Titre japonais : この世の果て
Nombre d’épisodes : 12
Diffusé en : Hiver 1994
Chaîne de diffusion : Fuji TV
Fiche : DramaWiki
Petit voyage dans le temps pour trancher avec la majorité de billets sur des drama très récents publiés ces dernières semaines ! Jusqu’à il y a peu, les plus vieux drama japonais que j’avais vus dataient de 1997 : Beach Boys, diffusé pendant l’été, et Aoi Tori, la saison suivante. Ils avaient détrôné Nemureru Mori et surtout Kamisama mou sukoshi dake et Great Teacher Onizuka, qui datent tous de 1998. Si ces drama qui ont maintenant une quinzaine d’années ne comptent pas forcément parmi mes préférés, ils n’en restent pas moi intéressants pour voir l’évolution des séries japonaises sur le fond et sur la forme. J’étais donc bien décidée à continuer mon exploration des années 90 en regardant les séries qui sont disponibles (et elles ne sont pas si nombreuses, évidement !).
Je ne sais plus exactement où j’ai entendu parlé de Kono yo no hate pour la première fois et ce qui m’a fait pensé que je pourrais trouver facilement le drama malgré son âge, mais je sais très bien ce qui m’a donné envie de le regarder. Non, pas le casting pour une fois, vu que je ne connais quasiment personne ! Ce qui m’a décidé à le regarder, c’est de lire sur sa fiche DramaWiki qu’il était considéré comme le drama japonais le plus sombre et déprimant qui ait jamais été fait. Ouais, carrément. Evidemment, mon côté maso a crié qu’il ne fallait pas que je manque un drama de 1994 avec une telle réputation ! Autre donnée qui peut être un argument : l’audience moyenne a été de 22.9% !
Un soir où elle rentre du travail, Maria voit un homme se faire renverser par une voiture. Comme le conducteur prend la fuite sans se soucier de la victime, la jeune femme appelle les secours et attend leur arrivée et se retrouve même à accompagner le blessé dans l’ambulance. La vie de celui-ci ne semble pas être en danger, mais comme il n’avait aucun papier sur lui, tout le monde ignore son identité. Lui-même compris, car il a perdu la mémoire. C’est ainsi que les deux personnages principaux se rencontrent, et c’est le début d’une histoire qui ne va pas les laisser indemnes. En parallèle, nous suivons l’histoire de Nana, la jeune soeur de Maria, et rencontrons plusieurs personnages qui n’ont pas un destin beaucoup plus heureux.
Avant de rencontrer celui qui, elle l’apprendra vite, s’appelle Shiro, Maria avait déjà une vie pas évidente et un passé difficile à assumer. Elle travaille le jour dans une banque, la nuit dans un bar à hôtesses, dans le but de pouvoir mettre assez d’argent de côté pour pouvoir financer l’opération de sa soeur Nana, devenue aveugle suite à un accident. Maria se sent responsable de cet accident, et le bonheur de sa soeur passe bien avant le sien. Autre caractéristique plus secondaire : elle passe son temps à fumer, et s’il y avait un prix du personnage de drama fumeur elle le remporterait haut la main ^^.
Elle est très forte, et c’est bien pour ça qu’elle va pouvoir surmonter tous les malheurs qu’elle subit après avoir rencontré Shiro et faire tant de choses pour tenter de le protéger même quand il semblera qu’elle ne pourra plus être avec lui. Si l’on peut penser qu’elle auraiit pu se révolter ou fuir bien des fois tellement elle s’en prend dans la gueule (physiquement et verbalement), il se dégage d’elle une sorte de sincérité, une envie de croire en l’autre malgré tout ce qui arrive. C’est pour ça que j’ai plaint le personnage, mais que je ne l’ai pas trouvé nulle ou pitoyable. VDM et pas TLBM, quoi :p. Suzuki Honami est franchement convaincante dans ce rôle, et si je ne l’avais jamais croisée avant, j’espère que j’aurai l’occasion de la revoir.
Le TLBM, pour moi il va plutôt à Shiro. Il aime Maria, Maria l’aime, mais ils ne parviennent pas à vivre heureux ensemble, d’accord. J’ai trouvé cohérent et plausible ce cercle vicieux dans lequel le couple principal se trouve pris, mais quand même, franchement, si Shiro n’avait pas un caractère à la con, ils n’en seraient clairement pas arrivés là ! Monsieur vient d’un milieu privilégié et tombe des nues quand il décide de faire un trait sur son passé et se rend compte que la vraie vie, c’est dur. Du coup, plutôt que de mettre sa fierté et son égocentrisme de côté, il accuse Maria d’être responsable de ses difficultés alors qu’elle ne l’a forcé à rien. Non content d’être déjà un peu dans la merde, il va s’y enfonncer bien profondément tout seul comme un grand, refusant l’aide de Maria. Hé ben mon grand, tu pourras pas dire que tu l’as pas cherché ! Cela n’empêche pas Mikami Hiroshi (Swallowtail) de se montrer brillant dans le rôle.
Shiro va se faire manipuler par Rumi, une hôtesse qui travaille dans le même bar que Maria et qui va tout faire pour briser le couple. Pas vraiment parce qu’elle aime Shiro, juste parce qu’elle est jalouse de la force de Maria et ne supporte pas de voir les autres heureux. C’est flagrant dès le départ, ce n’est pas comme ça qu’elle trouvera la bonheur. On croit qu’elle finira par se rendre compte, mais pas vraiment. Pas le moindre soupçon de sympathie ou de compréhension pour elle mallgré son passé traumatisant. Elle s’obstine tellement que ça en vient ridicule.
Rumi est certainement le personnage le plus pitoyable et détestable que j’ai pu voir dans un drama. Les briseuses de couples manipulatrices, on en voit plus que souvent dans les comédies romantiques, mais là ça prend vraiment des dimensions phénoménales. Et si j’en veux à Shiro, c’est justement parce qu’on la voit arriver avec ses gros sabots, la Rumi. Mais lui préfère écouter ses conneries plutôt que de faire confiance à Maria. Et j’ai trouvé que ce qu’elle l’amenait à faire, et la vitesse à laquelle cela arrivait, c’était vraiment trop gros. Et comme c’est là-dessus que se base l’influence de Rumi sur Shiro, évidemment j’ai tiqué. Elle donne une image pitoyable des femmes, et en même temps des hommes, car ils paraissent tous stupides à se laisser avoir (au pluriel, car évidemment Shiro n’est pas le seul). Palme de l’interprétation de la tête à claques pour Yokoyama Megumi, la mielleuse patronne de l’héroïne de Guilty.
Nana (Sakurai Sachiko), la soeur de Maria, a un caractère doux et gentil qui contraste avec l’impertinence de sa soeur. Elle a pu trouver un emploi malgré son handicap : elle travaille pour un couple qui tient un magasins de fleurs, et compte sur son odorat pour reconnaître celles-ci. Elle habite seule dans un petit appartement et mène une vie tranquille. Un jour, son chemin va croiser celui de Jun (Oura Ryûichi), qui n’est pas un garçon très recommandable car il braque les konbini avec un de ses amis et collègue. Jun va sincèrement tomber amoureux de la jeune femme, qui n’est pas, contrairement aux personnes voyantes, effrayée par son visage à moitié défiguré, et va vouloir la protéger. Mais évidemment tout ne va pas être si simple…
Tout comme Rumi est la rivale de Maria, Shiro a lui aussi un rival, qui heureusement n’est pas un psychopathe, lui. Il s’agit de Kamiya, le riche héritier d’un grand groupe industriel. Si sa première rencontre avec Maria ne présage pas une bonne entente, il finit par se prendre d’affection pour la jeune femme et tente de l’aider, y compris en lui conseillant de quitter pour de bon Shiro avant qu’il la détruise complètement. Et là, pour une fois, le rival il a bien raison ! On se doute bien que Maria ne va pas tomber dans ses bras juste parce qu’il est riche, mais vu que c’est quelqu’un de bien même s’il est particulier, j’ai vraiment souhaité qu’elle finisse avec lui, même si je me doutais bien qu’a priori ça n’était pas une option envisageable dans le classique triangle amoureux. Kamiya est incarné par Toyokawa Etsushi, le seul acteur que je connaissais vraiment. Evidemment, il est plus jeune que dans les autres drama dans lesquels je l’ai vu, mais il est vraiment classe.
Je vais m’arrêter là dans mon petit passage en revue des personnages pour ne pas en dire plus sur l’histoire ! Ce que j’ai dit jusqu’ici confirme déjà assez bien il me semble qu’il n’y a pas grand chose de rose à voir et qu’on est bien loin des comédies romantiques où l’héroïne met 5 épisodes minimum à se rendre compte de ses sentiments, et 3 épisodes à s’en remettre quand l’élu de son coeur lui fait un bisou sur la joue. Kono yo no hate est un drama sombre, oui, et c’est aussi le plus violent que j’ai pu voir. Ca se tape sur la tronche à tout bout de champ, il y a du sang, des coups, des cris. Et ça, à tous les épisodes. Il y a même de la drogue et plein d’autres petits gadgets surprise. Et on est sur Fuji TV, au créneau horaire vedette du lundi soir 21h ! Vu l’ambiance, je me suis dit que la Rumi allait finir par se prendre une dérouillée, car il y a bien un personnage qu’elle devait exaspérer autant que moi :p
Est-ce que j’ai trouvé le drama déprimant ? Non, pas vraiment, parce qu’il en fait trop. Des histoires d’amour malheureuses, des personnages pas gâtés par la vie, instables, des comportements destructeurs, le sentiment que le sort s’acharne, je veux bien. Mais trop, c’est trop. On a parfois l’impression que l’équipe de production a fait une liste de tous les éléments tristes et/ou violents qui pouvaient exister et qu’ils ont ensuite fait une histoire autour en les incluant tous. Je ne dis pas que je n’ai pas du tout été touchée par ce qui se passe, je ne dis pas qu’il aurait fallu que ça devienne le pays des bisounours, mais au bout d’un moment on sature et les événements tragiques n’ont plus le même impact. On sait qu’il va arriver une merde, hé bien qu’elle arrive, voilà !
Evidemment, la fin n’échappe pas à cette règle. Du point de vue de l’ambiance générale du drama, on ne peut pas dire qu’elle soit mauvaise. Mais en elle-même, ce n’est pas du tout le happy end. L’histoire de Nana et Jun a aussi son petit lot de malheurs un peu exagérés et de personnages vilains, mais au bout du compte je l’ai trouvée plus touchante. L’histoire de cette pauvre Rumi se termine d’une façon qui colle très bien au personnage : de façon exagérée, pour faire spectaculaire.
Toujours est-il que le drama se suit très bien et que j’ai regardé assez rapidement les 12 épisodes. Si on sent bien que ça ne date pas de la saison dernière, c’est plus à cause de l’apparence des personnages que de la réalisation. Les vêtements des femmes, qu’ils se veuillent élégants ou décontractés, leur coiffure, leur maquillage, oh boy! On se rend vraiment compte que le milieu des années 90, c’est loin ! L’image était relativement correcte pour un drama de cet âge (mais bon vous voyez bien les captures, c’est pas non plus super net), mais le son avait tendance à saturer dans les aigüs, ce qui rend encore plus perçants les cris des personnages féminins.
Puisqu’on parle de son, qu’en est-il de la musique ? L’OST est dans l’ensemble très agréable et n’accuse pas trop son âge. Il a aussi le bon goût de ne pas rajouter une couche aux scènes déjà trop dramatiques. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre pour la chanson thème, mais je pensais que ça serait un truc vieillot que j’avais peu de chances d’apprécier. Que neni ! La chanson Oh my little girl d’Ozaki Yutaka (star de la fin des années 80 décédé dans des conditions obscures deux ans avant la diffusion du drama), est franchement prenante. Une balade très classique mais très jolie et qui joue beaucoup dans l’ambiance du drama. Comme souvent, des versions instrumentales de la chanson sont aussi utilisées.
Pour finir, il faut noter que le scénariste de Kono yo no hate est Nojima Shinji, à qui l’on doit dans les années 2000 les très bons Pride, Bara no nai hanaya et Love Shuffle. Ces trois séries sont certes assez différentes, mais j’ai l’impression qu’on pourrait plus facilement les rapprocher entre elles que de trouver des points communs avec Kono yo no hate et son avalanche de malheurs et de violence. Le drama est peut-être plus dans la lignée de Koukou Kyoushi, dont Kerydwen a récemment souligné le côté exagéré.
Malgré ses défauts, Kono yo no hate est un drama porté par un solide duo d’acteurs principaux et qui est divertissant (bien que le mot paraisse étrange quand il s’agit de voir un gars brailler parce qu’il est en manque ou une fille se faire tabasser) à défaut de procurer vraiment de fortes émotions et de marquer durablement. Il est très intéressant pour se rendre compte de l’évolution des drama japonais ces 20 dernières années et comporte bien des éléments repris par la suite (mais pas tous en même temps cette fois ! :p) dans des romances plus ou moins dramatiques. C’est pour cette dimension que je conseillerais le drama à ceux qui ne sont pas rebutés par les « vieilleries ».
Commentaires laissés sur l’ancienne version du blog
J’apprécie également l’acteur Etsushi Toyokawa. Je le trouve classe et j’aime bien son allure un peu flegmatique. Je crois que je ne l’ai vu que dans « Aoi Tori », mais il m’a marquée.
Je comprends ce que tu ressens lorsque tu parles du fait que trop de souffrance et de tuiles gâchent carrément tout le truc et nous fassent saturer. J’ai éprouvé le même sentiment en suivant le drama « Koizora » (qui doit quand même être vachement plus soft comparé à « Kono yo no hate »). J’étais même prise de rires nerveux sur la fin, je n’adhérais même plus à l’histoire, il fallait juste que ça se termine. J’ai tout suivi parce qu’il est court et je voulais connaître le fin mot de l’histoire, mais c’était éprouvant! Comme quoi, tu n’es pas la seule à avoir des penchants masochistes! (^^)
Tu m’as battue: le drama le plus vieux qu’il m’ait été donnée de voir date de 1997 et c’est « Narita Rikon ».
Écrit par : Dramafana | 24.04.2012
En effet, je n’ai pas vu Koizora mais à ce que tu en dis, ça doit faire un peu le même genre d’impression, le côté vieux et « trash » en moins ^^.
J’ai été surprise de trouver un drama de 1994, jusque là les plus vieux que j’avais repérés étaient de 1995 ou 1996. Je ne sais pas si je pourrai un jour battre ce « record » personnel ! ^^
Écrit par : Katzina | 29.04.2012
Je vous rejoins car moi aussi j’aime bien Toyokawa Etsushi qui a une classe folle. C’est dommage qu’il ne tourne presque plus pour la télévision.
C’est encore une découverte pour moi car je n’avais jamais entendu parler de Kono yo no hate. Je suis assez partagée. Autant tu donnes envie car j’apprécie les séries sombres mais vu que tu dis qu’il y a de l’exagération et qu’elle manque d’impact émotionnel, je suis plus mitigée. Faut voir si le côté vieillerie va m’attirer. Bref, je le note quand même sur ma liste, merci donc 🙂
Écrit par : Kerydwen | 28.04.2012
Donc voilà c’est décidé ! Pas de fan club de Nagasawa Masami mais un fan club de Toyokawa Etsushi ! La présence d’acteurs comme lui est une bonne raison de plus de se pencher sur les vieux drama ^^
Maintenant que tu le dis je vois qu’à part un rôle dans le taiga de l’année dernière (qui n’est peut-être pas énorme, il n’a rien fait depuis Bengoshi no kuzu où je l’avais justement découvert. C’est bien dommage !
Je comprends que tu ne mettes pas Kono yo no hate en haut de ta liste, mais je dois dire que je suis assez curieuse de savoir ce que tu en penserais ^^.
Écrit par : Katzina | 30.04.2012