Titre japonais : と姉ちゃん
Nombre d’épisodes : 156
Diffusé au : Printemps – Eté 2016
Chaîne de diffusion : NHK
Fiche : DramaWiki
N’ayant pas été vraiment convaincue par Asa ga kita et surtout par son héroïne, j’ai été contente que le drama tire sa révérence fin mars et qu’un autre drama vienne le remplacer. Surtout que le successeur en question s’annonçait bien parce que j’étais sûre d’apprécier l’actrice principale. Et ça, c’est clairement crucial pour le genre particulier de drama que sont les asadora une fois qu’on est très familier avec leur structure. Sans grande surprise, la NHK nous proposait à nouveau une histoire se déroulant pendant puis au lendemain de la deuxième guerre, et tirée de la vie d’un personnage réel.
Kohashi Tsuneko est l’aînée d’une famille très unie de trois filles qui vit à Hamamatsu. Alors qu’elle n’a encore que 11 ans, son père frappé par la tuberculose lui demande de prendre soin de sa mère et de ses deux jeunes soeurs avant de mourir. Tsuneko, qui a énormément d’affection pour lui, prend très à coeur cette promesse. A la fois chef de famille et aînée, elle va devenir Toto nee-chan, ce qui signifie littéralement « grande soeur papa ». Les circonstances vont mener sa famille jusqu’à la capitale, et dès qu’elle est en âge de travailler, la jeune fille va vouloir selon ses propres mots gagner sa vie comme un homme pour alléger le fardeau de sa mère et permettre à ses soeurs Mariko et Yoshiko de continuer à aller à l’école. Son ambition et son envie d’être utile pour les autres femmes vont la mener au lendemain de la guerre à créer une revue emblématique qui a révolutionné la vie des méngères japonaises.
Quand j’ai su que Takahata Mitsuki avait été choisie pour le premier rôle, je me suis dit qu’il y avait une sorte de règle dans les asadora ces dernières années : quand une jeune actrice a un rôle secondaire dans un feuilleton, on a de fortes chances de la retrouver quelques saisons plus tard dans le premier rôle. C’était le cas de Tsuchiya Tao qui a eu Mare après son apparition dans Hanako to Anne. Takahata était elle présente dans Gochisôsan et j’avais d’ailleurs laissé entendre qu’elle me plaisait plus que l’héroïne. J’ai été ravie de la revoir et elle ne m’a pas déçue. Au-delà de la qualité du jeu en elle-même, il y a tout simplement une question de feeling envers les acteurs ou les actrices, et je trouve cette fille tout simplement adorable.
Tsuneko possède la plupart des caractéristiques propres aux héroïnes d’asadora (et à de nombreuses autres fictions japonaises) : elle est dévouée à sa famille, est travailleuse et un peu naïve, surtout en amour. Cependant, l’écriture du personnage et des événements est telle qu’on n’insiste pas lourdement sur ces traits, et l’interprétation de Takahata fait le reste. Tsuneko m’a été sympathique d’un bout à l’autre du drama. Autant je ne supportait plus les mimiques et tics de langage de l’héroïne du précédent feuilleton, autant je ne me suis pas lassée d’entendre Toto nee-chan dire dou shita mon jarou ? (Mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire ?) quand elle se trouvait face à un problème.
La vie de Tsuneko met en évidence la difficulté pour les femmes de concilier vie professionnelle et personnelle. J’ai pu me rendre compte encore que les feuilletons de la NHK traitaient en fait mieux ces thématiques dans les histoires du passé que dans les histoires contemporaines. Tsuneko est à sa manière une pionnière, mais son parcours hors du commun ne pourra se faire qu’au prix de certains choix, qui bien que complètement assumés n’en sont pas moins douloureux.
Kohashi Takezô est un homme un peu original loin de l’image du père autoritaire qui ne vit que pour son travail. Il tient en effet à passer du temps avec sa femme et ses filles, et n’est pas du genre à décider seul de l’avenir de ces dernières. Près d’une décennie après Junjô kirari, Nishijima Hidetoshi en est donc arrivé à l’âge où il peut être le père d’une héroïne d’asadora et plus un personnage qui a l’âge d’un frère aîné ! Kimiko, la mère de notre héroïne, a les mêmes convictions que son époux et continuera à les suivre après sa mort. Elle soutiendra ses trois filles et sera un arbitre bienveillant lors des querelles. J’ai beaucoup aimé Kimura Tae dans ce rôle.
Mariko, la cadette de la famille, est aussi la plus discrète. Mais il ne faut pas non plus la pousser à bout, car on pourrait avoir des surprises ! Yoshiko, la benjamine, peut se montrer têtue et n’est pas toujours tendre avec ses aînées, surtout Tsuneko. Les deux rôles des soeurs de l’héroïne sont tenus respectivement par Sagara Itsuki et Sugisaki Hana, toutes deux très sympathiques. Alors, laquelle aura le droit à son asadora ? :D. Mention spéciale aussi pour l’espiègle Negishi Himena, qui joue Yoshiko enfant et que l’on voit un peu plus que les petites actrices qui incarnent les deux soeurs plus âgées.
Après Hanako to Anne et Junjô Kirari (et certainement plusieurs autres asadora que j’espère découvrir un jour !), Toto nee-chan nous propose donc à nouveau une famille avec trois soeurs. Cette fois, pas du tout de frère, même ^^. J’ai cette fois encore beaucoup apprécié cet élément, qui est une vraie dynamique tout au long du drama. Chaque soeur a un caractère bien différent, chacune va avoir son propre destin, mais elles vont rester très proches au sens propre comme au sens figuré.
A son arrivée à Tokyo, Tsuneko va faire la connaissance de sa grand-mère maternelle, Aoyagi Takiko. Comme toute bonne grand-mère d’asadora, cette dernière a un caractère bien particulier, bien différent de celui de sa fille Kimiko, et qui explique pourquoi toutes deux n’arrivent pas à s’entendre, et pourquoi le mariage de Kimiko avec Takezô n’avait pas été approuvé. Takiko est assez classe, mais malgré ses cheveux gris on a du mal à croire qu’elle ait l’âge d’être grand-mère même si Daichi Mao a bel et bien 60 ans. Takiko est à la tête du commerce de bois de construction tenu par la famille Aoyagi depuis plusieurs générations dans le quartier de Fukagawa. Le premier commis, Kumai (Kataoka Tsurutaro), va se prendre d’affection pour les trois petites filles de sa patronne. Le jeune Kiyoshi (Ôno Takurô), dont les apparitions ont toujours un côté un peu théâtral, a été adopté par Takiko pour hériter de l’entreprise.
La famille Morita tient une petite entreprise de bentô à deux pas de chez les Aoyagi. Matsu (Akino Yôko), la grand-mère, déteste cordialement Takiko. Son fils, Sôkichi (Pierre Taki) n’est pas toujours commode, et sa belle-fille Teruyo (Hiraiwa Kami) n’est pas bavarde mais a un sourire inquiétant. Si les débuts ne sont pas très prometteurs, les Morita vont devenir une véritable deuxième famille pour Tsuneko et les siens (les siennes ? ^^), et leur présence est souvent signe d’humour et de légèreté.
La première personne qui va influencer Tsuneko dans sa manière d’envisager sa vie professionnelle en tant que femme est une ses professeurs, madame Tôdô (Katagiri Hairi). A l’occasion de ses débuts dans le monde du travail, notre héroïne va constater avec amertumes qu’au bureau, non seulement le travail des femmes n’est pas du tout estimé par les hommes qui sont là pour faire carrière, et qu’en plus ces demoiselles sont les premières à se tirer dans les pattes et que la fameuse solidarité féminine a parfois bon dos. Dans cette partie de l’histoire, j’ai bien aimé Mano Erina et Wagatsuma Miwako qui incarnent respectivement Saotome et Tada. Un peu plus tard, Tsuneko va croiser le chemin de Gotanda (Oikawa Mitsuhiro), journaliste qui rêve de devenir écrivain. C’est par son intermédiaire qu’elle fera la rencontre décisive qui va la mener à créer le magazine Anata no kurashi : Hanayama, exigeant et intransigeant, a également un côté assez extravagant. Tsuneko va réussir à lui tenir tête et va former avec lui une association très originale. C’était un bonheur de voir Karasawa Toshiaki dans ce rôle.
Notre héroïne va également faire la connaissance de Hoshino, un étudiant en botanique d’une grande gentillesse qui vit un peu dans sa bulle. Le rôle est totalement différent de celui que Sakaguchi Kentarô avait dans ItsuKoi mais je l’ai trouvé vraiment adorable. L’acteur est apparemment de plus en plus populaire et il ne vole pas ce succès, j’espère le revoir bientôt dans d’autres rôles. Le dernier personnage que je citerait est celui de Mizuta, joué par l’éternel densha otoko, Itô Atsushi. Je ne le détesterai jamais mais il ne sera jamais un grand acteur ! Mizuta est sans surprise un jeune homme assez réservé, mais il parvient à être plutôt sympathique, surtout quand il est mis en contraste avec l’autoritaire Hanayama !
Si Toto nee-chan se situe comme la quasi totalité des asadora autour de la guerre du Pacifique, il s’arrête moins longtemps que la plupart sur cette époque. Mais on en a tout de même un bon aperçu avec les bombardements, les restrictions et les conséquences sur l’activité économique (notamment avec le commerce Aoyagi). La plus grande partie de l’histoire se concentre sur l’après-guerre, car c’est la situation du pays au lendemain du conflit puis tous les changements qui vont survenir qui vont former le projet de Tsuneko et décider de son évolution. Le drama évoque aussi la question de la responsabilité morale de ceux qui ont encouragé soldats et civils dans l’effort de guerre car ils croyaient sincèrement que le pays allait gagner.
C’est un plaisir d’assister à la naissance et au succès grandissant mais non sans embûches d’Anata no kurashi. On nous montre bien comment Tsuneko et ses collaborateurs vont puiser leur inspiration dans leur vie quotidienne et se mettre à la place de leur lectrices pour répondre à leurs besoins. La revue va être une pionnière dans sa manière d’aborder la consommation et les tâches ménagères, mais en plus Tsuneko va faire ce qu’elle peut en tant que chef d’entreprise pour favoriser le travail des femmes. On se dit en voyant le Japon d’aujourd’hui que malheureusement trop peu de personnes ont fait comme elle !
J’ai beaucoup apprécié la musique du drama, composée par Endô Kôji. Elle n’est pas d’un genre si différent de ce qu’on a l’habitude d’entendre, mais les mélodies font vraiment mouche et il y a parfois des sonorités qui changent un peu. Le thème principal a des airs de cours de récré avec sa mélodie enjouée chantée avec des la la la. La pioche est également très bonne pour la chanson de l’opening : il s’agit d’un titre de Utada Hikaru, qui faisait son grand retour. Je ne me suis pas lassée d’entendre Hanataba wo kimi ni pendant les 26 semaines de diffusion de Toto nee-chan ! Et comme c’est presque toujours le cas même si j’oublie souvent de le dire, les images du générique sont mignonnes comme tout.
S’il ne révolutionne pas le genre de l’asadora, Toto nee-chan a tout pour plaire et je l’ai suivi avec grand plaisir. Son héroïne très attachante a un destin assez hors du commun pour que la série se démarque un peu même si elle suit le schéma habituel. J’ai aimé son univers, et globalement j’ai aimé son ton. Je le conseille sans hésiter pour découvrir les feuilletons du matin, et aussi pour la délicieuse Takahata Mitsuki, qui y est très bien entourée !
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