[Auteur] Natsuo Kirino

shorinzan darumaji

J’ai achevé il y a quelques jours le dernier des trois romans de cette auteure disponibles en français et il faut absolument que j’en parle car j’ai vraiment adoré. Les romans de Kirino sont présentés comme des polars. C’est clair qu’il y a des meurtres, des disparitions d’enfants, des enquêtes. Mais tout ça, ce n’est qu’un prétexte pour faire connaissance intimement avec les personnages principaux : des femmes. Même en ayant encore lu très peu d’auteurs japonais, j’ai tout de suite senti cette façon de présenter et de décrire les femmes si particulière et si différente des points de vue masculins.

C’est vraiment passionnant d’avoir une autre vision de la société japonaise, et l’image de la bonne petite épouse réservée en prend plus d’un coup : adultère, meurtre, prostitution… Ce qui est aussi intéressant, c’est qu’on a affaire à des gens de milieux sociaux différents, et aussi à des gens « à part » dans la société, tels les travailleurs brésiliens ou les métisses. C’est très noir, très cru, peut-être encore plus justement car il s’agit de femmes. Bien entendu, les opinions sur les hommes sont souvent peu flatteuses (euphémisme !). Je me demande bien ce qu’ils peuvent en penser d’ailleurs, qu’ils soient Japonais ou pas.

Je ne peux pas dire lequel des trois romans j’ai préféré, car malgré leurs points communs, ils restent bien différents et méritent tous d’être lus. Fait étrange Monstrueux n’a pas été traduit directement du japonais au français : on est passé par la traduction anglaise. Je croyais que ça ne faisait que pour les jeux vidéo moi, pas chez les grandes maisons d’édition…

– Disparitions : Le premier des Kirino que j’ai lu, l’été dernier. J’ai beaucoup apprécié le mode de narration alternant entre passé et présent, où l’on semblait se perdre dans les pensées de Kasumi, le personnage principal. On alterne aussi entre les personnages, avec Utsumi particulièrement. J’ai trouvé sa relation avec Kasumi vraiment touchante. Tout le long du roman on sent vraiment une tension, une obsession de Kasumi à retrouver sa fille disparue, sa culpabilité à avoir tromper son mari, à négliger sa deuxième fille. La fin du roman est d’un sens très frustrante, mais elle est aussi parfaite.

– Out : Au coeur de ce roman, ou trouve  quatre femmes qui travaillent à la même usine, la nuit. Elles sont toutes les quatre bien différentes mais leur point commun est d’avoir une vie familiale et /ou de couple pas vraiment épanouissante. Dans le train-train quotidien du travail et de la maison, les questions d’argent sont omniprésentes, surtout pour Kuniko, qui vit au-dessus de ses moyens, et Yoshie, veuve qui a la charge de sa belle-mère. La façon dont les événements sanglants vont se mêler à ce quotidien et le caractère vraiment spécial de Masako, celle des quatre femmes qui prend la direction des « affaires », donnent un ton vraiment particulier.

– Monstrueux : Deux prostituées proches de la quarantaine, Yuriko et Kazue, se font assassiner à quelques mois d’intervalle. Il ne s’agit pas de savoir qui l’a fait, mais comment elles en sont arrivées là. On plonge donc dans leur passé par l’intermédiaire de celle qui était la soeur de la première et la camarade de classe de la seconde. Personnage rempli de désillusions qui semble se détester elle-même autant qu’elle déteste les autres. Vraiment très intéressante, mais on fini vite par se demander qui est la plus détestable des trois femmes ! Obsession de la beauté, obession de la réussite, toujours dans ce monde mené par les hommes et avec le constat bien triste que la seule façon pour une femme d’avoir du pouvoir est avec son corps. Avec encore une fois une fin vraiment déconcertante !

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