Titre japonais : 蟲師
Nombre d’épisodes : 26
Année de production : 2005-2006
Licence en France : Black Box
Fiche : Animeka ; ANN
Voir aussi : [Manga] Mushishi
J’avais vu pour la première fois l’anime Mushishi en 2006 et son univers unique en son genre m’avait profondément marquée. J’avais été très heureuse que le manga original soit publié en France et j’avais pris autant de plaisir à le suivre volume après volume. Après tant d’années à espérer voir la série être licenciée en France et quelques faux espoirs (il n’y a qu’à utiliser le tag Mushishi pour retrouver les nombreux bla bla du blog où je me lamente), j’ai eu enfin le bonheur de voir mon vœu exaucé.
Et ça valait le coup d’attendre ! D’abord, parce que la série est toujours aussi formidable. Ensuite, parce qu’on a eu le droit à une édition Blu-ray et que oh miracle ! je suis équipée pour ça (il fut un temps où ce n’était que le lecteur, maintenant c’est l’écran adéquat aussi donc plus de raison de se priver ^^). Pour une bouchée de pain en plus ! (je sais que c’est un point discutable car ça ne m’aurait pas gênée de mettre le prix et de toute façon ça ne changera pas le fait que certains n’achèteront jamais quoi que ce soit, support physique ou pas…).
Enfin, belle coïncidence, juste au moment où j’ai commencé mon deuxième visionnage plus de 7 ans après le premier, la suite de l’anime a été annoncée ! Après un épisode spécial pour remettre la série dans l’actualité, une saison a été diffusée au printemps et la suite est sur le point de débuter à l’heure où je publie (enfin) ces lignes.
Ginko est un mushishi, un spécialiste des mushi, étranges créatures à mi-chemin entre les règnes animal et végétal que peu d’humains sont capables de voir à l’oeil nu. Agissant souvent comme des parasites, ces êtres étranges peuvent être la cause de bien des maux bien qu’ils soient dénués de mauvaises intentions, et la plupart des autres mushishi cherchent à les éliminer. Parcourant montagnes et campagnes, notre maître des mushi itinérant est lui bien différent : il va à la rencontre d’habitants de nombreux villages pour leur venir en aide, mais essaie de simplement chasser les mushi, et tente d’expliquer à tous comment cohabiter avec eux. S’il est souvent vu comme un sauveur, il n’est pas forcément toujours bien accueilli ni pris au sérieux. Ce qu’on ne peut pas voir attire la plupart du temps la méfiance…
La série nous transporte dans un univers fascinant où le fantastique et l’invisible deviennent complètement naturels et quotidiens. L’association d’êtres qui semblent presque tirés d’un bouquin de SVT tellement leur fonctionnement est pensé en détails et décrit de manière presque scientifique, à un univers folklorique japonais où évolueraient d’habitudes des yôkai ou autres créatures typiques est tout simplement merveilleux. Le monde de Mushishi, ce sont les hommes dans leurs villages d’un côté, et la nature de l’autre, avec en premier lieu la montagne. Où est-on ? Quand est-on ? On ne le sait pas du tout. Peu importe les lieux exacts, peu importe les noms même : les personnages n’ont souvent que des prénoms.
Ginko, seul personnage récurrent ou presque de la série, est aussi le plus mystérieux. On ne sait rien de lui, et on en apprendra que l’essentiel. Pourtant, dès les premiers épisodes, le spectateur est attiré vers lui tel un mushi tellement son aura est forte. Et épisode après épisode, on suit ses rencontres. Pendant une vingtaine de minutes seulement, on découvre la vie de quelqu’un qui est affecté par un mushi, et on en saura au final plus sur cette personne que sur Ginko.
Chaque épisode est un véritable petit conte. Les mushi sont associés à des phénomènes naturels (nuages, arcs-en-ciel), à des maladies, à des esprits, à des divinités, à toutes sortes de croyances des hommes autour de la vie et de la mort. Ils causent des décès, bouleversent des vies, influent la perception qu’on les humains du monde en perturbant leur vue, leur ouïe, leurs rêves. Pourtant, ils ne sont pas vus comme des êtres maléfiques et l’univers de Mushishi n’a rien de manichéen. C’est la nature, l’homme n’est qu’un élément comme les autres dans cette nature et doit accepter sa domination. Sans me lancer dans les grandes analyses psychologiques ou philosophiques, il me semble évident qu’une oeuvre présentant un tel point de vue ne peut venir que d’un pays où les catastrophes naturelles sont si présentes.
Malgré des issues rarement heureuses et un sentiment de fatalité, ou justement à cause de ça, toutes les histoires contées dans Mushishi sont empreintes de beauté et de poésie. On touche à l’essentiel, à la vie et à la survie des humains dans ce monde, aux liens qui les unissent entre eux, et avant tout les liens familiaux. L’anime n’est pas du tout dénué d’humour : Ginko se retrouve à plusieurs reprises dans des situations comiques, et ses interactions avec son ami collectionneur d’objets en lien avec les mushi apportent toujours une note de légèreté.
Le rythme lent qui pourrait déplaire à certains est contrebalancé par la présence d’une histoire et de personnages différents à chaque épisode, ainsi que par le fil conducteur de la présence de Ginko. Les épisodes se suivent et ne se ressemblent pas : on a à chaque fois affaire à de nouveaux mushi qui ont des noms différents (non traduits dans les sous-titres, le livret du coffret récapitule leurs propriétés mais n’explique pas non plus « l’étymologie » de leurs noms japonais, dommage) et des effets différents. On n’a pas forcément à enchaîner les épisodes, et cela n’a rien de négatif : il vaut mieux les savourer un par un, car on arrive bien vite au dernier !
Ce sont le vert et le bleu sous toutes leurs déclinaisons dans l’univers de Mushishi : le bleu du ciel, de la mer et des rivières, le vert de la forêt, de l’herbe, mais aussi ce vert jaune si lumineux des rivières de vie (qui font tout de suite penser à Final Fantasy VII et son énergie Mako pour les adeptes de la série de RPG). On ne se lasse pas de contempler les paysages de montagne dans toute leur simplicité, par tous temps et à toutes les saisons, sublimés par les jeux de lumière. Entre visible et invisible, les mushi apparaissent par transparence, et sont aussi souvent une source de lumière. Les personnages aux traits doux et simples et aux couleurs sobres s’intègrent parfaitement au tout.
Mushishi ne serait certainement pas une telle réussite sans sa bande sonore. Masuda Toshio nous livre de superbes mélodies d’inspiration zen qui se marient parfaitement aux paysages de montagne typiquement japonais. Tour à tour à tour tristes, inquiétantes ou pleines d’optimisme, elles traduisent parfaitement la beauté et la fatalité de ce monde rempli de mushi. Contrairement à la majorité des séries animées, Mushishi n’a pas de chanson dédiée au générique de fin : chaque épisode se termine par une musique différente tirée de l’OST. Cela permet d’assurer la continuité avec le contenu de l’épisode jusqu’à la dernière seconde, mais aussi de marquer le découpage de la série en multiples petites histoires.
La chanson de l’opening est elle toujours la même, et est bien différente du reste de la bande sonore : il s’agit de The sore feet song, du chanteur écossais Ally Kerr. Composée uniquement d’un chant et d’une guitare acoustique, elle convient à merveille avec sa mélodie toute douce.
J’ai tellement d’affection pour cette série et sa forme est si particulière par rapport à la majorité des animés que les mots me manquent pour en parler ! Chaque épisode de Mushishi est une petite merveille d’apaisement, de beauté et de dépaysement. Son univers unique permet de se déconnecter sans que notre esprit bouillonne comme lorsqu’on est face à une grande intrigue bourrée d’action, mais plutôt en le faisant flotter. J’aurais presque l’impression de parler de substances illicites :D. Mushishi est tout simplement l’une des séries animées les plus marquantes qui m’ait été donné de voir. C’est une des adaptations de manga les plus réussies, et son OST fait partie de mes préférées.
J’ai déjà pu apprécier l’épisode spécial diffusé au début du printemps avant la nouvelle saison, que je n’ai même pas tenté de suivre pendant sa diffusion à la télé (à minuit passé -__-). J’ose espérer que les deux nouvelles saisons ne mettront pas aussi longtemps que la première à être éditées en France, ça m’évitera de vendre un de mes reins pour acheter les éditions japonaises (parce que je vais peut-être déjà en vendre un pour Natsume Yûjinchô, alors ça ne va vraiment pas être pratique :D).
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