Découverte de Nagatoro aux prémices du printemps

La région de Chichibu, qui constitue la partie la plus à l’ouest et la plus rurale du département de Saitama, se compose de la ville de Chichibu (où j’étais allée voir les shibazakura en 2014) et du district de Chichibu, lui-même divisé en plusieurs bourgs et villages. Cela faisait pas mal de temps que je voulais visiter le bourg de Nagatoro, dont j’ai entendu parlé par une copine qui y est allée plusieurs fois. A la fin de l’hiver dernier, alors que je cherchais un endroit pas loin pour passer un petit week-end avant le printemps, je suis tombée sur une publicité pour Nagatoro dans le train. La compagnie Seibu est très douée pour faire la promotion des lieux touristiques se trouvant sur son « territoire » (Chichibu, Kawagoe, Hannô…). Ils yont intérêt certes, mais ce n’en est pas moins appréciable et c’est comme ça que j’ai connu Kinchakuda et ses lycoris, et aussi le jardin de lys à côté du Seibu Dome. Juste avant la mi-mars, nous avons donc passé deux belles petites journées à découvrir Nagatoro et à profiter du calme et de la nature.

Pour le plus grand plaisir de mon petit densha otaku d’à peine deux ans et demi à ce moment, nous avons pris le Red Arrow, le super express de Seibu, jusqu’au terminus de la ligne à Seibu-Chichibu (la ville, donc). Si vous voulez tout savoir, à l’aller on a même eu une rame Red Arrow Classic, qui a un design un peu rétro plutôt sympa. Vu que c’est un train avec réservation obligatoire, ça coûte en gros le double des trains classiques mais ça vaut le coût aussi bien niveau gain de temps (surtout si vous venez depuis Ikebukuro) que niveau confort. Une fois descendu du Red Arrow, il faut faire quelques centaines de mètres à pied pour rejoindre la petite gare de Ohanabatake, sur la ligne locale de la compagnie Chichibu Testsudô (qui a été en fait plus ou moins rachetée par Seibu il me semble) pour faire le reste du trajet vers le nord jusqu’à Nagatoro.

Red Arrow Classic

Une bonne mise en appétit

Comme c’était déjà l’heure du déjeuner quand nous sommes arrivés à destination, nous sommes allés direct au restaurant avec notre bagage. Nous avons mangé au Yûrin Kurabu, situé dans un superbe bâtiment de style japonais. La salle principale est énorme, elle sert pour des réceptions et des banquets. On a eu une table près de la fenêtre avec vue sur le jardin, et même si les arbres étaient encore en mode hiver c’était bien appréciable. Le repas était aussi beau que bon, mention spéciale pour le panier vapeur de légumes locaux et la petite coupelle de na nohana et seiche assaisonnées à la moutarde ! Après être passés à l’hôtel pour déposer notre valise, on s’est dirigés vers la rivière en passant par la rue commerçante. Mais comme on y est retournés plus longuement le lendemain, j’en parlerai un peu plus loin ! Le reste de la journée s’est passé côté montagne, et avant ça il fallait bien un petit goûter même s’il était encore un peu tôt : dans la rue qui part de la gare et va vers le sanctuaire, il y a une boutique qui vendait des taiyaki à la farine de sarrasin. C’était tellement délicieux, j’apprécie toujours ceux de ma chaîne préférée qui a toujours des goûts sympa, mais ça faisait longtemps que je n’étais pas tombée sur une petite boutique avec quelque chose de si original ! J’ai pris celui au haricot rouge, et le lendemain j’aurais aimé goûter celui au miso mais la boutique n’était pas ouverte malheureusement -__-. 

Déjeuner Yûrin Kurabu
Taiyaki à la farine de sarrasin

Sanctuaire, funiculaire et ume

Nous nous sommes dirigés vers le sanctuaire Hodosan, qui est au flanc de la montagne dont il porte le nom, le mont Hodo. Un torii au-dessus de la route annonce bien avant qu’il y a un sanctuaire important dans le coin. Et le torii que l’on passe quand on arrive vraiment dans l’enceinte du lieu de culte est particulièrement beau. Je n’ai pas manqué d’aller faire ajouter le sceau goshûin dans mon carnet. Prochaine étape : la station de funiculaire ! Il y a en effet une petite ligne aux cabines très rétro qui permet de monter jusqu’au sommet du mont en quelques minutes. Quel est l’intérêt d’aller là-haut ? La vue sur les alentours bien sûr, qui est très chouette, mais surtout les dizaines de pruniers et de rôbai qui constituent une bonne raison pour les amateurs de fleurs de venir dans le coin à la fin de l’hiver. On était vraiment bien là-haut en cette belle fin d’après-midi, avec le doux parfum des fleurs de prunier. Au bout du compte j’ai peu à écrire sur cet après-midi mais on en a eu plein les yeux et pour le vérifier jetez un oeil à la galerie à la fin du billet pour voir plus de photos :).

Sanctuaire Hodosan
Fuiniculaire Hodosan
Rôbai jardins Hodosan
Pruniers jardins Hodosan

Le Chôseikan

Après être descendus, il était déjà temps d’aller à l’hôtel. Je crois que l’offre d’hébergement n’est pas super riche dans le coin, j’ai trouvé un ryôkan qui était très bien situé et qui était à un tarif raisonnable même si bien sûr ce n’est pas le budget backpacker. Mais ça correspond tellement bien à ce dont on a envie quand on part en week-end : la bonne bouffe du dîner et du petit déjeuner, et le bain ! Et l’avantage des chambres à la japonaise, c’est que c’est plus flexible pour le couchage quand on voyage avec un ou des enfants. Et ma foi, au Chôseikan on est plutôt bien tombé ! Le seul truc dommage, c’est qu’on n’a pas pu avoir la seule chambre avec petit bain extérieur privatif parce qu’elle était uniquement pour les hôtes sans enfant (je ne sais pas s’il s’agit vraiment d’une question de sécurité ou juste d’éventuelles nuisances sonores ?). Et puis autre truc par rapport aux repas enfant, même si ce sont loin d’être les seuls à faire ça et que justement depuis on essaie de faire attention à ça le plus possible : Messire avait dépassé l’âge de picorer dans nos plats, il avait donc son propre menu, mais beaucoup moins traditionnel que celui des adultes : c’était hambâgu, omelette, karaage, beignet de crevette etc. Alors c’est de meilleure qualité qu’au premier famiresu venu, mais bon c’est trop, y’a pas assez de légumes, bien trop de viande à mon goût, et comme ce n’est pas ce que Messire a l’habitude de manger il a préféré goûter à nos repas ! C’est assez soûlant cette manie de servir soit-disant ce que les enfants aiment, si on leur donne pas autre chose ou qu’on leur présente ça comme un truc pas bon évidement qu’ils vont pas avoir envie de manger. Bon là quand même y’avait la soupe et le chawanmushi, ça c’est bien ! Enfin, on s’est régalés, y’avait des plats originaux, évidemment la présentation était jolie comme tout, avec les petites poupées du Hina Matsuri qui était la semaine d’avant. Nous on avait notre petite poupée qui a eu un yukata à sa taille et des chaussons ! Depuis quand on va dans un endroit où y’a pas de yukata pour lui il est triste ^^. Même souci pour le repas enfant au petit déjeuner le lendemain matin, mais pour le reste très bon, surtout le tofu mijoté dans le petit nabe ! Le dîner avait été servi dans la chambre (vue sympa sur le jardin, avec la rivière en contrebas), et le petit déjeuner c’était dans la salle commune. Les bains étaient sympa, et il me semble que les futons étaient pas mal rembourrés (avant je m’en foutais, maintenant je suis quand même plus sensible !).

Dîner Chôseikan

Le sauvage Arakawa

Avec tout ça, on était d’attaque pour notre deuxième journée à Nagatoro, et comme la veille le temps était très beau. Nous sommes retournés du côté de la rivière Arakawa, ou même plutôt le fleuve (le japonais ne fait pas la différence dans le vocabulaire commun). Il prend sa source plus au sud dans le territoire de Chichibu et continue son cours à travers Saitama avant de passer au nord et à l’est de Tokyo et d’aller se jeter dans la baie à côté du parc Kasai Rinkai. C’est principalement ce fleuve (ainsi que le Tonegawa) qui approvisionne la mégalopole en eau. Au niveau de Nagatoro, l’Arakawa forme une petite gorge et des rapides et est bordé de falaises et rochers dont la composition est importante du point de vue de l’histoire géologique de la région. C’est une sorte de schiste, c’est vraiment joli à certains endroits. Messire qui avait déjà le pied sûr a adoré gambadé dans les rochers, bien sûr il fallait prendre garde car il avait vite fait de s’approcher de la rivière mais c’était un bon exercice pour lui ! Nous avons suivi la rive du fleuve dont l’eau avait une si belle couleur sur plus d’un kilomètre et nous avons croisé quelques unes des embarcations qui promènent les touristes (nous avons passé notre tour pour cette fois, crainte qu’un petit monsieur bouge un peu trop ^^). Du coup, on était proche de la gare de Kami-Nagatoro donc on a pris le train pour retourner à la gare de Nagatoro même si c’était l’arrêt suivant car Messire en avait plein les pattes (et son père plein le dos du coup, mais même si on avait encore utilisé une poussette ur les rochers pas terrible XD). 

Nagatoro - Arakawa
Nagatoro- Arakawa

Miso jusqu’au bout

La matinée touchait déjà à sa fin, le moment était venu de profiter encore un peu de la gastronomie locale ! On s’est trouvé une bonne petite cantine à deux pas de la gare, le Nagatoroya. J’ai mangé des soba à tremper dans une sauce où il y avait des noix, c’était très bon. On a pris aussi des brochettes de konjac et des petites brioches au nattô avec du miso local. Du coup, avant de partir, j’ai été acheté du miso dans une boutique de souvenirs et spécialités locales. Je l’ai principalement utilisé pour des soupes, c’était bien bon et du coup j’ai envie de faire plus attention à ce genre de produits quand on voyage au Japon. Petite gourmandise pour se consoler de ne pas avoir de taiyaki avant de reprendre notre valise : un goheimochi… au miso bien sûr ! ^^

Gohei mochi

Ichigo !

Nous avons dit aurevoir à Nagatoro pour cette fois, mais nous avions encore l’après-midi devant nous avant de remonter à bord du Red Arrow vers 17h. Nous avons donc repris la petite ligne de train Chichibu Tetsudô  vers Chichibu ville et nous nous sommes arrêtés à Wadô-Kuroya. Sur les quais de la petite gare (qu’est-ce que j’aime ces vieilles gares de campagne ! il y a un monument commémoratif avec une grosse pièce trouée ressemblant aux actuelles pièce des 5 yens (vous savez, celles qui sont chiantes parce que leur valeur n’est pas indiquée en chiffres arabes ^^). C’est en effet dans la montagne voisine qu’a été extrait le cuivre natif ayant servi à fabriquer les plus anciennes pièces de monnaie japonaises au début du 8ème siècle. Ces pièces se nommaient Wadô-Kaichin, Wadô étant le nom de l’ère impériale. Nous ne sommes pas allés jusqu’au « vrai » monument dans la montagne car notre intérêt était cette fois un peu plus terre à terre : il y a beaucoup de producteurs de fraises dans la région de Chichibu, et l’autochtone en avait repéré un à Wadô-Kuroya. L’intérêt ? Il ne s’agissait pas de les acheter en barquettes à emporter, mais de les cueillir et les déguster nous-mêmes sur place ! On a failli repartir le ventre vide car on nous a d’abord annoncé que la journée de cueillette était déjà terminée car il ne restait plus assez de fraises. Mais du coup, si ça nous convenait d’avoir seulement des petites on pouvait y aller. Ben elles étaient pas si petites que ça et on n’a pas eu de mal à les trouver ! 1500 yens par adulte pour 30 minutes, ce n’est pas donné, mais les fraises comme tous les fruits sont chères donc ce n’est pas bien étonnant. Et puis c’était une vraie expérience pour Messire, il s’en est mis plein la panse et les fraises de Nagatoro c’est un des premiers événements dont il s’est mis à nous reparler plein de fois !

Wado-Kuroya
Fraises Chichibu

Chichibu ville, le sanctuaire et la bière

On a eu assez de temps une fois arrivés à Chichibu ville pour passer au Chichibu jinja, visité il y a quatre ans mais où je voulais retourner pour avoir le sceau, et tout simplement parce qu’il est superbe. Les couleurs et les détails des décorations du bâtiment principal, c’est impressionnant ! Quand je me déciderai enfin à écrire des billets temples et sanctuaires, il sera au menu ! On avait pris en passant des taiyaki dans une petite boutique de la rue commerçante arrivant jusqu’au sanctuaire que je comptais bien retrouver aussi. Après, on a eu le temps d’aller faire une petite pause dans un café/bar très sympa de la même rue. J’ai goûté à la bière locale, la Chichibu Beer. Il me semble que j’ai pris de la Weizen en revoyant la photo je ne suis plus sûre ! En tout cas, elle était bonne ! La craft beer on en trouve vraiment un peu partout au Japon maintenant donc du coup c’est comme le miso en moins traditionnel, c’est une bonne idée de truc à essayer sur place ou à ramener ! Et un jour peut-être, je m’intéresserai sérieusement au nihonshu :).

Chichibu Jinja
Chichibu beer

Ce n’est qu’un au revoir

Ces deux journées à Nagatoro et Chichibu étaient vraiment super, et j’apprécie de plus en plus de faire des petits week-ends à deux pas de Tokyo. J’espère pouvoir retourner un jour à Nagatoro au moment de la floraison des cerisiers pour faire un petit tour sur la ligne Chichibu Tetsudô avec la vieille loco à vapeur, dont le service n’avait pas encore repris dans la première quinzaine de mars. Et puis sur le territoire de Chichibu, en janvier et février, il y a aussi plusieurs sites avec des illuminations de stalactites (notamment Ashigakubo). J’espère aussi avoir l’occasion de pousser jusqu’au sanctuaire Mitsumine qui doit être aussi très beau. J’espère bien continuer à visiter des contrées nippones plus lointaines mais il y a largement de quoi se mettre sous la dent avec un budget et un temps plus limité dans un rayon de 50 à 100 kilomètres. A Saitama, c’est sûr, et puis à Chiba, Kanagawa et Gunma aussi, j’ai déjà pu le vérifier un peu également :).

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