Chaque été, c’est la même chose : on veut aller passer quelques jours en-dehors de Tokyo, oui, mais pour en profiter il ne faut pas aller dans un endroit où il fait aussi chaud et humide. Cela élimine d’emblée tout ce qui se trouve plus à l’ouest et au sud du Kantô, et aussi tous les pays à proches comme la Corée du Sud ou Taiwan, ce qui est fort dommage car cela coûte souvent moins cher question transport et logement qu’une destination japonaise. En 2016, pour notre première petite virée au Japon à trois (Messire avait alors neuf mois et demi), nous ne sommes pas allés jusqu’à Hokkaidô comme les deux années précédentes, mais avons choisi de découvrir un petit coin de Tôhoku.
Pour cette fois (car évidemment il y en aura d’autres même si ce n’est pas pour tout de suite !), notre choix s’est porté sur Matsushima, facile d’accès par le Shinkansen en allant jusqu’à Sendai. Enfin, en fait, au départ on pensait même pouvoir passer plus de temps à visiter Sendai, mais comme vous le verrez nous n’en avons pas eu l’occasion, J’espère que Date Masamune ne nous en veut pas trop :D. Pour cette fois, le voyagiste JTB proposait des packs transport + logement plus économiques que si nous avions acheté les deux séparément (c’est bien le but de ces packs, mais il faut toujours comparer car parfois ce n’est pas du tout intéressant !).
Premier jour : Voyage en Shinkansen, croisière entre les îles et découverte d’un super hôtel
Le dernier weekend d’août, nous voilà donc partis de bon matin pour Ueno, afin de prendre un Shinkansen vers 8h45. Et là, la blague mon mari se rend compte quelques minutes après être descendus de la Yamanote qu’il a oublié son sac à dos à bord. D’habitude, c’est moi qui aurait eu les papiers de voyage, mais là je les lui avais confiés car mon sac à main était en mode 2 en 1 avec le sac à langer de Messire et il n’y avait plus assez de place pour les ranger convenablement. Du coup, puisqu’il avait un sac à dos, je lui avais aussi passé mon appareil photo… Autant dire qu’il valait mieux être au Japon ! Enfin, j’ai même l’impression que comme pour beaucoup de Japonais la sécurité et la qualité des services client rendent mon mari trop négligent… Bref, cela nous a valu un aller-retour pour Shinjuku où le sac avait été réceptionné par le personnel de la JR. Évidemment, notre Shinkansen ne nous a pas attendu, mais comme la JR ce n’est pas la SNCF, nous avons pu en prendre un environ 1h30 plus tard sans supplément. Le seul truc, c’est qu’évidemment on n’avait plus nos places réservées (dans les Shinkansen, une partie des wagons est en places réservées, l’autre en placement libre). Heureusement, des places se sont libérées au premier arrêt, à Ômiya !
Les trains Hayabusa verts avec la bande rose et le nez super pointu sont vraiment classes ! C’était la première fois que je reprenais le Shinkansen depuis mon voyage de 2010 ! Le trajet de Ueno à Sendai ne durant pas plus d’une heure et demie, nous n’avons pas eu le temps de nous ennuyer. Après, nous avons changé pour une ligne locale, la Senseki (« sen » pour Sendai, « seki » étant l’autre lecture du premier caractère pour écrire Ishinomaki, l’autre terminus de la ligne). En trois petits quarts d’heure, nous étions arrivés à la gare de Matsushima-kaigan, en apercevant déjà au passage le beau paysage maritime que nous étions venus admirer car les rails sont parfois tout proches de l’océan.
Nous sommes allés directement à notre hôtel pour nous débarrasser de notre valise, et une fois sur place nous nous sommes aperçus qu’on avait perdu un peu de temps et d’énergie pour rien à monter la route escarpée qui y menait car il y avait une navette qui faisait très régulièrement le trajet entre l’hôtel, les gares et les principaux points touristiques de la ville ! Nous l’avons donc utilisée pour redescendre vers le centre. Comme l’après-midi était déjà entamée et que nous savions que nous dînerions tôt, nous avons préféré manger sur le pouce pour être sûrs d’arriver à l’heure pour une des dernières croisières dans la journée. Ce petit burger avec une huître frite était délicieux ! Matsushima est l’une des zones japonaises où la production d’huîtres est une spécialité. Même si la ville a subi beaucoup moins de dégâts que ses voisines (j’y reviens juste après), le tsunami de 2011 avait endommagé les parcs mais la production a bien repris.
Du coup, nous avons même le temps de faire un petit tour du côté du Godai-dô, petit temple perché sur un des îlots les plus proches. On sent que le bâtiment en bois est aux premières loges pour recevoir l’air du large ! Plus tard, j’ai eu l’occasion de prendre une photo de l’édifice vu du côté mer.
Nous embarquons vers 16h sur un bateau qui fait une croisière d’une petite heure entre les nombreux îlots rocheux plantés de pins qui rendent le littoral si particulier et auxquels Matsushima doit son nom (littéralement « îles aux pins ») et sa célébrité. Matsushima fait en effet partie des trois paysages maritimes japonais emblématiques, les deux autres étant Miyajima et son torii dans l’eau et Amanohashidate. J’ai déjà vu le premier, je compte bien le revoir un jour, et voir le troisième ! Le temps était déjà bien gris depuis notre arrivée, le ciel s’est couvert davantage et il a fini par pleuvoir un peu. Les photos que j’ai prises à bord ne sont donc pas folichonnes. J’aurais évidemment préféré le soleil et le ciel bleu, mais les petites îles sont tout de même impressionnantes avec leur roche au milieu de l’eau et du ciel gris. La multitude de petites îles a eu un effet brise-lames lors du tsunami, c’est pour ça que la vague a été bien moins forte à Matsushima.
Lorsque le bateau retourne vers son point de départ, le jour décline déjà et la lumière du soleil couchant perce péniblement les nuages. Notre première journée touche donc bientôt à sa fin. Lors de nos précédents voyages en-dehors des grandes villes japonaises, nous avions remarqué que les magasins fermaient tôt (parfois 17h pour les petites boutiques) et qu’il pouvait donc être plus difficile de s’occuper en fin de journée en attendant le dîner. Là, avec un tout petit, notre rythme était différent et terminer la journée plus tôt ne nous dérangeait pas, au contraire, vu qu’on la commençait très tôt :).
Nous logions au Taikansô, un grand hôtel qui domine l’ouest de la baie de Matsushima. Le prix était supérieur aux hôtels qu’on prend d’habitude, mais en gros sur place il n’y avait que ce type d’hôtel, si on voulait un business hotel plus abordable il aurait fallu loger à Sendai. Mais franchement, quand on considère ce qui est compris dans le prix d’une nuit, ça valait vraiment le coût ! Nous avions une grande chambre à la japonaise avec une vue superbe sur la baie. J’espérais pouvoir prendre de belles photos au lever du soleil (vu que Messire se réveillait comme les oiseaux à ce moment-là j’étais réveillée même si le soleil se lève très tôt :p), mais avec le temps qu’il a fait c’était raté ! La vue était quand même bien appréciable. Et puis l’autre surprise de taille, ça a été les repas ! On savait que le repas du soir était compris, on avait le choix entre le restaurant de cuisine japonaise et celui de cuisine occidentale. On a pris japonais les deux soirs, et c’était en fait de la cuisine kaiseki ! Donc non seulement on s’est régalés, mais en plus c’était super beau ! Et puis comme mon anniversaire était proche, le premier soir on nous a offert une petite bouteille de vin pétillant.
Le buffet petit déjeuner était aussi très sympa, avec notamment des petits verres de jus de légumes et des omelettes fondantes préparées à la demande. Je n’ai pas eu l’occasion de tester la piscine, mais le deuxième soir je suis allée faire un tour aux bains : se prélasser dans le bassin extérieur avec vue nocturne sur la baie, la classe ! Je serais bien restée quelques nuits de plus :D.
Deuxième jour : Promenade sur Fukuurajima, visite du Zuiganji et après-midi à Shiogama
Avec Messire qui se réveille comme les poules, nous étions sur le pont de bonheur pour attaquer notre deuxième journée qui s’annonçait tout aussi grise niveau météo. Nous avons commencé par nous diriger vers Fukuurajima, la petite île à laquelle on accède par le grand pont rouge qui est un des éléments distinctifs de la vue sur la baie de Fukushima. L’île est en fait un parc géré par le département de Miyagi, et on ne peut accéder au pont qu’en passant par le petit bâtiment où l’on paie le ticket d’entrée. Malgré le crachin, l’endroit était très agréable avec toute cette verdure et l’odeur de la terre mouillée. Et bien sûr, il y a plusieurs points de vue sur la baie et les îlots avoisinants.
Direction ensuite le Zuiganji, important temple lié à l’une des célébrités de Miyagi, le guerrier Date Masamune. Avec le temps et les travaux sur un des bâtiments, j’ai pris peu de photos à l’extérieur, et elles étaient interdites en intérieur donc je n’ai pas grand chose à montrer ! On trouve dans l’enceinte du temple de nombreuses grottes creusées dans la fameuse roche bien visible sur les îlots de la baie. Je crois que le visiteur lambda ne peut pas entrer dans les grottes, mais même vues de l’extérieur elles sont spectaculaires avec toutes les statues qui sont devant.
Cela faisait trop longtemps que j’hésitais à m’acheter un carnet (goshuinchô) pour faire apposer les sceaux (goshuin) des temples et sanctuaires que je visite. Je me suis enfin décidée à prendre celui du Zuiganji, me disant que je ne reviendrai sûrement pas tout de suite dans le coin et que ça serait un beau souvenir de cet endroit. Je compte (sur le long terme) faire des billets sur les temples et sanctuaires et leurs sceaux, alors je m’arrête ici pour l’instant ^^.
Pour la suite de notre journée, nous prenons la petite ligne locale à Matsushima-kaigan pour retourner quelques stations vers le sud jusqu’à la ville voisine de Shiogama. Comme c’est largement l’heure du déjeuner, nous commençons par nous arrêter dans un petit restaurant de sushi. Nous nous dirigeons ensuite vers le sanctuaire Shiogama, qui comme tant de sanctuaires se situe en hauteur, il faut donc monter pas mal de marches et je me félicite encore une fois d’avoir laissé la poussette à l’hôtel pour cette journée, surtout que le loustic aime autant son porteur. Pas de bol, là aussi il y a des travaux ! On peut voir une partie de l’édifice déjà rénovée et les couleurs sont resplendissantes. Mais bon du coup des photos avec des palissades c’est pas génial :D. On profite de la verdure autour du sanctuaire pour faire la pause goûter de Messire, et bien sûr je ne rate pas l’occasion d’amener mon carnet pour avoir le sceau, j’en ai même eu deux car il y a un deuxième sanctuaire adjacent.
De retour à Matsushima, je profite du reste de l’après-midi pour visiter quelques boutiques de souvenirs dans la rue principale. La région est réputée pour ses kokeshi, j’en ai donc pris une pour ma soeur qui en a déjà plusieurs. Pour nous, j’ai trouvé un tenugui avec le motif caractéristique des kokeshi dans une petite boutique très chouette qui s’appelle Shokado (ils fabriquent aussi des senbei si je me souviens bien). J’y ai trouvé aussi des jolies cartes postales d’aquarelles, ça change des photos ! Pour mes beaux-parents, nous prenons des petites friandises au zunda, de la pâte d’edamame, très utilisée dans le Tôhoku. Nous terminons en beauté cette petite journée avec un dîner à l’hôtel aussi délicieux que celui de la veille et un petit bain nocturne.
Trosième et dernier jour : passage express à Sendai
Nous quittons l’hôtel à regret l’hôtel pour redescendre vers Sendai où nous devons reprendre le Shinkansen en fin d’après-midi. Comme c’est dimanche, et le dernier jour des vacances d’été je crois, il y a foule à la gare, et nous perdons pas mal de temps à trouver un casier libre et assez grand pour y laisser notre valise. On se rend compte que ça va être un peu rock’n’roll pour visiter les sites historiques liés à Date Masamune sans regarder toujours l’heure, alors on décide de se promener pépère. J’avais envie de ramener des jolies baguettes de notre voyage, même si elles n’étaient pas forcément fabriquées dans le coin. L’homme a trouvé une boutique dans un mall en-dehors du centre, du côté de Nagamachi. Du coup ça nous a pris du temps d’y aller mais bon à tous les coups on n’aurait pas eu la chance de tomber sur une bonne boutique en cherchant au hasard dans le centre ! On en a profité pour manger dans un resto buffet à volonté avant de retourner vers la gare centrale.
On est allé faire un tour du côté de la médiathèque, un bâtiment moderne très chouette conçu par l’architecte Itô Toyo. Il se situe le long d’une grande rue qui dispose d’une allée piétonne bordée d’arbres en son centre; c’est très agréable d’y marcher. Nous sommes allés jusqu’à un parc où il y avait une grande statue de kokeshi ! Après ça, il était déjà temps de retourner vers la gare pour récupérer notre valise. Nous n’avons pas résisté à l’envie de dégusté un petit Zunda smoothie pour la route ! Ca fait pas mal de temps que je connais le zunda et j’étais pas fan au départ, mais maintenant j’apprécie bien de temps en temps !
Et voilà, rapatriement à Tokyo, c’était déjà fini ! Trois jours et deux nuits c’est court, surtout quand il vaut mieux finir ses journées tôt pour s’adapter au loustic. Lui en échange, il s’est très bien adapté aussi en faisant ses siestes dans son porteur ^^. Il y a plein de choses qu’on n’a pas eu le temps de faire, même à Matsushima, mais cet aperçu de Miyagi était vraiment chouette. Si on revient dans ce coin précis j’aimerais beaucoup aller du côté d’Ishinomaki, il y a une île aux chats ^^. Et puis bien sûr, passer plus de temps pour visiter Sendai ! Bref, allez dans le Tôhoku, allez à Miyagi, avec le Shinkansen c’est super pratique et très rapide depuis Tokyo !
Le fameux zunda shake !!!
Je rêve de goûter.
Justement le weekend dernier je suis passée à Ikebukuro, il y a une boutique de produits de Miyagi et ils en vendaient ! Peut-être qu’il y a une boutique de ce genre à Fukuoka, en attendant d’avoir l’occasion d’aller dans le Tohoku ?