[Drama] Byakuyakou

byakuyakou

Titre japonais : 白夜行

Nombre d’épisodes : 11

Diffusé en : Hiver 2006

Chaîne de diffusion : TBS

Fiche : DramaWiki

Byakuyakou fait partie de la première vingtaine de drama que j’ai vus et m’a d’autant plus marquée qu’il a été pour moi l’un des premiers représentants dans le genre drame sous fond d’enquête policière. Je n’ai pas hésité à le mettre sur ma liste de revisionnages et à me relancer dans ce drama dont on connait la fin dès les premières minutes, ne serait-ce que pour entendre à nouveau en contexte son superbe thème principal. Mon premier billet il y a six ans et demi était un peu sommaire, un nouveau billet semblait donc nécessaire après mon revisionnage mais en fait cela n’a rien d’évident (surtout plusieurs mois après avoir terminé la série…). Mais je me lance quand même ! ^^byakuyakou

Tokyo, fin 2005, un jeune homme déguisé en père Noël et à moitié couvert de sang s’écroule sur le trottoir devant une jeune femme habillée élégamment. Celle-ci tente de cacher son trouble et l’ignore, mais il est évident qu’elle le connait. Retour quinze ans auparavant, dans une ville de province. Pour se protéger mutuellement, Ryôji et Yukiho, deux enfants, commettent chacun un crime qui va changer leur vie à jamais. Pendant les quinze années suivantes, ils vont tenter coûte que coûte de garder leur secret et faire comme s’ils ne se connaissaient pas. Mais cela ne suffira pas, et au lieu de voir la lumière au bout du tunnel ils vont plutôt faire une descente aux enfers alors qu’ils commettent d’autres crimes pour cacher les premiers. L’inspecteur Sasagaki, qui a toujours senti que les enfants connaissaient la vérité sur l’affaire de meurtre dont il a été chargé, va inlassablement tenter de percer leur secret année après années, alors que Ryôji et Yukiho deviennent des adolescents puis des jeunes adultes.

La relation entre les deux personnages principaux se trouve au coeur du drama. L’affection qui lie Ryôji et Yukiho pendant leur enfance va se transformer en amour à l’adolescence. Mais vu les circonstances, leur histoire n’a rien d’un idylle de comédie romantique lycéenne ou étudiante. Chacun représente pour l’autre un passé maudit dont ils veulent se débarrasser, chacun fait pour l’autre ce qu’il fait, chacun est le seul à connaitre le secret de l’autre, chacun ne se dévoile réellement tel qu’il est à l’autre.
Izumisawa Yuki et  Fukuda Mayuko, les deux jeunes acteurs qui jouent Ryôji et Yukiho enfants pendant le premier épisode et lors des nombreux flash-back, sont extrêmement attachants. Le personnage de Ryôji, véritable chevalier protecteur, n’est pas sans rappeler le personnage de Daigo qu »Izumisawa joue dans Sunadokei, mais dans une version plus noire et tragique.byakuyakou

Pour que Yukiho puisse rester au soleil, Ryôji va en effet devoir passer dans l’ombre. Aux côtés de Matsuura, l’ancien employé et amant de sa mère, il va se prêter à de multiples activités illégales et côtoyer le milieu maffieux. C’est avec ce rôle que j’avais découvert Yamada Takayuki. Je l’ai depuis vu dans des registres très différents où il a tout autant fait ces preuves. Il transmet parfaitement le sentiment de solitude et d’impuissance de ce jeune homme qui se retrouve complètement prisonnier de la situation, qui se retrouve dans un monde qui n’aurait jamais dû être le sien.byakuyakou

Si l’on peut penser d’abord que Yukiho se la coule douce à suivre sa scolarité puis ses études entourée de camarades comme toutes les jeunes filles de son âge, on rend vite compte que la réalité est différente. Bien qu’elle ait changé de nom, Yukiho est poursuivie par son passé et ne parvient pas à effacer son étiquette de fille de meurtrière (cet aspect rejoint l’un des thèmes principaux de Soredemo, ikite yuku). Officiellement, sa mère a commis un meurtre avant de se suicider, laissant sa fille orpheline. Si elle a maintenant une mère adoptive aimante, Yukiho a vécu un calvaire dans l’institution où elle a été placée enfant. Face à ce monde qui ne lui causait que souffrances, la jeune fille a sombré dans la noirceur et est devenue incapable de supporter le bonheur des autres, même quand ils n’avaient rien à voir avec ceux qui la persécutent. Ryôji va devenir celui qui exécute sa vengeance et va même exercer sur lui une sorte de chantage, allant dans ses moments les plus noirs jusqu’à lui dire qu’elle ne lui avait rien demandé au départ et que s’il n’avait pas commis un premier crime, personne n’en serait là.
Le regard dur et les tics nerveux d’Ayase Haruka ne peuvent laisser le spectateur indifférent devant son personnage. Yukiho est-elle devenue ainsi à cause de ce qui lui est arrivé ? N’était-elle pas tout simplement méchante dès le départ ?byakuyakou

L’inspecteur de police Sasagaki, celui qui peut être qualifié d’ennemi ou de justicier selon les points de vue, est incarné par Takeda Tetsuya, auquel ce rôle de tenace va comme un gant. L’homme se sent responsable de ne pas avoir pu établir la vérité alors que Ryôji et Yukiho étaient toujours enfants. Lorsqu’il va se rendre compte qu’il se passe des choses étranges dans les entourages respectifs des jeunes gens des années après, il va s’acharner à vouloir les démasquer enfin pour les arrêter, dans tous les sens du terme. Autant par sens aigu de la justice que parce qu’il sait pertinemment qu’ils courent à leur perte.
Son jeune coéquipier, Koga, n’a pas connu nos deux criminels jeunes, et montre donc beaucoup moins d’indulgence que son mentor.

Asô Yumi est Yaeko, la mère de Ryôji. Si on la range d’abord du côté des responsables du drame à l’origine de tout, on finit par la prendre en pitié quand on voit le prix qu’elle a à payer. Comme pour se punir elle-même, elle a ouvert un snack sur les lieux mêmes du drame, où elle ne peut se lamenter quand elle se rend compte que son fils est perdu.

Matsuura est en fait le premier à connaitre le secret de nos deux personnages principaux. Du moins, il sait ce qu’a fait Ryôji, le fils de celle qui était sa maîtresse à l’époque. Grâce à cela, il va pouvoir garder le garçon sous sa coupe et l’entraîner dans ses activités frauduleuses. Watabe Atsurô est aussi convaincant dans ce rôle de malfrat sans scrupule que dans les autres rôles où j’ai pu le voir.byakuyakou

Mme Taniguchi (Yo Kimiko) travaille à la bibliothèque de la ville où Ryôji et Yukiho ont grandi et a connu les deux enfants, mais séparément. Elle va être une conseillère bienveillante pour la Yukiho jeune adulte comme elle l’avait été pour Ryôji enfant, ignorant tout du drame qui les lie. Si on peut presque dire que Sasagaki est une figure paternelle avec son autorité, Taniguchi est une présence maternelle pour nos deux personnages qui ont grandi avec des parents absents, au sens propre comme au sens figuré suivant les cas. Comme l’inspecteur, elle va se reprocher de ne pas avoir réalisé plus tôt.byakuyakou

Parmi les personnages que va rencontrer Ryôji, certains vont être plus proches de lui et permettre de montrer si le jeune homme est capable encore d’éprouver de la sympathie ou de l’affection envers les autres. C’est le cas de Sonomura (Koide Keisuke), qui va se retrouver embarqué dans les affaires de Matsuura et Ryôji, de Namie (Okunuki Kaoru), une employée de banque, et de Noriko (Nishida Naomi), qui va connaître Ryôji sous une des identités qu’il se créé.byakuyakou

Shinozuka (Kashiwabara Takashi) est un jeune homme que Yukiho va rencontrer à l’université. La tournure des événements va l’amener à avoir des doutes sur la véritable personnalité de la jeune femme. Eriko (Otsuka Chihiro) connait Yukiho depuis le lycée et est ce qui se rapproche le plus d’une meilleure amie pour celle qui ne se dévoile jamais de peur que son passé la rattrape. Makoto (Shioya Shun) va lui aussi jouer un rôle important pour illustrer le mensonge permanent dans lequel Yukiho vit.byakuyakou

Enfin, Reiko (Yachigusa Kaoru) est une professeur d’ikebana d’un certain âge qui n’a pas eu d’enfant et a adopté Yukiho. Elle fait tous les efforts possibles pour gagner la confiance et l’affection de la jeune fille, mais celle-ci garde ses distances. Est-ce parce qu’elle a peur d’être à nouveau trahie, ou parce qu’elle ne veut pas l’impliquer dans ses histoires ? On a l’impression qu’il y a un peu des deux !byakuyakou

Si l’ambiance de Byakuyakou n’est pas trop pesante malgré le passé dramatique et le destin fatal qui attend Ryôji à la fin de l’histoire, c’est certainement grâce aux différentes « opérations » menées par le duo qui prennent un véritable aspect stratégique au-delà de la réprobation morale que peuvent susciter ces actions elles-mêmes. J’ai peu de souvenirs du drama Ryûsei no kizuna, mais les combines de Yukiho et Ryôji m’ont clairement rappelé celles du trio de frères et soeur, et ça n’est pas pour rien car les deux drama sont des adaptations de romans de Higashino Keigo, auteur à succès dont de nombreuses oeuvres ont été portées au petit ou au grand écran.

Comme de nombreuses adaptations, le drama Byakuyakou prend d’ailleurs un certain nombre de libertés par rapport au roman, d’après ce que j’ai pu lire sur la page Wikipedia en japonais consacrée à l’oeuvre. Il place notamment l’action une vingtaine d’années plus tard pour la rendre contemporaine, et modifie certains événements et certaines actions des personnages. Il me semble aussi que le point de vue adopté est différent, comme dans Karei naru ichizoku. Comme je n’ai pas lu le roman, je ne jugerai pas du bien fondé de ces modifications. Ce qui compte, c’est la cohérence du résultat !byakuyakou

Et il faut dire que le drama joue habilement avec les sentiments et la conscience du spectateur, en le questionnant sans cesse sur la légitimité des actions des deux principaux protagonistes. Avaient-ils le droit de commettre leurs premiers crimes pour se protéger ? Ont-ils le droit d’en commettre d’autres pour pouvoir se débarrasser de leur passé ? On peut même se demander pourquoi ils se sont sentis obligés de cacher leurs crimes alors qu’en tant qu’enfants ils risquaient moins aux yeux de la loi. Ils l’ignoraient sûrement, et avaient surtout déjà trop de défiance envers les adultes.
Est-ce que parce qu’ils ont souffert de la cruauté et des déviances d’adultes irresponsables que la société qui a rendu possible de telles actions doit maintenant endurer les conséquences de leurs propres actions ? Y a-t-il une limite, et si oui, où la placer ? Peut-on vraiment apaiser sa peine en se vengeant sur des gens qui n’ont commis pour seule faute que d’être heureux parce qu’on ne peut pas l’être ? Plus les épisodes passent, plus il semble clair que la route empruntée par Ryôji et Yukiho est sans issue. Les deux êtres sont même marqués jusque dans leur chair d’homme et de femme par leurs actes. A mes yeux, leur dernier crime achève de les condamner si on ne l’a pas déjà fait avant. Pourtant, le dénouement ne sonne pas pour autant comme une simple punition divine pour ceux qui ont péché. Juste une terrible impression de gâchis face à des destins brisés.byakuyakou

Le drama a maintenant pas loin de dix ans : j’ai trouvé qu’il avait bien vieilli et que sa réalisation restait supérieure à la moyenne et correspondait à ce que l’on peut attendre pour une histoire de ce style. J’ai beaucoup aimé les nombreux plans urbains et la présence prononcée de la lumière déclinante ou de la nuit.

C’est Kono Shin qui signe la bande originale de la série, et je l’ai autant appréciée que lors de mon premier visionnage. Si je comprends que l’on puisse trouver son thème principal (que j’avais partagé en musique de la semaine) trop présent et trop dramatique, il reste pour moi une magnifique composition qui s’apprécie encore mieux quand on l’écoute dans son intégralité. Les autres pistes ne sont pas en reste avec par exemple un joli morceau au piano qui traduit bien la nostalgie du passé.

La chanson thème que l’on entend à chaque fin d’épisode et qui continue dans le générique est signée Shibasaki Kou. Comme je l’ai dit pour Sunadokei, je n’aime pas vraiment la voix de la chanteuse (disons qu’elle peut faire illusion mais que si on écoute bien elle force trop) et je n’ai jamais vraiment eu envie d’écouter sa musique mais il faut dire que celui ou ceux qui composent pour elles savent pondre des titres qui fonctionnent toujours diablement bien dans les drama.

Si je n’ai pas eu cette fois la surprise de la découverte et que plus de 150 drama sont passés entre mon premier et mon deuxième visionnage, Byakuyakou reste pour moi une série de qualité qu’aucun dramaphile ne doit négliger. Sa forte teneur dramatique et sa noirceur sont compensés par une dimension suspense créée par les machinations des protagonistes ainsi que par un questionnement intelligent du spectateur. Du moins, moi, je me suis sentie questionnée, même s’il n’y a pas forcément une réponse idéale à donner à la fin !
En 2011, une autre adaptation de Byakuyakou a été faite, en film cette fois. Si je suis à peu près certaine de ne pas supporter Horikita Maki dans le rôle principal, le reste du cast est plutôt pas mal, et je suis curieuse de voir ce que donne une adaptation plus proche du roman sur un format différent.

1 Commentaire

  1. Commentaires laissés sur l’ancienne version du blog

    J’avais adoré ce drama, il m’avait aussi marqué ! Par contre la version film pas du tout. J’aime beaucoup Yamada Takayuki, il varie ses rôles et joue vraiment bien^^ 😀

    Écrit par : frenchynippon | 18.12.2014

    Il semble que ce drama fasse l’unanimité, à moins qu’on n’aime pas du tout les histoires déprimantes et les unhappy ends :). Pour le film, outre le casting, c’est peut-être aussi le format qui coince. Ca doit être un peu trop condensé pour développer autant !
    Moi aussi j’aime beaucoup Yamada Takayuki ! Quand je pense au fossé qu’il y a entre ses rôles dans Byakuyakou ou Sekai no Chushin de… et son personnage loufoque de Yuusha Yoshihiko !

    Écrit par : Katzina | 11.01.2015

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