Titre japonais : 偽装の夫婦
Nombre d’épisodes : 10
Diffusé en : Automne 2015
Chaîne de diffusion : NTV
Fiche : DramaWiki
Yukawa Kazuhiko est l’un des quelques scénaristes du petit écran japonais dont le nom a pour moi beaucoup de poids quand il apparaît dans le staff d’une série. S’il n’a pas que de grandes réussites à son actif, il est à l’origine de drama qui m’ont beaucoup plu comme Koi ga shitai x3, Magerarenai onna ou Kaseifu no Mita. Le duo d’acteurs principaux choisi pour Gisou no fuufu me plaisant beaucoup, il ne m’en fallait pas plus pour me décider à le voir, et le drama était l’un des deux que j’ai sélectionnés pour regarder en cours de saison à l’automne dernier.
Hiro a la quarantaine et travaille dans une bibliothèque municipale. Elle semble préférer les livres à ses semblables et évite toute interaction sociale non nécessaire. Si intérieurement elle maudit tout le monde, cela ne l’empêche pas du tout d’être courtoise. Un beau jour, elle revoit son amour de jeunesse, Chouji, qui l’avait larguée comme une vieille chaussette sans explication. Chouji, lui aussi célibataire, va non seulement lui révéler pourquoi il l’avait quitté plus de vingt ans auparavant, mais aussi lui demander contre toute attente de l’épouser afin de tranquilliser sa mère gravement malade. A l’insu de son plein gré, Hiro va se retrouver à habiter avec Chouji et se rendre compte que malgré les nombreuses années passées, elle est toujours attirée par lui.
Ce synopsis semble assez convenu, et il n’aurait sans doute pas vraiment attiré mon attention sans les raisons invoquées dans le premier paragraphe. Comment tenir dix ou onze épisodes avec de telles bases sans que ça sente trop vite le réchauffé ? Est-ce qu’on ne voit pas déjà gros comme une maison ce qu’il va se passer ? Après s’être épuisé à tenter de garder son secret, le faux couple va devenir un vrai couple, simplement parce qu’on ne peut pas envisager un autre déroulement et une autre fin ? Si le point de départ de l’histoire se fait sur une situation un peu bancale, sa direction s’avère tout de suite plus intéressante quand on sait la raison pour laquelle Chouji a quitté Hiro, qui est aussi celle pour laquelle il ne s’est pas marié avec une autre par la suite. Cette raison, on peut déjà la deviner aisément rien qu’avec ces données, et quand on voit Chouji on n’a presque plus aucun doute. Vu qu’on est fixé dès le premier épisode et qu’il n’est franchement pas intéressant de continuer à parler du drama sans l’évoquer, je vais la révéler plus bas en présentant Chouji, et je reviendrai sur le sujet après pour donner mes impressions. Donc si vous voulez vraiment zéro spoil, pas la peine de continuer, mais je pense que c’est vraiment la donnée qui permet de décider si le drama vaut le coup ou pas. Et je me demande même pourquoi cette donnée a été omise pour sa promo !
Comme le synopsis le laisse présager, Yukawa reprend avec Gisou no fuufu son schéma favori qui consiste à mettre en scène une femme à la personnalité hors du commun qui va changer les gens autour d’elle mais aussi changer elle-même. Le drama et son héroïne se rapprochent assurément de Kaseifu no Mita avec sa gouvernante qui reste de marbre en toutes circonstances. Et comme c’est Amami Yûki qui tient le premier rôle, on pense aussi forcément à Joou no Kyôshitsu. Si Hiro n’est pas beaucoup plus expressive que la terrifiante prof, les personnages sont très différents et on n’a pas du tout l’impression d’avoir affaire à un clone. On se rend vite compte que si Hiro fuit le contact des gens et les maudit intérieurement (ces réflexions n’ont pas de secret pour le spectateur puisqu’elles s’inscrivent à l’écran et qu’on entend la « voix intérieure » du personnage), ce n’est pas vraiment parce qu’elle est aigrie, mais plutôt parce qu’elle est terrifiée de déranger et d’être blessée. Du coup, elle préfère rester dans son train train quotidien. Mais évidemment, avec l’apparition de Chouji et les événements qui vont en découler, cela ne va plus être possible.
Chouji est sous-directeur d’une école maternelle et semble adorer son travail. Très doué pour cuisiner, sociable et spontané, son caractère contraste évidemment beaucoup avec celui de son ex. Mais comment un si bon parti n’a pas su conquérir le coeur d’une femme et lui mettre la bague au doigt ? Tout simplement parce que Chouji ne s’intéresse pas aux femmes mais aux hommes, et il s’en est rendu compte en sortant avec Hiro. Je pense que c’était la première fois que je voyais un personnage homosexuel avoir un des rôles principaux dans un drama japonais « sérieux ». Ah non c’est vrai, il y avait eu Last Friends, mais c’était un peu « on en parle sans en parler »). Mon point de vue n’est certes que celui d’une hétérosexuelle, mais je trouve qu’on évite pas mal le cliché et que le personnage est bien écrit et bien joué, parce qu’il a une vraie personnalité et n’est pas défini seulement par son orientation sexuelle. Chouji est tout simplement adorable quand il est à la fois excité et paniqué à l’idée de voir celui pour qui il en pince ! On dirait parfois un gamin sorti tout droit d’une comédie lycéenne, sauf qu’il a la quarantaine et que ce n’est pas après les filles qu’il court donc c’est plus rafraichissant ^^. J’étais bien entendu ravie de voir Sawamura Ikki dans un rôle important, lui qui a presque toujours des rôles secondaires dans les drama. Il n’en fait jamais trop et sait rendre son personnage attachant même quand il fait des caprices de gosse ou se dégonfle alors qu’il doit parler à sa mère. Parce que bien sûr, cette dernière ignore tout de l’orientation sexuelle de son fiston, et c’est par peur de sa réaction qu’il n’a jamais osé faire son coming-out et qu’il s’est lancé dans cette mascarade de faux mariage pour pouvoir la laisser partir rassurée quand la maladie l’emportera.
Les interactions entre Hiro et Chouji sont évidement le point clé de l’histoire et le duo fonctionne bien qu’il s’agisse du côté comique ou du côté plus sérieux. Chouji veut retrouver celle qu’il connaissait autrefois et qu’il appréciait énormément en tant qu’amie à défaut d’être amoureux d’elle. Hiro veut quant à elle qu’il arrête de mentir à sa mère, d’abord pour se sortir elle-même d’une situation qu’elle ne contrôle pas, mais surtout en fait parce qu’elle sait que Chouji souffre de cette situation. Il ne va pas être le seul que notre héroïne asociale va aider. Au fil des épisodes, malgré sa volonté de solitude, Hiro va en fait intervenir auprès de plusieurs personnages de son entourage qui, s’ils paraissent plus « normaux » qu’elle dans l’ensemble, ont des soucis dans leur vie et dans leurs relations avec les autres. Car c’est encore une fois ça la clé : la difficulté de se montrer tel que l’on est et d’exprimer ce que l’on ressent et ce que l’on veut face aux autres, qu’il s’agisse d’une relation amoureuse, amicale ou familiale. Et si Yukawa se repose sur le schéma un peu trop connu d’une « intervention » de l’héroïne par épisode, le message passe bien et j’ai encore apprécié la manière dont le scénariste nous présente des situations qui peuvent être volontairement pas tout à fait réalistes pour atteindre son but.
Hiro a perdu ses parents lorsqu’elle était enfant et a été élevée par sa tante auprès de son cousin et sa cousine. La tante en question est plutôt du genre peau de vache. Invariablement cloîtrée dans sa grande maison avec la cigarette vissée au coin de la bouche, elle n’a pas plus de mots affectueux pour sa nièce que pour ses propres enfants et ne se dépare jamais de son cynisme. J’ai cette fois encore adoré Kimura Midoriko dans ce rôle. Tenjin, le cousin de Hiro, est un Tanguy dans toute sa splendeur. Il est féru de magie, mais ses tours sont comme qui dirait un peu foireux. Le rôle est facile pour Satô Jirô mais je n’ai pu m’empêcher de rire devant ce personnage. Enfin, la cousine de Hiro, Yaeko (Sakai Maki), est souvent fourrée chez sa mère avec ses deux enfants. Elle veut passer pour une mère de famille épanouie et dans le coup à toujours se vanter de son mari (surtout de son salaire en fait) et à appeler sa propre mère Mama (alors que ça n’est pas de sa génération et que ce n’est sûrement pas le mot qu’elle utilisait étant enfant), mais comme on le devine sa vie n’est pas du tout aussi rose que ça. Ses deux enfants aussi rondelets qu’apathiques ne font pas grand chose d’autre que se goinfrer et jouer avec leur console portable. Vision peut-être un peu raccourcie de l’éducation actuelle, mais en fait la critique fait bien mouche. A travers la tante et les cousins de Hiro, Gisou no fuufu aborde le thème inépuisable des secrets de famille et autres mensonges ou non-dits ainsi que l’influence qu’ils ont sur ceux qui sont concernés.
Le directeur de la bibliothèque où Hiro travaille a le béguin pour elle et va donc être sous le choc quand il va apprendre que son employée préférée s’est fait passer la bague au doigt. Le personnage joué par Tanaka Yôji est assez convenu, mais le scénario a le bon goût de ne pas le rendre trop présent. Outre ce supérieur un peu relou, Hiro doit également supporter des lecteurs assez chiants. Mais elle va aussi faire la connaissance de Shiori (Uchida Yuki) et de sa fille Yuu, qui viennent régulièrement emprunter des livres. Cette fois je n’en dirai pas plus, mais ces deux personnages vont jouer un rôle clé auprès de Hiro, et inversement.
Quand elle va apprendre que son fiston a enfin trouvé chaussure à son pied, madame Himura (Fuji Sumiko) va évidemment être ravie et va s’empresser de rendre visite au couple malgré sa maladie pour faire connaissance de sa chère belle-fille. Elle est assez difficile à décrire, mais elle est assez spéciale, c’est certain, et quand on la voit se chamailler avec Chouji on se dit que les chiens ne font pas des chats. Enfin, Chouji va faire la connaissance d’un jeune homme dont il va tomber complètement sous le charme, Tamotsu (Kudô Asuka). Tamotsu admire Hiro et le couple qu’elle forme avec Chouji, dans ces conditions il est donc encore plus délicat de lui avouer ses sentiments.
Je n’ai pas été si surprise d’avoir affaire à une fiction japonaise qui traite de l’homosexualité car le sujet est en quelque sorte « à la mode » en ce moment. Je veux dire par là qu’il y a pas mal d’émissions qui font des sujets sur le mouvement LGBT en expliquant la signification de chaque lettre du sigle. Même si certaines « manifestations » en France prouvent qu’on n’a pas de leçons à donner à d’autres pays, le fait est que le Japon est un pays avec un modèle social plus strict et surtout une idée persistante de société homogène où l’on peut faire semblant que quelque chose n’existe pas si on n’en parle pas, ainsi qu’une limite parfois inexistante entre vie privée et professionnelle. Je trouve donc ça bien que le sujet soit abordé dans une fiction grand public et même si certaines situations et certains événements sont maladroits à mes yeux d’occidentale hétéro ou un peu prévisibles, on nous passe bel et bien un message.
Gisou no fuufu connait une rupture surprenante dans son scénario pour ses deux derniers épisodes. A tel point qu’on peut se demander si le scénariste a été changé (mais non, je ne crois pas ^^). Pour pouvoir retomber correctement sur ses pattes et se sortir d’une situation qui était en quelque sorte sans issue, l’histoire prend une tournure inattendue et assez déstabilisante. Ce qu’on tire au final des événements finaux est au bout du compte très intéressant, mais on pourrait presque dire que le drama a voulu trop en faire en élargissant son thème de départ à une question de société plus large par rapport au couple et à la famille. Oui bon, ça peut ne pas très clair dit comme ça, mais j’ai dit que je spoilais le début, pas la fin ^^.
Un petit mot sur la musique avant de conclure : j’ai trouvé l’OST du drama vraiment très chouette, en particulier les deux pistes que l’on entend le plus souvent et que je partage ci-dessous (en espérant qu’elles resteront en ligne !). La chanson thème, que l’on entend à chaque fin d’épisode, est de JUJU. Le single qu’elle a sorti depuis a confirmé que je ne pourrais pas être une grande fan, mais là en contexte ça passe vraiment bien.
Je ne sais pas comment on considère Gisou no fuufu quand on ne connait pas la manière de faire de son scénariste et qu’on n’a pas d’affinités avec les acteurs. Le drama a certes des défauts, mais j’ai vraiment pris plaisir à le regarder. La dimension comédie est classique mais fonctionne bien, et le message d’éloge de la différence et de sincérité envers soi-même et les autres fait plaisir à voir. Peut-être pas à voir en priorité, mais à considérer sérieusement quand même, ne serait-ce que pour la prestation des différents acteurs et la belle galerie de personnages ^^.
Mouahahaha Sawamura Ikki !!
J’ai beaucoup aimé le drama qui est d’ailleurs le dernier que j’ai vraiment suivi en rentrant très vite à la maison pour ne pas le manquer.
Sauf la fin qu’on ne comprends pas pourquoi que ça se passe comme ça….
Le cadre familial est vu sous toutes les coutures, que ce soit les relations gay, mais aussi la famille monoparentale, la tante qui accueille Hiro à la mort de ses parents, même le schéma « traditionnel » de la famille représenté par la cousine de Hiro est remis en question. C’est plutôt intéressant et ça change un peu.
Et j’adore le passage de la mère à la bibliothèque :
Nafea faa ipoipo ??
Chapeau d’avoir réussi à le suivre entièrement pendant sa diffusion à la télé !
Tu m’avais bien prévenue pour la fin mais c’est clair que ça surprend quand même. Mais comme j’essayais de dire en fait, vu les données de départ je ne sais pas quelle fin on pouvait attendre !
Coucou, j’ai pour ma part beaucoup aime ce drama aussi, nous l’avons regarde avec mon compagnon et franchement comme drama plateau tele c’etait parfait!!!
Ah vous aussi c’est série ou drama pendant le repas ! ^^ Mon homme n’a pas accroché à celui-là, du coup je l’avais fini toute seule, mais il a bien aimé Okashi no ie ^^.