Titre japonais : 半分、青い。
Nombre d’épisodes : 156
Diffusé au : Printemps 2018 – Eté 2018
Chaîne de diffusion : NHK
Fiche : DramaWiki
Comme je l’avais déjà mentionné dans mon bla bla des drama du printemps 2018, c’est avec un bon a priori que j’ai accueilli l’annonce du 98ème feuilleton du matin de la NHK. Même si des asadora contemporains plus vieux m’avaient montré qu’ils pouvaient se montrer à la hauteur autant que les historiques (Chiritotechin était déjà passé par là et j’avais Churasan en cours), pour ce qui est des productions plus récentes je restais sur l’impression plus ou moins mitigée de Jun to Ai et Mare. Après trois ans où les asadora historiques se sont succédés (avec le cas particulier de Hiyokko qui est un peu entre les deux), j’étais prête à tenter l’expérience d’une histoire contemporaine ou presque non basée sur un personnage réel, surtout que l’histoire en question était écrite par Kitagawa Eriko, qui a quand même fait des trucs sympa, ne serait-ce qu’Orange days.
Le 7 juillet 1971, une petite fille et un petit garçon naissent dans la même maternité d’une petite bourgade de Gifu. La petite fille, Suzume, est l’héroïne de l’histoire. A l’âge de 8 ans, elle va perdre l’audition de son oreille droite. Le petit garçon, Ritsu, va devenir son meilleur ami et sera toujours à ses côtés dans les moments difficiles. C’est aussi lui qui va faire découvrir à Suzume l’oeuvre d’un mangaka qui va lui donner envie à la fin du lycée de créer elle aussi des manga. Au tout début de l’ère Heisei, Suzume va aller vivre à Tokyo pour réaliser son rêve.
J’ai du mal à trouver des qualificatifs pour décrire Suzume, mais ce qui est certain c’est qu’elle ne remplit pas tous les critères de l’héroïne typique d’asadora. Si elle a une certaine naïveté, c’est surtout sa franchise et son esprit créatif et un peu décalé que l’on retient. Et puis elle est assez occupée par sa propre vie pour ne pas ressentir le besoin de se mêler de celle des autres :D. Qu’il s’agisse de son handicap, de son travail ou de sa vie personnelle, on arrive facilement à compatir avec ce qui lui arrive. J’ai tout de suite trouvé Nagano Mei sympathique et elle se débrouille franchement bien du haut de ses 19 ans pour incarner un personnage qui a son âge au début de l’histoire, mais plus du double à la fin. Physiquement, elle a franchement un air d’Ayase Haruka mais elle a quand même un truc bien à elle et je suis curieuse de voir ce qu’elle va faire par la suite.
La mère de Suzume, Haru, ne comptait pas vraiment avoir d’enfants. Bon, du coup, elle en a eu deux (la naissance difficile de son aînée ne lui a apparemment pas donné d’envie de ligature des trompes, en même temps on est au Japon dans les années 70 :p). Elle va remplir son rôle de maman et donc beaucoup s’inquiéter pour sa fille, surtout lorsque son handicap va être diagnostiqué. J’ai eu un peu de mal parfois avec ses réactions assez dures, mais la relation mère/fille est quand même pas mal. C’est Matsuyuki Yasuko qui tient ce rôle, et j’ai parfois un peu hésité entre je l’aime bien et elle m’agace avec son air toujours un peu mélancolique. En tout cas, même s’il y a presque toujours des nouvelles têtes à côté des acteurs qui ont joué dans plusieurs asadora, je ne m’attendais pas forcément à la voir là.
Le père de Suzume, affectueusement surnommé Uchan par son épouse, est un papa très cool. Il a pris la relève du petit resto familial avec Haru et vit heureux avec son petit monde sans avoir besoin de faire des grandes démonstrations d’autorité patriarcale. Après l’avoir découvert dans Hanzawa Naoki, j’ai été heureuse de retrouver Takito Kenichi dans ce rôle. Uchan et Haru forment un couple assez original et mignon. On suit plutôt de loin la vie du frère cadet de Suzume, Souta (Kamimura Kaisei) , qui va devenir un jeune homme posé et discret.
La grand-mère de Suzume, Renko, est aussi celle qui va être la narratrice de l’histoire de sa petite fille. Le rôle a été confié à Fubuki Jun, et c’est très réussi. J’ai toujours tendance à préférer les narrateurs d’asadora qui ont un lien direct avec l’histoire en fait. Suzume est très attachée à son grand-père; Senkichi (Nakamura Masatoshi), et va parfois se confier à lui plutôt qu’à ses parents. Avec sa guitare, Senkichi est un grand-père super attachant qui aurait une bonne place dans un classement de grands-pères d’asadora !
Ritsu est le fils unique d’une famille plus aisée que celle de Sumire. Mignon et bon élève, il va être populaire dès l’enfance mais il n’est pas si sociable et préfère se contenter d’un petit groupe d’amis composé de Sumire et de deux autres camarades de classe. Il va s’intéresser très tôt aux sciences et va se fixer comme objectif de remporter un prix Nobel, pas moins que ça. Je n’ai en fait jamais beaucoup vu Satô Takeru à part dans son excellent rôle dans Ryômaden et je l’ai trouvé assez génial dans ce rôle. Faut dire qu’il « vieilli » quand même vachement bien ! C’est clair que ça peut paraître bizarre d’avoir choisi un acteur qui a 10 ans de plus que l’actrice principale pour jouer un personnage qui a exactement le même âge, mais au bout du compte comme l’histoire se déroule sur pas mal d’années ça ne pose pas vraiment de problème.
Les parents de Ritsu tiennent le petit studio de photographie de la ville. Ils forment eux aussi u couple très attachant et sont comme un oncle et une tante pour Suzume. Le rôle du père, Yaichi, est tenu par Tanihara Shôsuke, qui a donc lui aussi atteint l’âge d’avoir un enfant de 20 ans :D. La mère de Ritsu, Wako, est jouée par Harada Tomoyo. On a un aperçu très touchant de sa relation parfois compliquée avec son fils unique.
L’entourage de Suzume dans son Gifu natal en-dehors de sa famille et celle de Ritsu se compose principalement de ses amis Nao (Kitahara Nao) et Bucchan (Yamoto Yuma). La petite bande d’amis d’enfance est plutôt attachante. Et puis il y a aussi Kimika-sensei, la médecin qui a aidé Haru et Wako à mettre leurs enfants au monde et qui a l’air en fait d’avoir la science médicale infuse car par la suite d’autres personnages vont la consulter pour des trucs qui n’ont rien à voir avec l’obstétrique :D. C’est Yo Kimiko qui tient ce rôle et c’était un plaisir de constater après Churasan qu’elle aussi fait partie des acteurs et actrices récurrents des asadora. Fuse Eri, vue elle aussi dans au moins deux autres asadora, est la patronne du café où se retrouve souvent la petite bande de Suzume. Elle fait semblant de ne rien entendre mais est pas mal au courant de la vie des jeunes gens :D.
A Tokyo, Suzume va faire la connaissance de l’équipe de l’Office Tinkerbell, le bureau d’Akikaze Haori, un auteur de shôjo manga à succès. Akikaze est un personnage excentrique qui est très exigeant avec les assistants qu’il a pris sous son aile mais fait beaucoup pour révéler leurs points forts et lancer leur carrière de mangaka. C’est Toyokawa Etsushi qui tient ce rôle et il est assez génial. Chaque fois que je le voyais, je me disais : pas possible, c’est le même gars qui joue Nobunaga avec une classe énorme dans Gou ! Alors certes, il y a bien longtemps je l’avais vu faire le pitre dans Bengoshi no kuzu, mais quand même ! Akikaze avec sa passion pour les gohei mochi de Gifu c’est quelque chose :D.
La secrétaire d’Akikaze, Hashimoto (Igawa Haruka), est celle qui sait le mieux comment le maître fonctionne et fait tourner la maison. Elle a troqué le tailleur typique à sa profession pour des robes extravagantes qui lui donnent des airs de poupée, ce qui va plutôt bien avec l’ambiance du bureau. Les deux jeunes assistants et élèves d’Akikaze sont Yûko et Bokute. Ca ne va pas être le grand amour avec eux au départ pour Suzume (surtout avec Yûko), mais la concurrence va se transformer en grande amitié.
Yûko est jouée par Seino Nana, que j’ai vue un peu après dans Suteki na senTAXI. Sa coupe et ses vêtements rétro pour ce personnage lui vont tellement bien ! Cette fille est vraiment adorable. Oui bon certes, ça ne vous avance pas sur la qualité de son jeu, mais je ne suis pas très objective du coup ^^. Et Bokute est tout aussi adorable ! Il est gay, il le dit clairement dès le début, du coup sa douceur et sa gentillesse font peut-être un peu cliché mais ce n’est pas non plus que ça qui le définit, c’est avant tout un passionné de manga, un collègue et un amie de Suzume et Yûko. Et ils sont tellement mignons tous les trois ! C’est Shison Jun qui joue Bokute et je sais pas si c’est parce que je me transforme en cougar mais je l’ai trouvé tout choupi. Du coup je me dis qu’il est sûrement très bon dans le remake de Kimi wa pet mais bon la série peut quand même pas passer dans mes priorités ^^.
Suzume va bien sûr rencontrer plusieurs personnes à Tokyo en-dehors de l’Office Tinkerbel. L’une d’elles est Masato, un garçon assez énigmatique. J’ai tout de suite reconnu Nakamura Tomoya que j’avais vu dans Otousan to yobasete et j’ai cette fois encore apprécié son côté décalé. Notre héroïne va aussi croiser le chemin de jeune réalisateur de films et de son assistant. Le premier, Shôhei, est joué par Saitô Takumi. Du coup je ne l’ai toujours pas vu dans de gros rôles mais y’a pas à dire, il a de la présence. Le deuxième, Ryôji, est joué par Mamiya Shôtarô, que je ne connaissais pas mais qui est très doué pour jouer les gentils connards égoïstes (désolée ça spoile un peu mais je me devais de souligner le contraste).
Enfin, Suzume va croiser la route d’un gérant de magasin à 100 yen gentil mais peu loquace (Shimada Kyûsaku) et un trio de soeurs assez unique en son genre. Hanbun, aoi était donc le troisième asadora où je voyais Kimura Midoriko, qui joue l’aînée des trois. La cadette est Asô Yumi, et la benjamine Sudô Risa. Je cite deux derniers personnages dont je connais les interprètes : d’abord Keiko (jouée par Konishi Manami), une jeune femme qui raffole du vert, et ce n’est pas très difficile à deviner :D. Et enfin Yoriko, un personnage antipathique, surtout du point de vue de l’héroïne, que j’aurais aimé voir un peu plus creusé, notamment pour ce qu’on devine de son rôle de mère. Je cite ce personnage aussi parce qu’il est joué par Ishibashi Shizuka, que je n’avais pas encore croisée dans un drama mais que j’ai vue dans plusieurs publicités et qui est en fait la petite soeur de Yuga :).
Hanbun, aoi aborde l’univers des mangakas d’une manière qui m’a parue vraiment réaliste : les horaires de dingues pour toute l’équipe à chaque date limite de rendu, le fabile nombre d’auteurs qui parviennent à percer, le nombre encore plus faible qui arrive à avoir un succès durable et à gagner sa vie correctement, les dures lois des magazines de prépublication… Le but n’est pas de dégoûter, mais de questionner un peu les limites d’une passion : qu’est-ce qu’on est prêt à sacrifier, et pour combien de temps ? Est-ce qu’il faut avoir un don, ou bien peut-on y arriver en travaillant dur ? Le thème du manga est traité de manière telle qu’il n’y a pas du tout besoin d’apprécier ça, c’est vraiment par rapport au parcours de l’héroïne et de ses amis.
Outre la présence d’un personnage homosexuel comme dans Sunao ni narenakute, on retrouve un autre thème présent dans (au moins) un autre drama de Kitagawa Eriko, celui du handicap. Dans Orange Days, la surdité était évoquée à travers le personnage de Sae. Cette fois, Suzume est « juste » sourde d’une oreille, et j’ai trouvé vraiment bien de mettre en avant ce genre de handicap encore moins flagrant et dont les effets sont certainement sous-estimés (oui ben ça va, elle entend encore d’une oreille, quoi !). C’est important, mais en même temps ce n’est pas ça qui va définir Suzume d’un bout à l’autre de l’histoire. Mais c’est quand même de là que vient le titre de la série : Hanboi, aoi c’est A moitié bleu, car Suzume n’entend la pluie que d’un côté et peu donc décider que de l’autre côté, il fait beau donc le ciel reste bleu :).
On a donc deux amis d’enfance qui semblent liés par le destin vu qu’ils sont nés le même jour et au même endroit. Les amis d’enfance qui soit s’aiment depuis toujours, soit se rendent compte de leurs sentiments à l’adolescence et finissent ensemble, on connait. Mais là, le schéma est en quelque sorte revisité. Ritsu, avec son rôle de gardien de Suzume, m’a rappelé un peu Daigo dans Le sablier/Sunadokei, en version moins dramatique. Ce que j’ai bien aimé, c’est qu’il ne se pose pas juste en mâle qui protège une petite chose fragile, il a en fait besoin lui aussi de la présence de Suzume, qui lui apporte autant même si ce n’est pas forcément visible au premier abord.
Ce qui m’a énormément plu dans le drama, c’est qu’on nous fait passer un message très important à travers le parcours de différents personnages : on a le droit de se tromper, on a le droit de rater quelque chose, qu’il s’agisse de sa vie personnelle ou de sa vie professionnelle. Et surtout, ce n’est pas parce qu’on a 30 ou même 40 ans que c’est fichu et que notre vie est finie. Même les asadora contemporains que j’ai adorés comme Chiritotechin et Churasan (et d’autres drama japonais en-dehors des asadora sûrement) présentent encore le modèle dépassé de la jeune fille qui se marie et a des enfants très tôt. Là, ça fait franchement du bien de sortir de ce modèle, je pense vraiment qu’on en a besoin.
Je ne peux pas m’empêcher d’évoquer une petite anecdote si on peut dire : la romance n’est pas mon genre de prédilection, et de toute façon il ne faut certainement pas regarder des drama japonais si l’on recherche des grandes démonstrations physiques. N’empêche que cet asadora contient une scène de baiser qui est certainement l’une des plus mignonnes et plus naturelles que j’aie pu voir en plus de dix ans de drama ! La scène en question a même apparemment créé une petite polémique sur les réseaux sociaux parmi certains spectateurs japonais.
L’OST de Hanbun, Aoi a été composée par Kanno Yûgo, certainement l’un des compositeurs dont j’ai le plus souvent entendu le travail dans des drama. Je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé ses compositions cette fois, mais avant de me repasser des extraits de l’OST je ne m’en souvenais absolument plus, et j’ai du mal à trouver quelques mots pour décrire son style. Mais bon, quand même, si on me fait écouter un morceau, je pense que je serai capable de dire où je l’ai entendu, donc il y a quand même bien cette petite ambiance sonore créée, et puis on ne peut pas avoir tout le temps de gros coups de coeur musicaux ^^. En tout cas, la chanson thème est super chouette : il s’agit d’un titre de Hoshino Gen, que j’avais partagé pendant la diffusion du drama. C’est typiquement le genre d’ambiance entraînante qui peut mettre de bonne humeur le matin, et une fois de plus je regrette de ne pas pouvoir partager les images du générique car c’est cette fois aussi très chouette.
Avec une ambiance souvent un peu décalée qui fonctionne franchement bien et des moments plus dramatiques qui mettent bien en valeur pas mal de personnages, Hanbun Aoi est un feuilleton qui se suit avec grand plaisir. Les différents thèmes proposés m’ont beaucoup plu, et le destin de Suzume a un côté un peu imprévisible et résolument moderne qui apporte pas mal de fraîcheur au format tout en se pliant à ses exigences. J’espère vraiment que la NHK va continuer à suivre cette voie pour ses feuilletons du matin non historiques avec un scénario original !
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