En attendant une prochaine note sur la littérature japonaise, j’ai voulu regrouper ici quelques romans en rapport plus ou moins direct avec le Japon, mais qui n’ont pas été écrits en japonais, même si certains des auteurs ont des origines nippones. J’ai donc repris trois ouvrages qui figuraient dans ma liste de romans trop encombrante, et j’en ajoute un lu un peu plus récemment.
Un artiste du monde flottant – Kazuo Ishiguro
Contexte et thème très intéressants pour ce roman : le Japon au lendemain de la guerre, et la question de savoir si les Japonais convaincus par les idées militaristes avaient tort, ou s’il s’agit juste d’une question d’époque.
A l’image du personnage qui semble se tourner vers ce qui n’est plus et refuser ce qui est maintenant, on a l’impression de s’arrêter un peu dans l’espace et dans le temps.
Ce roman m’a donné envie de lire d’autres livres d’Ishiguro : je suis particulièrement intéressée par le mélange Japon/Grande-Bretagne de cet auteur qui écrit en anglais.
Tokyo c’est loin – Tania de Montaigne
J’ai bien sûr été attirée par le maneki neko qu’on voit sur la couverture de ce roman, et le résumé m’a convaincue de le lire.
C’est drôle et touchant à la fois, le seul reproche étant le style parfois trop répétitif, comme trop condensé vu que le récit est plutôt court.
Tokyo – Mo Hayder
Aux interrogations sur la si étrange héroïne qui surviennent lors des premières pages de ce thriller succède bientôt une angoisse que je qualifierait d’exponentielle, et qui prend toute sa « splendeur » dans les 100 dernières pages.
Deux récits d’époques différentes, dans des lieux différents, faits bien sûr par des personnes différentes, s’entremêlent progressivement et finissent par se rejoindre. Vraiment ingénieux, et si bien mené de la première à la dernière page.
Au-delà de l’aspect thriller, ce livre est aussi excellent de par son sujet : j’essaie de m’intéresser à tout ce qui touche au Japon, et bien sûr par seulement à des oeuvres japonaises, et parmi tous les sujets et tous les points de vue qu’il peut y avoir, j’ai énormément apprécié ce livre qui est loin de présenter le Japon sous un beau jour, avec la guerre sino-japonaise et les yakusas comme thèmes principaux.
Quand l’empereur était un dieu – Julie Otsuka
Ce roman assez court raconte l’histoire d’une famille d’origine japonaise installée au Etats-Unis pendant la deuxième guerre : dès le début, le père est absent, ayant été arrêté et déporté au lendemain de Pearl Harbor. Le récit très touchant alterne le point de vue de la mère, de sa fille et de son fils. Ils doivent quitter leur maison, faire un long voyage dans des conditions déplorables, pour se retrouver dans un camp en plein milieu du désert où chaleur, vent et froid sont insupportables. Si la famille pourra être réunie à la fin de la guerre, rien ne sera plus comme avant.
La situation des personnes d’origine japonaise pendant la guerre est un thème qui je pense est peu souvent abordé, c’est un des nombreux aspects du conflit que je ne connaissais pas avant d’aborder l’Histoire du point de vue du Japon. J’ai beaucoup aimé la façon dont l’auteur parvient à nous conter cette expérience vécue par des milliers de personnes à travers l’histoire d’une seule famille, où les sentiments de chacun sont évoqués tour à tour. Sentiments d’incompréhension quand tout d’un coup des voisins jadis amis vous tournent le dos, quand le pays qui vous a jadis accueilli ou même où vous êtes né vous considère comme son ennemi. Un très beau récit, qui se lit très vite.
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