Je n’ai pas dit un mot su ce blog de la poignée de films que j’ai vus ces dernières années (à part s’ils étaient en rapport avec un drama japonais) car j’ai toujours préféré donner la priorité à d’autres types de billets. Je me suis toujours sentie moins légitime à parler cinéma, surtout s’il n’y a aucun rapport avec le Japon, et le fait de ne jamais avoir écrit régulièrement sur les longs métrages n’aide pas à me sentir à l’aise pour ce genre d’exercice. Mais aujourd’hui, j’ai vraiment envie de partager mes impressions sur le dernier film que j’ai vu avant que ma mémoire me joue des tours et que je ne sois plus capable de faire plus qu’un commentaire de trois lignes. Parce que la semaine dernière, je suis allée au ciné pour la première fois en cinq ans et quelque. Rien que ça, ça se fête ! Et en plus, comme vous vous en doutez déjà, j’ai vraiment passé un super moment.Quelque part autour de la fin septembre, j’ai eu vent d’un concours pour gagner un lot de 2 places pour l’avant-première du film Bohemian Rhapsody dans différents cinémas de Tokyo par une newsletter d’HMV. C’était vraiment un coup de bol, parce que je fais très rarement attention à ce genre de mail et à chaque fois que j’en supprime un je me dis qu’il faudrait que je prenne le temps de me désinscrire. Si vous me connaissez ou suivez un peu ce que je raconte ici question musique, vous savez déjà que je ne suis pas fan de Queen. J’ai posté une seule chanson d’eux en 12 ans et ce n’est pas vraiment parce qu’elle est d’eux :D. Mais j’ai une amie qui est super fan, et elle m’avait parlé de la sortie prochaine de ce film qu’elle attendait depuis de nombreuses années. On s’est donc inscrites sans hésiter au concours, chacune à un cinéma différent. Et bingo, à peine plus d’une semaine avant l’événement, j’ai trouvé la carte gagnante dans ma boite aux lettres ! Évidemment rien ne m’aurait empêchée de me payer une place une fois le film en salles, mais j’étais vraiment contente que la chance soit avec nous sur ce coup-là. Mardi 30 octobre en début de soirée, nous étions donc au rendez-vous au cinéma de Toshimaen (la dernière fois que j’étais allée traîner dans ce coin pas très loin de chez moi c’était pas pour le parc d’attractions mais pour faire des repérages de matériel d’élevage au Toys’r’us d’à côté :D).
Queen fait pour moi partie de tous ces artistes incontournables des années 70 et/ou 80 auxquels je ne me suis jamais intéressée personnellement. Je n’arrive toujours pas à savoir pourquoi, ce n’est pas qu’une question de style, mais je n’ai jamais réussi à devenir vraiment fans d’artistes antérieurs aux années 90, l’époque à laquelle j’ai commencé à m’intéresser à la musique. C’est très bête, je m’en suis fait encore la réflexion au début de l’année dernière à la mort de David Bowie. Espérons que prendre de l’âge ait l’avantage de remédier en partie à ça un jour ! Et peut-être que je comprendrai aussi un jour pourquoi j’apprécie si peu les chansons en français, mais il ne faut pas en demander trop non plus :D. Le film Bohemian Rhapsody m’a rappelé à quel point ce paysage musical « passif » que quelques générations ont en commun est important. Et que même si on n’est pas dingue d’un artiste au point de connaitre tous ses albums et toutes ses chansons, même si l’on n’apprécie pas la personnalité d’untel, la voix d’un autre ou le son d’un groupe, c’est en quelque sorte de la culture générale de connaître les grandes lignes de leur histoire et leurs chansons les plus célèbres.
Le film Bohemian Rhapsody remplit très bien la mission de remettre dans son contexte de l’époque la formation et l’ascension de Queen. A travers la genèse de la chanson qui donne son titre au long métrage (le passage de son enregistrement et de sa sortie en single est super !), ainsi que des deux ou trois autres titres phares du groupe qui sont évoqués, j’ai pu réaliser quelque chose qui était pourtant super évident : ce groupe est un vrai caméléon, et la poignée de chansons d’eux que je connais depuis toujours n’ont au bout du compte pas grand chose en commun au niveau du style, c’est vraiment grâce à la voix qu’on sait à coup sûr de qui c’est. Même si ce n’est que le temps d’une scène, j’ai trouvé ça super intéressant d’apprendre dans quel contexte We will rock you avait été composée. C’est LA chanson que l’on entend partout par excellence, et à l’époque des pubs Evian ça tenait même un peu de l’overdose. On nous montre bien la volonté du groupe de vouloir surprendre et l’importance cruciale des performances live et du lien avec le public. Sur ce point, la scène finale du film est franchement impressionnante. On s’y croirait dans ce stade, il y a plus de 30 ans !
Les presque 2h15 du film passent super vite, et j’ai beaucoup apprécié l’immersion dans les années 70 puis 80 ainsi que le rythme très soutenu auquel tout s’enchaîne. Car même en se centrant sur la période allant de la formation de Queen au concert Live Aid, ça fait quasiment 15 ans et c’est donc impossible de tout dire en si peu de temps (le si vénéré grand écran a bien des limites ^^). En tant que non spécialiste de l’histoire du groupe, je trouve ça tout à fait compréhensible que certains événements aient été adaptés, notamment au niveau chronologie, pour donner une ensemble cohérent au niveau de la narration. Après, du peu de ce que je savais sur la production avant de la voir, on n’a jamais prétendu nous montrer une biographie de Freddie Mercury (mais avec ce qu’on devine par rapport à ses origines, à sa famille et notamment sa relation avec son père on sent qu’il y aurait de quoi faire, c’est certain). Évidemment, il a un rôle prépondérant, mais l’équilibre avec les autres membres du groupe est trouvé. Et les faits évoqués montrent bien à quel point il est difficile pour un groupe de garder sa cohésion au fil du succès et des années lorsque l’un de ses membres a une personnalité aussi forte, et même si ce n’est pas lui qui compose toutes les chansons.
L’orientation sexuelle et la maladie de Freddie Mercury ne sont donc pas au coeur du film, même si elles sont bien sûr évoquées. Personnellement, cela m’aurait intéressée d’en savoir plus par rapport au contexte historique et social de l’époque, mais il faut accepter qu’on a affaire à un film et pas à un documentaire. Et puisque l’artiste n’a pas voulu évoquer publiquement son homosexualité et sa séropositivité de son vivant, et n’a pas cherché à être le représentant de l’une ou l’autre de ces causes, je trouve ça au bout du compte cohérent de ne pas le définir par ça si on parle de l’histoire de son groupe. En tout cas, moi je me suis dit que c’était quand même assez génial qu’une des voix les plus emblématiques d’un univers musical quand même largement dominé par les blancs hétérosexuels soit celle de quelqu’un qui n’était ni l’un ni l’autre.
Du coup, oui, on évite tout le tragique et on peut dire que c’est facile. Mais je n’ai pas du tout eu l’impression que ce n’était pas assumé ou qu’on essayait de nous faire croire aux Bisounours. Dans le monde musical, surtout celui du rock, il y a tellement d’artistes qui sont partis trop tôt, et souvent de manière violente quand il ne s’agissait pas de maladie. Vouloir montrer seulement le meilleur, ça peut se comprendre, et ça fait du bien de voir une belle histoire même si elle a des hauts et des bas (et même de rire, car il y a une belle poignée de blagues !). Parce que c’est ça au final un bout essentiel de l’histoire de la musique de ces dernières décennies. Je suis entrée dans la salle de cinéma curieuse, j’en suis ressortie plus émue que je ne l’aurais pensé. On peut dire qu’on s’en fiche de savoir comment, par qui une chanson ou une musique a été créée, si elle est bien, elle est bien. Mais parfois, c’est aussi super d’en savoir plus. Et puis on dirait que le film plait aussi quand on est fan depuis de très nombreuses années :). En tout cas, j’a gardé l’ambiance du film plusieurs jours dans la tête et je « vois » la musique de Queen un peu différemment maintenant !
Je vous ai mis l’affiche et le trailer version Japon, heureusement le film en lui-même était en VO. Par contre pendant les chansons au lieu de sous-titrer les paroles traduites en japonais ils auraient mieux fait de se mettre juste en mode karaoke (et en alphabet, mais ça fait peur les lettres :p).
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