Titre japonais : 推定有罪
Nombre d’épisodes : 5
Diffusé au : Printemps 2012
Chaîne de diffusion : WOWOW
Fiche : DramaWiki
Après Shokuzai et Bunshin cet hiver et en attendant de découvrir d’autres séries diffusées par la chaîne ces dernières années (je pense en particulier à Soratobu taiya), je me suis penchée sur le premier des deux renzoku du printemps de chez WOWOW. Un synopsis attirant et un casting a priori très intéressant, on n’en demande même pas autant pour se décider à se lancer dans ces courtes séries ^^.
Après avoir passé 12 ans derrière les barreaux pour le meurtre d’une petite fille, Shinozuka Yoshio est innocenté par un test ADN et libéré. C »était pourtant un test ADN qui avait constitué la principale preuve contre lui et qui avait conforté plusieurs personnes convaincues de sa culpabilité. D’abord, celui qui avait procédé à son arrestation, l’inspecteur Asada. Puis la famille de la jeune victime, les Suzuki. Et encore plus Kayama, un journaliste qui avait écrit un article accusateur et très influent. A quel moment la machine judiciaire a-t-elle dérapé ? Quelle est la responsabilité de chacun ? Cette erreur peut-elle être réparée ? Si Shinozuka est réellement innocent, qui est le véritable coupable ?
Les événements sont principalement présentés du point de vue de Kayama, incarné par Nakamura Toru. L’acteur a gagné de la classe avec l’âge, et on ne peut pas dire qu’il se débrouille mal, mais j’ai trouvé qu’il manquait un peu de conviction, peut-être parce qu’il semble presque trop gentil. Je veux dire par là que j’ai trouvé que son profil de reporter de guerre héroïque ne cadre pas avec une accusation virulente non fondée, et que l’on n’a pas assez de détails sur ce qui s’est passé il y a 12 ans. Toujours est-il que les questions liées à sa responsabilité et au rôle des média ainsi que les liens qu’il va nouer avec les autres protagonistes sont intéressants.
Kunimura Jun incarne avec brio le condamné innocenté Shinozuka. S’il n’est évidemment pas spécialement heureux d’avoir été accusé à tort et d’avoir vu sa vie et sa famille brisées, Shinozuka n’est pas du tout un homme parfait et j’ai trouvé particulièrement judicieux qu’on ne nous le présente pas comme une simple victime éplorée et docile. L’acteur rend très bien ce côté un peu bourru et un poil ambigü du personnage.
L’avocate de Shinozuka, Ishihara, ne semble pas l’avoir pris comme client uniquement par pure bonté ou sens aigü de la justice. On le comprend vite quand elle autorise Kayama à écrire un nouvel article alors que Shinozuka y semble réticent, et quand on découvre les liens qu’elle a avec le monde politique. Kuroki Hitomi s’en tire bien, et j’ai trouvé que ce que l’on apprend sur elle au bout d’un moment était presque inutile et aurait peut-être mieux convenu à un autre personnage, même si on ne peut pas non plus les multiplier sans conséquences.
L’inspecteur Asada est sincèrement choqué d’apprendre qu’il a envoyé un innocent en prison et essaie de comprendre comment cela a pu arriver et comment il a pu croire à la culpabilité de Shinozuka. Mais ses démarches pour reprendre l’enquête et mettre la main sur le véritable coupable ne semblent pas plaire à ses supérieurs : encore une fois, il s’agit avant tout de protéger l’organisation, et la police n’est pas du tout prête à admettre qu’elle a commis une erreur. En fin de compte Asada n’apparaît pas si souvent que ça, mais Jinnai Takanori remplit bien son rôle.
Suzuki Hiroko la soeur aînée de la victime, va apporter son aide à Kayama. A travers elle, et encore plus à travers ses parents, dont la vie s’est complètement arrêtée depuis le drame, est abordée la question du traitement de la famille de la victime par la justice. L’annonce de l’innocence de Shinozuka est terrible pour eux et ils ne veulent pas l’accepter : leur seul consolation était d’avoir quelqu’un qu’ils pouvaient haïr pour ce qu’il avait fait, et on leur enlève même cela. Mimura nous offre une interprétation toute en retenue et poignante.
Miho, la fille de Shinozuka, est également bouleversée d’apprendre que son père est libre et innocent. Elle qui a dû déménager de nombreuses fois avec sa mère, aujourd’hui décédée, et changer de nom, on lui aurait collé cette étiquette indélébile de fille d’assassin à tort ? Refusant de voir sa vie à nouveau chamboulée, elle ne veut pas voir son père. Mais certaines personnes semblent avoir intérêt à ce que leurs liens familiaux soient révélés, et vont y parvenir… Motokariya Yuika, que je n’avais pas encore eu l’occasion de voir, se montre aussi très convaincante.
Terajima Susumu met de côté ses costumes de flic ou de maffieux pour incarner le dernier personnage clé de Suitei Yuuzai, Katsuragi. Cet homme mystérieux semble en savoir beaucoup sur le drame qui s’est déroulé douze ans auparavant. C’est lui qui a contacté l’avocate Ishihara et lui a fourni de quoi prouver l’innocence de Shinozuka. Connait-il le vrai coupable ? Si oui, pourquoi reste-t-il tapi dans l’ombre comme s’il était lui-même l’assassin ?
Sans se contenter du point de vue de celui qui est victime de l’erreur judiciaire et sans se focaliser plus que nécessaire sur la recherche du véritable coupable, bien que sa découverte constitue évidemment un élément essentiel du dénouement, Suitei Yuuzai nous offre donc une vue d’ensemble de l’affaire en se penchant sur toutes les personnes impliquées et sur les liens qui existent entre elles ou vont se nouer. C’est à la fois sa grande force et sa grande faiblesse.
C’est une force car cela lui donne une grande richesse, et les sentiments des personnages sont dans l’ensemble exprimés ou transmis de façon très juste. C’est une faiblesse car vers le milieu, l’histoire s’éparpille un peu trop et on a l’impression de perdre le fil conducteur, même si on finit par le rattraper et que la série retombe assez bien sur ses pieds pour la fin. Si la vérité est tout à fait cohérente avec les éléments présentés et très plausible, elle m’a un poil déçue car j’ai senti très vite qu’elle utilisait un schéma somme toute assez courant.
Cinq épisodes, c’est court, et on a un peu le sentiment qu’on en sait soit un peu trop, soit pas assez sur les personnages. Si je comprends tout à fait que l’on ait choisi un point de vue différent et plus périphérique sur l’histoire que celui de Shinozuka, trop au centre des événements, au bout du compte a l’impression de ne pas le voir assez. En même temps, je ne pense pas que la série aurait été meilleure en étant plus longue. Le format WOWOW reste très efficace.
Bien que sa forme soit très différente, j’ai pensé à plusieurs reprise à Guilty en regardant Suitei Yuuzai. On a dans les deux cas une affaire d’erreur judiciaire. L’innocence de Shinozuka a été reconnue, et il ne cherche pas à se venger. Mais là où son histoire rejoint celle de Meiko, c’est au niveau de la famille : dans les deux cas, leurs proches n’ont pas cru à leur innocence, et c’est très certainement ce qui a été le plus dur pour eux.
Le drama bénéficie sans grande surprise d’un OST très efficace dont le thème principal est franchement prenant. J’avais cru reconnaître le travail de Hayashi Yuki, que j’ai adoré dans Zettai reido et Strawberry Night, mais en fait non, ce n’est pas lui cette fois ! Mais mon impression n’était pas venue de nulle part : le compositeur est en fait Sawano Hiroyuki, qui a collaboré avec Hayashi pour Triangle, et BOSS et qui a exactement le même âge. Je n’ai pas trouvé la version « originale » du thème principal, seulement une version avec une voix ajoutée que je ne me souviens même pas avoir entendue dans le drama. Je trouve cet ajout un peu inutile, mais ça donne quand même une bonne idée ^^.
La chanson choisie pour le générique de fin n’est pas du tout japonaise, pas du toute inédite et pas du tout récente. Il s’agit de A whiter shade of pale de Procol Harum, qui date de 1967. Le genre de chanson qu’on a tous déjà entendu même si on n’a pas forcément son titre ou son interprète en tête. Pour ma part, je la trouve très belle et j’ai trouvée que son utilisation était réussie.
Suitei yuuzai a bien confirmé mon intuition que même s’il a des défauts, un drama de WOWOW ne peut jamais être mauvais. Avec un casting dans l’ensemble très solide, une ambiance musicale réussie, une réalisation toujours sobre mais sans faute, le drama met en évidence de nombreux éléments intéressants, même si l’on ne peut que regretter la petite baisse de régime au milieu et le final au bout du compte un peu hâtif. Si les thèmes abordés et/ou les acteurs vous intéressent, le drama mérite qu’on s’y attarde même s’il n’est pas à classer parmi les incontournables.
Commentaires laissés sur l’ancienne version du blog
J’ai tendance à me faire avoir par la distribution et par les musiques et c’est souvent ce qui sauve la mise lorsqu’un drama est moyen (du moins en ce qui me concerne, je lui trouve plus facilement des excuses).
Merci pour ton avis. (^^)
Écrit par : Dramafana | 11.07.2012
Là on est quand même plus dans le bon que dans le moyen, faut dire qu’avec WOWOW on devient vite difficile, surtout quand on a commencé par Shokuzai ^^.
Mais je vois ce que tu veux dire, vu que je suis toujours très influencée par le casting dans un drama :).
Écrit par : Katzina | 21.07.2012
Vu le casting, et sachant quelle chaîne a diffusé cette série, je pense que je ne vais pas trop de me poser de questions malgré tout et l’ajouter à ma longue, si longue, liste de dramas à visionner.
Écrit par : Asa | 13.07.2012
En effet, tu n’est plus à un près ! Les drama WOWOW sont vraiment redoutables avec leur format court ^^.
Écrit par : Katzina | 21.07.2012