[Drama] Soratobu taiya

sora tobu taiya

Titre japonais : 空飛ぶタイヤ
Nombre d’épisodes : 5
Diffusé au : Printemps 2009
Chaîne de diffusion : WOWOW
Fiche : DramaWiki

 

Cela faisait très longtemps que je devais voir Soratobu taiya (ou Sora tobu tire suivant la transcription que l’on choisit), qui était la seule série qui me restait sur la liste des drama qu’on m’a donné envie de voir que j’avais publiée début 2012. Si je l’avais mis de côté si longtemps, c’est parce que j’avais donné la priorité aux autres drama de ma liste, en majorité plus légers et abordables et aussi parce qu’un problème avec la vidéo du premier épisode m’a empêchée un moment donné de commencer mon visionnage et que du coup, il s’est écoulé pas mal de temps avant que je remédie au problème en question. A la fin de l’année dernière, décidée à faire un peu le ménage dans mes diverses listes pour revoir un peu mes priorités, j’ai enfin regardé les cinq épisodes de cette adaptation d’un roman d’Ikeido Jun

Un camion de livraison circulant dans un quartier résidentiel de Yokohama perd brusquement une de ses roues qui va percuter violemment une jeune femme, lui ôtant la vie sous les yeux de son fils. Immédiatement, l’entreprise de transport Akamatsu, propriétaire du camion est montrée du doigt et accusée de ne pas avoir effectué correctement la maintenance de son véhicule. Son directeur va se battre sans relâche pour montrer que ces accusations ne sont pas fondées et pour trouver la cause réelle de l’accident. Il va pour cela devoir affronter Hope Jidôsha, constructeur du camion et géant de l’automobile faisant partie d’un énorme groupe. Une journaliste, un employé de la banque du groupe Hope ainsi que plusieurs employés de Hope Jidôsha vont être mêlés à l’affaire, chacun ayant un intérêt à révéler une vérité que le département d’assurance qualité et le président de Hope Jidôsha vont tenter jusqu’au bout de continuer à dissimuler. 

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C’est Nakamura Tôru qui incarne Akamatsu, directeur de l’entreprise du même nom au coeur de l’histoire. S’il ne va pas baisser les bras face au Goliath qu’est son adversaire, c’est bien sûr pour sauver la société qu’il a hérité de son père et ses employés, mais aussi parce qu’il ne supporte pas d’être tenu responsable par la famille de la victime. Il aura dans son combat le soutien sans faille de son bras droit, Miyashiro (Osugi Ren). Etant lui-même victime des a priori mis cruellement en évidence, il va commencer par accuser lui-même Kadota (Emoto Tasuku), le jeune mécano responsable de la maintenance du camion ayant causé l’accident. Dans une société où la limite entre travail et vie privée est presque inexistante, la famille d’Akamatsu va elle aussi subir les conséquences des accusations portées contre l’entreprise qu’il dirige. Le bien-être de son fils et la cohésion de son couple vont être menacés par des personnes malveillantes profitant de la situation. Ce rôle de justicier presque tout blanc n’est pas forcément un cadeau, et j’ai parfois trouvé que Nakamura sonnait un chouia faux dans sa manière de s’indigner, mais j’aime bien pinailler parfois. Dans un registre moins sobre, on ne remarquerait rien. C’est Tôda Naho qui tient le rôle de l’épouse d’Akamatsu, qui va être aux premières loges pour gérer les problèmes que son fils a à l’école et les déclarations mal intentionnées de certains membres du comité de parents d’élèves. 

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Sawada travaille dans le département relations clientèle de Hope Jidôsha. Persuadé d’abord d’avoir affaire à un client lourdingue, il va envoyer bouler Akamatsu lorsque celui-ci va remettre en question le rapport du constructeur concluant à un défaut de maintenance. Mais lorsqu’il va entrevoir la vérité, sa conscience morale ne va plus le laisser tranquille. Veut-il vraiment continuer à travailler dans ce genre d’entreprise ? Il va confier à demi-mots ses états d’âme à sa femme, animatrice radio qui répond aux lettres d’auditeurs lui demandant conseil. J’ai beaucoup aimé la complicité de ce couple, qui change pas mal de l’image du mariage qu’on nous montre d’habitude. Je ne suis pas très fan de Tanabe Seiichi mais c’set clairement le meilleur rôle dans lequel je l’ai vu. Et Honjo Manami a une très jolie voix ! Choix judicieux pour un rôle d’animatrice radio vous me direz :).

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Isaki travaille dans la section prêts de la banque Hope. Il est fiancé à Kaori (Mimura) la nièce du président de Hope Jidôsha, très proche de son oncle. C’est tout sauf un hasard qu’on lui ait confié le dossier de financement d’investissements de Hope Jidôsha. Le conflit d’intérêts est inouï, et Isaki voit à la fois sa carrière et sa vie personnelle menacées s’il fait  ce que lui dicte sa conscience professionnelle de banquier quand il a connaissance de la rumeur selon laquelle Hope Jidôsha tenterait de dissimuler un défaut de fabrication sur l’un de ses camions. Je ne saurais expliquer pourquoi mais j’ai toujours trouvé Hagiwara Masato sympa et j’étais contente de le revoir dans ce rôle.

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Enomoto (Mizuno Miki, que j’apprécie toujours de voir) est une journaliste qui va contribuer à mettre la machine en marche en faisant le lien entre l’affaire Akamatsu et des accidents précédents impliquant le même modèle de camion Hope. Elle va faire part de ses doutes à Isaki, qui est un ami de longue date, et prendre contact avec Akamatsu. L’image qu’elle donne de la presse change de ce qu’on peut voir d’habitude, c’est bien de voir qu’il y a aussi des gens qui enquêtent vraiment et pas que les fouille-merde des tabloïds si souvent évoqués dans les drama.

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Kano, le président de Hope, va faire tout ce qui est en son pouvoir pour que la vérité n’éclate pas et pour que Hope Jidôsha obtienne le gros financement tant espéré. Il justifie ses actions par son devoir de protéger les milliers d’employés de l’entreprise et par extension l’économie du pays qui souffrirait si une entreprise d’une telle taille se retrouvait au coeur d’un scandale. Mais cela peut-il justifier de mentir et de fuir ses responsabilités ? Où est la limite entre cette conscience professionnelle affichée et son ambition personnelle ? Ce rôle va très bien à Kunimura Jun.

Plusieurs employés de Hope Jidôsha vont intervenir dans l’histoire. Je ne rentrerai pas plus dans les détails et citerai seulement Sugimoto, une employée du département assurance qualité. J’ai apprécié de retrouver dans ce rôle Ono Machiko. Enfin, la police, représentée par l’inspecteur Takahata (Endô Kennichi), va se montrer lente à réagir, ne mettant pas en doute les agissements de Hope Jidôsha ou préférant ne pas le faire car elle redoute de s’attaquer à un si gros poisson.

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Le roman d’Ikeido Jun à l’origine du drama Soratobu taiya a la particularité d’être basé sur des faits réels remontant au début des années 2000 qui ont impliqué le groupe Mitsubishi. Même si l’on peut supposer que certains éléments ont été changés, cet ancrage dans la réalité  donne une grande force à ce récit qui met en évidence de manière admirable les particularités et les failles d’un système, les rapports de force et les intérêts différents de chacun, au niveau personnel comme collectif. Sur certains aspects, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Yamazaki Toyoko. Même si on peut penser que l’univers de l’histoire n’est pas folichon, que tout ça va manquer un peu d’action et que de toute façon on se doute bien comment ça va finir, la multiplicité de points de vue donne un véritable dynamisme aux épisodes. On ne se rend pas vraiment compte qu’ils durent plus longtemps que les épisodes des chaînes classiques, et vu qu’il n’y en a que 5, pas de temps pour les longueurs. Et il y a du suspense, car à plusieurs moments on se demande lequel des personnages susceptibles de faire éclater la vérité va faire une action décisive, si quelqu’un va l’en empêcher, si le résultat escompté va être atteint. 

Des traits caractéristiques de la culture japonaise et du système économique du pays sont mis en avant de manière très efficace : la toute-puissance des énormes groupes zaibatsu, la confiance aveugle qui leur est accordée, la dépendance des PME vis-à-vis de banques qui peuvent faire partie des gros groupes en question, les interférences entre vie professionnelle et personnelle, le rejet de la faute sur le plus faible, la responsabilité sans limite du chef d’entreprise vis-à-vis de ses employés, la corruption à peine déguisée… On nous montre aussi à quel point les sacro-saintes excuses souvent faites de manière si automatique parce qu’on pense qu’elles sont attendues peuvent devenir indécentes dans certains contextes. 

L’OST de Soratobu taiya se montre la plupart du temps discrète mais est on ne peut plus efficace. A l’écoute des mélodies, je n’ai pas tardé à me dire : Mais, je connais celui qui a composé ça ! Effectivement, il s’agit de Satô Naoki. Je le savais, mais vu le temps que j’ai mis à me décider à regarder la série, j’avais complètement oublié ! La chanson de l’ending est le classique américain The Tennessee Walz interprété par Holly Cole. J’ai pu retrouver un peu le même contraste qu’avec l’un des deux seuls autres drama de WOWOW que j’ai vus, Suitei yuuzai, et c’est aussi réussi.

S’il part d’un sujet pas du tout gai dans un domaine pas particulièrement attrayant, Soratobu taiya est au final un drama intelligent, divertissant et touchant. Sans sombrer dans le manichéisme, il met en relief la dimension humaine dans les relations économiques et professionnelles de manière très juste. Il m’a donné envie plus que jamais de rattraper un peu mon retard sur les drama WOWOW car décidément leur format de 5 épisodes d’une heure avec presque toujours un roman à la base est vraiment intéressant, on a un rythme différent par rapport aux drama classiques des autres chaînes. En plus de Yamazaki Toyoko, Minato Kanae et dans une certaine mesure Higashino Keigo, je vais désormais faire attention quand le nom d’Ikeido Jun est mentionné pour un drama ! En fait, il se trouve que j’ai déjà regardé une autre adaptation d’un de ses romans sans vraiment le vouloir :).

En vérifiant quelques infos pour écrire cet article, je me suis rendu compte que Soratobu taiya avait été aussi adapté en film. Cela ne m’a pas surprise parce que ça arrive très souvent (j’ai tout de suite pensé à Gaiji keisatsu), mais je pensais que le film datait déjà d’il y a quelques années alors qu’en fait non, il n’est pas encore sorti à l’heure où j’écris ces lignes ! On dirait bien que l’on cherche à surfer sur le succès des adaptations de romans d’Ikeido ! Le casting est dans l’ensemble très alléchant, avec trois acteurs très populaires dans les rôles principaux. Par contre, j’ai peur qu’à cause de la durée plus restreinte et de la tentation de vouloir faire du spectaculaire parce qu’on est sur grand écran, on n’ait pas la même sobriété si appréciable de la version drama.

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