[Drama] Yakou kanransha

yakou kanransha

Titre japonais : 夜行観覧車
Nombre d’épisodes : 10
Diffusé en : Hiver 2013
Chaîne de diffusion : TBS
Fiche : DramaWiki

 

Yakou kanransha faisait partie des quelques drama que j’avais commencé en cours de diffusion pendant l’hiver 2013, saison pendant laquelle je me suis rendue à l’évidence qu’il était impossible de suivre correctement les séries à la télé sans avoir de quoi les enregistrer. J’avais repéré la série car il s’agit d’une adaptation d’un roman de Minato Kanae, et la présence de Suzuki Kyôka et Ishida Yuriko dans deux des principaux rôles avaient aussi bien joué dans la balance. Les deux ou trois premiers épisodes que j’avais vus m’avait convaincue, et j’avais été bien contrariée de louper la suite. Plutôt que de reprendre là où j’en étais restée, j’ai préféré attendre et reprendre la série depuis le début pour revoir les premiers épisodes sans les coupures pub mais sans m’en souvenir trop non plus. Et puis avec des sous-titres en anglais, tant qu’à faire, car quand je ne regarde pas direct à la télé japonaise je redeviens paresseuse 😀 Une faille temporelle ayant encore une fois fait des siennes (il y en a beaucoup, c’est le grand drame de ma vie je le répète assez :p), il a fallu que j’attende d’avoir vu l’excellent N no tame ni, autre adaptation de Minato Kanae, pour mettre une fois pour toutes Yakou kanrasha au programme quatre ans après sa diffusion.

Janvier 2013, monsieur Takahashi, père de famille et époux modèle, est retrouvé assassiné à son domicile dans le quartier résidentiel huppé de Hibarigaoka. La police déduit rapidement que la victime devait très bien connaître son meurtrier. Pour reconstituer les pièces du puzzle, l’histoire nous emmène quatre ans en arrière, au moment où la famille Endô a emménagé à Hibarigaoka, dans la maison en face de celle des Takahashi. A ce moment, chaque famille semblait parfaitement heureuse. Pourquoi tout a changé à ce point ? Quel est le rapport entre la mort de monsieur Takahashi, la fuite de son fils Shinji et la violence d’Ayaka, la fille des Endô, envers ses parents ? 

yakou kanransha

Yakou kanransha nous est conté principalement du point de vue d’Endô Mayumi, dont l’emménagement à Hbarigaoka est comme un rêve devenu réalité. Le rêve va progressivement tourner au cauchemar alors que les habitants du quartier vont se liguer contre ces nouveaux habitants jugés pas assez comme il faut. Les Endô ont en effet un train de vie plus modeste qu’eux et ont dû faire de gros sacrifices pour faire construire une petite maison dans le quartier. Mayumi, persuadée que sa famille pourrait être heureuse, était prête à faire des compromis. La seule à prendre sa défense face à l’hostilité régnante dirigée par la présidente du comité de quartier va être Takahashi Junko. Mayumi va se retrouver complètement désarmée devant la métamorphose de sa fille, avec qui elle était très complice et qui ne se confie plus du tout à elle. Suzuki Kyôka est comme toujours brillante dans ce rôle de mère de famille qui cherche à faire le bonheur des siens mais se retrouve piégée par les attentes de la société.

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Endô Keisuke va d’abord paraître désintéressé des problèmes de son épouse et de sa fille. Comme la plupart des hommes, il semble considérer que l’éducation est avant tout l’affaire de la mère. Au bout du compte, il est débordé par la situation économique délicate de sa famille, qui repose presque entièrement sur ses épaules. Miyasako Hiroyuki est loin d’être mon acteur préféré, mais il se débrouille très bien pour incarné ce personnage assez nuancé.

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Alors qu’elle était encore presque une enfant en arrivant à Hiabarigaoka, Ayaka va devoir faire face à de terribles épreuves alors qu’elle est en pleine adolescence. Terrorisée, sa seule défense va être de rendre sa mère responsable de ce qui lui arrive et de retourner toute son agressivité sur elle pour tenter de faire face. Sugisaki Hana est exceptionnelle dans ce rôle, j’espère avoir l’occasion de la revoir dans pas trop longtemps.

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Avec trois enfants promis à un brillant avenir et un mari attentionné aussi bien en tant que conjoint que père, Takahashi Junko a tout pour être heureuse. Si elle joue le jeu un minimum avec le voisinage, elle est dans le fond simple et sincère et la compagnie de Mayumi va être une petite bouffée d’oxygène pour elle, surtout qu’elle a tendance à prendre très à coeur l’éducation de ses enfants. Ishida Yuriko fait partie de ces acteurs et actrices que j’ai vus de nombreuses fois et qui la plupart du temps n’ont pas le rôle principal mais dont la prestation est toujours à la hauteur, et ce rôle ne fait pas exception. Le rôle de Takahashi Keisuke, le mari de Junko, est tenu par Tanaka Tetsushi, que j’ai plus souvent vu dans des rôles plus légers mais se montre tout aussi convaincant.

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Yoshiyuki (Yasuda Shôta), l’aîné des enfants, est déjà considéré par beaucoup de gens comme le successeur de son père à la tête du cabinet médical familial. Comme il va partir faire ses études à Kyôto, c’est lui qui est le moins présent. La cadette, Hinako (Miyazaki Karen), trace aussi son chemin et on va se rendre compte qu’elle semble souffrir de l’attention moindre que sa mère lui porte en comparaison à ses frères, surtout par rapport à son benjamin, Shinji, qui semble très couvé. Shinji, qui a le même âge qu’Ayaka, est joué par un Nakagawa Taishi plus convaincant que dans les rôles où je l’ai vu précédemment. 

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Madame Kojima est l’une des plus anciennes résidentes de Hibarigaoka et la présidente du comité de quartier. Tel un coq dans son poulailler, elle dirige au doigt et à l’oeil son petit groupe de femmes. Parce que oui, il s’agit d’une affaire de femmes, ces messieurs sont trop occupés par leur travail pour se raconter les ragots du quartier. Son obsession à protéger son quartier frise la paranoïa, et elle adore plus que tout humilier les gens en public, tout en gardant son sourire hypocrite. Quand on se rend compte qu’elle est infecte parce qu’elle n’a en fait plus rien d’autre dans sa vie, on en vient à la plaindre. En tout cas, Natsuki Mari est aussi détestable dans ce rôle qu’elle était adorable dans Carnation ! 😀

yakou kanransha

Qui dit affaire de meurtre, dit intervention de la police. Vu le point de vue de la narration de Yakou kanransha, qui a comme objectif comme je vais le dire très bientôt non pas d’élucider le meurtre mais de disséquer les sentiments des différents protagonistes, la présence policière se réduit à de brève apparitions de l’inspecteur Yuki. Mais évidemment, le personnage n’est pas là que pour décorer. J’ai retrouvé dans ce rôle Takahashi Katsunori, découvert dans Nyôkei kazoku. Pour en terminer côté casting et présentation des personnages, je noterai la présence de Koizumi Kotarô dans le rôle du fils de Kojima, affectueusement surnommé Maa-kun par son envahissante mère. On peut aussi retrouver Horiuchi Keiko dans le rôle de la soeur de Junko, personnage à travers lequel est évoquée la question de la répercussion sur les proches d’une famille touchée par un drame médiatisé. 

yakou kanransha

Il m’est impossible de parler plus de Yakou kanransha sans la mettre en parallèle avec N no tame ni. Parce que comme dit dans l’introduction, on a a l’origine de des histoires la même écrivaine, mais aussi parce que les équipes qui se sont occupées de leur adaptation pour le petit écran sont les mêmes. Il y a donc des points communs, mais ce n’est en aucun cas en défaveur de l’une ou l’autre des séries. Et comme quoi on ne change pas une équipe qui gagne, à l’automne dernier TBS a remis le couvert avec Reverse, que je compte regarder le plus rapidement possible et qui je pense sera aussi convaincant !

La narration de Yakou kanrasha alterne de manière très efficace les scènes du présent (donc juste après le meurtre de M. Takahashi), et les scènes du passé, jusqu’au moment où passé et présent se rejoignent pour nous mener au dénouement. Et cette fois encore, la force de l’histoire et toute sa portée émotionnelle, c’est de ne pas tout miser sur la découverte du coupable mais sur ce qui l’a amener à commettre ce crime, en dressant par la même occasion le portrait de différents protagonistes. A travers deux familles différentes, et même davantage, on nous montre les dégâts que peuvent causer divers types de pressions sociales et les tentatives parfois désespérées d’y répondre ou d’y échapper de ceux qui en sont victimes. On nous parle harcèlement dans deux types de groupes différents à deux périodes de la vie différentes, en nous montrant ce qui motive les bourreaux et pourquoi, dans une société où le groupe prime toujours, les victimes sont si démunies pour se défendre et affirmer leur individualité. On nous parle de la peur des enfants de ne pas répondre aux attentes de leurs parents, on nous montre que la majorité du temps, ces attentes ont été créées de toute bonne foi par des parents à qui la société fait croire que le bonheur de leurs enfants doit passer par là. On nous montre enfin que pour répondre à toutes ces pressions de la société, on en vient paradoxalement à faire du mal à ceux qu’on aime.

Le cadre essentiel qu’est la famille est exploité à merveille, et Yakou Kanransha s’emploie à démonter le mythe de la famille modèle. Il y a ce que l’on s’efforce de faire paraître, même inconsciemment, et il y a la réalité. On nous le dit explicitement, et c’est à la fois cruel et rassurant : cela peu arriver à tout le monde. Ces parents, ces jeunes, ces familles, même s’ils ont pour certains une situation plus privilégiée que d’autres, sont au bout du compte comme tout le monde. Ce ne sont pas des héros, ce ne sont pas des martyrs. Et c’est en été ancré dans l’ordinaire, dans cette réalité de la société, que l’histoire prend cette force. Et en plus de ça, le suspense est entretenu habilement en faisant peser les soupçons à tour de rôle sur plusieurs personnes de manière plus subtile que dans beaucoup de séries qui mettent en avant une affaire criminelle.

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Les transitions entre les deux époques de l’histoire sont mises en image d’une manière que j’ai beaucoup aimée : à l’arrivée des Endô, une grande roue (celle évoquée par le titre du drama et les images du générique) est en cours de construction aux alentours du quartier, et l’on peut la voir depuis certains endroits (Hibarigaoka est situé en hauteur, et cette situation est symbolique par rapport aux autres quartiers moins huppés qui sont en bas de la colline). L’avancement de la construction de la roue suit donc le déroulement de l’histoire, et dans le présent, cette roue est terminée et illuminée la nuit. Par certaines scènes, elle devient le symbole du rêve brisé des Endô en même temps que du drame survenu dans la famille Takahashi. Moi qui adore les grandes roues, utilisées aussi dans une de mes oeuvres japonaises préférées, ce symbole m’a évidemment beaucoup plu. Et puis il me semblait bien que la grande roue utilisée était celle de Kasai Rinkai, et c’est effectivement le cas.

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Je disais que l’équipe aux commandes de Yakou kanransha était la même que celle de N no tame ni (enfin, chronologiquement, c’est l’inverse en fait ^^), et cette équipe inclue aussi pour le plus grand plaisir de nos oreilles le compositeur Yokoyama Masaru. Ses compositions sont vraiment efficaces et j’aime beaucoup leur ambiance. J’ai particulièrement aimé le morceau chanté qui revient dans chaque épisode. Le compositeur est très actif ces dernières années, j’ai hâte de l’entendre dans d’autres séries. Lorsque j’ai entendu la chanson thème de la série la première fois, je me suis dit que ce n’était pas du tout mon style. Mais en fait, elle fait vraiment son effet en fin d’épisode et j’en suis venue à bien l’apprécier. En plus, les paroles sont loin d’être cons ! Au final, un beau sans faute côté ambiance musicale pour le drama.

A l’instar des autres adaptations de romans de Minato Kanae, Yakou kanransha est un excellent drama qui conjugue avec beaucoup de justesse suspense et questions de société. Comme toujours je suis curieuse de savoir ce que ça donne en version papier, mais même sans connaître je pense pouvoir dire que c’est une très bonne adaptation. La réalisation, le rythme du récit, l’écriture des personnages et leur interprétation, la musique, tout y est. Quad on a quelque chose d’aussi bien fichu, on ne peut pas se plaindre de ne pas avoir un scénario original ! En tant que mère vivant au Japon, j’ai été particulièrement marquée par les questions évoquées autour des deux mères de l’histoire, et des parents en général. Et moi qui trouvais que l’uniforme scolaire ce n’était pas si mal, je me demande si je n’ai pas changé d’avis ! Je vous laisse découvrir pourquoi :).

2 Commentaires

  1. « La narration de Yakou kanrasha alterne de manière très efficace les scènes du présent (donc juste après le meurtre de M. Takahashi), et les scènes du passé, jusqu’au moment où passé et présent se rejoignent pour nous mener au dénouement. Et cette fois encore, la force de l’histoire et toute sa portée émotionnelle, c’est de ne pas tout miser sur la découverte du coupable mais sur ce qui l’a amener à commettre ce crime, en dressant par la même occasion le portrait de différents protagonistes.  »

    Je retrouve bien là l’équipe (Minato Kanae comprise) de N no Tame ni / REVERSE… Les deux étant aussi des enquêtes avec alternance passé/présent, et l’accent mis sur les protagonistes plus que sur, véritablement, la résolution (et je pense que c’est presque encore plus vrai pour REVERSE que pour N no tame ni).

    Et j’aime beaucoup ce que tu dis sur la roue, sa construction, ce qu’elle représente.

    Cela a l’air d’être un très bon drama … ce qui ne me surprend pas… je réitère donc: VILE TENTATRICE A FOI JAUNE VILITANT T.T

    • Héhé,oui, vile tentatrice et fière de l’être ! Et tu sais quoi ? Je culpabilise pas un poil envers les gens qui comme toi me donnent aussi super envie de voir certains drama 😀
      j’ai hâte de lire ton article sur Yakou kanransha 🙂

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