[Drama] Asa ga kita

asa ga kita

Titre japonais : あさが来た
Nombre d’épisodes : 156
Diffusé au : Automne 2015 – Hiver 2016
Chaîne de diffusion : NHK
Fiche : DramaWiki

A la fin de l’été 2015, les aventures de la pâtissière Mare ont pris fin et la NHK nous a de nouveau proposé un feuilleton d’époque avec Asa ga kita. Si les asadora avec un contexte historique se sont multipliés ces dernières années (sept sur les dix derniers, contre trois sur les dix précédents), celui-ci s’annonçait tout de même un peu différent car il devait prendre place non pas autour de la deuxième guerre mondiale comme la majorité des productions du genre, mais quelques décennies plus tôt, pendant l’ère Meiji. Cette fois encore, l’histoire se basait sur celle d’un personnage réel, en l’occurrence celle de Hirooka Asako, femme d’affaires et co-fondatrice de la première université japonaise pour filles. Le cast a suivi les règles traditionnelles des asadora puisque le rôle principal a été confié à une actrice en début de carrière, Haru.  Si ce n’est l’annonce de l’interprète de la chanson thème qui m’a pas mal choquée comme je vais le raconter, j’avais plutôt une bonne intuition pour cette nouvelle mouture car si je ne connaissais pas Haru, il y avait trois ou quatre noms en particulier que j’étais enchantée de retrouver dans le casting.

Kyôto, début des années 1860. Les Imai sont une famille de marchands prospères qui ont deux filles et un fils. Ce dernier est bien sûr voué à reprendre l’affaire familiale, alors que ses deux soeurs plus âgées ont dès leur enfance été promises comme c’est la coutume à des fils d’autres marchands de la région. Si l’aînée, la sage Hatsu, est résignée, sa turbulente cadette, Asa, ne voit pas pourquoi on devrait choisir son futur conjoint à sa place, et encore moins pourquoi son père considère qu’elle n’a pas besoin d’une éducation. Si elle va effectivement se marier avec Shinjirô, le fils des Shirooka, et aller vivre dans sa belle-famille à Ôsaka, elle ne va pas devenir une épouse muette et ignorante et va au contraire réussir à convaincre son mari et son beau-père de la laisser prendre part aux affaires. Alors que la restauration de Meiji amène son lot de chamboulements dans l’économie du pays, Asa va savoir s’informer, s’adapter et prendre des risques pour développer les activités de l’affaire familiale tout en se battant pour que les filles aient le droit d’être instruites comme les garçons.

A l’instar d’Itoko dans Carnation ou Sakurako dans Junjô Kirari, notre héroïne Asa n’a pas la langue dans sa poche et ne se laisse pas facilement impressionner par les garçons. Si j’ai évidemment adhéré aux idées du personnage, j’ai eu beaucoup de mal à m’attacher à elle car je n’ai pas réussi à apprécier celle qui l’incarne, Haru. Pour moi, elle manque de charisme pour ce rôle de femme forte. Asa a un côté naïf, pour ce qui est des sentiments entre autres, comme toutes les héroïnes d’asadora. Mais là, cela se transformait juste en gourditude. A s’étonner de tout comme ça, à ne jamais être capable de réfléchir avant de parler, on a juste l’impression qu’elle manque cruellement de jugeote et on a du mal à croire qu’elle soit capable de tant de déductions et de stratégies et qu’elle puisse exercer une influence auprès de tant de gens. On pourrait se dire qu’elle cache volontairement son jeu auprès des hommes, mais je ne crois pas du tout que le personnage a été écrit comme ça, c’est juste qu’on a trop forcé ce trait de caractère sûrement parce que c’est supposé être mignon pour une femme alors qu’en fait ça  ne cadre pas avec le reste. Sur ce point, ce n’est pas de la faute de l’actrice, mais dans tous les cas je n’ai pas réussi à l’apprécier. Un peu de mieux vers la fin peut-être, malgré l’éternel problème de l’âge (ce ne sont pas trois cheveux teintés en gris qui font illusion). Je n’aime pas sa tête, je n’aime pas ses expressions, je n’aime pas sa voix. Un peu comme pour Anne dans Gochisousan en fait. Je trouve qu’elle a un visage bien trop contemporain avec ses yeux trop grands (d’ailleurs c’est marrant, un des personnages fait une remarque à ce sujet à Asa !), et sa manière de se fermer la bouche avec deux doigts après avoir dit une sottise et son expression de surprise qui revient trop souvent (bikkuri ponya !) m’ont tapé sur les nerfs à la longue. Du coup, j’ai vraiment eu du mal à comprendre comment son mari et un certain autre personnage pouvaient avoir des sentiments pour elle. Parce que oui, on n’est pas dans une romance mais il y a un petit triangle amoureux qui serait encore plus sympathique si l’héroïne avait la classe :p. Bon, maintenant que j’ai vidé mon sac sur le personnage principal on a déjà un peu l’impression que j’ai lâché mon verdict et c’est assez délicat de passer au reste mais on va essayer ! ^^

asa ga kita

Si dans la majorité des asadora il est souvent facile de deviner rapidement avec qui l’héroïne va se marier, dans Asa ga kita c’est encore plus évident. Shinjirô est le second fils de la famille Shirooka et a 11 ans de plus qu’Asa. Lorsqu’il la rencontre, celle-ci n’est encore qu’une enfant, et il est tout de suite amusé par son espièglerie et sa curiosité. Il n’a jamais eu le moindre intérêt pour les affaires et préfère jouer du shamisen. Cela va en fait bien l’arranger qu’Asa veuille prendre part au commerce familial à sa place. Comme quoi même avec les unions arrangées, on peut bien tomber ! Asa et Shinjirô se complètent d’une manière hors du commun pour l’époque et forme un couple sympathique. J’étais ravie de retrouver Tamaki Hiroshi, très doué pour exprimer la nonchalance et la gentillesse de son personnage.

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Après l’avoir vue dans le rôle de la soeur aînée de l’héroïne de Junjô Kirari, j’étais contente à l’idée de revoir Terajima Shinobu  cette fois dans le rôle de la mère de l’héroïne. Mais les parents d’Asa sont au bout du compte très peu présents et on n’a pas vraiment l’occasion de s’attacher à leurs personnages. Le père d’Asa (Masu Takeshi) fait les gros yeux, crie et refuse catégoriquement de suivre la suggestion de son propre père et d’élever Asa « comme un garçon » vu qu’elle semble avoir des capacités intéressantes. Malgré toute l’affection qu’elle a pour sa fille, la mère d’Asa se range à cet avis car elle ne peut tout simplement pas imaginer un autre modèle de vie. Si Asa est très complice avec son grand-père paternel, là encore l’évolution de l’histoire fait qu’il sera peu présent une fois notre héroïne partie à Ôsaka.

Shôkichi, le père de Shinjirô et dirigeant de Kanoya, est d’abord assez réticent à l’idée que sa belle-fille mette le nez dans ses affaires. Mais étant moins borné qu’Imai, il va se rendre compte assez vite qu’Asa a de vraies bonnes idées. Après Gochisôsan, j’ai de nouveau apprécié de voir Kondô Masaomi dans un asadora.  Madame Shirooka déplore qu’Asa ne s’intéresse pas davantage à des occupations typiquement féminines et à la perspective de la maternité et va avoir plus de mal que son époux à accepter la singularité de sa belle-fille. Mais elle ne prend jamais trop les choses au sérieux et est bien trop gentille pour mener la vie dure à notre héroïne. Fubuki Jun est toujours aussi sympathique, et le couple Shirooka très attachant. On a l’occasion de voir le petit frère de Shinjirô, Eisaburô (Kiriyama Akito), qui va prendre part lui aussi aux affaires familiales et ne  pas être d’accord avec Asa à plusieurs reprises.

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Kyûtarô, le frère d’Asa, n’a pas plus de temps d’écran que leurs parents, et au bout du compte la seule dont on va suivre l’histoire en parallèle à celle d’Asa est Hatsu, sa soeur aînée. Elle va être mariée au fils unique de la famille Mayuyama, qui tient l’un des bureaux de change les plus réputés d’Osaka, Sanôjiya. (je dis bureau de change car je n’ai pas trouvé d’autre expression, mais vu l’époque il ne s’agit évidemment pas de devises étrangères, j’y reviendrai après). L’ambiance à Sanôjiya est beaucoup moins légère que chez Kanoya : non seulement le cher et tendre de Hatsu ne dégoise pas un mot et ne sourie jamais, mais en plus madame Mayuyama est une belle-mère méchante et bornée dans toute sa splendeur. Pas aussi vilaine que celle de Massan, mais quand même ! Etant donné qu’elle a hérité Sanôjiya de ses parents et que c’est son mari qui est entré dans sa famille et non l’inverse, elle m’a rappelé Kane dans Junjô Kirari : elle a la même obsession de préserver l’affaire sans tenir compte des sentiments des autres membres de la famille. Bien que mariée dans une famille qui exerce la même activité, Hatsu va connaître un destin bien différent de celui d’Asa de par le caractère des membres de sa belle-famille, de par sa personnalité à la fois résignée mais endurante, mais aussi à cause des aléas de l’Histoire. On ne voit pas Hatsu aussi souvent que j’aurais aimé vu qu’elle est jouée par Miyazaki Aoi, mais j’ai vraiment aimé cette mise en parallèle de la vie des deux soeurs, surtout quand on nous apprend un certain petit secret de famille. Le mari de Hatsu; Sôbei, réserve des surprises et j’ai beaucoup aimé la prestation d’Emoto Tasuku.

asa ga kita

Lorsqu’elles vont se marier, Asa et Hatsu vont chacune partir accompagnée d’une des servantes de la famille Imai qui les connaissent depuis toutes petites. J’aime toujours la relation particulière qu’ont les jeunes femmes avec leur suivante ou servante, qui est souvent une amie et une confidente, aussi proche voire plus que les membres de la famille. Ume (Tomochika) est un personnage attachant très dévoué à Asa et qui sait très bien à quel point elle peut être tête de cochon. On a l’occasion de suivre en pointillés une partie de son histoire personnelle. Il en va de même pour Fuyu (Kiyohara Kaya) même si elle est moins présente. A noter que l’actrice n’y peut rien du tout, mais plus encore qu’Asa, le vieillissement de son personnage n’est pas crédible du tout : elle est toute gamine au début et prend une quinzaine d’années sans changer d’un cheveu ! Du côté de Kanoya, on apprend à connaître un peu les deux principaux commis, Gansuke (Yamauchi Takaya) et Kisuke (Miyake Hiroki). Les deux personnages sont sympathiques, mais il manquait un je ne sait quoi pour les rendre vraiment mémorables.

Je termine avec les deux personnages qui ont joué un rôle déterminant dans les accomplissements d’Asa. Le premier est Godai Tomoatsu, personnage notable de la période bakumatsu et du début de l’ère Meiji. Dean Fujioka est plutôt chouette dans ce rôle, et il a apparemment eu du succès car on le voit beaucoup dernièrement. La deuxième rencontre décisive pour Asa est plus tardive et il s’agit de Narusawa Izumi (Seto Kôji), jeune pédagogue enthousiaste et dévoué amusant dans son genre. J’avais dit que j’arrêtais là mais maintenant que j’y pense, je me dois de mentionner deux derniers personnages même s’ils ne font que de brèves apparitions : Takeda Tetsuya est Fukuzawa Yukichi (monsieur dix mille yens, un personnage que je trouve fascinant) et Yamamoto Kôji est Hijikata, membre du fameux Shinsengumi à qui Asa va tenir tête. La scène n’est absolument pas crédible mais tout comme la présence de Godai et Fukuzawa, elle permet d’ancrer l’histoire dans son contexte historique de manière efficace.asa ga kita

asa ga kita

J’en profite pour enchaîner directement justement sur cette question de l’époque de l’histoire : c’est vraiment agréable de laisser de côté un peu les années 30 et 40 même si on n’en a jamais fait le tour mais d’avoir quand même un asadora historique, situé à une période réservée d’habitude aux taiga comme Ryômaden. Je me dis d’ailleurs qu’il faudrait un taiga qui se situe autour de la guerre du Pacifique mais c’est pas demain la veille je crois, car il faudrait parler des combats et pas seulement du quotidien des civils, et bien sûr c’est un sujet qui fâche. On est donc à la fin du shogunat Tokugawa puis à la restauration de Meiji, mais cette fois, les changements radicaux ne sont pas vu du point de vue de la classe des guerriers mais de celle des marchands. L’ouverture du Japon puis le changement de pouvoir vont complètement bouleverser les activités des bureaux de change, qui s’occupaient jusque là de prêter de l’argent aux guerriers et d’échanger les monnaies en différents métaux. On le devine aisément, certains d’entre eux vont devenir des banques en suivant le modèle occidental, et sont aujourd’hui d’énormes groupes aux activités diversifiées. Ce thème clé d’Asa ga kita est d’un grand intérêt.asa ga kita

Le reproche que j’ai à faire au drama, c’est qu’on nous dit qu’Asa fait plein de choses, mais en fait au bout du compte on ne sait pas vraiment quoi. Non pas qu’il ne se passe rien, mais on ne voit à peu près que le résultat. La seule fois à peu près où l’on s’arrête sur un de ses accomplissements pour plusieurs épisodes, on tombe dans la situation super basique où elle a tout un groupe contre elle et on sait bien sûr qu’il va changer d’avis à force qu’elles les supplie tous. C’est aussi un moment où un personnage « méchant » est introduit de manière super pas subtile, le gars est un cliché ambulant avec ses regards mauvais et on devine tout de suite qui c’est. J’ai eu aussi un peu de mal avec le ton comique voulu pour certaines scènes, surtout dans les premières semaines de diffusion, je n’arrivais pas à me prendre au jeu. En fait, je me suis rendu compte en présentant les personnages qu’il y en avait moins que dans la plupart des asadora. Certes, j’en ai omis un ou deux pour ne pas trop en dire sur le destin de notre héroïne, mais il y en a vraiment moins, et tout tourne autour du travail de l’héroïne ou presque. Comme je l’ai dit, j’ai apprécié de pouvoir suivre la vie de Hatsu, et je me dis qu’on aurait pu aussi continuer à voir plus les Imai pour que le scénario tourne moins autour d’Asa (je dis ça parce que ça m’aurait arrangé de la voir moins, c’est sûr :p).

asa ga kita

Les asadora me permettent décidément de retrouver mes compositeurs préférés : après Kajiura Yuki dans Hanako to Anne ou Ôshima Michiru dans Junjô Kirari (oui encore celui-là !à, cette fois c’était au tour de Hayashi Yûki, dont j’ai adoré le travail dans Strawberry Night et Zettai Reido. Vu le côté très moderne de la musique de ces deux drama, il était évident soit qu’on allait jouer sur le contraste, soit que le compositeur ferait quelque chose de différent de son style habituel. Un peu des deux, en fait. On reconnait bien sa patte, mais il s’adapte. A part la piste très électrique qu’on entend lors de l’apparition de Godai que je n’aurait pas trop appréciée non plus même dans un autre contexte, l’OST est globalement très agréable, y compris les versions instrumentales de la chanson thème.

Et cette chanson thème, c’est quoi ? J’avais appris plusieurs semaines avant le début de la diffusion du drama qu’il s’agirait d’un morceau d’AKB48. Non, sérieux, ils vont pas faire ça !  me suis-je dit (désolée pour le troll :p)Je ne peux pas prétendre connaître la musique de ce groupe (j’ai trop de mal avec le concept malsain sur les bords pour m’y intéresser), mais pour moi le décalage était vraiment trop gros pour un asadora historique. J’ai donc vraiment eu peur pour mes tympans. Parce que le générique d’un asadora, on l’entend quasiment tous les matins pendant 6 mois, quand même ! ^^ En fait, j’ai dû me rendre à l’évidence tout de suite : la chanson 365 nichi no kamihikouki est toute douce et a une mélodie mignonne comme tout. Tellement sympa qu’on se dit que c’est dommage de la faire chanter par des nunuches qui n’ont pas plus de qualités vocales que moi ;p. Au bout du compte, c’était un peu la bonne surprise du drama, et je ne m’en suis pas lassée (et ça fait du bien après l’affreuse chanson de Mare !).

asa ga kita

J’ai l’impression de faire un peu plus court que d’habitude sur ce genre de drama, mais si je ne veux pas spoiler je crois que j’ai bien fait le tour de mes impressions ! Au final, Asa ga kita aborde des thèmes très intéressants à travers le destin hors du commun d’une femme à une époque de l’histoire japonaise peu abordée de cette manière dans les fictions. J’espère d’ailleurs voir à l’avenir d’autres asadora historiques à des époques plus variées. Mais je n’ai pas réussi à passer outre mon manque de sympathie pour son actrice principale et les défauts d’écriture de son personnage, et les quelques personnages secondaires attachants n’ont pas suffit pour que j’aie un véritable coup de coeur pour la série. Vu le format, ça se suit quand même bien, mais j’étais contente de passer à autre chose.

2 Commentaires

  1. Roooh, il faut absolument que je le regarde 😉
    Effectivement, on ne se serait pas attendu à un générique chanté par les AB48, mais bon, j’avoue que la chanson me plait assez et que leur interprétation est vraiment sympa.

    • Si tu apprécies l’actrice principale, je penses que tu l’aimeras plus que moi cet asadora ! Au bout du compte, si le problème avait été la chanson du générique ça aurait été plus facile 😀

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