Titre japonais : ちゅらさん
Nombre d’épisodes : 156
Diffusé au : Printemps 2001 – Eté 2001
Chaîne de diffusion : NHK
Fiche : DramaWiki
Churasan est l’un des rares asadora « anciens » à être trouvables avec des sous-titres en anglais depuis un petit bout de temps maintenant, certainement car il a été très populaire dans son pays d’origine. J’avais donc dû croiser son nom avant même de savoir exactement ce qu’était un asadora et de regarder Ohisama en 2011. Comme je suis tout de suite tombée sous le charme de ces feuilletons du matin de la NHK, j’aurais pu voir Churasan depuis belle lurette, mais comme j’en avais déjà eu de très bons échos j’ai toujours préféré me le garder sous le coude et continuer à explorer l’univers des asadora tant que je dénichais d’autres séries anciennes en parallèle de celle en cours de diffusion. C’est mon énorme coup de coeur pour Hiyokko en 2017, que l’on doit au même scénariste, qui m’a décidée à me lancer enfin. Et si j’aurais tout autant apprécié la série il y a cinq ou six ans, je ne regrette pas du tout d’avoir attendu, au bout du compte !
Churasan nous invite à suivre les aventures de Kohagura Eri, jeune fille née à Okinawa le jour même de la rétrocession par les Américains de l’archipel au début des années 70. Après avoir grandi dans une famille aimante, Eri va vouloir quitter sa contrée natale tropicale pour faire l’expérience de la vie dans la capitale, avec en tête le souvenir d’une rencontre faite pendant son enfance dans des circonstances qui l’on fortement marquée. A Tokyo, elle va trouver des colocataires qui vont devenir une véritable famille d’adoption, une belle vocation, et bien plus encore.
C’est Kuninaka Ryôko (actrice elle-même originaire d’Okinawa) qui tient le rôle d’Eri. A l’image de la majorité des héroïnes d’asadora, elle une jeune fille enthousiaste et fleur bleue toujours prête à aider les autres. Le personnage est sympathique et on comprend que Kuninaka ait eu ensuite plutôt du succès sur le petit écran japonais. Mais ce qui fait d’Eri une héroïne au final différente, c’est que ses traits de caractère sont très souvent tournés en dérision par son entourage qui n’hésite pas à lui dire gentiment de s’occuper de ses oignons ou s’étonne (ou pas) de sa grande naïveté. Et ça fonctionne à merveille, parce que les personnages qui l’entourent sont incroyablement attachants. Je l’ai très vite remarqué, la série a de nombreux points communs dans son fonctionnement avec Hiyokko, mais cette dernière n’est en aucun cas une copie. On retrouve simplement le même don d’Okada Yoshikazu pour mettre de bonne humeur et faire rire tout en abordant régulièrement des sujets sérieux. Bon j’ai l’impression d’avoir déjà écrit un peu ma conclusion mais je ne pouvais pas faire la présentation des personnages sans dire au moins ça :).
Le père d’Eri, Kohagura Keibun, est chauffeur de taxi. Il préfère la plupart du temps faire la sieste dans son véhicule qu’enchaîner les courses et aime flemmarder à la maison en jouant du shamisen S’il y a du monde pour danser au son de sa musique et picoler un peu avec lui, c’est encore mieux. A part pour l’alcool, on est donc assez loin de l’esprit du salaryman des métropoles japonaises. Sa mère et sa femme ne cessent de le répéter, à Okinawa ce sont les femmes qui savent se bouger, la plupart des hommes se la coulent douce. Malgré sa paresse, sa mauvaise foi et ses petits mensonges, malgré aussi la voix plutôt agaçante de Sakai Masaaki, je n’ai pas pu détester une seconde Keibun.
La bosseuse de la famille, c’est donc la maman, Katsuko. Je sais que ça a ses limites de dire ça, car il y a des dizaines de manières de dépeindre une super maman, mais Tanaka Yoshiko est tellement adorable avec sa voix et son sourire chaleureux pour incarner cette femme pleine de bienveillance, d’intuition et de caractère ! Elle laisse ses enfants faire leurs propres choix quand ils sont réfléchis et est toujours là pour les soutenir. Elle est très complice avec sa belle-mère et il n’est pas rare qu’elles se moquent ensemble du caractère de Keibun.
Et puisqu’on parle d’elle ! Oba, la mère de Keibun, la grand-mère d’Eri, la plus adorable de toutes les grands-mères d’asadora ! Pourtant, il y a de la concurrence, mais si je devais n’en choisir qu’une, ça serait probablement elle. Oba, c’est celle qui connait encore le dialecte local et les anciennes traditions, c’est celle qui par sa tendresse et son calme imperturbable console ses petits-enfants et leur redonne confiance quand ils doutent. Il y a une présence incroyable dans le regard et la voix de Taira Tomi (elle aussi native d’Okinawa).
Keisho (Gori), le frère aîné d’Eri, n’habite plus avec sa famille mais on ne tarde pas à le voir débarquer inopinément. Il est du genre à se faire mousser et à avoir toujours de grands projets qui vont forcément le rendre riche et célèbre, qui se révèlent toujours être des plans foireux mais cela ne lui sert jamais de leçon. Il a le même enthousiasme débordant que son père, et quand ils sont d’accord sur quelque chose tous les deux ça sent plutôt le moisi. On pourrait vite prendre en grippe ce grand gamin qui cause des ennuis à sa famille à cause de ses jeux mais exactement comme pour Keibun, on ne peut pas le détester, en grande partie grâce à toutes les situations qui le tournent en dérision.
Le petit dernier de la famille, Keitatsu, a contrairement à son père et son frère aîné bien les pieds sur terre. Il est très complice avec Eri et sa sensibilité fait qu’il la comprend bien. J’ai vraiment aimé cette relation frère et soeur, qui change de ce qu’on peut souvent voir (en gros, la soeur est une faible créature quel que soit son âge et le frère voit comme une vraie mission, et comme preuve de sa virilité le fait de la protéger). Là c’est dans les deux sens, et puis Keitatsu est tout simplement adorable vu qu’il est joué par Yamada Takayuki. Son parcours est vraiment bien développé et c’est clairement un des points forts de la série.
Lorsqu’elle va arriver à Tokyo, Eri va emménager à l’Ippukan, une résidence un peu particulière de par sa configuration, sa propriétaire et ses locataires. Exactement comme pour Mineko dans Hiyokko, chacune des personnes de la résidence va devenir pour notre héroïne quelqu’un sur qui elle peut compter, même si ce n’est pas du tout gagné au départ pour plusieurs d’entre eux !
Yôko travaille dans le domaine du tourisme et a fait connaissance d’Eri lors d’un voyage d’affaires à Okinawa. Sa gentillesse n’a d’égal que sa maladresse, qui tranche avec son élégance d’office lady. Yo Kimiko est toujours très sympathique dans ce rôle plus exubérant que la majorité de ceux dans lesquels je l’ai vue auparavant.
Jônouchi Maria est une auteure peu sociable et taciturne pour qui Eri est une véritable bête curieuse tant son caractère est à l’opposé du sien. Maria ne demande qu’à avoir la paix pour travailler chez elle, mais pourtant son appartement se transforme à son insu en lieu de rencontre pour Eri et Yôko. Même si elle râle beaucoup et ne mâche pas ses mots, Maria va se laisser apprivoiser petit à petit. J’ai vu Kanno Miho dans un paquet de rôles mais elle a encore réussi à me surprendre !
Le troisième locataire de l’Ippukan, Shibata (Murata Takehiro), est un salaryman qui en pince pour Eri dès le premier regard. Au début j’ai trouvé ça un peu rebutant, vu qu’il a plus du double de son âge ça fait un peu trop détournement de mineure. Mais en fait, Shibata est tellement innocent qu’on croirait plutôt un petit garçon en admiration devant son institutrice. Et puis quand il part dans ses délires quand une situation lui rappelle un souvenir d’enfance et qu’il est presque en transe, c’est toujours assez comique (encore plus quand il se prend un gros vent par les autres personnages :D).
Le doyen des locataires est Shimada (Kitamura Kazuo), un ancien médecin qui daigne à peine ouvrir la porte à Eri quand elle vient se présenter et offrir des sata andagi (des donuts d’Okinawa, c’est super bon !). Le vieux mélomane va se réconcilier avec le monde et surtout avec lui-même, et va jouer un rôle très particulier auprès d’Eri.
Enfin, la propriétaire des lieux, Mizue (Tanami Yatsuko), est une discrète mamie qui a pour passion la cuisine du monde et qui, voyant ses locataires devenir plus proches, va décider d’organiser de savoureux dîners dans la salle commune de la résidence.
Il y a un autre lieu qui va devenir important pour Eri à Tokyo : le Yugafu, un petit resto de cuisine d’Okinawa tenu par un adorable patron (Fujiki Hayato, encore un autre Okinawaien). Eri va pouvoir y retrouver l’ambiance et la nourriture de sa région natale, et pas mal d’autres personnages vont aussi fréquenter ce lieu.
Fumiya (Kohashi Kenji) étudie la médecine à Tokyo. On sait très bien quel rôle il va jouer auprès d’Eri, même si ça ne semble pas joué d’avance. Parce que c’est comme ça dans presque tous les asadora ! Comme plusieurs années avant dans Koi wa mada hajimaranai, Okada Yoshikazu reprend ce thème du fil rouge du destin à sa manière, c’est à dire en nous faisant accepter les grosses coïncidences et sans que ça dégouline trop de romantisme. Les personnages se croisent, se loupent, la petite balle d’Eri symbolise leur lien, et il y a un côté presque merveilleux à tout ça. Du coup ça marche super bien, surtout que Fumiya est plutôt chou, même si par la suite son personnage reste un peu en retrait.
Une poignée de personnages pour terminer : j’ai pu retrouver Tôda Keiko, vue notamment dans Junjô Kirari, dans le rôle de Shimoyanagi, la supérieure d’Eri au travail. C’est marrant comment elle peut être blasée du côté un peu boulet de notre héroïne ! C’est également le cas de Sasaki (Satô Aiko), celle qui va être chargée de la formation de notre héroïne. Et il y a aussi Shôko (Yamaguchi Ayumi), qui va commencer le travail en même temps qu’elle. Eri n’aura pas que des copines au travail, mais aussi une rivale de coeur, Haruka (Konishi Manami). Le scénariste se joue de ce type de personnage si classique en lui faisant dire littéralement à Eri : C’est toi le personnage principal, alors c’est moi qui suis dans ton chemin. Si c’était moi le personnage principal, ce serait l’inverse. En effet, tout est une question de point de vue ! 🙂
Petit retour à Okinawa pour un dernier personnage pas du tout essentiel mais qui illustre à quel point l’humour du drama est efficace : Shimabukuro (Kawata Hiroki, lui aussi un gars d’Okinawa), un ancien camarade de classe de Keisho qui va avoir certaines raisons de rendre régulièrement visite à la famille Kohagura. Il a un don pour casser l’ambiance quand il débarque, c’est terrible !
Si certains arcs de Churasan sont plus intéressants que d’autres, le drama est un vrai petit délice du début à la fin tellement on s’attache aux personnages et tellement l’ambiance met de bonne humeur. On n’est pas au pays des bisounours, on nous montre juste comment une fille normale traverse les petites épreuves de la vie et fait son chemin grâce aux personnes qui l’entourent, et à quel point la présence de ces personnes est importante. Ca fait tellement chaud a coeur de voir une famille unie ou un groupe de personnes d’un peu tous les âges rire et se charrier gentiment, tout en restant dans des histoires du quotidien.
Si la série ne présente pas non plus un progressisme révolutionnaire, dans l’ensemble les femmes y ont une belle place quel que soit leur âge. Et puis j’ai absolument adoré cette petite touche mystique avec Oba qui arrive à deviner quand est-ce que le téléphone va sonner et l’explication de ce « pouvoir » féminin qui méduse tous les hommes de la maisonnée. En mentionnant les collègues de travail d’Eri j’ai volontairement omis de dire quelle était leur profession (et j’ai pour l’occasion bien galéré pour trouver des screencaps où elles n’étaient pas au boulot :D). Ce n’est pas bien difficile de deviner dans quel univers professionnel la jeune fille va évoluer mais je préfère laisser autant que possible la surprise. C’est un univers bien connu, sûrement très utilisé dans les fictions japonaises friandes de vocations quand il ne s’agit pas de la police, et où la situation des hommes est des femmes et généralement bien marquée. Même si ce qu’on nous montre ne sort pas des sentiers battus ça s’articule très bien avec le reste et ça reste très intéressant.
J’ai mentionné les locataires de l’héroïne comme point commun avec Hiyokko, il y en a d’autres et ils illustrent bien à quel point Okada s’approprie le format asadora pour en tirer le meilleur. Une jeune fille de province qui va à la capitale pour trouver sa vocation, c’est le deal de base. Là, dans Hiyokko comme dans Churasan elle y vient aussi pour trouver quelqu’un de précis. Et dans les deux séries, il y a une fiction dans la fiction quand un des colocataires s’inspire de la vie de l’héroïne dans son travail. Dans un cas comme dans l’autres le scénariste s’éclate à former des couples parfois improbables autour du couple principal. D’ailleurs à ce propos, je me suis spoilé grave pour 2 couples en regardant en détail le casting sur le DramaWiki, car les noms utilisés pour les personnages féminins sont les noms d’épouse.Et en fait, un des deux couples en question ne se forme même pas dans l’asadora mais dans une des suites diffusées après (et d’ailleurs rien que ça ça présage du bon, j’y reviens à la fin !). Et tout simplement, si l’on considère tous les drama d’Okada (et donc je ne peux m’empêcher de citer Saigo kara nibanme no koi), on retrouve cette touche particulière dans les dialogues, notamment aux repas de famille ou de colocataires, ça fuse dans tous les sens, chacun y met son grain de sel, c’est délicieux ! Et puis bien sûr, l’émotion est toujours au rendez-vous, notamment avec les nombreux personnages secondaires qui dévoilent leur passé.
Avec maintenant presque 18 ans au compteur, l’asadora n’est plus tout jeune et ça se sent évidemment un peu au niveau de la réalisation mais j’ai trouvé que ce côté « rétro » contribuait en quelque sorte à son charme. C’est plutôt la qualité de la vidéo elle-même qui est un problème, pour ça ça doit valoir le coût d’avoir une source officielle. L’OST accuse aussi un peu son âge et ne fait pas partie des plus marquants, mais ça ne m’a pas dérangée le moins du monde. Ca passe sans problème quoi, c’est pas du tout désagréable.
La chanson thème est interprétée par le duo Kiroro (made in Okinawa aussi) et est sympa comme tout, elle respire l’ambiance fin 90’s début 2000’s. Et puis les images du générique, à l’instar de tous les paysages d’Okinawa qu’on peut voir dans les épisodes, font vraiment rêver ! Tous les asadora que j’ai vus m’ont donné envie de visiter la région qu’ils mettaient en valeur, et c’est particulièrement le cas pour Churasan ! C’est pas compliqué d’être attiré par les plages ensoleillées de sable blanc à l’eau limpide c’est sûr, mais ça forme vraiment un tout avec le beau petit aperçu de la culture locale. Le gôya, les sata andagi, les hibiscus, les vues de la petite île où se trouve la maison familiale des Kohagura… On sent tellement le dépaysement par rapport à la capitale japonaise ! Même une fois qu’Eri est à Tôkyô, tous les prétextes sont bons pour que l’un ou l’autre membre de sa famille y débarque, on continue donc à voir très régulièrement les Kohagura aux côtés d’Eri mais aussi chez eux et ça c’est vraiment chouette, aussi bien pour les personnages que pour le décor !
Comme je l’ai dit dans mon intro, si j’avais regardé Churasan il y a cinq ou six ans, je l’aurais certainement trouvé tout aussi chouette. Il m’aurait servi de référence pour les asadora « contemporains » et aurait donc placé la barre très haut. Mais je ne regrette pas du tout d’avoir attendu tant de temps pour me décider à le voir. C’est bête parce que ça aurait très bien pu marcher dans l’autre sens, mais j’ai vraiment apprécié de pouvoir faire les parallèles avec Hiyokko et de voir qu’Okada pouvait faire deux drama aussi chouettes avec la même recette. Et du coup, même s’il est différent, j’ai encore plus envie de revoir Ohisama pour pouvoir me rendre compte comment le scénariste y a mis sa marque de fabrique maintenant que je connais mieux encore son travail. Okada est à ma connaissance le seul scénariste à qui on a confié 3 asadora, ce n’est pas pour rien et j’espère que ça ne s’arrêtera pas là même s’il faudra attendre un peu pour le prochain !
En attendant, je compte bien me mettre sous la dent les 3 suites de Churasan ! Car oui, la NHK a produit trois petites saisons de drama au format classique cette fois, et je crois bien que c’est un cas unique. Ces derniers années, il y a un épisode spécial quelques mois après la fin de la diffusion d’un feuilleton (d’ailleurs je n’en ai vu aucun !) mais pas plus. Je ne m’attends pas à ce que ces suites soient révolutionnaires, mais vu le capital sympathie de tous les personnages ça devrait suffire et je pense que c’est bien le but !
Au cas où ça ne serait pas encore clair : Churasan c’est mille fois oui ! Si vous êtes déjà fans des feuilletons du matin il y a zéro risque d’être déçu, et si vous voulez vous y mettre c’est un candidat idéal, surtout si les histoires contemporaines vous tentent plus que les histoires d’époque. Qu’on le regarde le matin comme c’est prévu à la base ou à n’importe quel autre moment de la journée, c’est une série qui met du baume au coeur par tranches de 15 minutes.
Ahh c’est le même scénariste que Hiyokko !!
Je l’ignorais !
Intéressant 🙂
Hé oui ! Facile de faire des parallèles et de reconnaître son style quand on a vu quelques uns de ses drama 🙂
Après Churasan, Kuninaka Ryoko a fait un autre drama avec lui, Yume no California. Kanno Miho a aussi fait plusieurs drama avec lui !
Si tu n’as pas déjà vu le drama Ohisama il est sous-titré c’est sûr, sinon si tu veux tenter un drama « normal » de lui il y a Saigo kara nibanme no koi que j’adore !
Ca donne envie !!
Mais comment vais-je trouver le temps pour mater tout ça ^^
Ca fait des années que je demande des journées de 48h à Noël mais toujours aucun résultat 😀