La principale raison pour laquelle je n’ai pas écrit mon bilan dès que 2021 s’est terminée est aussi celle pour laquelle je ne peux pas ne pas en écrire un maintenant même s’il perd beaucoup d’intérêt. L’année 2021 me parait déjà si loin ! Ma fille, qui a eu déjà deux ans et demi au début de cette année 2024 est là pour me le confirmer. C’est elle qui a conditionné toute cette année, la coupant en deux moitiés exactement égales : la première où on l’a attendue à trois, et la seconde où elle nous a rejoints et où notre vie à quatre a commencé.
J’ai eu la chance d’avoir une deuxième grossesse aussi tranquille que la première du point de vue strictement médical, et cette fois encadrée plus respectueusement car j’étais mieux informée et sûre de mes choix. Et heureusement, car avec la peur d’attraper le Covid alors que le vaccin n’était pas encore disponible, les rendez-vous de suivi à gérer seule car pas possible d’être accompagnée et la menace d’une césarienne si je testais positif après 36 semaines, je n’avais pas besoin de stress en plus. Surtout que même sans pathologie, physiquement ça a été beaucoup plus dur que la première fois entre le gouffre de motivation et de moral du 1er trimestre, les brûlures d’estomac d’un bout à l’autre et les jambes sans repos qui m’ont obligée à me lever plusieurs fois par nuit pendant des semaines. Évidemment, tout ça valait plus que le coup !
Je m’étais sentie incapable et impuissante à la naissance de mon fils parce qu’on m’avait si bien appris que je devais avoir peur de mon corps et que je ne pouvais rien faire sans les médecins. Mais aucune complication, la maman et le bébé vont bien physiquement, donc rien à dire n’est-ce pas. Avec la naissance de ma fille j’ai vécu certainement l’expérience la plus puissante de ma vie et je me souviendrai toujours comment je l’ai saisie instinctivement pour la poser sur moi. On dit que chaque naissance est différente mais là c’était vraiment à des années lumière et si à la base accoucher dans la voiture ça faisait pas partie de mon plan de naissance au final j’ai eu tout ce que je pouvais espérer en choisissant un accouchement beaucoup moins médicalisé et en m’y préparant aux maximum.
Toutes les mères mériteraient d’avoir un post-partum aussi tranquille que celui que j’ai eu, un mois d’or à me reposer à côté de ma petite bestiole toute neuve sans avoir presque à me soucier de rien que de la nourrir (et cette fois l’allaitement a été encore plus facile vu que je n’étais pas entourée de pros aux méthodes désastreuses et que je savais encore mieux ce que je faisais !). La suite aurait été tellement plus dure sans ça !
L’arrivée dans ma vie de cette toute petite personne a confirmé que les décisions que j’avais prises l’année précédente pour ma famille étaient les bonnes même si elles allaient à l’encontre de ce que je me suis rendu compte n’était pas du bon sens mais juste une conception culturelle qui n’a pas forcément plus de valeur que d’autres et qui peut même faire beaucoup de mal. C’est assez vague tout ça et je m’en veux un peu de ne pas assumer d’en parler plus explicitement mais ça me parait assez compliqué vu que ce sont des choses dont je n’ai en fait quasiment parlé à personne dans la vraie vie.
Je peux le dire encore plus aujourd’hui que si j’avais écrit ce billet il y a plus de deux ans : j’ai tellement bien fait de m’écouter et de ne pas me forcer à avoir deux enfants avec deux ou même trois ans d’écart. On pense surtout au moment de la naissance et aux premiers mois du deuxième enfant, mais en fait ça ne s’arrête pas là et au bout du compte je trouve ça plus dur maintenant et ça serait certainement bien pire si Messire avait cinq ans et pas huit aujourd’hui.
Après ses prouesses du début de l’été, à la fin de l’été et au début de l’automne mon corps a été bien malmené avec deux mastites qui m’ont fait je pense au moins égaler le record de fièvre de ma pyélonéphrite maintenant lointaine, avec entre deux une entorse à la cheville pas bien grave mais pourtant bien douloureuse et source de frustration. Il ne fait jamais les choses à moitié mon corps, mais vu ce qu’il est capable de faire je l’apprécie plus et j’ai envie d’en prendre soin pour vieillir le mieux possible.
Du côté des choses plus bassement matérielles, 2021 a été l’année où nous avons acheté une voiture. Au départ, on pensait que ça serait nécessaire par rapport aux projets d’école pour Messire, du coup on a changé de plans sur ce point. C’est pas super compatible avec mes convictions, le fait qu’elle soit hybride n’y change pas grand chose bien sûr, et c’est pour ça qu’on l’utilise peu (5000 km et quelque au compteur pour le contrôle technique des 3 ans) mais c’est évident que dans certains cas c’est pratique. Pour éviter les transports en commun enceinte ou avec un nouveau-né en temps de pandémie, pour accoucher plutôt que dans un taxi XD. Plus sérieusement, même s’il y a la question des embouteillages, du carburant et de l’état des routes je trouve ça rassurant d’avoir son propre moyen de transport dans un pays qui a une forte tendance aux séismes et autres catastrophes naturelles. Et si on continuera à privilégier le train pour voyager, il y a certaines destinations où c’est pas gérable logistiquement, sans parler du prix si c’est le Shinkansen.
Au printemps 2021, c’est aussi devenu super dur avec les chats parce que je me suis rendu compte que malgré mes efforts je ne pourrai jamais m’attacher à eux, et avec l’arrivée très prochaine d’un bébé je voyais encore plus qu’ils ne nous apportaient que des ennuis pas du tout compensés par une réelle relation d’affection. C’est évident pour Nekota qui ne nous laisse pas l’approcher et nous regarde comme si on passait notre temps à comploter pour le tuer même encore cinq ans après être arrivés chez nous. Mais même pour Punchi en fait parce que des caresses il en demanderait à la terre entière, pas à nous particulièrement. Et sa maladie chronique est bien plus gênante que ce qu’on nous avait laissé entendre : soit-disant que des gouttes antibio au quotidien ça suffisait à contenir sa rhinite chronique mais en fait pas du tout même si ça coûte la peau du cul. On a essayé d’autres traitements en tout à 3 vétos différents à ce jour, ça ne change rien il a toujours des périodes de crises d’éternuement avec des sécrétions nasales parfois sanguinolentes. Et en fait maintenant je me dis qu’il est certainement sourd, ça expliquerait qu’il n’a jamais réagi à son nom et qu’il réagit au bout du compte à aucun bruit. Il est pas très malin ce chat mais quand même.
Je ne pense pas avoir sous-estimé la responsabilité que représente un animal, j’ai eu des années pour y penser et des exemples autour de moi de chats pas du tout idéaux mais là j’ai l’impression qu’on cumule et je me dis si seulement j’avais lâché l’affaire dès le début en rendant Nekota au bout des deux semaines d’essai au lieu d’espérer que ça s’arrange avec le temps et d’enfoncer le clou en prenant un autre chat super différent mais pas plus gérable ! Pas possible de leur faire quitter la maison si on veut s’absenter alors qu’au moment d’adopter on s’était assurés que mes beaux-parents seraient OK pour les prendre chez eux, du coup c’est beaucoup plus compliqué et les pet-sitters niveau budget ça pique. Qu’ils fassent leurs griffes où il faut pas OK mais toujours devoir faire attention à ce qu’on laisse dans le living parce que Punchi défonce avec ses dents tout ce qui ressemble de près ou de loin à des peluches, du polaire ou de la mousse à mémoire de forme c’est vraiment fatigant. Et toujours devoir faire attention à ce que les portes des chambres soient fermées parce qu’il ne sortira pas de sous le lit de lui-même ou bien mettra ses sécrétions nasales partout s’il se met sur un lit… Je pourrais donner plein d’autres exemples encore. Le seul truc qui me console c’est que même si ça a rien changé vis-à-vis de nous Nekota est quand même mieux avec de la compagnie. Mais en fait à ce moment-là alors que Punchi chiait à moitié par terre (il a eu des problèmes d’intestin, et si j’avais su ce qui nous attendait après le déménagement un an après !) alors que quelques mois après on aurait un bébé sur un tapis qui se mettrait à ramper partout, je me suis dit que ça serait tellement plus simple si ces chats étaient plus là, que je serais tellement soulagée et que ça réglerait tellement de choses. On a contacté l’association pour leur dire que c’était compliqué mais ils n’avaient pas de solution. En même temps c’était évident que même si un de leurs bénévoles avait de la place pour les prendre ils ne seraient très probablement adoptés par personne d’autre. Alors j’ai bien dû ravaler toute ma honte et ma culpabilité de penser à les abandonner et me résoudre au fait qu’ils resteraient avec nous jusqu’à leur mort. En espérant que même avec le minimum qu’on pouvait faire on puisse quand même dire qu’ils ont eu un meilleur sort que s’ils n’avaient pas atterri chez nous.
Le plus chouette projet qui a été mené dans notre famille en 2021 à part fabriquer un nouvel humain, c’est faire un potager. Même si du coup je n’y ai pas participé concrètement, c’était super à suivre. Et évidemment super de pouvoir préparer des plats avec nos propres légumes. On n’a pas compté le nombre d’heure que Messire et son père y ont passé mais un sacré paquet ! Presque deux ans après avoir dû terminer cette aventure à cause du déménagement, on n’a pas encore trouvé comment pouvoir reprendre (le potager partagé le plus proche de chez nous est géré par une boîte privée donc niveau tarifs ça n’a rien à voir) mais ça reste dans un coin de notre tête car je trouve ça tellement important pour les enfants de savoir d’où vient la nourriture et d’avoir des bases pour en cultiver eux-mêmes.
Comme je n’arrivais pas à me résoudre à mettre Messire à l’école primaire publique du quartier s’il y avait une meilleure alternative du point de vue pédagogique, à l’été 2021 il a fallu prendre une décision une fois pour toutes. Même si une école internationale ça aurait été jouable niveau financier avec deux enfants, c’était quand même très lourd. Et puis surtout, même si j’espère bien que mes enfants s’intéresseront à l’anglais ce n’était en fait pas ma priorité et j’avais l’intuition que même s’il pouvait bien sûr s’adapter comme il le ferait certainement dans une école publique, c’était pas non plus forcément ce qui convenait mieux à Messire. Le lycée français n’était pas non plus du tout dans mes priorités, déménager plus près du centre pour être à une distance raisonnable encore moins depuis notre plan de construction de maison annulé l’année d’avant (et encore beaucoup moins aujourd’hui !). J’ai fini par trouver une école privée japonaise qui semblait intéressante et qui était pas super loin mais c’était quand même contraignant d’y aller : en voiture ça circule très mal et vu que seul l’autochtone a son permis c’était pas gérable au quotidien. En transports en commun c’était deux bus à enchaîner dont un qui passe que toutes les 30 minutes, et surtout la question de laisser Messire y aller seul. Alors oui au Japon les enfants vont à l’école seuls c’est safe bla bla bla, je suis pas là pour disserter sur le sujet mais on va dire quand même que la majorité des parents le fait soit parce qu’ils ont pas le choix, soit parce qu’ils ne se posent même pas la question parce que tout le monde le fait. Dans tous les cas je voyais de toute façon pas l’intérêt de trouver une école plus cool pour un gamin de 7 ans s’il devait se farcir deux heures de trajet par jour (c’est pourtant ce que pas mal de ses camarades font, avec certainement une demi-douzaine d’activités extra-scolaires des fois qu’il leur resterait un peu de temps pour souffler XD).
Bon, en fait, j’avais déjà expliqué un peu tout ça dans mon billet de septembre 2021 ! On a donc eu la chance de trouver une maison qui explosait pas notre budget à même pas 1.5km de l’école visée, et on a pris la décision de l’acheter avant même de savoir si Messire y serait admis. Heureusement, oui ! Durant le dernier trimestre de l’année 2021, de grands changements se sont donc dessinés pour 2022. Alors qu’à peine plus d’un an avant on pensait construire plus près du centre, on allait du coup se retrouver dans un quartier encore différent dans une maison qui avait bien été construite sur commande mais pour quelqu’un d’autre. Et c’était très bien comme ça puisque de toute façon on savait maintenant que la maison qu’on voudrait faire construire c’était pas possible de l’avoir à Tokyo vu la proportion démesurée que représente le prix du terrain dans le prix total. S’embêter à monter tout un projet pour se retrouver avec un truc pas vraiment mieux isolé et une cuisine de merde, non merci XD.
Le combo grossesse + pandémie n’a pas rendu la première moitié de 2021 propice aux voyages. Une fois la chaleur de l’été puis de mes grosses fièvres de mastite passées, nous avons pu faire notre premier petit voyage à quatre à l’occasion de ce qui est maintenant le traditionnel voyage d’anniversaire de Messire. Pas besoin d’aller plus loin que Yokohama et Kamakura pour passer de bons moments, je ne me lasserai jamais de ces lieux. Pour la toute fin de l’année, on a pu tenter un peu plus loin et même si ça a été compliqué en voiture avec Duchesse je suis contente d’avoir découvert une partie de la péninsule d’Izu. Ces deux petits voyages ont un peu compensé le fait de ne pas pouvoir du tout aller à Yatsugatake et de passer une seconde année sans concert et sans expositions !
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