivre Ryôta dans ses rêves, Eguchi Noriko est la bienveillante infirmière qui s’occupe d’Eisuke. Arai Hirofumi est le calme mais efficace collègue qui seconde Ryôta, Lily est la mère de Sae, et Bakarythm est le « petit » voisin de Ryôta qu’il croise le matin en partant. Chaque personnage, quel que soit sa fréquence et son temps d’apparition à l’écran, participe à sa manière à mettre en valeur le quotidien et les liens familiaux.
L’OST de Going my home consiste principalement en des mélodies enjouées et légères à la guitare dont la présence est très bien dosée et qu complètent parfaitement l’ambiance du drama. J’ai d’abord cru que Hirai Ken était l’interprète de la chanson du générique, mais il s’agit en fait de Makihara Noriyuki, qui a une voix assez haute très similaire. Ce n’est pas le genre de chanson que j’écouterais de moi-même, mais elle donne vraiment bien dans ce contexte de « quotidien merveilleux ».
Les Kuna existent-ils vraiment ? Ryôta et les autres vont-ils réussir à les trouver dans la forêt de Nagano ? Dans le fond, cela n’importe pas vraiment. Going my home ne se base pas du tout sur le suspense, mais sur l’instant présent, qu’il nous invite à savourer épisode après épisode, en évoquant notamment de multiples relations parent-enfant authentiques et touchantes. Le drama est une invitation subtile à un retour aux sources, à ce qui est essentiel dans nos vies. Si le fil narratif principal autour du père de Ryôta n’a rien de gai, le drama est rempli de douceur et de réconfort, et les situations qui font sourire et même franchement rire y sont multiples.
Il se passe à la fois peu de choses et énormément de choses, Si tout le monde n’appréciera pas le rythme et le ton, j’ai pour ma part été conquise et marquée par les messages transmis. On est dans un contexte très japonais, mais ces messages sont bel et bien universels et le drama a sûrement plus de chances d’interpeller le spectateur occidental peu familier des productions japonaises que beaucoup d’autres. Ce serait super que Kore-eda renouvelle l’expérience du petit écran, mais je ne suis pas sûre que Going my home ait eu le succès escompté. Pas celui qu’il méritait, en tout cas ^^.
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