[Drama] Warotenka

warotenka

Titre japonais :  わろてんか
Nombre d’épisodes : 151
Diffusé au : Automne 2017 – Hiver 2018
Chaîne de diffusion : NHK
Fiche : DramaWiki

Après un fabuleux entracte avec Hiyokko pour le printemps et l’été 2017, la NHK est revenue à une production qui s’annonçait tout aussi classique que Beppin-san l’année précédente pour son asadora diffusé à partir de l’automne 2017. Même si évidemment il y avait des têtes connues dans les rôles secondaires, j’avais du mal à m’emballer pour ce Warotenka et j’avais même tendance à le rapprocher d’Asa ga kita, même si l’univers de l’héroïne s’annonçait différent. En fait, je crois que j’avais plutôt envie d’une histoire contemporaine plutôt que d’un nouveau feuilleton d’époque (j’ai été servie six mois après avec Hanbun, aoi !). Je partais donc avec un a priori pas vraiment positif, même si j’étais consciente que c’était très subjectif.

Fujioka Ten est née à Kyotô dans les années 1890. Alors que les circonstances auraient dû l’amener à prendre un mari prêt à reprendre l’activité de son père pharmacien, elle va épouser celui qu’elle aime et partir vivre à Ôsaka. Après des débuts difficiles, Ten et son mari vont devenir propriétaires de plusieurs salles de spectacle et se retrouver à la tête d’une entreprise qui va se montrer à maintes reprises avant-gardiste et se poser comme modèle dans l’univers du divertissement moderne. Comme c’est presque toujours le cas pour les asadora d’époque, l’histoire de Ten est librement inspirée de celle d’un personnage réel, celui de Yoshimoto Sei, co-fondatrice de Yoshimoto Kôgyô, qui reste aujourd’hui encore une des principales agences de divertissement japonaises, produisant principalement des humoristes.

Dans son enfance, Ten est une petite fille espiègle qui aime rire plus que tout. Cet optimisme va l’aider à surmonter certaines épreuves et à faire face au tempérament colérique de son père. C’est Aoi Wakana qui tient le rôle et elle ne m’a pas complètement convaincue au départ, mais au fil des épisodes je l’ai trouvée de plus en plus attachante. Elle a évidemment un sourire adorable, et elle est franchement convaincante pour montrer que son personnage mûrit et vieillit, surtout que comme toujours pour l’aider il n’y a pas plus qu’un maquillage minimum et une coiffure qui change au fil des années qui passent.

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Le père de Ten est du genre très autoritaire et il n’a pas grand chose de sympa pour compenser. Pas le meilleur rôle pour Endô Kenichi donc. Même si on nous joue comme presque toujours la carte du « je veux le bien de ma fille », et même si bien sûr il faut remettre ça dans le contexte de l’époque, ça me gêne de plus en plus de voir des violences éducatives qui semblent du coup cautionnées au-delà de l’histoire quand aucun personnage ne les remet en compte en-dehors de l’histoire. Là par exemple ça aurait été facile de faire un commentaire via la narratrice.

La mère de Ten fait tout ce qu’elle peut pour tempérer son époux et trouvera des moyens d’aider sa fille quand celle-ci aura quitté la maison familiale. Suzuki Honami a autant de présence que dans Gou et j’étais contente de la revoir avec un asadora. J’ai regretté qu’on ne la voie pas plus, car au final les apparitions de la famille Fujioka se font très rares passées les premières semaines. C’est pour cette raison qu’on voit très peu le reste de la famille : le frère et la soeur de Ten, ainsi que sa grand-mère et que leurs personnages sont peu développés.

Ten va rencontrer pour la première fois Kitamura Tokichi alors qu’elle est encore enfant. Il fait partie d’une troupe de comédiens ambulants et ne représente pas exactement le gendre idéal aux yeux d’un pharmacien de Kyôto. Je n’ai pas adhéré à certains trains de caractère du garçon, notamment sa manière de voir un peu trop grand proportionnelle à sa naïveté, puis plus tard la manière de gérer certains conflits avec sa femme. Mais il ne m’a pas non plus complètement agacée, et Matsuzaka Toori m’a fait très bonne impression.

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Suzuki Kyôka est madame Kitamura, une belle-mère pas cool mais pas trop méchante quand même qui fait surtout preuve d’une sacrée dose de mauvaise foi. C’est le genre de rôle qui lui va vraiment bien.

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Fûta (Hamada Gaku) est le cousin de Ten, je me rends compte que j’aurais donc dû plutôt parler de lui avec le reste de la famille mais en fait il tient plutôt le rôle d’ami d’enfance auprès de l’héroïne. J’ai eu du mal à cerner le personnage et à avoir de la sympathie pour lui pendant pas mal de temps, ce n’est que vers la fin que je me suis dit qu’il avait un parcours intéressant au niveau professionnel. Mais au niveau personnel ça reste sans surprise.

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Ririko fait partie de la même troupe de comédiens que Tokichi et on comprend très vite qu’elle va se poser en rivale de notre héroïne. Le personnage n’est donc franchement pas original sur le fond au départ, mais il l’est au moins sur la forme. Et plus tard dans le drama, le parcours personnel comme professionnel de Ririko finit par rendre le personnage vraiment attachant. Au début, je me suis demandé pourquoi une actrice manifestement métisse avait été choisie pour un rôle dans un drama se situant à l’ère Meiji. Puis je me suis rendu compte à quel point ce raisonnement était débile. Pourquoi pas, plutôt que d’être juste la half de service ? Du coup, j’ai découvert Hirose Alice avant sa petite soeur et je suis curieuse de la voir dans un autre rôle.

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Inô Shiori est le deuxième fils d’une riche famille du Kansai. Il va nouer avec Ten une relation particulière, et on va au fil des années suivre son parcours qui s’avère être très intéressant. C’est ce personnage adorable qui m’a fait découvrir Takahashi Issei, que j’ai eu l’occasion de voir juste après dans l’excellent Quartet.

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Les premiers artistes à se produire dans le théâtre de Ten et son mari sont de vieilles connaissances de son mari. Parmi eux, il ya celui qui se fait appeler Keith. J’ai trouvé ce personnage joué par Ôno Takuro très sympa. Plus tard dans l’histoire, Plus tard, Matsuo Satoru nterprète le personnage de Shirô, moitié d’un duo de manzai assez particulier.

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Qui dit spectacle et humour dans la première moitié du 20ème siècle au Japon dit évidemment rakugo. Ten et son mari vont croiser la route de plusieurs conteurs, qui vont (ou pas) se produire sur scène pour eux. On rencontre notamment deux conteurs qui ont eu le même maître mais sont dans des situations très différentes, Tsukinoi Dango et Tsukinoi Danshin. J’ai pas mal apprécié l’histoire du second qui est joué par Kitamura Yukiya, que j’avais déjà beaucoup aimé dans Gou.

Je termine avec un personnage qui apparaît dans la dernière partie de Warotenka, vu qu’il représente la nouvelle génération. Shunya (Narita Ryô) va devoir se faire sa place dans l’agence Kitamura. On va retrouver autour de ce personnage les thèmes du travail en famille et de l’ambition de vouloir faire quelque chose de nouveau.

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L’histoire de l’asadora s’étale en tout sur plus de 40 ans, et s’il y a bien sûr des passages plus intéressants que d’autres, ça se suit très bien et j’ai trouvé la manière de décrire la naissance et l’évolution de l’industrie du divertissement au Japon jusqu’au lendemain de la guerre franchement intéressante. Si au départ j’ai trouvé que l’histoire manquait d’ancrage dans son contexte historique, on finit par avoir des repères déjà avec le grand tremblement de terre du Kantô, presque toujours évoqué même quand une histoire se déroule dans le Kansai, et l’apparition de progrès technologiques qui vont constituer un défi pour la compagnie Kitamura, le principal étant la radio : comment convaincre les gens de continuer à fréquenter les salles de spectacle alors qu’on peut entendre par exemple du rakugo à la radio chez soi ?

Puisque j’évoque de nouveau le rakugo, j’ai été contente de retrouver cette forme de spectacle humoristique qui était le thème principal de l’asadora Chiritotechin et que l’on retrouve aussi dans le drama Tiger & Dragon. J’ai pu aussi en apprendre un peu plus sur les origines du manzai, ces spectacles comiques toujours interprétés en duo et que l’on peut encore voir aujourd’hui dans les émissions de variété. J’ai également découvert l’origine du système particulier dans lequel les artistes sont salariés de l’agence qui les produit, qui s’est si bien développé au Japon qu’il concerne aujourd’hui de nombreux types d’artistes, y compris des chanteurs, chanteuses et groupes musicaux. Et puis j’en ai même appris un peu sur l’histoire de la Tsûtenkaku, la fameuse tour d’Ôsaka ^^.

Comme toujours dans les asadora d’époque, à partir de la moitié des années 30, la guerre du Pacifique influence la vie personnelle et professionnelle des personnages principaux. Warotenka n’est certainement pas le drama qui remet le plus en question la guerre mais c’est tout de même super intéressant de voir comment le divertissement va cohabiter avec le militarisme, comment la volonté de développer des spectacles de type américain va être freinée, et aussi un peu comment le cinéma va être contrôlé.

Comme je l’ai dit plus haut, Warotenka s’inspire librement de la vie d’un personnage réel, et je voulais partager quelques éléments que je trouve intéressants à ce propos. Qui dit adaptation libre, dit souvent des différences concernant par exemple la vie personnelle. En essayant d’en savoir un peu plus sur celle qui a inspiré le personnage de Ten, qui a un enfant unique, j’ai découvert qu’en réalité Yoshimoto Sei avait eu en tout huit enfants. Sept sont morts en bas âge, et le seul qui a attend l’âge adulte est quand même mort avant elle. Je comprends très bien qu’on ait laissé de côté ces éléments (merci la déprime dès le matin !) et même si malheureusement ça ne devait pas être si exceptionnel à l’époque, ça rend quand même la vie de cette femme encore plus particulière.

J’ai aussi appris que dès la fin des années 50, la vie de Yoshimoto Sei avait inspiré une auteure que je connais bien même si je n’ai toujours pas lu ses romans : Yamazaki Toyoko lui a consacré le roman Hana noren, qui sans surprise a été adapté plusieurs fois en drama, ainsi qu’en film et en pièce de théâtre. L’héroïne de Warotenka était donc sûrement déjà pas mal connue du public japonais, plus que d’autres héroïnes inspirées de personnages réels en tout cas.

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L’OST de Warotenka a été composé par Yokoyama Masaru, dont j’ai énormément apprécié le travail dans les drama N no tame ni et Yakou kanransha. Le registre est très différent cette fois et ses compositions sont globalement beaucoup plus légères. Ca reste dans la lignée de ce qu’on entend dans la plupart des asadora mais le compositeur a quand même une petite touche particulière dans ses mélodie de piano et de violon. Honnêtement, deux ans après avoir terminé le drama je ne me souvenais plus du thème principal, mais j’ai pris plaisir à redécouvrir l’OST avec les extraits sur Amazon.

La chanson de l’opening (qui dispose de jolies animations très colorées) est chantée par Matsu Takako. J’ai trouvé que son rythme manquait de punch et qu’elle ne mettait pas vraiment en valeur sa voix, mais elle n’est pas non plus désagréable.

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Warotenka est un asadora d’époque très classique dans sa structure. Si je n’ai pas eu de gros coup de coeur, son univers m’a beaucoup plu et il remplit au final très bien sa mission, surtout si l’on considère ce que j’en attendais. Il n’est pas forcément à voir en priorité mais si l’histoire du divertissement au Japon vous intéresse ou que vous appréciez certains des acteurs qu’on y retrouve, vous y trouverez certainement votre compte !

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