Titre japonais : おひさま
Nombre d’épisodes : 156
Diffusé en : Printemps – Eté 2011
Chaîne de diffusion : NHK
Fiche : DramaWiki
Cela faisait pas mal de temps que je voulais tester un drama d’un autre format que ceux d’une dizaine d’épisodes de 45 minutes diffusés en soirée. Le billet de Kerydwen sur Churasan m’a convaincue qu’il fallait vraiment que je ne tarde plus à me lancer dans les asadora (drama du matin de la NHK), et j’aurais certainement commencé par cette série s’il n’y avait pas eu Ohisama. Le thème de ce drama me tentait beaucoup, et il se trouvait justement qu’une équipe de fansub travaillait à son sous-titrage, ce qui n’est pas si courant pour ce genre de séries, et explique sûrement en partie le fait qu’elles soient rarement mises en avant.
Ohisama raconte la vie de Sudô Yôko, une Japonaise née au début des années 1920. Le drama débute de nos jours, alors qu’une femme au foyer, Fusako, se perd en voiture et arrive par hasard dans une jolie maison où habite une vieille dame. Cette vieille dame, c’est Yôko. Fusako va se lier d’amitié avec elle et va lui demander de lui raconter l’histoire de sa vie. C’est donc la Yôko d’aujourd’hui qui est la narratrice de l’histoire, et son récit est articulé à travers différents allers-retours entre passé et présent. Ses conversations avec Fusako entretiennent efficacement la curiosité du spectateur sur les événements à venir. De plus, on a un petit aperçu de la vie de Fusako, et cela encre vraiment le récit dans le présent en mettant en quelque sorte les deux époques en parallèle.
L’histoire débute alors que Yôko a 10 ans et arrive avec sa famille de Tôkyô pour s’installer dans le village d’Azumino, dans le département de Nagano. Son père a décidé de quitter la ville pour la campagne, espérant que l’air frais des montagnes serait bénéfique à sa femme, en mauvaise santé. Yôko a deux grands frères et est donc la petite dernière de la famille. Le prénom de Yôko s’écrit avec le kanji du soleil, et sa mère l’a choisi car elle souhaitait que sa fille sourie toujours et soit un soleil pour tous les gens de son entourage. Cela explique le titre du drama : ohisama est une autre manière de nommer le soleil.
Nous suivons donc les différentes étapes de la vie de Yôko, qui est a la fois ordinaire et hors du commun, et est évidemment marquée par le contexte historique. Les années 30, le début de la guerre avec la Chine et la mobilisation du pays, la montée du militarisme, puis évidemment la guerre contre les Etats-Unis, l’endoctrinement de toute une nation pour un futur glorieux au nom de son empereur. Tous les jeunes hommes dans l’entourage de Yôko sont envoyés au front, certains d’entre eux de leur plein gré. Et bien sûr, ils n’en reviendront pas tous.
Yôko finit l’école primaire, continue sa scolarité dans un collège pour filles, et décide ensuite d’apprendre un métier, qu’elle exercera pendant les plus dures années de la guerre. Adolescente, elle va connaître son premier amour, puis plus tard elle va se marier, devenir mère, vivre dans sa belle-famille, changer de métier. La guerre se termine, et après plusieurs années difficiles le pays prend le chemin de la prospérité économique… Il y a tellement à dire ! Il se passe tellement de choses au cours de ces 156 épisodes de 15 minutes tout juste ! Mais il faut vraiment que je tienne ma langue et que je vous laisse le plaisir de la découverte.
Je dirais juste que j’ai trouvé que la période de la guerre était traitée de façon judicieuse. Evidemment, il ne s’agit pas d’une vue d’ensemble, et je ne m’attendais pas à ce qu’on évoque les crimes de guerre japonais ou des choses de ce genre, on est dans une fiction visant majoritairement les femmes au foyer, quand même ^^. Mais ces Japonais, à qui on a promis que leurs sacrifices ne seraient pas vains car leur pays gagnera forcément, on les voit douter, on les voit pleurer quand un fils ou un frère doit partir, puis on les voit soulagés que tout soit enfin terminé. Les différentes réactions face à la défaite, à l’occupant ou au chemin que doit prendre le pays sont également évoquées.
Jusqu’au trois ou quatre dernières dizaines d’épisodes, on ne sait pas encore à quel moment de la vie de Yôko l’histoire s’arrêtera et si on rejoindra le présent avec Fusako (personnage joué par Saitô Yuki). A un moment, il devient évident que non, on n’ira pas si loin. Si l’on est évidemment triste de quitter l’histoire et ses personnages, la fin est bien amenée et est un très bon compromis.
Il est évidemment très compliqué de parler des nombreuses personnes qui entourent Yôko sans en dévoiler trop : le simple fait de dire quel est la relation de telle personne par rapport à Yôko peut constituer un spoil. Commençons d’abord par les personnages qui ne présentent pas de risques. Enfin je dis ça, mais en fait je crois qu’il n’y a pas de personnage qui ne présente pas de risque de spoil…
Bon, commençons déjà avec Yôko ! C’est Yagi Yuki qui incarne Yôko enfant et elle est tout aussi convaincante que dans Bara no nai hanaya. La Yôko d’aujourd’hui est jouée par Wakao Ayako. Dans le présent, Yôko est supposée avoir plus de 80 ans. Je sais bien que les Japonais font toujours plus jeune que leur âge, mais là on voit bien que l’actrice n’a pas encore cet âge. A part ça, je l’ai vraiment beaucoup aimée.
C’est Inoue Mao qui joue Yôko adolescente et adulte. Par rapport à son temps de présence à l’écran qui est conséquent, j’ai trouvé que l’actrice se débrouillait franchement bien, et on voit bien la différence entre ses jours de lycéenne et quand elle est mariée et mère plusieurs années plus tard. Yôko a un petit côté naïf qui fait que quel que soit son âge, les gens de son entourage aiment la taquiner, que ce soit ses deux frères, ses deux meilleures amies ou plus tard sa belle-famille. Evidemment, on ne peut que s’attacher à elle et partager ses sentiments au fil des épisodes.
Makiko et Ikuko sont les deux meilleures amies de Yôko. Les trois jeunes filles se sont connues au collège pour filles et sont inséparables. Elles resteront amies très longtemps, même quand elles ne pourront plus se voir tous les jours. Makiko (jouée par la jolie Maiko) est issue d’une famille de riches propriétaires terriens. Son père, joué par Hiraizumi Sei, est d’ailleurs surnommé l’empereur d’Azumino. Makiko n’a pourtant rien d’une petite fille capricieuse et gâtée. Elle a les pieds sur terre et va tant que possible essayer de mener sa vie comme elle l’entend.
Ikuko est d’une famille de commerçants plus modeste. C’est la plus « dévergondée » et la plus impertinente des trois filles, et j’ai beaucoup aimée Mitsushima Hikari dans ce rôle. Au final, à côté de ses deux amies si modernes à leur façon, c’est Yôko qui est la plus sage et aura la vie la plus calme. Mais cela ne veut pas dire évidemment qu’il ne se passe rien pour elle, je crois que vous l’avez bien compris !
A travers ces trois jeunes filles puis jeunes femmes ainsi que la grande majorité des autres personnages féminins qui apparaissent, le drama est un véritable petit hymne aux femmes, symbolisé par le slogan Joseitachi, yoki jinsei wo ! (Ladies, enjoy your lives!– l’anglais n’a rien d’innocent ici ^^), mais sans pour autant verser dans le féminisme dur en donnant le mauvais rôle aux hommes. Que ce soit pendant la guerre ou après, la question du travail des femmes, de leur mariage ou de leur rôle de mère est évoquée de différentes façon.
Autre élément qui n’est pas directement lié mais qui concerne aussi les femmes et que je tiens à relever, c’est la relation que Yôko aura avec sa belle-mère. Là où il aurait été si facile de nous sortir une belle-mère tyrannique qui dresse son fils contre sa belle-fille (et si on le voit si souvent, fiction japonaise ou pas, c’est bien parce que ça existe ^^), le scénariste a opté pour une relation harmonieuse et surtout une véritable affection entre les deux femmes, qui trouve en partie son origine dans le passé de chacune.
La mère de Yôko est jouée par la jolie Harada Tomoyo, et son père par Terawaki Yasufumi. Je ne peux malheureusement en dire plus sur le couple Sudô sans en dévoiler trop, mais je les ai appréciés tous les deux. En fait, je crois que j’ai aimé tous les personnages d’une façon ou d’une autre, et qu’il n’y a vraiment aucune faille dans la distribution des rôles.
L’aîné des fils Sudô, Haruki, est joué par Tanaka Kei. C’est un acteur que j’ai vu dans de nombreux petits rôles qui n’étaient jamais mémorables, mais là, avec les années, je trouve qu’il se distingue plus, et je l’ai trouvé vraiment sympa dans ce rôle de frère aîné. Nagayama Kento, le petit frère d’Eita, joue Shigeki, le frère cadet. Shigeki n’est pas bon à l’école et a l’impression d’être un vilain petit canard à côté de son frère qui est très doué. Il lui faudra du temps pour trouver sa place. Le personnage est lui aussi très attachant.
Itô Ayumi, que je n’avais jamais vue dans un drama mais qui joue dans deux films d’Iwai Shunji (Swallowtail et All about Lily Chou Chou), incarne le personnage de Natsuko, institutrice de Yôko à l’école primaire d’Azumino. Outre le fait que l’actrice est super jolie, j’ai beaucoup aimé le caractère enjoué et optimiste du personnage, et sa complicité avec Yôko.
Maruyama Tokuko est un personnage très important dans l’histoire, dont je ne peux révéler la relation avec Yôko. Son personnage est incarné par Higuchi Kanako, que je ne connaissais pas mais que j’ai adorée pour la spontanéité et le petit grain de folie qu’elle donne au personnage. J’ai adoré le couple qu’elle forme avec son mari (Kushida Kazuyoshi, lui aussi adorable). Je ne sais pas si c’est parce que c’est lui qui est entré dans la famille Maruyama pour reprendre l’affaire familiale, mais il y a une égalité et une affection dans le couple qu’on ne voit pas si souvent dans les drama se passant aujourd’hui.
J’ai eu également un véritable coup de coeur pour le personnage de Maruyama Kazunari, leur fils. Quand on regarde la fiche Dramawiki de Kôra Kengô, son look de racaille ne donne pas franchement envie de le voir jouer, mais il est vraiment excellent, son personnage est lui aussi super attachant, et son sourire est irrésistible ^^.
En vrac, nous avons ensuite Takeo (Emoto Tokio), l’ami d’enfance de Yôko, toujours si amusant avec sa maladresse (et la ressemblance entre sa version enfant et sa version jeune adulte est frappante !). Il faut aussi que je mentionne les Murakami, l’adorable couple qui tient le magasin de confiseries où Yôko et ses deux inséparables amies vont après les cours. Et il y a aussi Setsuko, la « grande soeur » de Tokuko, jouée par la délicieuse Shirakawa Yumi. Et il ne faudrait pas que j’oublie la très distinguée grand-mère de Yôko avec ses airs de lady anglaise, elle aussi très moderne à sa façon, ou encore le professeur d’anglais misogyne auquel les trois amies donnent le doux surnom d’octopus sensei.
De par la multitude de personnages et les nombreux bouleversements survenus pendant l’époque à laquelle il se situe, Ohisama est d’une richesse incroyable et parvient toujours à rebondir jusqu’à la fin. Si la partie qui se situe pendant les dernières années de la guerre est très certainement la plus captivante et la plus intense, tout ce qui précède est qui suit n’est pas en reste et forme vraiment un tout cohérent.
Au niveau de la réalisation, il faut s’habituer aux fins d’épisode avec des plans fixes de quelques secondes sur les personnages qui font assez soap américain, mais rien de bien méchant. Si l’on remarque bien lors des scènes extérieures en ville qu’on a affaire à des décors, la reconstitution des intérieurs ainsi que les costumes des personnages (les uniformes, les pantalons de travail des femmes pendant la guerre…) sont tout à fait convaincants.
Les paysages de campagne (montagnes, fleurs de soba, rivière, verdure…) sont magnifiques et donnent franchement envie d’aller visiter le département de Nagano dans les alentours d’Azumino et Matsumoto. Et en plus, à chaque fin d’épisode on nous montre une photo d’un paysage de la région. Je trouve vraiment sympa cette façon de mettre en valeur les différentes régions japonaises, c’est mieux que Pernaut non ? :p
La bande originale est très classique et se fait la plupart du temps discrète, mais elle remplit très bien sa mission. Au fil des épisodes, on s’attache au thème instrumental du générique d’ouverture, qui a des images de fleurs très jolies. Je n’ai pas été particulièrement fan de la version chantée qui fait régulièrement son apparition dans les dernières semaines, mais ce n’est qu’un détail.
Enfin, si le nombre de 156 épisodes peut faire peur, le drama se regarde vraiment vite. Il m’est souvent arrivé de regarder l’équivalent d’une semaine de diffusion (soit 6 épisodes) dans la même journée ^^. Le format de 15 minutes est vraiment super pratique : on case très facilement un épisodes par-ci par-là, et quand on a plus de temps on peut les enchaîner pour avoir la durée équivalente d’un épisode de drama japonais ‘classique », ou plus !
Vous l’avez bien compris, j’ai adoré Ohisama est je suis vraiment contente d’avoir tenté l’expérience asadora. Les Japonais nous montrent qu’ils peuvent être aussi doués pour des histoires plus longues sur un format et une durée différents. La dimension historique est passionnante, et la qualité des personnages en dépit de leur quantité est vraiment à saluer. J’ai pleuré comme une madeleine (oh mon dieu, l’épisode 58 !!!), et j’ai ri aux éclats à maintes reprises, car il y a un bon paquets de moments aussi drôles que dans une bonne vieille comédie.
Je suis plus que jamais fan des fictions qui mêlent la petite histoire à la grande, et c’est pour ça que je voudrais voir Carnation, qui a succédé à Ohisama. Mais pas moyen de le trouver du tout pour l’instant -_-. En tout cas, si vous voulez quelque chose de nouveau, de différent, de plus long mais pas d’interminable, que vous pouvez regarder le matin en prenant votre petit déjeuner, Ohisama est une formidable histoire, un magnifique petit voyage dans le passé récent du Japon.
Commentaires laissés sur l’ancienne verison du blog
Tu confirmes le fait qu’il va falloir que je me penche dessus. Il a l’air vraiment sympathique et à la lecture de ton billet, je suis dorénavant persuadée qu’il a tout pour me plaire. Et puis j’ai un faible pour Kôra Kengô depuis un moment ^^’. Je ne l’ai vu que dans des films et il m’a à chaque fait bonne impression. Il a, à mon avis, du potentiel et est clairement à surveiller.
En tout cas, c’est chouette, l’équipe de fansub l’a sous-titré rapidement. Il est malheureusement difficile de trouver des asadora avec les sous-titres qui vont avec .___.
L’année dernière, j’avais un peu hésité avant de lancer Churasan en raison du nombre d’épisodes. Mais comme tu le notes, ça se regarde super facilement étant donné la durée. Vu que ce fut un chouette asadora, tu comprends que je ne l’ai pas regretté. Je pense en tester un en 2012 mais je ne sais pas trop encore si ce sera Ohisama ou un autre…
Écrit par : Kerydwen | 11.01.2012
C’est sûr que c’est dommage de se priver d’un asadora sous-titré, j’espère que tu apprécieras Ohisama autant que moi ! 🙂
Il va falloir que je prenne le temps de me renseigner sur tous les asadora de ces dernières années et voir ce qu’il y a moyen de trouver. En attendant, je peux toujours commencer Churasan ^^.
Écrit par : Katzina | 13.01.2012
J’ai justement fait un tour dernièrement pour voir ce qu’on trouvait en sous-titré et la réponse est… pas grand chose :/ Je n’ai pas fouillé partout ceci dit.
Écrit par : Kerydwen | 14.01.2012
Je pense que les événements récents ne vont pas arranger ça, mais j’espère qu’on pourra trouver quelque chose à se mettre sous la dent ! J’espérais qu’après Ohisama les asadora récents auraient plus d’attention mais apparemment non, du moins pas pour Carnation. La diffusion quotidienne doit être plus contraignante…
Écrit par : Katzina | 22.01.2012