[Cher journal #60] Mon mois de mars 2022

sakura

Ne me demandez pas le temps qu’il a fait au mois de mars 2022, j’avais la tête dans un carton :D. Je me demande encore comment j’ai pu autant me prendre la tête pour un déménagement qui s’est fait dans de si bonnes conditions (temps de préparation, moyens de faire appel à des pros…). Je crois que si je n’avais pas accumulé le stress avec des mois de pandémie et la fatigue avec la grossesse et le post-partum mon cerveau aurais certainement été plus efficace et moins en mode alerte.

Duchesse a fêté son premier Hina matsuri dans les cartons. Et puis elle pouvait même pas manger de gâteaux de toute façon. Même si elle aura pas de collection de poupées traditionnelles (le beau dessin de son frère prend moins de place !), on s’est dit qu’on ferait un peu mieux les années suivantes. A part ça, elle avait fini de tester les principaux allergènes potentiels sans aucune alerte donc de ce côté on était plus tranquille. Duchesse a aussi commencé à s’asseoir d’elle-même, et même à se dresser sur les genoux en s’appuyant sur un objet et à ramper, prête à explorer la nouvelle maison. Elle a aussi commencé à se montrer encore plus réactive quand on lui parlait, montrant notamment clairement quand quelque chose lui plaisait.

hinamatsuri

Le samedi 4 mars donc, première partie du grand show. Comme on avait quand même un doute d’avoir assez de place dans les camions des déménageurs (on était prévenu que la place serait limitée pour la deuxième partie donc il fallait vraiment mettre le max pour la première partie), on a demandé du renfort aux beaux-frères qui sont venus chacun avec leur voiture faire un trajet entre les maisons pour transporter des cartons. J’ai oublié les chiffres mais il y avait une quantité impressionnante de cartons pour la cuisine, entre tout le matériel et les stocks de bouffe non périssable. Évidemment dès que le déménagement avait été décidé j’avais arrêté de stocker autant que d’habitude mais on n’allait pas non plus passer les dernières semaines à faire les courses tous les jours ou à manger des bento. Non franchement je vous assure, un des petits cartons (il y a 2 tailles dans les cartons fournis), avec des bocaux de légumineuses ou de graines c’est très vite plein :D. Et puis bien sûr ma collection de CD et DVD prenait pal mal de place même si elle a beaucoup moins grandi ces dernières années. On avait aussi énormément de livres par rapport à notre précédent déménagement. Genre trois cartons pour mes livres de cuisine, quatre pour les livres enfants, au moins quatre ou cinq pour les romans, ouvrages de non fiction et autres.

L’après-midi, ce sont les pros qui ont pris le relais. Il fallait leur dire dans quelle pièce poser tous les cartons, meubles et autres objets et on s’est vite rendu compte que ce qui était supposé devenir plus tard la chambre de Duchesse allait en attendant servir à entreposer tout ce qui n’allait pas servir dans l’immédiat pour ne pas que ça encombre les autres pièces, en attendant qu’on décide ce qui irait au grenier. Parce que oui, on a un grenier et c’est très cool, mais je me méfie car je veux pas accumuler des trucs sous prétexte qu’on a de la place, et puis quand c’est pas sous mes yeux ça ne m’aide pas à décider enfin si j’essaie de vendre ou donner un truc. Surtout qu’on l’ouvre pas non plus tous les jours car vu que la trappe se trouve dans notre chambre et que les lits prennent plus de place que ce qui est prévu à la base (on a deux lits single plus le lit de Duchesse alors que la chambre a été conçue pour un king size même plutôt queen size) ben l’échelle se déplie… sur le lit de l’autochtone ! XD. La pièce à tatamis s’est retrouvée bien remplie de cartons et j’ai fait de mon mieux pour faire diminuer leur nombre dans les semaines qui ont suivi. Les derniers ont fini planqués dans le placard oshiire pour nous laisser un peu de répit (la taille de ces placards c’est dingue, on peu dormir dedans XD).

On a eu un petit imprévu qui heureusement a pu être réglé rapidement : on avait un meuble haut Ikea qui nous avait servi de vaisselier dans notre appartement puis notre première maison jusqu’à temps qu’on fasse des travaux dans la cuisine. Il avait ensuite passé plusieurs années à l’étage dans le bureau, reconverti en bibliothèque. On l’avait monté nous-mêmes sans soucis, les déménageurs l’ont descendu sans soucis, mais impossible de le faire passer dans l’escalier de la nouvelle maison ! La largeur des escaliers des maisons récentes est pourtant assez standard. Mais ça devait être la forme qui empêchait de manœuvrer, dans l’ancienne maison les deux « tournants de l’escalier s’enchaînaient donc ça devait laisser plus de place que dans la nouvelle où les tournants sont quelques marches après le bas puis quelques marches après le haut, donc il y a une certaine longueur où c’est droit. Bref, quand on connaît pas les lieux je sais même pas si ça veut dire quelque chose XD.

Les déménageurs étaient prêts à monter le meuble avec des cordes par le balcon et la porte-fenêtre de notre chambre, qui donne sur le jardin. Mais ils ont trouvé une solution plus rapide : le monter avec des cordes, oui, mais en restant à l’intérieur de la maison et en le passant par le puits de lumière entre le living et le couloir de l’étage. Ce puits de lumière est vraiment un élément chouette de la maison, qui compense l’absence de porte-fenêtres sur la façade sud. Vu que le terrain est assez en longueur, il n’y a pas la place pour un jardin côté sud du coup il est côté est, sur le sud il y a juste la cinquantaine de centimètres réglementaires jusqu’au mur de la propriété des voisins donc ce sont des fenêtres classiques. Comme elles sont assez grandes et qu’on a plus plafond que le standard des maisons récentes (2.6m au lieu de 2.4 en gros), la luminosité est déjà pas mal, surtout si on laisse ouverte la pièce à tatami qui donne côté est sur le jardin avec une porte-fenêtre. Mais avec la fenêtre en hauteur du puits de lumière en haut du living ça change tout (bon l’été aussi malheureusement, même si a priori les vitres ont un filtre UV). Parce que non malgré tous les petits plus parfois gadget de cette maison construite sur commande, pas de volets extérieurs étant donné qu’on ne considère pas du tout leur fonction d’isolation thermique. Déjà maintenant les maisons ont du double vitrage faut pas trop en demander hein, puis faut bien garder un peu de courants d’air XD).

On a passé nos deux dernières semaines à la maison avec la télé sur la table basse car le meuble était déjà parti, le petit canapé (plutôt une banquette) que l’autochtone avait acheté en emménageant dans son appart et qui était dans son bureau depuis qu’on avait acheté un « vrai » canapé, et Messire avec son matelas au sol car son lit était déjà parti aussi. Le déménagement a été l’occasion de le mettre en mode « grand », c’est le lit Kura d’Ikea qu’il utilisait jusque là en mode bas avec encore une barrière pour pas tomber, là du coup on l’a passé en mode surélevé et c’est bien pour pouvoir mettre du bordel en-dessous :D. J’ai préféré garder nos lits et celui de Duchesse jusqu’au bout parce que si on passait en mode au sol son matelas aurait pas eu la même hauteur que le mien et je me disais que c’était pas le moment de se taper des nuits pourries en changeant nos habitudes de dodo et en la prenant sur mon matelas. C’est ce que j’avais fait avec Messire mais là vu que j’avais prévu le coup j’étais habituée à l’espace en plus et c’était pas le moment de changer. Quand le moment est venu de déménager les lits c’est moi qui me suis occupée de les démonter, et de les remonter le soir alors que j’en avais super marre et je voulais dormir mais je tenais à passer la première vraie nuit à la maison dans mon lit :D.

Ce qui nous restait de plus compliqué à déménager pour la phase finale et dont les déménageurs n’allaient pas s’occuper; c’est les chats. Nekota en pouvait plus de voir les cartons se multiplier et les meubles changer de place depuis des semaines. Pendant la première phase il a fallu évidemment le surveiller lui et son collègue pour qu’ils ne se fassent pas la malle entre les jambes des déménageurs. Vu qu’on ne peut pas toucher Nekota (après tout, ça faisait que quatre ans qu’il était chez nous, faut pas se montrer trop familier XD), il fallait avoir une stratégie pour le mettre en boîte sans se faire mordre ou griffer. Heureusement il s’est laissé corrompre par la seiche séchée qu’il adore. Comme s’approcher de la boite aurait attiré sa méfiance on l’avait positionnée assez près du mur pour pouvoir la pousser avec le balai et que la porte se referme. Je pensais qu’on l’entendrait brailler pendant tout le trajet en voiture mais en fait même pas. C’est Punchi qui braillait, ce chat qui a pourtant toujours l’air de se foutre royalement de tout. En arrivant on les a mis dans la future chambre de Duchesse le temps qu’ils se remettent de leurs émotions. Punchi a bien braillé encore la nuit, et le lendemain on les a laissé explorer le reste de la maison. J’avais mis un diffuseur de phéromones espérant que ça les aide, je me demande si l’odeur des chats de l’ancien proprio était encore présente même si ça faisait deux mois qu’il était parti.

Le 18 mars 2022, Messire a terminé le yochien. Sur les quatre années si on compte la première à temps partiel à partir de deux ans et demi, il en a passé deux en pandémies. Le temps passe vite avec les enfants c’est certain, mais ces deux années étaient quand même particulière. Au jour le jour c’était long mais au final c’est passé sans que je me rende compte et j’ai l’impression qu’il a grandi tout d’un coup sans que je puisse en profiter. C’est assez paradoxal vu qu’au bout du compte il a passé plus de temps à la maison mais même si on était dans des conditions privilégiées et que personne dans notre entourage direct n’a eu de symptômes sévères ou pire à cause du covid les conditions étaient quand même assez particulières. Et avec le recul, vu que maintenant on fait comme si c’était fini, on a encore plus l’impression que fermer le yochien ou réduire nos sorties c’était pour rien. Pas dans le sens où ce virus c’est un rhume hein j’en suis pas là heureusement, mais dans le sens où vu que dès le départ c’était l’économie et pas les gens et que tout le monde a pas joué le jeu, c’était en fait perdu d’avance.

C’était vraiment pas de bol car le 18 mars il a plu, la sortie au parc pour fêter la fin du yochien n’a donc pas eu lieu et a été remplacée par une réunion au jidokan du quartier. Mais la petite cérémonie très informelle dans les locaux du yochien heureusement a pu se dérouler comme prévu. Les enfants ont chanté et ont eu un diplôme fait maison et une boîte de crayons à papier en vue de leur apprentissage de l’écriture. Très simple et ça me plait beaucoup. Et du côté des projets menés par les parents, l’album photo était très réussi et Messire l’a regardé pendant des semaines après. Ils ont eu aussi une médaille en forme de donguri (gland), le symbole du yochien. Les enseignantes ont eu des fleurs, et si je me souviens bien on a fait une petite cagnotte pour qu’elles puissent acheter du matériel éducatif parce que leur budget est toujours serré. Je suis tellement contente d’avoir trouvé presque par hasard cet endroit pour Messire, c’était mieux pour lui qu’une maternelle usine classique et mieux pour moi aussi ! Je savais déjà qu’on allait regretter que Duchesse puisse pas y aller et c’est effectivement le cas, même si là du coup à l’heure où j’écris ces lignes on espère avoir trouvé une solution satisfaisante qui correspond à nos critères sauf que c’est plus grand mais raisonnable.

Le surlendemain du déménagement et encore une autre fois dans la semaine, on est allé dans la maison vide faire le ménage. Ca m’a bien soûlé car je savais que les nouveaux propriétaires feraient des travaux au moins pour refaire le papier dans le living donc c’était pas la peine de briquer à fond mais bon je me voyais pas laisser tout comme ça même si c’était juste de la poussière après tout. On y est retourné une dernière fois le samedi, soit une semaine pile après avoir quitté la maison, pour faire l’état des lieux avant la signature de la vente. Nos acheteurs se sont rendu compte tout d’un coup que l’interphone ne marchait plus, j’ai trouvé ce timing fabuleux car on n’avait jamais eu de problème avec. Surtout qu’ils venaient de se rendre compte que c’était pas un interphone qui enregistrait la vidéo et qu’ils étaient déçus. Bon maintenant ils l’ont leur interphone vidéo enregistreur je pense et heureusement grâce aux bidouillages de l’agence c’est pas nous qui l’avons payé (enfin quoique vu la commission de l’agence…). Et nous aussi du coup on en a un et c’est bien car c’est quand même pratique de savoir qui a sonné quand on était absent ou qu’on n’a pas pu répondre. Y’a même un combiné relais à l’étage pour pas avoir à débouler l’escalier pour répondre vite aux livreurs, si c’est pas la classe !

En partant pour faire l’état des lieux on avait vu que Punchi avait pas l’air d’être en forme et en rentrant à la maison on s’est rendu compte qu’on avait sous-estimé son état. L’autochtone l’a emmené au véto et le pronostic n’était pas bon. Syndrôme du chat bouché, avec toute l’agitation du déménagement on ne s’était pas rendu compte qu’il n’arrivait plus à uriner. En tant que mâle castré un peu en surpoids il avait déjà bien les prédispositions, et c’est arrivé à ce moment clairement à cause du stress de changer de maison. Alors que comme je le disais plus haut ce chat est super peu réactif on dirait qu’il se fout de tout sauf de sa bouffe et de se faire caresser par n’importe qui qui passe par là.

Je ne l’ai pas raconté ici mais pendant ma grossesse j’ai complètement pété un câble à propos des chats qui sont tous les deux super différents mais tous les deux super compliqués, trop compliqués quand tu sais qu’un bébé va débarquer et qu’il y en a un qui fout ses déjections nasales partout et chie par terre de temps en temps et l’autre qui passe ses journées en mode défensif comme si on passait notre temps à comploter pour le tuer et à qui tu peux pas faire complètement confiance même si tu penses qu’il est trop flippé pour s’approcher de lui-même… J’en étais venue à la conclusion qu’il vaudrait mieux les confier à quelqu’un d’autre mais l’association d’adoption n’a pas pu nous aider. J’étais pas étonnée car j’ai été quand même vachement déçue de leur manière de faire mais c’est pas le sujet donc je m’étendrai pas là-dessus. Tout ça m’est bien revenu dans la gueule avec Punchi au bord de la mort, j’étais évidemment désolée de voir cet animal souffrir et je me suis demandé ce qu’on aurait pu faire pour éviter ça. Mais d’un autre côté je me suis dit s’il est si mal et vu ses antécédents de rhinite chronique et de problèmes d’intestins (sûrement liés aux antibios) qui ne s’arrangeront pas avec l’âge, c’est peut-être mieux pour tout le monde si ça s’arrête là. Sauf pour Nekota qui se retrouverait à nouveau seul. L’impression d’être un monstre en me rendant compte que je n’arriverais jamais à m’attacher à mes deux chats alors que j’en voulais depuis des années et que la mort des chats qui ont fait partie de ma vie sans être à moi m’affecte beaucoup plus que l’idée de la leur.

Punchi s’en est sorti. Il a eu de nouveau des problèmes dans les mois et semaines qui ont suivi. On a dû finir par le faire opérer. Je n’ai même pas compté tellement ça me désespère mais en tout ça a dû nous coûter pas moins de 500000 yen. Je savais que c’était cher le véto mais là c’est juste que c’est du luxe de se permettre d’avoir un animal. On a la chance que ça ne nous ait pas empêché de payer nos factures à la fin du mois, mais on va dire qu’il y a les voyages qu’on n’a pas fait à cause du Covid et ceux qu’on n’a pas faits à cause du chat…

La fin mars, ce n’est pas la pire période de l’année pour découvrir un nouveau quartier. J’ai passé la dernière semaine du mois à ratisser les alentours de la maison deux fois par jour pour faire dormir Duchesse, et Messire faisait au moins une sortie avec nous pour repérer des parcs où jouer. Même par temps gris les cerisiers en fleurs font toujours leur effet. Parmi les meilleures découvertes, celle d’un petit producteur qui nous permet d’avoir des légumes locaux, et aussi un élevage de poules qui nous permet d’avoir des oeufs locaux de plein air. J’aurais pas du tout compté là-dessus, le contraste entre les zones très denses et bétonnées autour des rues où ça circule beaucoup et les coins de verdure est encore plus grand que dans notre ancien quartier.

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