[Drama] Joou no kyôshitsu

joou no kyoshitsu

Titre japonais : 女王の教室
Nombre d’épisodes : 11
Diffusé en : Eté 2005
Chaîne de diffusion : NTV
Fiche : DramaWiki

Ce drama est un des derniers qui restaient sur ma petite sélection de séries qu’on m’a donné envie de voir faite il y a maintenant plus de 3 ans,. Pourtant, ce n’est pas parce qu’il était celui que je pensais avoir le moins de chances d’apprécier. C’est simplement qu’ils fait partie de ces séries dont on devine l’ambiance lourde et particulière et qu’on n’a pas envie de regarder à n’importe quel moment. Et quand la quantité de drama visionnés est en baisse, ce moment peut prendre encore plus de temps à venir. Je n’ai pas fini par avoir le grand déclic, mais j’ai eu plutôt envie de faire le ménage dans mes listes. Du coup, je ne sais pas si le moment était idéal, mais je n’ai pas regretté de m’être lancée !

C’est la rentrée scolaire, et Kazumi commence sa sixième et dernière année de primaire. Parmi les trois instituteurs qui s’occupent de son niveau, il y a une nouvelle venue, Akutsu Maya. Et Kazumi va justement tomber dans la classe dont elle s’occupe. La réalité va s’avérer bien pire encore que ce que la réputation de l’enseignante laissait présager. Celle-ci va en effet mettre en place un diabolique système de récompenses et de punitions favorisant les clans, les dénonciations et tout un tas de coups bas entre ses jeunes élèves afin de briser la solidarité de la classe pour mieux régner en reine tyrannique. Jouant de malchance et tentant instinctivement de conserver la bonne entente avec tous ses camarades, Kazumi va se retrouver la première victime de ce système ultra-compétitif et sans pitié.joou no kyoushitsu

Dès le début, Joou no Kyôshitsu m’a rappelé un autre drama que j’ai vu, et pour cause : scénarisé par Yukawa Kazuhiko, il est en fait un prédécesseur de Kaseifu no Mita, la série au succès inattendu mettant en scène une gouvernante mystérieuse qui va resserrer les liens d’une famille brisée en utilisant des méthodes on ne peut moins conventionnelles.  Sur un schéma similaire, Joou no Kyôshitsu nous propose de suivre une femme non moins énigmatique et d’examiner cette fois le fonctionnement d’une autre entité essentielle de la société japonaise, la classe. Et là encore, le but n’est pas vraiment de juger si les actions et situations présentées pourraient toutes se passer telles quelles dans la vie réelle. Elles servent simplement à mieux mettre en lumière de nombreux phénomènes de société  qui sont eux bien existants.

joou no kyoushitsu

Je me dois évidemment de commencer la présentation des protagonistes par celle qui est au centre de toute l’histoire mais sur qui on ne sait au final presque rien : la terrible Akutsu Maya. Toujours tout de noir vêtue et avec son chignon bien tiré, l’enseignante ne parle jamais pour ne rien dire et se montre inexpressive en toutes circonstances. Si sa volonté d’ouvrir les yeux de ses jeunes élèves sur la dure réalité de la société est dans une certaine mesure louable, ses méthodes sont bien trop extrêmes et cruelles et ne laissent aucune place à l’insouciance de l’enfance. Calculatrice, manipulatrice, rien ne semble pouvoir l’atteindre. On se demande rapidement où elle peut bien se situer elle-même par rapport aux statistiques de réussite professionnelle et surtout d’atteinte du bonheur qu’elle énonce ! Amami Yûki est brillante dans ce rôle, avec son ton cassant à souhait et ses regards qui en disent long quand elle ne parle pas.joou no kyoushitsu

Face à cette femme indécryptable qui décontenance même les adultes,  Kazumi ne peut évidemment pas faire le poids. Pas du tout bonne élève, pas plus populaire que la moyenne, la jeune fille compense en faisant le gai luron, à l’école comme à la maison. Somme toute, une élève normale qui va juste se montrer plus persévérante que la moyenne. Shida Mirai se montre aussi attachante que dans Seigi no mikata, que ce soit quand elle montre des grands yeux apeurés ou quand elle fait sa mimique préférée (supposée être mignonne mais que tout le monde trouve débile ^^).

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En tant qu’indécrottable cancre de service, c’est sans surprise que Yûsuke (Matsukawa Naruki) fait partie des premières victimes du système instauré par Maya dans la classe. Toujours le premier à faire le pitre, il va choisir de sécher les cours plutôt que d’avoir à supporter les corvées et l’ambiance exécrable qui va s’installer dans la classe. Mais il ne va tout de même pas être insensible aux efforts de Kazumi pour changer la situation et surtout aux souffrances qu’elle va endurer de la part de Maya comme des autres élèves.

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Hikaru est la meilleure élève de la classe. Plutôt solitaire, toujours absorbée dans ses lectures, elle n’a pas du tout à craindre d’être punie à cause d’une mauvaise note. Elle va pourtant se retrouver rapidement dans le collimateur de sa tyrannique instit parce qu’elle dit un peu trop ce qu’elle pense. Contrairement à Kazumi, elle se fiche de l’unité de la classe. Elle se fiche aussi de ce que Maya peut dire à sa mère car elle est en froid avec elle. C’était un plaisir de revoir dans ce rôle Fukuda Mayuko, qui montre autant de présence que dans Byakuyakou.joou no kyoushitsu

Baba Hisako est avec Yûsuke la plus mauvaise élève de la classe, mais contrairement à lui elle est trop réservée pour se créer une façade lui permettant de garder contenance et est la plupart du temps ignorée par ses camarades. Maya va vicieusement exploiter sa faiblesse en lui faisant croire qu’elle au moins, elle est son amie afin de pouvoir la manipuler comme elle le souhaite. Elle fait vraiment peine à voir ! J’ai trouvé la jeune Nagai Anzu toute mignonne et je n’ai pas pu lui en vouloir de se laisser berner !

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Erika (Kajiwara Hikari) est la meilleure amie de Kazumi. Très différente de cette dernière, c’est déjà une vraie petite victime de la mode et on sent très vite qu’elle se soucie beaucoup de sa réputation et de la manière dont les autres la voient. Elle va être elle aussi à un moment la cible privilégiée de la terrible institutrice. Les quelques élèves qui sont le plus mis en avant dans la classe sont donc relativement différents par leur caractère et leurs motivations, et sont autant de manières d’illustrer la manière d’agir de Maya.

La manière dont l’institutrice gère sa classe va rapidement être connue de ses collègues et de ses supérieurs. Mais ils ne vont pas montrer plus de résistance que les jeunes élèves, et l’équipe pédagogique au complet passe plus ou moins pour une bande de bras cassés irresponsables. Quand il s’agit de protéger ses fesses et de surtout ne pas se mettre à dos les parents (on est pourtant dans une école publique, pas un établissement privé avec des clients ^^), il devient facile de ne rien voir et le bien des élèves, c’est quand ça arrange.

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Tendô Shiori (Hara Sachie, croisée récemment dans Chiritotechin), est l’enseignante préférée des élèves. On se rend compte que c’est parce qu’elle manque un peu trop d’autorité et se comporte plutôt comme une grande soeur. Le dernier instit en charge des troisième année, Namiki (Naitô Takashi), ne semble capable que de faire des jeux de mots pourris quelle que soit la situation. L’un comme l’autre vont reprocher à leur collègue d’y aller trop fort, mais ils n’ont pas de réelle alternative à proposer et vont rapidement se dégonfler quand leurs propres méthodes d’enseignement vont être démontées par Maya et qu’elle va leur balancer leurs défauts.

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Du côté de la direction de l’école, c’est encore pire : le directeur (Izumiya Shigeru) maitrise à la perfection l’art de faire la sourde oreille et de fuir une discussion. Le sous-directeur (Hankai Kazuaki) croit avoir de l’autorité sur le personnel mais il aboie beaucoup pour pas grand chose.

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La famille en prend autant pour son grade puisque les parents d’élèves vont se faire manipuler par Maya aussi facilement que les autres quand celle-ci va leur promettre réussite aux concours d’entrée dans les bons collèges privés pour leurs précieux rejetons. Et la réussite à tout prix, c’est apparemment tout ce qui compte. La relation qu’ont la plupart des élèves avec leurs parents, y compris Kazumi, est quand même assez effrayante. Je sais bien que quand on arrive à l’adolescence on a des secrets, je sais bien que les adultes ne comprennent pas toujours les préoccupations de leurs enfants, mais là le décalage est extrême.

La mère de Kazumi (Hada Michiko) suit le mouvement d’autant plus qu’elle fait partie de ces personnes influençables qui feraient tout pour maintenir les apparences et garder des relations cordiales avec les autres mères du quartier. Si elle est l’exemple type de la mère au foyer qui trime pour son maris et ses enfants sans aucune reconnaissance et s’aperçoit de plus en plus qu’elle est piégée dans sa situation et qu’elle ne voudrait plus voir sa vie réduite à ça, j’ai eu du mal à avoir de la sympathie pour elle car elle a un côté assez exaspérant. Son mari (Omi Toshinori) tout occupé qu’il est par son travail ne montre bien sûr aucune compréhension et est le premier à lui reprocher quand quelque chose ne va pas à la maison. Exemple parfait de la crise du modèle familial traditionnel, en somme.

joou no kyoushitsu

joou no kyoushitsu

Si Kazumi essaie toujours de faire diversion pour faire cesser les disputes de ses parents, sa grande soeur Yu  (Kaho) a compris qu’elle ne pouvait rien y changer et préfère garder ses distances. La jeune fille a la tête sur les épaules et tente toujours d’aider et de réconforter sa petite soeur quand celle-ci vient se confier à elle. Cette complicité est touchante et évite que le tableau soit trop noir.

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Episode après épisode, Joou no Kyôshitsu nous dévoile donc les travers du système scolaire et des familles japonaises. L’institutrice va trop loin, mais il y a toujours un fond de vérité dans ce qu’elle dit, et c’est bien pour ça que personne ne parvient réellement à s’opposer à elle. Les élèves, s’ils sont ses victimes, ne sont pas tout blancs non plus. Ils se persécutent entre eux sans que leur instit ait besoin de leur dire de le faire. Ce thème incontournable de l’ijime me met toujours autant mal à l’aise.  Mais il n’est là qu’une des composante de la véritable dynamique qui se met en place dans ce groupe social opprimé, sorte de micro-dictature. A chaque épisode, la situation dans la classe évolue : des alliances se forment, des directions différentes sont prises sous l’influence de tel ou tel élève.

joou no kyoushitsu

Si les sujets de société abordés sont sérieux et la plupart des situations peu réjouissantes, le drama n’a pas non plus une ambiance trop pesante grâce à quelques éléments comiques (Yûsuke et sa taupe en peluche, les maladresses de la mère de Kazumi, les super jeux de mots de Namiki, la passion pour le karaoke de Tendô…) et aussi, surtout vers la fin, de quelques bons sentiments, il faut l’avouer. L’ambiance presque fantastique créée autour du mystérieux personnage de Maya, à l’image de la séquence de début d’épisode montrant l’école sous un ciel menaçant avec un curieux papillon,  est vraiment intéressante. Cela renforce le côté inhumain de l’institutrice, dans le sens où sa cruauté est terrible mais aussi parce qu’elle semble carrément être une créature venue d’ailleurs.

Le seul gros reproche que j’ai à faire au drama, c’est la direction prise dans les derniers épisodes. J’ai trouvé qu’elle ne cadrait pas avec les agissements de Maya depuis le début de l’histoire. Elle a certes le mérite de faire évoluer les choses, mais on n’y croit pas complètement. Deux épisodes spéciaux ont été diffusés suite aux  épisodes de base, et je suis curieuse de savoir s’ils font disparaître ce sentiment d’invraisemblance en nous dévoilant enfin quelque chose de substantiel sur Maya. Car si on tique à la fin, c’est bien parce qu’on ne sait pas complètement comment elle en est arrivée là.

La musique, composée à l’instar de celle de Kaseifu no Mita  par Ike Yoshihiro, participe bien sûr elle aussi à l’ambiance très particulière du drama est est très réussie. Le thème principal nous donne l’impression d’avoir affaire à une sorcière maléfique terrée dans un château défendu par mille pièges, la jolie mélodie au piano qui accompagne Kazumi le matin sur le chemin de l’école illustre à merveille le quotidien.

Le générique de fin, au niveau des images comme de la chanson, n’a par contre pas été vraiment à mon goût. Je comprends l’envie de créer un contraste pour « relâcher la pression », et je sais bien qu’Amami Yûki est autant danseuse qu’actrice et chanteuse, mais désolée, les chansons d’EXILE y’a pas moyen avec moi ^^.

Avec sa figure principale hors normes et ses situations volontairement extrêmes servant à pointer du doigt de nombreux phénomènes et faits de société, Joou no Kyôshitsu revisite efficacement le drama scolaire en y incorporant judicieusement les problématiques familiale. On nous montre qu’à l’école comme à la maison, chacun est enfermé dans son rôle et dans des situations dont personne n’est satisfait. mais personne ne se manifeste car il ne faut pas remettre en cause l’ordre établi. Mais parfois il devient impérieux de manifester ses volontés personnelles; et bien des situations peuvent s’améliorer quand on communique réellement. A tester, en particulier si vous avez déjà apprécié d’autres drama du même scénariste !

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