Titre japonais : わかば
Nombre d’épisodes : 151 de 15 minutes
Période de diffusion : Automne 2004/Hiver 2005
Chaîne de diffusion : NHK
Fiche : DramaWiki
En 2018, après avoir terminé le génial Churasan, il m’a fallu trouver un nouvel asadora à regarder en parallèle à celui en cours de diffusion. Comme je peux maintenant me passer de sous-titres pour ce type de drama, mon choix était un peu plus large, assez pour que j’hésite un peu. C’est Wakaba qui l’a emporté cette fois car son thème me disait bien et je connaissais un peu son interprète principale même si elle ne fait pas partie des actrices qui ont eu une grosse carrière par la suite. Comme il y a eu ces dernières années une majorité d’asadora d’époque, pour changer un peu il me fallait une autre histoire contemporaine et ça tombe bien car c’est ce qui domine dans les productions des années 2000 et c’est ce qu’on trouve le plus facilement.
Wakaba est une jeune fille originaire de Kôbe. Elle a quitté la ville à l’âge de 12 ans après le grand tremblement de terre de 1995 qui a coûté la vie à son père, et est allée avec son frère et sa mère vivre dans la famille de cette dernière à Miyazaki. A la fin de ses études en aménagement paysager, Wakaba décide de trouver du travail à Köbe pour retourner y vivre. Sa mère et son frère vont avoir du mal à comprendre son choix, mais après quelques déconvenues dans ses recherches d’emploi, Wakaba va commencer une nouvelle vie à Kôbe, où elle va retrouver la famille de son père et faire de nouvelles rencontres.
Wakaba est certainement l’une des héroïnes d’asadora les plus simples que j’ai pu voir, mais elle n’en est pas pour autant moins sympathique. Je connaissais un peu Harada Natsuki et j’ai apprécié de la revoir. Elle n’a donc pas vraiment percé suite à ce rôle, et on a bien la preuve que le facteur chance et l’implication d’une agence de production doit beaucoup jouer car elle n’est pas du tout plus mauvaise qu’une autre. Wakaba va choisir sa voie professionnelle pour tenir une promesse faite à son père quand elle était enfant. C’est assez bateau comme schéma, mais vu le contexte, ça reste assez touchant.
Elle a le côté très genki de la plupart des héroïnes d’asadora, surtout du fait qu’elle faisait partie du club de pom-pom girls à l’université. Je m’aperçois à quel point ce mot fait tout de suite péjoratif, pourquoi on a choisi ça en français ? Bref, les cheerleaders c’est pas vraiment mon truc, et certes ce n’est pas au premier plan, mais ça passait beaucoup mieux que ce que j’aurais cru. C’est en fait vraiment amusant car Wakaba se retrouve à donner des cours à des mamies ! A part ça, la jeune fille ne se mêle pas trop de ce qui ne la regarde pas et n’est pas trop candide, et on est facilement touché par ses doutes et ses difficultés.
Wakaba a un jeune frère, Hikaru (Sakimoto Hiromi), qui souffre toujours de stress post-traumatique depuis le séisme et ne veut absolument pas retourner à Kôbe. Il se prend un peu trop pour l’homme de la famille et j’ai eu beaucoup de mal à avoir de la sympathie pour lui parce qu’au bout du compte sa réaction d’opposition et de culpabilisation envers sa soeur semble plus liée à son caractère que vraiment à sa souffrance.
Utako, la mère de Wakaba, est proche de sa fille aînée et leur relation est dans l’ensemble touchante, surtout la manière dont elles correspondent une fois séparées. Il y a quand même un moment particulier où j’ai trouvé qu’elle se montrait injustement dure avec Wakaba, surtout qu’à ce moment-là c’était plutôt le comportement de Hikaru que je trouvais déplacé. Un beau mélange du fait qu’on passe plus de choses aux garçons et que l’aînée doit montrer l’exemple. J’étais ravie de retrouver Tanaka Yûko dans ce rôle de mère, 11 ans avant son rôle dans Mare.
Depuis qu’elle a quitté Kôbe, Wakaba vit donc avec son frère et sa mère sous le même toit que les Murakami, la famille de son oncle et sa grand-mère maternels. Avec le personnage de l’oncle (Saigo Teruhiko), qui dirige la brasserie de shôchû héritée de son père, on sent venir le bon vieux patriarche mais à part les démonstrations « d’autorité » avec son fils, tonton se montre plutôt mesuré et compréhensif. Par contre avec son épouse (Saitô Keiko), on a le cliché total de la femme qui se pose pas beaucoup de questions et qui a un avis bien fait sur ce que les autres doivent faire. Elle est pas méchante, mais pas intéressante non plus !
La grand-mère (Minamida Yôko) n’est pas vraiment mise en avant contrairement à d’autres asadora. Keita (Uchino Kenta) est un fils un peu rebelle, en contraste avec son cousin Hikaru qui est plutôt du genre élève modèle. A travers sa relation assez conflictuelle avec son père est évoquée la question de la succession, présente dans de nombreux domaines et encore plus quand il s’agit d’une activité traditionnelle. Keita semble en effet très peu s’intéresser aussi peu à la fabrication de shôchû qu’à travailler avec son père. Car il y a la question de la passion ou du don, mais aussi du travail en famille.
L’entourage de Wakaba à Miyazaki se compose enfin de quelques camarades de l’université, et celui le plus mis en avant est Junichi, joué par Tsukamoto Takashi. On se rend vite compte que le jeune homme en pince pour notre héroïne, mais pas sûr que les sentiments soient réciproques ou qu’elle soit prête pour une relation à distance, encore moins à renoncer à son projet d’aller à Kôbe !
Le grand-père paternel de Wakaba, Eizô, est un ancien paysagiste encore très connu dans son milieu. Il peut se montrer taciturne mais a beaucoup d’affection pour ses petits enfants et semble heureux que Wakaba se soit passionnée pour le même domaine que lui. On sent une sorte de distance entre lui et la mère de Wakaba quand ils se parlent, et on va découvrir qu’il y a des non-dits du côté de chacun concernant la mort de celui qui était le fils de l’un et le mari de l’autre. Orimoto Junkichi incarne vraiment le grand-père par excellence, on n’a pas l’impression qu’il joue un rôle en fait !
Eizô vit avec sa fille (Azuma Chizuru) et son beau-fils (Ishimoto Kôji), qui tiennent un restaurant dans le quartier chinois de Kôbe. Le couple a une fille, et globalement l’entente familiale est bonne. Wakaba va venir manger très fréquemment au restaurant avec les différentes personnes qu’elle va rencontrer.
A Kôbe, notre héroïne va emménager chez une amie d’enfance, Aki. Ses parents, les Fujikura, ont en effet une grande maison de style occidental et disposent de plusieurs chambres inoccupées qu’ils louent. Je ne sais plus si c’est dit explicitement, mais cette maison particulière se trouve logiquement du côté de Kitano, le quartier de Kôbe où les Occidentaux s’étaient installés. A l’image de leur maison, les Fujikura sont une famille pas tout à fait ordinaire, et sûrement occidentalisée aux yeux des Japonais. Le père (Tanaka Ryûzô) est presque toujours en voyage à cause de son travail (certes ça c’est très japonais :D), la mère (Kuroda Fukumi) travaille la plupart du temps à la maison et semble peu se soucier de ses grands enfants et de son foyer en général. La plus chaleureuse au final est sûrement la grand-mère (Kamo Sakura), qui vit sa petite vie au milieu de tout le monde. La famille est donc assez désunie, ce qui n’est pas du tout inédit dans une série japonaise mais là il y a quelque chose de différent de d’habitude. Peut-être parce qu’ils devraient avoir l’air cool mais qu’ils ne le sont pas ?
En tout cas, je n’ai pas réussi à m’attacher à Aki (Yamaguchi Sayaka), l’office lady en quête d’amour. Le personnage est vraiment agaçant, du coup on ne parvient pas à sympathiser même avec son histoire de harcèlement au travail qui n’est pas assez approfondie pour être bien traitée.
A part Wakaba, il y a deux autres locataires chez les Fujikura. Shizuka et Judy. La première est une chanteuse de jazz et elle est incarnée par Ayado Chie qui est… une chanteuse de jazz ! La deuxième est comme son prénom le fait deviner étrangère (je ne sais même plus de quel pays anglophone) et travaille dans la pâtisserie. Shizuka et Judy passent leur temps à se chamailler mais sont en fait assez proches. Le personnage de Judy n’est pas super développé mais au bout du compte considérant l’âge du drama et le traitement des gaijin à la télé japonaise ça passe plutôt bien.
Je vais spoiler légèrement, mais c’est pour mentionner un thème assez important dans le drama. Wakaba va faire la connaissance de Kinoshita, musicien et propriétaire d’un bar. Il a une ressemblance frappante avec le père de Wakaba (c’est donc un double rôle pour Naitô Takashi vu qu’on le voit un peu dans des flash-backs). Ce personnage mène à des situations un peu incongrues mais va permettre à Wakaba de faire face autrement à son deuil, et aussi aider d’autres personnes à continuer à avancer. Et en plus, Kinoshita a sa propre histoire liée au tremblement de terre de Kôbe.
Enfin, Wakaba va faire la connaissance de Masaya (Kyô Nobuo), un jeune homme qui va lui laisser au départ une très très mauvaise impression mais qui… enfin vous voyez quoi ! Alors effectivement il n’y a pas beaucoup de suspense de ce côté-là, il y en a rarement dans les asadora et ça n’est pas gênant car ce n’est pas supposé être le thème principal. Malgré le côté convenu de l’approche, j’ai trouvé ça franchement mignon et ça a beaucoup participé à mon attachement à la série.
Enfin, il ne faut pas que j’oublie les collègues de travail de Wakaba ! Faute de trouver un emploi dans la conception paysagère, la jeune femme va commencer en bas de l’échelle dans une petite entreprise qui s’occupe de créer et entretenir des jardins. Pas de conception paysagère donc, mais de la pratique, et quand on est jeune recrue il s’agit surtout de couper les mauvaises herbes. Wakaba se retrouve dans une position pas confortable du tout : non seulement elle est une femme jeune et diplômée dans un univers très masculin, mais en plus elle a été pistonnée !
Son patron et sa femme ne sont pas très présents (cette dernière lui fait quand même des vacheries), mais on voit pas mal le duo de choc qu’elle accompagne au quotidien dans les jardins de Kôbe. Yasu et le senpai Yamaoka (Yamanishi Atsushi) sont à première vu tels Minus et Cortex, sauf que le premier se révèle être plus sensible et attentionné que le second qui est un cliché sur pattes de l’autorité et passe son temps à engueuler ses collègues. Mais il a de l’expérience dans le métier, voilà XD. Je ne connaissais pas Koyabu Kazutoyo, qui joue Yasu et je n’ai pas été étonnée de voir qu’il était aussi humoriste, et chez Yoshimoto, la fameuse agence qui a inspiré l’histoire de Warotenka.
Ce personnage sans surprise n’empêche pas que cela reste agréable de voir notre héroïne évoluer dans son travail. Bien sûr, on a le droit un peu au coup des gaffes de débutante, mais on nous montre aussi que la présence d’une femme est parfois bienvenue pour les clients car ces messieurs ne sont pas toujours les as de la communication.
Avant de voir Wakaba, j’avais déjà pas mal de curiosité pour les artisans qui travaillent dans les jardins, ayant eu l’occasion d’en voir d’abord dans différents jardins de la capital puis dans mon quartier. On les remarque tout de suite avec leurs vêtements et les curieuses échelles en bois à bout pointu qu’ils utilisent encore souvent. Qu’il s’agisse de l’aménagement paysager ou de ceux qui mettent en pratique la création des jardins et l’entretien, je trouve ce domaine vraiment intéressant. Et puis le rôle apaisant et essentiel de la nature est bien mis en valeur par l’affection authentique de Wakaba pour la verdure, sans entrer dans une vision réductrice ville/campagne.
La majorité des asadora se passent au moins en partie soit à Tokyo, soit à Ôsaka suivant la branche de la NHK qui produit la série. C’est agréable d’avoir un petit changement, surtout que j’avais découvert un peu Kôbe peu de temps avant et que j’ai adoré la ville. Bien sûr il n’y a pas énormément de scènes en extérieur, mais différents endroits de la ville sont évoqués, et les images du générique sont un bel hommage à la ville.
Wakaba a été produite neuf ans après le tremblement de terre qui a dévasté Kôbe et ses environs, et comme je l’ai laissé entrevoir en présentant les différents personnages, le traumatisme causé par la catastrophe est l’un des fils rouges de l’histoire. Peut-on continuer à vivre dans cette ville comme avant et oublier ? Peut-on se débarrasser de la culpabilité suite à la perte d’un proche ? Je n’ai jamais vécu d’événement comparable, mais j’ai trouvé que ces questions étaient abordées justement, entre devoir de mémoire et besoin de voir un avenir.
L’asadora est également un bon coup de pub pour la région natale de la mère de son héroïne : on a bien envie de visiter le département de Miyazaki, et plus exactement la ville de Nichinan, où se situe entre autre le spectaculaire sanctuaire Udo, à flanc de falaise.
Enfin, j’ai trouvé que la série se positionnait très bien parmi les asadora contemporains que j’ai vus pour ce qui est de la famille et du travail des femmes. Si Wakaba ne va pas échapper à la règle d’un mariage assez jeune, son parcours familial et professionnel ensuite est intéressant, même si c’est dur d’en faire un modèle général.
Même si on était plus près de la moitié des années 2000 lorsque le drama a été produit, j’ai trouvé que sur certains aspects il fleurait bon la fin des années 90. Au niveau de l’image et de la réalisation, on ne peut pas dire que ça a super bien vieilli, moins bien que Churasan qui est pourtant plus vieux, mais il faut dire que la qualité des vidéos que j’ai trouvées étaient particulièrement médiocres. Mais en attendant que la NHK offre la totalité des asadora numérisés en VOD (j’en rêve pour mes vieux jours :p), il faut s’en contenter !
Le drama accuse un peu son âge côté sonore et son OST n’est clairement pas un gros argument pour le regarder. Rien d’agaçant, mais dans mon souvenir c’est un poil vieillot et au moment où j’écris ces lignes aucune mélodie ne me revient en tête. Mais le drama a quand même pour lui sa chanson thème : un titre de Fukuyama Masaharu vraiment très efficace que je ne me suis pas lassée d’entendre même si je ne suis pas particulièrement fan du chanteur (ses mélodies sont très sympa mais je sais qu’à la longue sa manière de chanter m’agacerait).
Même si je n’ai pas eu de gros coups de coeur pour des personnages secondaires et que certains ne sont pas assez attachants voire agaçants, j’ai beaucoup apprécié Wakaba et je suis contente de pouvoir l’ajouter la série à ma liste d’asadora vus. Le drama a clairement des défauts, mais aussi des atouts. Il remplit très bien sa mission pour ce qui est de présenter un univers professionnel et d’évoquer le séisme de Kôbe. Il se classe donc dans la catégorie pas en priorité mais pas à jeter, surtout si vous appréciez déjà les asadora. Le fait qu’il ne soit pas à ma connaissance fansubbé réglera de toute façon la question pour pas mal de dramavores hélas !
Je ne connaissais pas du tout mais vu la disponibilité et le côté vieilli des images, je ne pense que je le regarderai un jour. ^^
Cependant, le parcours de l’héroïne semble intéressant, notamment la voir évoluer dans son milieu professionnel.
Effectivement des asadora il y en a plein à se mettre sous la dent 🙂
Les drama japonais en général et les asadora en particulier sont toujours doués pour présenter un univers professionnel je trouve, même ceux qui n’ont rien d’un métier de rêve !