Titre japonais : いつかこの恋を思い出してきっと泣いてしまう
Nombre d’épisodes : 10
Diffusé en : Hiver 2016
Chaîne de diffusion : Fuji TV
Fiche : DramaWiki
Après avoir adoré Mother, Soredemo ikite yuku et Saikou no rikon, le scénariste Sakamoto Yûji était en bonne place dans la liste de noms qui n’échappent (normalement) pas à mon radar à chaque début de nouvelle saison dramatesque. Si je n’avais pas encore vu Mondai no aru restaurant, son nouveau drama de l’hiver 2016 a attiré mon attention, et pas seulement à cause de son nom à rallonge (il a d’ailleurs gagné un petit nom abrégé, ItsuKoi). Cette fois, Sakamoto se voyait confier l’écriture du drama du créneau phare de Fuji TV, le lundi à 21h. Et comme pour la plupart des getsuku, on allait avoir une romance, donc a priori quelque chose de plus « classique » que les autres drama du scénariste. Le titre signifie littéralement : Un jour, je pleurerai certainement en me souvenant de cet amour. Je me suis demandé à quel point l’histoire serait dramatique et si l’on serait vraiment très loin du comique de Saikou no rikon. Evidemment, je vais tout vous dire. Enfin, en fait non, sinon ça ne serait pas intéressant. En tout cas, je peux déjà affirmer qu’ItsuKoi n’est pas tout à fait une romance classique. La preuve : impossible de faire un synopsis correct qui en dise ni trop ni trop peu ! Ni de parler des personnages pour les présenter mais sans trop en dévoiler sur eux en fait ! ^^
Ren, déménageur qui vit dans la capitale mais vient du département de Fukushima va un jour rencontrer Oto à Hokkaidô, et la sauver d’un destin préparé par un père adoptif qui ne l’aime pas en l’emmenant à Tokyo. Les deux jeunes gens vont d’abord se perdre de vue, ayant chacun de leur côté un dur quotidien pour subvenir à leurs besoins. Nous allons voir comment ils se croisent et se loupent au fil des années, et suivre également en pointillés l’histoire de deux filles et deux garçons d’âge similaire.
Oto a grandi sans affection, avec le souvenir de sa mère décédée quand elle était petite. Ren a lui aussi perdu ses parents, mais son grand-père était là pour veiller sur lui. Ces deux jeunes gens malmenés par la vie ont pour point commun de laisser toujours passer les autres avant eux-mêmes, d’avoir toujours peur de déranger, de ne pas oser souhaiter de pouvoir devenir heureux et d’avoir quelqu’un à leur côté. Ce n’est donc pas surprenant s’ils vont avoir du mal à admettre leurs propres sentiments et à les exprimer. Malgré les épreuves, chacun a gardé une certaine candeur. Oto travaille dans une maison de retraite, elle garde toujours le sourire et ne se plaint jamais. Ren travaille pour une entreprise de déménagement, il est du genre à se laisser malmener et à s’attirer des ennuis car il est trop gentil et veut aider les autres. Oto ne l’appelle ni pas son nom, ni par son prénom. Pour elle, il est Hikkoshiya-san, monsieur le déménageur. Je n’avais vu Arimura Kasumi que dans deux petits rôles très particuliers, mais je me souvenais d’elle et mon intuition qu’elle saurait faire ce qu’il faut dans un rôle plus important s’est vérifiée. Kôra Kengo est tout aussi adorable, et j’aurai l’occasion de dire à nouveau du bien de lui pour d’autres drama.
Kihoko, une office lady très chic jouée par une Takahata Mitsuki superbe, se sert de Ren comme bouée de sauvetage car elle ne peut pas être avec celui qu’elle aime. On va se rendre compte que la jeune femme s’est créé une façade pour tenter d’avoir confiance en elle et par peur de la solitude. Haruta, un ami de Ren, est au premier abord profiteur et surtout très détaché. Il a lui aussi des raisons de mettre une barrière entre lui et les autres. Le rôle est tenu par Sakamoto Kentarô, que je découvrais et qui m’a bien plu. J’aurais l’occasion de redire du bien de lui (en même temps que de Takahata Mitsuki d’ailleurs !). Konatsu est originaire du même endroit que Ren et a débarqué à Tokyo pour le suivre car elle est amoureuse de lui. On sent bien venir le coup de la fille qui s’accroche ridiculement alors qu’elle n’a aucune chance, mais heureusement le personnage a plus à offrir. C’est une gamine boudeuse et naïve, mais à une occasion en particulier elle m’a bien surprise et j’ai fini par m’attacher à elle. L’interprétation de Morikawa Aoi m’a bien plu aussi. Enfin, Asahi est un jeune homme qu’Oto va rencontrer à son travail. Fils illégitime, il cherche désespérément la reconnaissance et surtout l’affection de son père, un homme d’affaires insensible. Nishijima Takahiro a le genre de tête en plastique qui ne me revient absolument pas et cela explique en partie pourquoi j’ai eu un peu de mal avec son personnage, un peu trop vieux jeu pour moi.
Ren et Oto sont beaucoup plus mis en avant, et ce n’est pas un problème en soi car ils sont vraiment attachants, mais le parcours des quatre personnages restants est parfois un peu trop en pointillé. On sent leur potentiel et j’aurais aimé les voir plus. Le petit groupe (qui n’est est pas vraiment un en fait car ils sont rarement réunis et sont en contact principalement par l’intermédiaire de Ren) est complété par un nombre assez réduit de personnages qui apparaissent peu mais qui sont très marquants car joués par de grands acteurs. Emoto Akira est le père adoptif d’Oto. Il n’apparaît que pour quelques scènes, mais son interprétation d’un homme sans coeur et profiteur aux antipodes du père brisé de Soredemo ikite yuku est bluffante. Tanaka Min est tout aussi remarquable dans le rôle du grand-père de Ren. Yachigusa Kaoru est Shizue, une sorte de grand-mère adoptive pour Ren à Tokyo. Le personnage est très similaire à celui de Saikou no Rikon (et du coup aussi d’Okashi no ie vu que j’avais déjà fait la comparaison), mais l’actrice est toujours aussi adorable. Enfin, c’est Kohinata Fumiyo qui incarne le père d’Asahi.
On retrouve dans ItsuKoi de nombreux éléments propres aux romances : des triangles amoureux, des sentiments non déclarés, des couples qui se font et se défont. Est-ce qu’ils vont finir ensemble ? Mais oui ils vont forcément finir ensemble ! Mais pourquoi ils sont pas encore ensemble, ils sont rien long à la détente ! ^^ Oui, il y a de ça, mais il y a aussi beaucoup plus. Si par moment on a presque l’impression que le scénariste n’a pas eu une entière liberté pour l’histoire pour que le drama suivent les codes de la romance (c’est l’impression que j’ai par rapport à ce que je connais de lui en tout cas), Sakamoto parvient bien à donner sa touche très particulière. Et comme pour Soredemo et Saikou no rikon, c’est Namiki Michiko qui dirige la réalisation, cela compte aussi évidemment.
La rencontre entre Ren et Oto fait pour moi directement écho à celle de l’héroïne de Mother avec la petite fille qu’elle va protéger. En plus on est aussi dans le froid de Hokkaidô ! Sakamoto utilise aussi un certains nombres de symboles récurrents (je vous mets des captures d’écran, mais je n’explique pas les détails, c’est à découvrir soi-même bien sûr ^^) et ancre son histoiredans le quotidien. Et au-delà du besoin d’être aimé, de la recherche du bonheur ou de la peur de se montrer tel qu’on est, le drama traite de manière très judicieuse un sujet de société difficile : la vie et l’accompagnement des personnes âgées. A travers Oto, Asahi et la maison de retraite où ils travaillent évidemment, mais aussi avec Ren et son grand-père. Il y a aussi une scène avec avec un inconnu qui est particulièrement poignante. L’autre thème qui m’a beaucoup touchée, c’est l’illustration du contraste entre la métropole tokyoïte et la province. Comme tant de gens, Ren et Oto ne sont pas nés à Tokyo mais y sont venus pour gagner leur vie. Ils sont perdus dans l’immensité de la ville, où tout le monde est entouré d’inconnus à moins d’être dans un vieux quartier où des liens communautaires ont subsisté.
Ajoutée au rythme de l’histoire et à l’image plus soignée que la moyenne, la musique d’ItsuKoi donne une ambiance que j’ai trouvé très prenante. Le style avec une instrumentation dominée par le piano est pourtant on ne peut plus classique, mais j’ai adoré les mélodies de Tokuda Masahiro. Tout le long de mon visionnage, ces musiques m’ont trotté dans la tête pendant mes journées, et plusieurs mois après avoir fini le drama je m’en souviens sans problème. C’est vraiment signe qu’il s’agit d’un OST de qualité !
Que l’on connaisse déjà ou pas le travail de Sakamoto Yûji, ItsuKoi est un drama qui vaut le coup d’oeil. Malgré quelques défauts (personnages trop en retrait, éléments qui ne cadrent pas tout à fait avec le reste), j’ai été sous le charme et si je n’avais pas suivi la série en cours de diffusion je l’aurais terminée très vite. Le casting est super intéressant, la série a une atmosphère visuelle et sonore bien à elle comme je les aime et les thèmes abordés à travers les différents personnages sont vraiment intéressants. Au final, pas de grand drame, pas de grande comédie, mais un ton doux-amer qui a su me toucher.
Belle critique pour un beau drama !
Si je partage amplement ton impression générale (notamment sur l’ambiance, le beau panel de personnages/acteurs), j’ai peut-être moins ressenti cette sensation de progression « en pointillé ». Oui, peut-être plus de scènes les montrant ensemble auraient été les bienvenues, mais le reste se suffisait largement. Puis, il y a cette conclusion, cette conclusion qui m’a profondément touché, si simple, mais si belle.
J’ai lancé les musiques que t’as mis en vidéo pour accompagner la lecture de ton billet et toutes les sensations du visionnage sont revenues instantanément. Ta critique, tu me confortes dans l’idée que c’est une très belle série qui raconte une histoire prenante et touchante, tout en douceur.
Je suis contente d’apprendre que tu as toi aussi été très touché par ce drama ! Il faut vraiment que je prenne le temps de lire tes derniers billets sur ton blog !