Titre japonais : 幸福の王子
Nombre d’épisodes : 11
Diffusé en : Eté 2003
Chaîne de diffusion : NTV
Fiche : DramaWiki
Cela faisait une paye que j’avais repéré Koufuku no ouji, d’abord pour son casting. J’avais eu encore plus envie de le voir quand je m’étais rendu compte que son scénario était signé Yukawa Kazuhiko. Mais voilà, même si le drama ne date que de 2003, pas moyen de mettre la main dessus, ce qui avait entraîné sa présence dans ma petite sélection de séries indisponibles. Quand je me suis installée au Japon, j’ai essayé de voir si je pourrais le trouver en location, et j’ai pu constaté qu’il n’avait été édité qu’en VHS ! Je voulais bien passer par la voie légale, mais de là à m’acheter un magnétoscope pas quand même XD. Et puis il y a quelques mois, il y a même sûrement plus d’un an vu comment le temps passe vite, j’ai enfin pu mettre la main sur des vidéo. D’assez mauvaise qualité et sans sous-titres, mais il fallait s’en contenter ! Je vous parle donc d’un drama japonais qui ne dispose pas (à ma connaissance) de sous-titres en anglais, et logiquement encore moins en français. En espérant que ça donne des idées aux fansubbers qui s’intéressent aux « vieilles » séries ! ^^
Mayu, une jeune fille mal dans sa peau, fait un soir la conna eissance de Shûhei. Cet homme étrange qui a les cheveux entièrement blancs, une vilaine cicatrice et la mentalité d’un enfant de dix ans, va la sauver d’une situation dangereuse. Des circonstances tragiques vont faire que Mayu va revoir Shûhei et apprendre de la bouche même de son ami de longue date, Ryôsuke, ce qui est arrivé au cours des 14 années précédentes pour qu’il devienne ainsi, lui qui pourrait aujourd’hui encore être en train de vivre une superbe histoire d’amour avec Umi. Mais Umi est décédée, et sa mort n’est que la dramatique conclusion de l’acharnement du sort sur le couple maudit. Mais pas seulement le sort, et Ryôsuke en sait quelque chose…
Shûhei est le fils d’un médecin. Il se passionne pour le piano, et c’est grâce à la musique qu’il va faire la connaissance d’Umi. Mais il va renoncer à faire carrière dans ce domaine et se tourner vers des études de médecine, car ses parents attendent de lui qu’il reprenne la clinique familiale. Le jeune homme va même par la suite pousser beaucoup plus loin cette piété filiale, à un point qui en devient presque incompréhensible pour le spectateur occidental. Son comportement s’explique par un secret autour d’un drame familial, qui torture beaucoup plus qu’on ne le pense au premier abord ce jeune homme intelligent et sociable. J’avais peu vu Motoki Masahiro mais je lui faisais confiance pour se montrer à la hauteur et c’est effectivement le cas. La différence entre le Shûhei d’hier et d’aujourd’hui est flagrante, et sa manière d’incarner un personnage qui s’est enfermé dans une bulle est vraiment convaincante.
Umi est une jeune femme au caractère bien trempé qui adore le violoncelle et espère pouvoir continuer à en jouer au niveau professionnel. Si Shûhei fait sciemment certains choix contraires à son bonheur et celui d’Umi, cette dernière ne fait que subir les conséquences de tout ce qui arrive et autant le dire directement, elle s’en prend plein la gueule. Pourtant, sa personnalité fait qu’on ne la prend pas pour une maso. Alors qu’elle tente tant bien que mal de continuer sa vie de son côté année après année, elle va se montrer tenace si l’occasion de se rapprocher à nouveau de celui qu’elle aime se présente. Après Koi ga shitai et avant Magerarenai onna, Kanno Miho tient sans surprise très bien le rôle de cette jeune femme au destin infortuné. C’était assez amusant de voir que Motoki et Kanno ont incarné par la suite un autre couple à l’amour impossible dans un contexte totalement différent dans Saka no ue no kumo.
Ryôsuke est un ami de Shûhei qui est lui aussi en fac de médecine. Il est amoureux d’Umi et ne va donc pas être enchanté quand elle va conclure avec Shûhei. Mais plus que des sentiments sincères pour la jeune femme, c’est une profonde jalousie face à un couple heureux et l’impression que Shûhei lui vole son bonheur qui vont pousser Ryôsuke à agir pour séparer les deux tourtereaux. Il va finir par apprendre non pas que l’amour triomphe toujours car on n’est pas dans une comédie, mais que l’on ne peut pas convoiter quelqu’un comme un objet. Même si Umi n’était pas avec Shûhei, ça ne veut pas dire qu’elle voudrait de Ryôsule, et même si c’était le cas, serait-il heureux ? Le Ryôsuke du présent, qui raconte l’histoire de Shûhei et Umi à la jeune Mayu, se repentit bien de ses actions passées, mais il est trop tard. Watabe Atsurô n’a pas encore la classe qu’il a depuis acquise avec les années, mais il fait bien le jeune homme vantard et impulsif et a comme Motoki presque deux rôles (et pas que à cause des lunettes ^^).
Mayu est une ado on ne peut plus typique : elle boude, elle râle, elle se dispute avec sa mère, elle n’ose pas se déclarer à celui pour qui elle en pince. Une autre actrice qu’Ayase Haruka aurait très bien pu faire l’affaire, la différence étant qu’on sait qu’elle a eu pas mal de rôles après où elle a très bien prouvé qu’elle savait faire autre chose. La mère de Mayu, Momoko (Imori Miyuki), élève sa fille seule et ferait tout pour elle même si elle se montre parfois maladroite et que l’âge de Mayu n’aide pas. J’ai eu assez de mal à la fois avec le caractère du personnage et la manière dont il est joué, mais heureusement il reste secondaire.
Ryôsuke a de la concurrence pour ce qui est de rendre les autres responsables de son propre malheur et de vouloir séparer Umi et Shûhei : Noriko, jeune fille de bonne famille pourrie gâtée dont les parents connaissent ceux de Shûhei a jeté son dévolu sur ce dernier et va elle aussi se montrer bien puante et mal intentionnée. Le rôle va comme un gant à Sakashita Chiriko, que je n’ai pas beaucoup vu dans des drama étant donné qu’elle a peu joué, mais qui apparaît souvent à la télévision japonaise. Elle fait partie de ces « célébrités » dont on attend simplement qu’elles gloussent et s’étonnent, et elle fait plus l’affaire que la moyenne avec sa voix de crécelle et ses mimiques.
Au cas où ça se serait pas déjà clair, Koufuku no ouji (qui emprunte son nom au conte d’Oscar Wilde Le prince heureux), n’offre pas franchement de tranche de rigolade. Il m’a rapidement fait pensé à un autre drama mettant en scène un couple maudit où les deux personnages principaux en prennent plein la tronche du début à la fin, surtout la fille : Kono yo no hate, qui reste le drama japonais le plus ancien que j’ai vu. Ce rapprochement peut se faire aussi pour la violence qui se dégage des deux séries, et qu’on ne voit plus je crois dans les séries diffusée ces dernières années. Mais le traitement et la nature des événements de Koufuku no ouji est assez différent, et même si les malheurs s’enchaînent on n’atteint pas l’overdose de la même manière. J’ai même été un peu déstabilisée par la sorte de curiosité malsaine qui se développe épisode après épisode : mais qu’est-ce qui va bien pouvoir encore se passer cette fois ? Il y a aussi un certain nombre d’événements qui m’ont pas mal traumatisée car ils concernent des enfants ou des animaux. On ne voit pas forcément en détails, mais j’ai trouvé que ce qui était suggéré était assez violent, je n’ai jamais vu ça dans une série japonaise à part celle mentionnée plus haut.
Si on évite la déprime totale, c’est grâce au mode de narration choisi qui permet de prendre du recul sur l’histoire d’Umi et Shûhei. Si comme je l’ai dit Mayu et sa mère ne sont pas des personnages inoubliables, elles ont le mérite de faire un peu respirer le spectateur. Cela permet également de faire accepter les quelques gros hasards et facilités nécessaires pour être certain que le couple ne sorte pas du cercle infernal jusqu’à la fin. Un bémol quand même sur un écueil non évité par le scénario : la situation dans laquelle un des personnage croit aveuglément une personne dont il sait devoir se méfier plutôt que de faire confiance à l’être aimé. On a également un moment un manque de crédibilité assez gros par rapport à une situation médicale. Le dénouement de l’histoire est efficace : passé et présent se rejoignent et, même si on n’est pas dans la joie débordante tout d’un coup, le drame de Shûhei et Umi prend en partie sens. Si l’histoire reste très différente du schéma utilisée par Yukawa dans ses scénarios plus récents (Joou no Kyôshitsu, Kaseifu no mita et Gisou no fuufu), on reconnait bien sa patte dans la manière d’assumer les hasards et les exagérations. S’il aimait faire se croiser ses personnages dans Koi ga shitai, cette fois il insiste sur la manière dont ses deux héros, au-delà des personnes malveillantes autour d’eux, se manquent chaque fois et ont la poisse du mauvais timing.
A chaque épisode, Ryôsuke reprend tel un conteur le fil de son histoire pour Mayu et il y a une courte séquence façon rembobinage comme transition. Si ça ne paraît pas super original aujourd’hui, ça l’était sûrement plus il y a quinze ans, surtout pour une production japonaise, et je trouve que ça garde son petit effet. L’histoire de Koufuku no ouji se déroule à Yokohama et dans ses environs, et j’ai pu remarquer à travers certains plans comment la ville avait changé dans la décennie qui a précédé le moment où je l’ai découverte.
La bande sonore de Koufuku no ouji a pour particularité d’être composée presque uniquement d’un même morceau arrangé de plusieurs manières. Ce morceau, c’est celui qu’Umi et Shûhei aiment jouer ensemble, l’une au violoncelle, l’autre au piano. Dès le départ, j’étais sûre de l’avoir déjà entendu quelque part et j’ai fini par me dire : mais oui, c’est la musique des pompes funèbres ! En effet, il y a une pub télé japonaise pour des pompes funèbres qui utilisent cette musique, mais ils ne l’ont pas inventée. Il s’agit du Salut d’amour d’Edward Edgar. L’idée d’entendre une même mélodie pendant tous les épisodes peut sembler rébarbative mais les arrangements de Yamakawa Etsuko sont vraiment intéressants, notamment celui en mineur (si je ne me plante pas, je suis pas calée en solfège ^^). On ne voudrait pas entendre ça dans tous les drama, mais dans ce cas précis je trouve ça réussi. Maintenant cette musique ne me fera plus penser à une pub, mais à cette série. Qui certes comme nous venons de le voir n’est pas beaucoup plus gaie que des pompes funèbres :D. Totale réussite également du côté de la chanson thème du drama, que l’on entend à chaque début et fin d’épisode. La chanson Drawing de Mr. Children est vraiment excellente, et c’est trop dommage que je ne l’aie pas trouvée sur Youtube ! Moi qui était chagrinée de ne pas apprécier le groupe au-delà de ses chansons présentes dans des séries, ce titre m’a donné franchement envie d’essayer encore une fois de les découvrir.
Si Koufuku no ouji n’a peut-être pas été autant une révélation qu’il aurait pu l’être, il ne m’a pas non plus déçue et je suis contente d’avoir pu enfin le voir. Je ne sais pas trop si je dois le recommander à ceux qui n’auraient pas d’affection particulière pour ses interprètes ou son scénariste. Je pense quand même qu’il contient vraiment des éléments intéressants au niveau de sa narration et de son ambiance propre aux drama de années 90 et début 2000 et que tous ceux qui veulent aller au-delà des séries récentes peuvent y trouver leur compte. Par contre mieux vaut prévoir un truc gentillet après ^^.
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