[Drama] Kabachitare!

kabachitare

Titre japonais : カバチタレ
Nombre d’épisodes : 11
Diffusion : Hiver 2001
Chaîne de diffusion : Fuji TV
Fiche : DramaWiki

Comme je l’évoquais dans mon bla bla drama à la fin 2018, j’avais besoin en 2019 de faire un peu d’ordre dans mes listes de drama, notamment pour ne pas passer trois plombes à choisir une nouvelle série à regarder. Même si ça peut prendre un certain temps (même un temps certain :D), je tiens mes promesses et je suis donc allée faire un tour du côté de ma deuxième liste de drama non disponibles, faite fin 2011. Après tout ce temps, pas mal de choses avaient changé question « approvisionnement » mais aussi question sous-titres car je suis techniquement capable de regarder certains types de drama uniquement en japonais. J’ai donc décidé de m’attaquer à un des drama dont j’avais les vidéos mais qui ne disposait pas de sous-titres en anglais.

Comme j’adore partager mes découvertes drama, en particulier quand elles sont bonnes bien sûr, ça m’embête de restreindre le public potentiel, mais je me suis rendu compte récemment qu’il y avait une belle poignée de drama dans ce cas qui me tentaient vraiment et je ne voulais pas non plus m’en priver. J’allais ajouter que ça pourrait peut-être donner des idées à des fansubbers mais bon en même temps j’écris en français donc ça risque de limiter beaucoup :). Après tout ce temps, en tout cas, je ne me souvenais pas vraiment du casting de Kabachitare!, ni de quel genre d’histoire il pouvait raconter, et encore moins du fait qu’il s’agissait d’une adaptation de manga. Ca a donc été un peu un saut vers l’inconnu, mais j’avais quand même un bon pressentiment.

kabachitare drama

Sakaeda Chiharu travaille dans un cabinet d’assistance légale et administrative. Seule femme parmi ses collègues, elle est aussi la plus tenace et ne laisse pas passer certaines choses dans les affaires qu’elle traite. Cette fonceuse qui de par son métier et son expérience personnelle se méfie beaucoup et a du mal à accorder sa confiance va faire la rencontre de Tamura Nozomi, une jeune femme qui a le même âge qu’elle mais un caractère tout à fait opposé. Nozomi va se retrouver impliquée dans plusieurs cas traités par le cabinet de Chiharu, et presque à leur insu les deux femmes vont devenir amies et s’influencer mutuellement.

Avant de passer à la présentation des personnages, première petite pause qui s’impose pour parler de la profession au coeur du drama : j’ai choisi de dire assistance légale et administrative pour désigner la profession de gyôsei shoshi, qui n’a pas d’équivalent dans le système légal français et donc pas non plus à ma connaissance de traduction officielle. En anglais, on dit administrative scrivener. Cette spécificité fait que le drama n’est pas forcément facile à aborder (surtout sans sous-titres), mais ça le rend aussi plus intéressant. On a l’habitude des avocats, ils peuvent être spécialisés dans pas mal de domaines différents. Mais les compétences des gyôsei shoshi sont encore plus variées et c’est vraiment intéressant de découvrir un peu tout ce qu’ils peuvent faire pour leurs clients principalement via des documents officiels sans jamais aller jusqu’au tribunal.

J’avais déjà croisé plusieurs fois Fukatsu Eri, il y a pas mal de temps, et je n’avais rien de particulier contre elle. Je l’ai redécouverte avec le rôle de Chiharu, dans lequel elle est absolument délicieuse ! Déjà, détail certes un peu superficiel, elle a les cheveux courts et elle porte cette coupe à merveille. Je sais bien qu’il y a une question de mode, et que justement le drama a pas loin de 20 ans, mais quand même, on voit peu les jeunes actrices japonaises avec les cheveux courts, et certaines se sont faites enguirlander par leur agence pour les avoir coupé sans autorisation, même.

kabachitare drama

Avec son franc-parler et son côté parfois assez cynique, Chiharu ne remplit clairement pas les critères de la gentille épouse idéale et elle le sait bien. Si elle a envie d’avoir quelqu’un à ses côtés, elle ne veut pas que ce soit au prix de sa sincérité et espère être acceptée comme elle est. Voyant beaucoup plus le côté humain dans son travail que ses collègues, elle s’implique plus et ne va aller jusqu’à entrer en conflit avec le patron. Si le type de personnage n’est pas inédit sur le petit écran japonais, il est quand même particulièrement réussi, surtout si l’on prend en considération que le drama date du début des années 2000.

Alors que Chiharu a tendance à toujours prévoir le pire, calculs à l’appui, Nozomi est une grande optimiste et n’arrive pas à imaginer que quelqu’un puisse être malveillant, vu qu’elle est elle-même quelqu’un d’empathique et de bienveillant. La jeune femme est issue d’un milieu très modeste, a dû se débrouiller seule tôt et vit toujours de boulots précaires. Mais même le fait d’avoir été malmenée par la vie et de s’être faite avoir à maintes reprises n’a pas entamé sa résolution de partir du principe que les humains sont bons.

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On se dit au départ qu’elle est effectivement un peu trop naïve, mais on se rend vite compte qu’on n’a pas du tout affaire à une simple gourde au grand coeur. Nozomi a une intelligence du coeur qui à la fois s’oppose et complète l’intelligence rationnelle de Chiharu, une intelligence qu’on ne peut pas acquérir sur les bancs de la fac. Et si elle fait trop confiance aux gens, elle est aussi la première à s’indigner d’une injustice et n’hésite pas à dire ce qu’elle pense. Son type de background est loin d’être inédit dans les fictions japonaises, mais il est utilisé intelligemment pour être mis en parallèle avec celui de Chiharu sans tomber dans des caricatures de classes sociales. Je n’avais pas vu Tokiwa Takako depuis au moins aussi longtemps que Fukatsu Eri, et j’ai pu me rendre compte à nouveau à quel point c’était une chouette actrice.

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Ono Isamu est le directeur du cabinet d’assistance administrative qui porte son nom. Il est divorcé et vit avec sa fille qui est encore assez jeune. Son amour pour Tetsujin 28 qu’il exprime parfois de manière très sonore lui donne un côté grand gamin et il a un côté assez cool mais c’est lui le patron et ce n’est pas toujours agréable de se le faire rappeler pour Chiharu. Jinnai Takanori a là un rôle vraiment différent de ceux dans lesquels je l’ai vu (tous ultérieurs) et j’ai été agréablement surprise.

Les autres employés du cabinet sont le prétentieux Hasegawa, l’ancien Shigemori, la secrétaire Fukuda, et la jeune recrue Kaneda (Okada Yoshinori). C’est ce dernier qu’on voit le plus, ou du moins que j’ai trouvé le plus attachant, en partie parce qu’il en pince pour sa senpai :).

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Chiharu va avoir l’occasion de croiser le chemin d’Ikuta Kazuko (Kobayashi Satomi), avocate et ennemie de son patron. On devine que les relations sont souvent tendues entre gyôsei shoshi et avocats, ces derniers semblant se sentir généralement supérieurs et ne pas apprécier que l’on tente d’empiéter sur ce qu’ils estiment être leur territoire même si les compétences de chacun sont pourtant bien définies.

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Nozomi a débarqué il y a peu de temps de sa contrée natale de Hiroshima avec son jeune frère, Yûta. Celui-ci va très rapidement se faire remarquer dans son lycée par les filles comme par les garçons, mais pour des raisons différentes. Le rôle est j’imagine taillé sur mesure pour Yamashita Tomohisa, mais même si je me suis rendue compte dernièrement que je deviens un peu cougar sur les bords je ne lui trouve toujours aucun charme, que ce soit en version gamin comme ici ou avec le « grand âge » qu’il a maintenant. Après, je ne peux pas dire qu’il soit mauvais, mais bon si je veux tenter de me réconcilier avec lui je pense qu’il faudrait plutôt que je tente un des drama plus récents où il a le premier rôle.

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En tout cas, je regrette que sa popularité n’ait pas suffit à convaincre une équipe de fansub de travailler sur Kabachitare! jusqu’au bout ! Le drama a apparemment acquis un statut plus ou moins légendaire auprès des dramaphiles de longue date anglophone qui ont vu les premiers épisodes subbés et espéré longtemps que la suite et la fin viennent mais ça n’a jamais été le cas, ce qui est bien sûr extrêmement dommage. La difficulté apparemment, c’est que personne ne dispose de sous-titres japonais donc c’est bien plus compliqué de travailler à partir de la compréhension orale uniquement, surtout qu’il y a parfois un sacré débit dans les dialogues !

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Fin de l’aparté sub ! 🙂 Ce bourreau des coeurs de Yûta ne va pas tarder à tomber sous le charme d’une de ses camarades de classe, Haruna, jouée par Karina qui était encore toute jeune.

Miyagi Kyôko (Shinohara Ryôko) est une policière qui raffole d’appliquer le code de la route à la lettre et de coller des amendes, notamment pour les stationnements non autorisés. Elle est accompagnée d’une collègue qui ne parle presque jamais mais dont l’expressivité suffit à montrer l’approbation envers ce que dit Miyagi et le reproche envers le ou la pauvre automobiliste qui va se faire verbaliser. Le comique de répétition créé par l’apparition de ce duo à chaque épisode est franchement réussi, surtout quand celle qui se prend une prune est Chiharu !

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Il y a un autre effet de comique de répétition dans le drama que j’avoue avoir loupé car je ne connaissais pas du tout l’actrice donc je ne l’ai pas reconnue d’un épisode sur l’autre : Abukawa Mihoko, moitié d’un duo de manzai sûrement bien connu du public japonais au moment de la diffusion de Kabachitare! apparaît brièvement dans chaque épisode où elle incarne chaque fois un personnage différent ! Ce n’est plus à prouver, c’est bien côté humour qu’il faut avoir le plus de références pour ne rien louper, même quand ce n’est pas dans les dialogues en eux-mêmes :).

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Il ne faut surtout pas que j’oublie de citer le personnage de Machida, étudiant qui a un baito de caissier de konbini dans le quartier où habite Nozomi. Rien que pour revoir Tsumabuki Satoshi dans un petit rôle, ça vaut le coup de regarder des vieux drama, car il s’est fait beaucoup trop rare ces 10-15 dernières années !

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Kabachitare! étant un de ces nombreux drama qui propose à chaque épisode une nouvelle affaire (enfin, presque, car plusieurs affaires s’étalent sur 2 épisodes), on a l’occasion d’y croiser de nombreux guests. J’ai donc pu croiser un certain nombre de têtes connues, et encore plus que pour les personnages récurrents c’était amusant de les voir plus jeunes que dans les autres drama où je les ai vus. Il y a par exemple Yamada Yu, Motai Masako, Kunimura Jun et Toyohara Kôsuke.

Comme je l’ai dit en introduction, les compétences des gyôsei shôshi sont très variées et Chiharu travaille donc sur des affaires bien différentes les unes des autres, chacune illustrant des particularités de la loi japonaise. Certaines sont anodines, d’autres mettre en scène des « méchants » qui laissent bien deviner que l’histoire est basée sur un manga. Et parfois, c’est le client qui est le pourri ! La conclusion des affaires est souvent nuancée et on est plus sur la constatation que sur la petite leçon de morale qui fait souvent partie du lot dans les drama suivant le même schéma. Il est clairement montré par exemple que les citoyens ne sont pas égaux devant la loi et que cela dépend beaucoup de son milieu social. Il est question entre autres d’arnaques et d’extorsions d’argent en tous genres, de suspension de permis de conduire, de harcèlement sexuel ou encore de succession dans une famille dont beaucoup de membres n’attendent que de toucher le pactole.

Une bonne partie en tout cas prennent une dimension sociale parfois dramatique, comme l’affaire des épisodes 8 et 9 qui a pour sujet la violence domestique. C’était très dur de voir une femme maltraitée et ses réactions désespérées pour gérer ce qui lui arrive, c’était encore plus dur d’entendre plusieurs personnages dire à Chiharu de ne pas s’impliquer et de ne pas influencer sa cliente pour qu’elle demande le divorce car il s’agit « d’une affaire de couple ». Ca date d’il y a 20 ans, mais malheureusement cette manière de considérer que ce qui se passe dans une famille ne regarde personne d’autre est encore plutôt marquée. Encore un phénomène pas exclusif au Japon mais qui y prend une forme particulière -__-.

kabachitare drama

j’ai tout de suite accroché au duo formé par Nozomi et Chiharu. C’est un plaisir de les voir devenir proches, apprendre de leurs différences, squatter l’une chez l’autre, sortir ensemble après le boulot, disserter sur leurs échecs amoureux et sur la recherche du bonheur. Car au bout du compte, même si nos deux héroïnes ont un vécu et un caractère très différent, elles recherchent toutes les deux la même chose. Et cette quête, tout comme plusieurs affaires traitées au cabinet, sont l’occasion de balancer une énorme dose de girl power et pas mal de féminisme, chose que l’on attend pas forcément d’un drama japonais du début des années 2000 ! Je retiens notamment une réplique qui n’est pas de nos héroïnes mais qui n’en reste pas moins marquante :
 » Vous faites partie des privilégiés, vous ne pouvez pas vous rendre compte que nous ne sommes pas tous égaux.
– Mais si, parce que je suis une femme. »
D’un côté ça fait du bien de se dire qu’il était déjà possible d’avoir un discours un peu engagé dans un drama il y a près de 20 ans, de l’autre c’est un peu déprimant parce qu’on a l’impression que les choses n’ont pas tant évolué que ça depuis !

Le scénario du drama a été confié à Ômori Mika, qui a écrit beaucoup de drama que j’ai dans l’ensemble pas mal voire beaucoup appréciés à quelques exceptions près. J’ai pu me rendre compte en vérifiant des infos pour écrire ce billet que l’adaptation n’était pas fidèle au manga, mais que c’était très bien comme ça. En fait, dans l’œuvre originale, ce ne sont pas deux femmes qui sont au premier plan, mais un homme et une femme. En gros, le personnage qui est devenu Nozomi est un homme qui travaille aussi au cabinet Ono. Je trouve ça particulièrement génial d’avoir changé ça de cette manière vu comment le duo est réussi ! Ca permet d’amener toute la problématique du sexisme et d’aborder la romance sous un autre angle. Franchement, je me suis retenue de pas vous mettre plus de screencaps de Chiharu et Nozomi ! 😀

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Regarder Kabachitare! c’est aussi se plonger dans le paysage urbain du Tokyo du tout début de 21ème siècle, et si je ne peux pas dire avoir reconnu précisément des endroits qui ont énormément changé depuis (mais je sais qu’il y en a), il y a ce petit quelque chose de différent dans l’ambiance. Et puis côté mode vestimentaires, on sent que les années 90 venaient juste de se terminer ! :D. Donc bien sûr, le drama a vieilli visuellement, mais ça fait partie de l’intérêt de regarder une série de cet âge !

Le générique de Kabachitare! à lui seul sent bon la première partie de l’ère Heisei, avec sa grosse police de caractère blanche entourée d’un bleu vif et ses images kitch hyper colorées. Je suis assez fan de la chanson Do you remember me de Kitaki Mayu, qui est apparemment une reprise d’un tube des années 80.

L’OST du drama est composé par Yoshimata Ryô, qui a travaillé sur pas mal de drama d’Ômori. Je me souviens plutôt de son travail pour des séries plus dramatiques comme Sora kara furu ichioku no hoshi et bien sûr son incroyable travail sur le taiga Gou. Là, c’est différent bien sûr et si ça a inévitablement vieilli, il y a des éléments clairement intéressants. Allez, une petite dernière pour la route :).

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Kabachitare! a donc été une excellente surprise et un véritable coup de coeur pour moi ! Je ne pensais pas pouvoir en attendre autant d’un drama de ce genre. Il exploite à merveille un schéma repris des dizaines de fois depuis et parvient à mélanger comédie et questions sociales d’une manière très réussie avec un duo d’actrices aussi délicieux qu’inoubliable. Je suis consciente qu’il ne deviendra pas le drama préféré de tout le monde, mais il vaut clairement pas mal de séries plus récentes et c’est vraiment dommage qu’il soit si peut accessible.

Kabachitare! est typiquement le genre de drama dont on aimerait avoir une saison 2, et si effectivement un autre drama en rapport avec le manga original a été fait par TBS en 2010, Tokujô kabachi. C’est même grâce à lui que j’ai découvert l’existence de Kabachitare!, il s’agit apparemment d’une adaptation plus fidèle qui a gardé le duo homme/femme au premier plan et a donc un cast complètement différent. Et le premier rôle féminin, c’est Horikita Maki qui le tient, donc ça fait baisser encore la motivation d’un bon cran. Le seul gros point positif, c’est que la scénariste est celle qui a fait Keizoku et SPEC donc quand même, côté humour, il doit bien y avoir quelque chose ! Je ne sais toujours pas si je me laisserai tenter un jour, mais en tout cas j’aimerais pouvoir revoir Kabachitare! un jour, avec des sous-titres ou avec un super cerveau JLPT N1++++ ;).

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