[Drama] Gou ~ Himetachi no sengoku

Titre japonais :  江 ~ 姫たちの戦国

Nombre d’épisodes : 46

Diffusé en : 2011

Chaîne de diffusion : NHK

Fiche : DramaWiki

Ayant été complètement conquise par Ryômaden, il était évident que j’allais à nouveau tenter l’expérience taiga. Il restait juste à décider lequel ! Préférant pour l’instant approfondir ma connaissance du genre avec les productions récentes avant de me lancer dans les plus anciennes qui me semblent moins accessibles en raison de leur réalisation moins léchée, j’ai fini par me décider pour le cru 2011. Après le bakumatsu de Sakamoto Ryôma, j’ai donc été transportée près de trois siècles avant à la période sengoku avec ses fameux trois généraux qui on unifié le Japon.

Gou est la troisième fille d’Ichi, soeur du seigneur de la guerre Oda Nobunaga. Son père, chef du clan Asai, est mort peu après sa naissance, poussé au suicide après avoir perdu un conflit contre le clan Oda et ses alliés. Avec ses filles, Ichi va devoir retourner auprès de son frère, même si c’est lui qui a causé la mort de son mari. Gou et ses soeurs vont passer le reste de leur enfance puis leur vie de femme emportées au coeur de cette période tumultueuse où les alliances entre clans changent sans cesse, où les mariages sont purement stratégiques, où les héritiers sont envoyés comme otages pour prouver la loyauté envers un suzerain. Nièces d’Oda Nobunaga, leur destin va être ensuite lié à celui de Toyotomi Hideyoshi puis Tokugawa Ieyasu.

gou6

Bon, mon synopsis est pas terrible, je sais, mais au moins je ne spoile pas autant que le DramaWiki. Ne lisez surtout pas le leur, il est court mais il en dit beaucoup trop ! Le spectateur japonais moyen est je pense supposé connaitre les grandes lignes de l’histoire vu qu’elle met en scène des personnages extrêmement célèbres, mais ça n’est pas forcément le cas pour le spectateur occidental. Pour ma part, je savais question baston qui est-ce qui gagne à la fin même si j’ai oublié tous les détails (mes bouquins et cours d’histoire japonaise sont loin :p), mais je ne connaissais pas l’histoire personnelle de Gou, ni même celle de sa soeur aînée Chacha, qui est pourtant encore plus connue et qui tient une place très importante dans le drama. Car si le titre du drama est celui de son héroïne, son sous-titre (himetachi no sengoku, qu’on peut traduire par Les princesses à l’époque Sengoku) annonce bien que les événements seront vus selon des points de vue différents, ce qui est bien le cas.

Le drama Gou a apparemment été pas mal critiqué par les spectateurs japonais (son taux d’audience n’a pas pour autant été mauvais : inférieur d’un point à son prédécesseur Ryômaden, mais supérieur aux trois taiga qui lui ont succédé). Pourtant, je le dis tout de suite, si le taiga a bien des défauts, il n’a pour moi rien de complètement rédhibitoire. Je pense qu’il s’agit surtout d’une déception face à certaines attentes et à une certaine vision des choses. J’y reviendrai bien sûr plus loin.

J’ai vraisemblablement commencé à visionner Gou à la fin de l’hiver 2013. Je dis « vraisemblablement » car le disque dur de mon cerveau est défaillant et je n’arrive plus à accéder aux données. J’ai regardé régulièrement un épisode pendant plusieurs semaines, mais mes visionnages se sont espacés, et j’ai fini par mettre la série de côté vers l’épisode 15 maximum. Pourquoi donc, alors que je viens de dire qu’elle n’était pas mauvaise ? Hé bien parce qu’après un départ plutôt impressionnant, il est vrai que Gou connait une baisse de régime. Après le premier gros événement en fait (les événements du Hôryûji). Si je n’avais eu aucune autre série en cours, j’aurais pour sûr continué mon visionnage. Mais justement, j’avais quelque chose en cours, de très long et de très prenant et dont je sous-estimais encore l’emprise. Et ce n’est que quand j’en ai eu fini avec ça que j’ai repris Gou. En août 2014, en fait. J’avais vraiment peur de ne pas pouvoir accrocher de nouveau après tant de temps, mais eu fait ça a été tout seul ! L’histoire a évolué et m’a rapidement passionnée, du coup en un mois et demi c’était terminé ! Je pense que l’impression un peu mitigée que j’avais gardé de la première partie du drama était surtout due à un mauvais timing pour le regarder. Et le timing, ça peut compter presque autant que la qualité d’une série ^^.

gou1
gou1b

C’est Ueno Juri qui interprète le rôle titre de cette cinquantième série historique fleuve de la NHK. Gou est une jeune fille curieuse et intrépide qui n’a pas peur de se confronter directement aux guerriers. Elle déteste comme ses soeurs les batailles incessantes entre clans et le fait que toute cette situation soit subie par les femmes. Si le temps et les événements vont finir par tempérer son caractère, notre héroïne gardera toujours sont côté franc et cherchera toujours à s’impliquer dans les « affaires d’hommes ».
Au début de l’histoire, Gou a moins de 10 ans. Dans les taiga comme dans les asadora, il y a d’habitude toujours un jeune acteur pour incarner le héros ou l’héroïne enfant. Mais l’équipe de réalisation de Gou a décidé que là, non. Ueno Juri, 25 ans au moment du tournage, se retrouve donc à jouer une enfant. Et on lui a donc reproché de faire la Nodame. Que pouvait-elle faire d’autre pour prendre des airs enfantins ? Je n’avais moi-même pas réalisé que Gou était supposée être si jeune, je pensais qu’elle était quand même plus près de l’adolescence. Si ce choix très discutable a été fait, c’est pour pouvoir développer une relation privilégiée entre Gou et son oncle Nobunaga. Si le chef du clan Oda est détesté par ses deux soeurs aînées, Gou n’a elle aucun souvenir de son père ni de sa mort tragique. Son oncle est même ce qu’il y a de plus proche d’un père pour elle. S’il est apparemment loin de la réalité historique, le duo formé par Gou et Nobunaga fonctionne pourtant très bien du point de vue fictionnel. L’impertinence et la franchise de Gou donnent également lieu à des scènes savoureuses lorsqu’elle se retrouvera face au personnage haut en couleurs de Hideyoshi. La jeune femme voue également beaucoup d’admiration à Ieyasu, allié de son oncle.

D’après ce que j’ai lu, certains spectateurs ont fait la grimace car selon eux, Gou n’était pas assez distinguée pour une princesse d’un grand clan. L’idée qu’on se fait d’une princesse, j’ai plutôt envie de dire. On nous la présente comme une jeune fille un peu garçon manqué, c’est un parti pris et peut-être que la véritable Gou n’était pas exactement comme ça. Je ne suis pas historienne, mais je pense que rien ne nous dit non plus qu’elle était tous les jours comme les jolies princesses des peintures et des récits.
Globalement, j’ai trouvé qu’Ueno Juri se débrouillait bien. On voit bien la différence entre l’enfant, l’adolescente et la femme. l’évolution du personnage avec les années et l’expérience. Le rôle ne vous fera pas adorer l’actrice si vous la détestez au départ, et l’inverse est aussi vrai.

Bien qu’elle ait joué dans de nombreux drama et films, je ne connaissais pas Miyazawa Rie, qui incarne Chacha, l’aînée du clan Azai. Chacha prend très à coeur son rôle de protectrice et de guide de ses deux plus jeunes soeurs, qui lui montrent en retour un grand respect mais surtout beaucoup d’affection. Ajoutée à l’époque tumultueuse dans laquelle elle vit, sa détermination qui va parfois jusqu’à l’obstination lui forgera un destin unique et cruel qui ne laisse pas indifférent et j’ai beaucoup apprécié l’actrice.

gou2
gou3

La cadette des soeurs, Hatsu, est la plus capricieuse et la plus boudeuse des trois. Mais aussi la plus gourmande, et une petite friandise peut la consoler de bien des tracas. C’est elle qui est la plus en retrait, mais son personnage est loin d’être inutile car Hatsu créé un lien entre ses deux soeurs et sa présence sera parfois cruciale. Mizukawa Asami ne plaira sûrement pas à tout le monde mais je l’ai pour ma part trouvée assez attachante.

Ichi, soeur cadette de Nobunaga et mère des trois princesses, subit malgré son caractère affirmé la loi des guerriers mais fera tout ce qui est en pouvoir pour protéger ses filles. C’est Suzuki Honami qui tient ce rôle, et j’ai été épatée de la revoir dans un rôle aussi différent et avec 17 ans de plus par rapport à Kono yo no hate. Elle en impose, et j’aime décidément beaucoup sa voix. Ca tombe bien, car c’est elle la narratrice des aventures des trois princesses !

gou4

Le personnage qui impose son aura dès le début de la série est sans surprise le fameux Nobunaga. Craint par beaucoup, il n’est peut-être pas aussi démoniaque que sa réputation le prétend, mais il est certainement ambitieux et charismatique. Il faudrait que je vérifie quels acteurs ont incarné cette figure historique majeure à l’écran, qu’il soit grand ou petit. Parce que franchement, Toyokawa Etsushi est tellement classe que pour moi maintenant c’est lui Nobunaga, et personne d’autre ! ^^

gou8
gou8b

Celui qui deviendra Toyotomi Hideyoshi et que l’on connait d’abord sous le nom de Hashiba est un personnage bien différent mais tout aussi passionnant. Il est surnommé le Singe, et si historiquement cela était dû à son physique peu avantageux, dans le drama cela lui convient surtout à cause de son attitude extravagante et théâtrale. Fils de paysan, il va se retrouver au service de Nobunaga et grimper les échelons. Le pouvoir qu’il obtiendra va exacerber son côté excessif. Le personnage m’a rappelé celui de Yatarô dans Ryômaden : mêmes origines modestes,, même ascension bien que ce soit dans un domaine différent. Là encore, si la relation de Gou avec Hideyoshi ne reflète pas la réalité historique, elle n’en est pas moins réussie. Gou a de nombreuses raisons de détester cet homme qui va être responsable à plusieurs reprises de changements dramatiques dans sa vie. Si leurs interactions sont souvent au coeur du drame, elles constituent aussi un des principaux ressorts comiques du taiga vu le caractère de chacun : Gou n’hésite pas à traiter Hideyoshi de singe, et les réactions de Hideyoshi, qui la craint en quelque sorte, sont cocasses.
J’ai découvert dans ce rôle Kishitani Gorô, que j’ai trouvé formidable. Il sait rendre Hideyoshi autant détestable qu’amusant.

gou11
gou11b

Jamais deux sans trois ! Et on pourrait dire aussi, last but not least ! Tokugawa Ieyasu, troisième acteur de l’unification du Japon, attend patiemment et longuement son heure dans l’ombre de Nobunaga et de Hdeyoshi. Lorsque Gou le rencontre pour la première fois, elle l’admire et est loin de s’imaginer à quel point lui aussi va influencer son destin. On pourrait presque dire que c’était trop facile de donner un tel rôle à Kitaoji Kinya. Bien évidemment, il est très classe et traduit très bien l’ambiguïté du personnage.

gou7
gou7b

Un rapide tour du côté des clans guerriers alliés et ennemis, les deux à la fois : Tokito Saburô est Azai Nagamasa, époux d’Ichi et père de Gou et ses soeurs. On le voit très peu, mais l’acteur incarne parfaitement la figure paternelle. Ichimura Masachika est Akechi Mitsuhide, guerrier qui joue un rôle clé dans les événements du Honnôji (ou comment essayer de dire quelque chose sur lui sans spoiler ceux qui ne connaissent pas les détails de l’Histoire ^^). Daichi Yasuo est Shibata Katsuie, ours au grand coeur qui va lui aussi marquer la vie d’Ichi et ses filles.

gou5
gou12
gou15

Si l’on se penche sur les personnages qui gravitent autour de Hideyoshi, on trouve en premier lieu Ishida Mitsunari. Véritable bras droit de Hideyoshi, il est fascinant par sa loyauté, et touchant quand sa dévotion touche aux aspects les plus personnels de sa vie : Ishida va en effet s’éprendre de la même femme que son seigneur…
Hagiwara Masato est vraiment très chouette dans ce rôle.

gou9

L’un des personnages clé de l’ascension de Hideyoshi est très certainement son stratège, Kuroda Kanbei (Shiba Toshio). Pourtant, on le voit très peu. On dirait bien que la NHK travaillait déjà sur son projet de taiga pour 2014 et on a l’impression que la chaine nous dit : faut pas qu’on vous en dise trop sur ce gars-là, sinon y’aura plus de surprise dans Gunshi Kanbei ! :D. Par son calme et son apparence étrange, le personnage attire clairement la curiosité du spectateur.

gou19
gou16

Hidetsugu, neveu de Hideyoshi, est avide de participer au succès de son oncle et d’obtenir sa reconnaissance et semble ne pas se soucier du reste. Mais l’homme se révèle en fait bien différent de ce qu’il laisse paraitre, et j’ai trouvé le personnage ainsi que l’interprétation de Kitamura Yukiya très touchantes.

gou14

Rikyû est le maitre du thé de Hideyoshi. Il reçoit les confidences du seigneur, mais aussi de nombreuses autres personnes dans le calme et la sérénité de sa maison de thé. Il conseillera à maintes reprises Gou et ses soeurs. Ce personnage complètement à part, qui n’est pas un guerrier mais qui est intimement lié à leur monde, est brillamment interprété par Ishizaka Kôji, le docteur Azuma de Shiroi Kyoto, qui lui donne une forte aura.
Dans ma grande ignorance de la culture japonaise classique, j’ignorais que Rikyû était la figure emblématique de la cérémonie du thé, celui qui en a fixé les règles telles qu’elles sont toujours transmises aujourd’hui. Je suis tentée d’en apprendre plus sur le personnage par le biais de la littérature en lisant le roman Le maitre du thé d’Inoue Yasushi, qui a également écrit La dame de Yodo, dont l’héroïne est Chacha.

gou17
gou20

Parmi les membres de clans guerriers ayant à peu près l’âge de faire chavirer les coeurs de Gou ou de ses soeurs devenues jeunes femmes, on peut retenir la présence de l’héritier du clan Kyôgoku, Takatsugu, incarné par Saitô Takumi, qui a fait pas mal de drama depuis et qui semble avoir bien la cote (quand on le voit on peut comprendre pourquoi, je pense qu’il va bien vieillir le ptit gars :D).
Je me suis également surprise à apprécier Hidekatsu, autre neveu de Hideyoshi incarné par Akira, qui m’avait donné une impression plus que mitigée dans la seule série où je l’avais vu et que je n’avais surtout pas envie de voir dans le remake de GTO. Mais là je dois dire qu’avec sa touffe de guerrier il a vraiment une bonne tête et qu’il faisait juste ce qu’il fallait pour faire le gars sympa qu’on ne peut pas ne pas apprécier.

gou23
gou23b

Mais celui qui joue un rôle essentiel dans la seconde partie du drama, c’est Hidetada, l’héritier de la famille Tokugawa. Et si cela a dû être un argument pour pas mal de téléspectatrices, je n’étais pour ma part pas du tout enchantée quand j’ai vu que c’était Mukai Osamu qui incarnait le personnage vu que ça fat quelque temps déjà que cet acteur m’agace. Au début je me suis dit : il joue un personnage chiant et hautain, ça oui, pas étonnant, il le fait bien ! Mais au fur et à mesure que les épisodes passent et que le personnage se dévoile et mûrit, il devient beaucoup plus intéressant. Hidetada, qui n’a pas les grandes ambitions de son père et n’est pas fait pour les batailles, va avoir du mal à répondre aux attentes de celui-ci. Cette difficile relation père-fils est mise en scène de manière efficace, et Mukai a remonté dans mon estime car il s’en sort vraiment pas mal.

gou13

Y a-t-il d’autres femmes que Gou, sa mère et ses soeurs dans ce monde dominé par les hommes ? Bien sûr que oui, vu que la série nous propose de voir l’Histoire d’un point de vue avant tout féminin. Onee, l’épouse de Hideyoshi, est une femme de caractère qui parvient parfois à tempérer les excès de son mari. On voit à travers son personnage le statut particulier d’une épouse à l’époque : elle ne doit pas espérer la fidélité de son mari et s’accommoder de ses concubines, tout en exerçant un certain pouvoir sur son mari et tous les gens qui sont sous son autorité. Ôtake Shinobu est décidément une actrice formidable qui donne une grande présence à ce personnage.

gou21
gou22

Suzuki Sawa est Tatsuko, la soeur aînée de Takatsugu. En tant que première concubine de Hideyoshi, elle ne devrait plus se faire d’illusions sur les hommes mais elle garde un côté très fleur bleue qui transparait quand elle conseille Gou sur ses histoires de coeur.
Tama, fille d’Akechi Mitsuhide mariée dans le clan Hosokawa, est jouée par la ravissante Mimura. A travers elle, on a un aperçu de la conditions des chrétiens , avant que leur religion ne soit complètement interdite au Japon pour plus de deux siècles.

gou18
gou30
gou31
gou24

Je termine avec quelques personnages en vrac que je tiens à mentionner, sans révéler leur filiation pour les deux derniers. Kusakari Masao est Honda Masanobu, fidèle vassal des Tokugawa qui joue un rôle important dans les stratégies d’Ieyasu.
Kaga Mariko est celle qui deviendra connue sous le nom de Kasuga no Tsubone, personnage clé du génial manga Le pavillon des hommes, en réalité fondatrice bien sûr du pavillon des femmes des Tokugawa. Il est très intéressant de voir les débuts de cette figure en tant que nourrice d’un des descendants d’Ieyasu, ainsi que sa rivalité avec la mère de l’enfant. L’importance du rôle de nourrice est aussi visible dès le début de la série à travers les mères de lait respectives des trois princesses, qui restent présentes à leurs côtés même lorsqu’elles sont devenues adultes.
Enfin, dans la dernière partie du drama, la toute jeune génération joue elle aussi un rôle et se voit elle aussi mêlée aux événements tragiques de la fin du sengoku. L’acteur Taiga incarne Hideyori, jeune homme qui a grandi dans une véritable bulle, couvé par sa mère. Sen, incarnée par la jolie Kutsuna Shiori, va connaitre aussi bien des épreuves.

gou28

Le grand voyage dans le Japon de la fin du 16ème siècle que nous propose le drama Gou passe bien sûr par une reconstitution de l’époque, dont les somptueux châteaux et autres résidences des grands clans guerriers constituent un élément majeur. Les costumes sont eux aussi impressionnants, qu’il s’agisse des kimonos colorés des femmes, des tenues d’apparat ou des armures des guerriers. Les quelques scènes de bataille sont bien dosées à mon goût : elles permettent un bon aperçu sans monopoliser l’écran puisque l’on se concentre plus sur la stratégie, les luttes d’influence et leurs conséquences.

gou26

Si l’on peut dire que contrairement à la majorité de la population, les riches familles de guerriers elles au moins n’avaient pas à s’inquiéter d’avoir assez à manger et que la vie avait l’air bien tranquille en-dehors des batailles dans leurs grandes résidences avec de beaux jardins, on se dit quand même que la vie à l’époque n’était pas tendre. Si les samouraïs sont aujourd’hui encore admirés pour leurs valeurs (mais franchement, le truc de mourir dignement en se tranchant le bide plutôt que d’être pris par l’ennemi ça me passe toujours autant bien au-dessus de la tête ^^), on est quand même mieux avec la sécurité qu’il y a dans le Japon d’aujourd’hui. Oui, je sais bien, on ne peut pas vraiment comparer :).

gou29

En découvrant dans quel genre de situation était le Japon à la fin du 16ème siècle,  on voit d’un autre oeil le régime si particulier qui va finir par se mettre en place et isoler le pays du reste du monde pendant deux siècles et demi. Surtout quand on sait déjà un peu dans quelles conditions le régime en question a pris fin dans les années 1860. Rien n’est complètement bon, rien n’est complètement mauvais. Les limites entre volonté de pacifier le pays et volonté de dominer les autres est toujours mince, la légitimité de faire la guerre pour la paix toujours discutable.

L’importance des liens de sang ressort à maintes reprises dans Gou : pour espérer maintenir son autorité, le chef d’un clan se doit d’avoir une descendance. Et les épouses sont de véritables machines à fabriquer des héritiers. Gare à elles si elles ne sont pas capables d’avoir au moins un fils ! Mais si cela peut arranger tout le monde, on peut bien se passer des liens de sang directs et adopter un neveu, ou même le fils d’un autre clan pour resserrer les liens, comme on arrange des mariages. C’est le nom qui compte, après tout. Dans tous les cas, les membres de la famille sont toujours au premier rang de la moindre action menée pour affirmer son pouvoir.

gou27

La dureté de la vie à l’époque sengoku se traduit aussi par la forte présence de la mort : on meurt au combat, bien sûr. On se « fait suicider » suite à une défaite ou tout simplement à cause d’un conflit d’autorité avec celui qui commande. Si les membres de la famille n’y passent pas en même temps, c’est bien. Et puis bien sûr, il y a la maladie. Et pas telle ou telle maladie, juste « la maladie », car peu importent les détails des symptômes, le résultat était souvent le même.

Si le drama historique nous offre une belle reconstitution et de belles images, il souffre quand même d’un défaut au niveau de sa réalisation : les introductions des épisodes. Avec leurs commentaires sur la situation qui vont un peu trop loin par rapport à l’action et qui sont faits par une voix off complètement extérieure à l’histoire, leurs gros titres colorés qui défilent et leurs quelques bruitages, ces séquences ont une ambiance bien trop décalées par rapport aux épisodes eux-mêmes. S’il est certes parfois nécessaire sur le fond d’avoir des explications avec des cartes ou autres, la forme choisie est trop maladroite.

gou25

Même si cet article est déjà bien long je me dois quand même de revenir un peu sur les critiques adressées au drama par rapport à la réalité historique. Que ce soit à propos des interactions entre Gou et Nobunaga ou Hideyoshi ou sur d’autres points (j’ai remarqué moi-même des différences sur la manière de présenter les actions de Hidetada à la bataille d’Osaka par rapport au peu que j’ai lu sur le bonhomme). le taiga n’est en effet pas toujours fidèle à la véritable Histoire. Mais cela ne m’a pas dérangée plus que ça : déjà car je pense que de nombreux faits sont toujours interprétables et discutables et qu’il faut choisir une version, et ensuite parce que si je veux un cours d’histoire, je lis un bouquin ou je regarde un documentaire. Là, même si c’est une série historique, cela reste de la fiction, donc il faut remettre un peu les choses à leur place. Et au bout du compte, la problématique est la même que pour l’adaptation d’un roman : prendre des libertés par rapport à l’oeuvre originale n’est pas nécessairement une mauvaise chose. On nous présente des relations sociales et familiales qui semblent peut-être trop contemporaines entre Gou et ses soeurs, entre Gou et son oncle ou Hideyoshi. Cela ne reflète pas la réalité de l’époque, d’accord, mais cela a l’avantage de nous rendre les personnages plus accessibles et attachants, ce qui est essentiel pour un divertissement télévisuel.

Un autre élément essentiel d’une série télé, pour moi du moins, est sa bande sonore. Et la qualité est au rendez-vous avec celle de Gou, qui est signée Yoshimata Ryô. Le thème principal, simplement joli aux premières écoutes, se révèle au fur et à mesure des épisodes, et je ne m’en suis pas lassée. Mais mon coup de coeur reste le morceau Mitsumeru, que j’avais déjà partagé. Il transmet un sentiment de fatalité incroyablement émouvant avec sa mélodie jouée tour à tour au piano, au violon et à l’ehru. D’autres morceaux aux sonorités plus modernes sont utilisées pour les scènes où la tension des retournements de situation liées aux stratégies et aux combats est de mise. Je les ai trouvé dans l’ensemble très efficaces.

Au premier abord un peu plus difficile d’accès et un peu moins spectaculaire que Ryômaden, et n’ayant pas bénéficié de l’effet de surprise de la découverte d’un nouveau genre, Gou s’est révélée être une très belle expérience. Si le rythme connait quelques fluctuations, celles-ci sont au final tout à fait acceptables au vu de la longueur de la série. J’ai aimé le point de vue choisi pour aborder cette période de l’histoire vue et revue pour les Japonais : plutôt que de centrer l’histoire sur une figure majeure, ce qui a déjà dû être fait maintes fois, on prend une figure secondaire qui permet d’aborder d’autres aspects de l’époque et autour de laquelle une multitude de personnages gravitent. Et cette multitude de personnages, c’est bien le point fort de la série. La quantité ne l’emporte pourtant pas sur la qualité, notamment grâce à des interprétations marquantes (Nobunaga, Hideyoshi mais aussi Onee, Mitsunari,  Rikyû, Hidetsugu…) et une mise en scène qui guide suffisamment le spectateur.  Le drama m’a donné envie d’en savoir plus sur cette période clé de l’histoire japonaise et ses acteurs, par la documentation historique bien sûr, par la littérature comme je l’ai dit plus haut, mais bien évidemment également par d’autres séries historiques, dont le taiga de 2014 Gunshi Kanbee fera certainement partie. Divertir, émouvoir, faire rire et éveiller la curiosité, c’est déjà bien suffisant pour une série télé, je n’ai pas besoin de me demander si Ueno Juri a vraiment l’air d’une princesse ou non :D.

2 Commentaires

  1. Quand je vois ton article, je me dis qu’il faut que je reprenne ce drama, non pas que j’aime pas au contraire, mais j’ai fait tellement une longue pause que j’ai du mal à le reprendre, mais c’est sûre je le regarderai un jour.

    Pour en revenir au drama, comme je l’ai dit ci-haut, j’aime beaucoup (il est pas aussi bien que Ryomaden comme tu l’a dit) mais il est tout aussi intéressant, en le regardant j’ai appris plein de choses^^

    Et y a beaucoup de personnages qui m’ont touché comme Mitsuhide bizarrement, Shibata, Mitsunari, et Chacha que je trouve vraiment classe.

    • Je ne sais pas exactement où tu as arrêté le drama, mais il faut que tu arrives à reprendre c’est certain, si tu raccroches la dernière partie devrait passer toute seule :). En effet, c’est bien une des grandes qualités d’avoir des personnages touchants partout et de ne pas se contenter d’une bête séparation entre les bons et les méchants ! Chacha, classe ? On est bien d’accord ! ^^

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*